TEQUILA, blues rock trio

TEQUILA story, de CAROL à Philippe MENARD One Man Band


Aujourd’hui, je vous propose de redécouvrir un groupe trop oublié. TEQUILA.
Redécouvrir TEQUILA est réjouissant et quelque peu jubilatoire. 
Il est très agréable de (re)brancher les prises des amplis et les projecteurs sur ces musiciens et leur musique.
Et puis, il y a aussi un petit sentiment de – à ma manière – réparer une injustice. En effet, à l’époque, à la fin des années ’70, TEQUILA échoue de peu à se procurer un succès populaire des TRUST, TELEPHONE, LITTLE BOB STORY, etc… Il leur manquait peut-être l’arrogance des stars. Et un brin de chance. Car c’est elle qui fait basculer d’un côté ou de l’autre.
Car la qualité musicale était bien présente, et de façon continue, tout au long leur trop brève carrière.

 

Je vais vous présenter TEQUILA, mais aussi ce qu’il y a eu avant, et ce qu’il y a eu après, de façon à ce que le panorama soit bien complet.
Je vous le confesse tout de suite : je connais Philippe MENARD, et sa femme Brigitte, depuis presque 40 ans. Philippe est celui qui a créé TEQUILA et l’a porté à bout de bras, brillamment aidé par Brigitte.
Dans cette première partie, c’est une story de sa carrière musicale, des débuts (fin des années ’70) jusqu’à 2025, agrémentée de souvenirs personnels et d’anecdotes.
Une 2ème partie sera consacrée à une interview avec le bonhomme, qui complètera la story.


 
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Tout le monde, plus ou moins, connait ou a entendu parler de Philippe MENARD. Au début, il y a eu CAROL, puis CAMBOUIS, puis – et surtout – TEQUILA, un trio de blues rock dans la veine de Rory GALLAGHER.
Et maintenant, depuis de nombreuses années, Philippe écume les salles et pubs en solo, c'est-à-dire en one man band. Il joue de diverses sortes de guitares, il chante, joue de l’harmonica, et assure le rythme avec un kit batterie. Occasionnellement, et en fonction des chansons qu’il joue, il peut également sortir un diddley bow.
Au point qu’il est une référence en matière de blues Français.
Lorsque vous aurez lu ce qui suit et la très intéressante interview de Philippe MENARD qui sera publiée prochainement, vous saurez tout.

( Flashback ) Mais revenons au début de mon histoire ; le point initial est là :
MONTBRISON, Loire. 28 Juin 1980. La M.J.C. de Montbrison / Savigneux organise son festival rock. Une excellente affiche : 

•    Péril Bleu
•    R.A.S
•    Bonneville,
•    Killdozer,
•    Ganafoul,
•    Backstage,
•    Téquila,
•    Little Bob Story
•    Lew Lewis Reformer

J’emprunte la voiture parentale pour les 40 kilomètres entre St Etienne (où, à l’époque, je suis en terminale au lycée) et Montbrison. Quelle aubaine : c’est l’occasion de voir en chair et en os, les groupes qui font l’actualité du rock français.
Il ne me reste pas beaucoup de souvenirs de cette après-midi et soirée. Une image me revient : Lew LEWIS, la tête d’affiche qui concluait ce festival, assez saoul, qui lance son harmonica en l’air et … zut, encore raté !!! Il n’arrive pas à le rattraper.
L’autre souvenir, c’est TEQUILA. Cette soirée là, ce n’est ni Ganafoul, ni Little Bob Story, ni Backstage (avec le futur Paul Personne) qui m’impressionnent. C’est bien TEQUILA. Je ne connaissais d’eux que le peu que j’avais pu en lire dans BEST, un peu plus enclin à parler du rock français (le Rock d’Ici). 
A l’époque, lycéen, je ne pouvais pas m’acheter beaucoup de disques. L’énergie de ces 3 énergumènes, leur présence sur scène, leur rock blues & boogie efficace, … m’ont impressionné. A défaut de disque donc, j’ai gardé précieusement ces images et sons dans un coin de ma tête.
En préparant cet article, j’ai trouvé un film documentaire tourné en Super 8 par les bénévoles de la M.J.C. organisatrice. On y voit, sur une durée d’environ 45 minutes, des micros-trottoirs, des interviews de musiciens et des extraits du festival. La qualité d’image et de son ne sont pas très bonnes, mais quel document ! Bien évidemment, on y voit TEQUILA sur scène, et en interview (c’est Philippe qui s’est prêté au jeu).
Voilà le lien vers le site de la CINEMATHEQUE DE ST ETIENNE (je vous re-préviens, c’est un document amateur …) : 
https://cinematheque.saint-etienne.fr/Default/doc/OAI_1/_b64_b2FpLWNzZS5kaWF6aW50ZXJlZ2lvLm9yZy1kb2N1bWVudGFpcmUtMTQ1NTY%3d/rock-dans-la-zone
 
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LES DEBUTS : CAROL ET CAMBOUIS
Revenons aux débuts de TEQUILA.
Qui sont ces TEQUILA dont la revue BEST nous parlait assez souvent ?
NANTES. Années ’70. Le groupe CAROL a sévi de 1974 à 1976. Philippe MENARD a recruté via des petites annonces dans les magasins de musique nantais. Marcel CHOTARD à la basse. Jean Luc TRECAN à la guitare. Et une succession de batteurs : Yvon JARRY, Jean Luc DAGUT, Jérôme GASMI. Et Bruno SABATHE, au piano, à la fin. Pas de disque.
 
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Puis, toujours à NANTES, de 1976 à 1979, ce fut le tour de CAMBOUIS.
Philippe MENARD précise qu’à la fin de CAROL, Albert CHOISNET leur propose de monter un groupe punk pour déconner avec lui … Albert était chanteur, et monteur à FR3.
Quelques concerts pour le pied, et un 45 tours.
Les 2 chansons sont enregistrées dans les studios de Serge DANOT. Il est le créateur du MANEGE ENCHANTÉ à la télévision, avec Margotte, Pollux, Zébullon, le Père Pivoine, …«Tournicoti Tournicoton», tous les enfants de FRANCE connaissaient !

Sans doute la première apparition sur disque et compo de Philippe MENARD. La face A est intitulée «J’attends Qu’Elle Ait Ses 15 Ans». Bravo Philippe !  Bon, je pense que Monsieur MENARD s’est occupé de la musique et Albert DUBIGNON des paroles. Je n’ai pas ce single et l’ai écouté sur YouTube. Cela sonne punk, et n’est pas désagréable à l’écoute.
Philippe quitte CAMBOUIS en décembre 1977, pour se consacrer à plein temps à TEQUILA, avec Claudine LAPART à la basse, et Eric BRETON à la batterie avec qui il travaillait depuis quelque temps les bases d’un nouveau répertoire. 
 
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TEQUILA, BLUES ROCK TRIO 
TEQUILA sera donc un trio : guitare, basse et batterie. Formule peu courante à l’époque.
Les influences seront blues et rock, façon boogie, avec en tête Rory GALLAGHER.
Leur premier festival est à CARQUEFOU, les 17 et 18 septembre 1978. Un représentant d’HEXAGONE (label français, plutôt orienté folk) devait être présent a dû apprécier la performance du trio car 2 jours plus tard Hexagone contactait TEQUILA pour les signer !
En 1979, paraît le premier 33 tours,
«Lachés, Les Lions». Enregistré au studio FREMONTEL, en Normandie. Les compos sont en Français, toutes par Philippe MENARD. 3 titres sont co-signés avec Claudine LAPART. Pas de reprises. Le style est rock boogie, vif, basé sur la guitare, avec des grandes goulées de slide et de l’harmonica aussi. Le son est pro. La production est sobre, sans fioritures, ni effets. Priorité à la musique, sans artifices. Les paroles s’inspirent de la vie dans les quartiers. On sent une critique sociale sous-jacente. Philippe a une façon bien à lui, originale, de composer et d’écrire.
Il raconte qu’il avait l’habitude de jouer sur un énorme ampli MARSHALL SOLIDSTATE mais qu’il a enregistré tout l’album sur un mini ampli, format poste de radio des années 70…

Ce premier album de TEQUILA est un coup de maître. Pas de 45 tours extrait de l’album...(juste un deux titres promo pour discothèques, avec une pochette papier). 
 
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Un deuxième album arrive rapidement, en 1980 :
«Chacun Pour Soi ?». Attention, c’est une interrogation, pas une affirmation, il y a un « ? ». Ca change le sens. 
On franchit un cap : le trio traverse la Manche et part enregistrer à LONDRES, au RED BUS Studio, sur un 46 pistes. 10 titres, tous en Français. Philippe en signe 8, dont 1 avec Claudine LAPART. Claudine a composé seule « Choisis Ton Arme ». Quant à « Histoire De Ronnie Van Zant », c’est Claudine et Eric BRETON qui s’y sont mis. Mêmes qualités que le premier album, avec un peu plus d’assurance, d’expérience, de cohésion. Cet album a failli ne pas pouvoir être enregistré … (voir l’interview à venir de Philippe MENARD pour savoir pourquoi !!!).

Mon exemplaire est pressé sur un magnifique vinyle rouge. Il existe aussi en noir.
HEXAGONE fait un effort et publie un 45 tours : « La Piste Rouge » / « J’Ai Menti ». D’après Discogs, il existe même une version « Juke Box » (pochette noire, « Spéciale Promotion ») et aussi une version « Promo, avant première Clubs », avec une pochette blanche.
 
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2 ans plus tard, 1982.
Un label local, d’Angoulême, publie le troisième album de TEQUILA. Il s’agit de STREET Records, le label que le groupe a créé pour l’occasion. (avec Bernard LEROUSSEAU, manager du groupe à l'époque).
L’album est intitulé
«Rebelle». L’album de la liberté retrouvée, au niveau de la production, du son, des titres, … et ça fait plaisir à entendre !


Dans ses notes de pochette manuscrites, Philippe MENARD (j’ai reconnu l’écriture !) indique : « LE TOUT A ECOUTER TRES FORT ». Cette mention est également indiquée sur les labels du disque. Mais bien volontiers, Philippe ! De toute façon, ON NE PEUT PAS ECOUTER TEQUILA EN SOURDINE. Il faut pousser le volume pour les apprécier encore plus.

 

Le groupe n’a pas changé, toujours les 3 mêmes musiciens. 10 titres, toujours chantés en Français, tous composés par Philippe.
L'harmoniciste Jean-Yves "Popoff" COQUIL participe à l'enregistrement et à la tournée qui suit la sortie du disque. 

 L’album est enregistré en Bretagne, près de Rennes, au Studio DB. C’est TEQUILA qui produit, et c’est encore une réussite !  MARQUIS DE SADE, Etienne DAHO et tant d’autres artistes ont également enregistré au Studio DB.
Le groupe entreprend une tournée de promotion qui se termine par un concert sur la place du commerce, à Nantes. Malheureusement, c’est le dernier concert du batteur, Eric BRETON, qui décide ce soir-là d’arrêter définitivement la batterie.......et tient parole !!!
 
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Claudine et Philippe décident de continuer et engagent Franck THOMELET à la batterie.
Pendant quelques semaines, ils se font appeler APPALOOSA. Mais le fidèle public continue de les appeler TEQUILA. Alors, à quoi bon … et c’est le retour de TEQUILA.
 
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ST ETIENNE, Loire. 1989/1990. Des années ont passé. Je me suis ouvert au blues et ai fondé l’association MOJO BLUES, dont le but était de promouvoir le blues, notamment par l’organisation de concerts. 
A La Fouillouse, à quelques kilomètres de St Etienne, le patron du Connemara Pub, nous fait confiance et marche avec nous. Il nous ouvre les portes de son pub pour y accueillir les concerts programmés par Mojo Blues, une fois par mois.
Pour la programmation, ma première pensée sera pour TEQUILA. Je prends contact avec Brigitte, la manager. C’est OK, ils sont d’accord pour 2 dates, un vendredi et un samedi. On signe le contrat en Novembre 1989 pour les concerts les 9 et 10 Mars 1990.
Je me souviens avoir passé l’après-midi de ce samedi de Mars 1990, entre le concert du vendredi et celui du samedi, attablé avec Philippe et Brigitte MENARD, dans un pub du centre de St Etienne, le VOL DE NUIT.
Ils m’étonnent par leur gentillesse. 
J’ai un souvenir très précis : Philippe me dit ne pas avoir conservé les disques de TEQUILA. Je suis scotché, moi qui suis, d’une façon générale, collectionneur jusqu’au bout-iste … Mon sang ne fait qu’un tour, je les plante là et me rend dans une boutique de disques d’occasion à quelques centaines de mètres, dans laquelle j’avais repéré dans la semaine l’un des 2 albums de TEQUILA sortis sur Hexagone. Je l’achète et reviens illico au VOL DE NUIT pour l’offrir à Philippe qui n’en revient pas. 
Plus tard, j’ai compris que la plupart des artistes sont plus préoccupés par la création, leur musique, les textes que par la matérialité des choses.
De ces 2 concerts stéphanois, je n’ai ni photos, ni enregistrement. Dommage.
Depuis cette rencontre, ces concerts, nous nous revoyons régulièrement, parfois dans le Forez (chez moi), parfois en Bretagne (chez eux).
J’avais une connexion avec un amateur de blues en Tchécoslovaquie, Bohuslav BUDINA. Le blues et le rock de chez nous, d’Angleterre ou des U.S.A. ne se trouvaient pas facilement dans les pays sous influence soviétique. La débrouille était la règle. J’ai correspondu et échangé des disques avec Bohuslav. Et naturellement, j’ai passé ce contact à Philippe et Brigitte. Et ils ont développé une relation à leur façon. Voir l’interview de Philippe.
 
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Fin 1989 / début 1990 : un nouveau disque arrive, 
«Stampede Thru Europe», enregistré en Novembre 1988, et mixé six mois plus tard, en Juin 1989. Le groupe se renouvelle : exit Claudine LAPART juste après l’enregistrement, remplacée par Stéphane CHEVALIER, qui refait toutes les parties de basse de l’album.
« Stampede » est produit par Philippe et Brigitte MENARD, enregistré dans le Maine Et Loire (France), à PRUILLE, et mixé en région Parisienne, à VITRY SUR SEINE, au MILKSHAKE STUDIO, le studio du label MILKSHAKE. Ce mixage, aux frais du groupe, est la source du conflit entre TEQUILA et le label quand les musiciens s’aperçoivent que MILKSHAKE compte sur cet apport financier pour financer la promotion et la distribution de l’album.
Le groupe payait mais rien ne se passait, ni promo, ni distribution. Jusqu’au clash. Avocats, destruction des stocks du CD, etc …

35 ans plus tard, je remercie encore Philippe et Brigitte de m’avoir envoyé un exemplaire de « Stampede … » !!!
C’est un véritable gâchis. Le disque est EXCELLENT, mais seuls quelques très très rares privilégiés peuvent l’écouter. Philippe s’y exprime à merveille. Sa guitare fait des étincelles, de bons riffs, des soli. Les paroles sont maintenant en anglais (incluses). 
Dans la chanson « Stampede », Philippe évoque les tournées, sûrement en rapport avec le vent de liberté qui commençait à souffler en Europe de l’Est, et donc l’agrandissement du territoire potentiel pour porter loin la voix et la musique de TEQUILA : 

(I’m doin’ my)
Stampede thru Europe,
I don’t mind where I’m going to.
Stampede thru Europe, 
Spreading my music to you

Les compositions sont variées, originales. Comme d’habitude, rien n’est superflu, pas d’effets de studio. Rien que la musique. Et de l’énergie !

Philippe et Brigitte mettent toutes leurs forces à maintenir le groupe. Les paroles en anglais aident à s’ouvrir à de nouveaux horizons. TEQUILA tourne plutôt bien.
Peut être un peu trop … Franck THOMELET décide d’arrêter. Il est remplacé par Hughes CHESNEAU.

Mais, sur scène, ça ne fonctionne pas de manière optimale pour Philippe.
TEQUILA, c’est fini.
 
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Mais, Philippe possède la motivation des grands.
Avec Brigitte, ils surmontent les obstacles. Sans groupe, sans label, Philippe s’occupe en accompagnant de temps en temps sur scène Patrick CANY (chanteur de blues). 
A cette époque, il fait la connaissance de Kovi LAWSON qui est batteur dans APARTHEID NOT, un groupe de reggae. Philippe joue aussi de temps en temps avec eux. Le courant passe avec Kovi, qui accepte la proposition de Philippe de relancer TEQUILA.
Pour la basse, Philippe demande à Hilaire RAMA, qu’il côtoie à Nantes depuis de très nombreuses années. Hilaire avait joué avec Hubert Félix THIEFAINE et Alan STIVELL.
Et voilà, l’affaire est faite … TEQUILA revient.
 
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1993 :
«Live»
Philippe et Brigitte font paraître un nouveau CD, enregistré live à Nantes et Guipavas, le 9 Octobre et 13 Novembre 1992. TEQUILA n’est pas mort : 5 nouvelles chansons ont été composées avec Hilaire et Kovi. Ce sont les 4 premiers titres de l’album, ainsi que le dixième. Il y a une reprise de « Walk On Hot Coals » de Rory GALLAGHER. Philippe a également composé 3 titres seul. Ils reprennent « Tous Des Sales Mômes », paru sur « Rebelle ». « See My Arrow » est co-signé entre Philippe MENARD et Claudine LAPART, c’est une compo qui date de « Stampede ».

Je trouve le disque moins brut et, mais j’ai peur d’être mal compris, plus subtil. La sensibilité de Kovi et Hilaire est différente, Philippe adapte un peu son jeu. L’ambiance est différente.
D’ailleurs, Philippe le ressent aussi : il considère que, du fait de l’énergie en concert et de la qualité de la rythmique, cette période comme la plus intéressante de TEQUILA. 
Mais bientôt TEQUILA replonge. 
Kovi s’en va tenter une autre aventure musicale, version funk. Avant son décès. 
Le batteur Jean Louis SUCHETET le remplace, mais pour peu de temps car Hilaire abandonne aussi, ce qui provoque une nouvelle fois la fin (provisoire) de TEQUILA. 
Mais pas pour longtemps …
 

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Philippe, jamais à cours de ressources, se souvient d’une phrase de Miroslav DVORSKY, bassiste tchèque : «Si ton trio s'arrête, appelle moi, je viens à Nantes».
Voir l’interview de Philippe qui explique les rencontres.
Un coup de fil, Miroslav DVORSKY et Martin STEVKO rappliquent. Une seule journée de répétition pour s’approprier le répertoire, et voilà le trio en concert à Concarneau !
Les concerts s’enchainent, TEQUILA revit.
Mais, cette fois, ce sont les tracasseries administratives qui ont raison de la motivation de Miroslav et Martin : sans visa, donc sans statut d’intermittent, ils abandonnent et retournent en Slovaquie.
Cette formule a prolongé TEQUILA d’un an et demi.

Une fin au goût encore un peu plus amer.
 
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APRES TEQUILA, A PARTIR DE 1995 : 
Philippe MENARD ALONE et Philippe MENARD ONE MAN BAND

Philippe revient bientôt, mais en solo. Il tourne la page. Pour en finir avec les galères de musiciens. 
Aidé de Brigitte, il monte ce projet un peu fou de « One Man Band » où il « joue de tous les instruments, y compris quelques uns dont je n’ai jamais joué auparavant », comme il le dit en introduction des notes de pochette de « Hungry Dog », en 1995.

Pendant 30 ans, jusqu’à maintenant, Philippe enregistre régulièrement des albums, tous les 2/3 ans. Entre chaque album, il tourne en France, dans toute l’Europe, avec des pays plus « familiers » que d’autres, tels l’Allemagne ou la Hollande.

Voici un panorama rapide des albums :
En 1995, donc, paraît
«Hungry Dog», sous le nom de Philippe MENARD ALONE. Le disque est enregistré « at home », à La Bigeottière, à Orvault, près de Nantes. C’est un ancien corps de ferme, où habitaient Philippe et Brigitte. C’était aussi le QG de TEQUILA.

Le CD commence de la meilleure façon qui soit, avec un boogie blues dansant, digne des meilleurs bluesmen. Les titres s’enchainent, en anglais évidemment, sans que l’on se rende compte que Philippe est seul à jouer. Le résultat est bluffant. On a vraiment l’impression qu’il se lâche, qu’il fait enfin ce qu’il a toujours voulu faire. Le blues est très présent, mais pas uniquement. On pense parfois à un groupe garage (« Sama Yama Road »). Que c’est bon quand il rocke comme ça. Il ne fait qu’un avec sa guitare.
Je ne peux être plus clair : c’est un coup de maître !
Outre les 11 titres studio, il y a 5 bonus live.



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L’année suivante, 1996 donc.
C’est la parution de
«A Fortnight In Spiderland», également sous le nom de Philippe MENARD ALONE.
Philippe continue l’alternance avec des chansons aussi bien en français qu’en anglais, et toujours sa petite pointe d’humour inimitable (« J’vais M’tirer Avec Le Chien Des Voisins »).
 


Le disque alterne les temps lents et plus relevés.
Personnellement, j’adore « Telephone Woman Blues » et « We Got To Burn The Rockschools Down ». Dans « We Got To Burn … », il dit : « Rock n’ Roll Should Remain A Rebel, No Graduation, No Level ».
Chez Les Monstres Sacrés, nous sommes tellement d’accord avec toi, Philippe !!!
 
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En 1998, c’est
«Philippe Menard Fout L’bazar !»
Philippe devient un peu plus rebelle ! 
C’est un témoignage des concerts, de ce qu’il donne sur scène. Capté à l’été 1997, entre la France, la Belgique et la Hollande, dans de tous petits lieux, dans des un peu plus grands, et aussi dans des festivals en plein air…
 

Un beau témoignage qui donne envie d’aller voir l’homme sur scène.
La jolie pochette dessinée est signée Florent ROUAUD.
 
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Puis, en 2000, arrive
«Y’en Aura Pour Tout Le Monde».
Ouh là là … Là, Philippe reprend une chanson des Rolling Stones : « Stray Cat Blues », et de Status Quo, « Spinning Wheel Blues ». Plus que « Stray Cat Blues », c’est bien « Spinning Wheel Blues » que j’aime. En temps qu’ancien amateur de Status Quo, j’apprécie énormément ce blues rock énergique ! 


C’est Francis Rossi et Rick Parfitt qui l’avaient écrite pour leur album de 1970, « Ma Kelly’s Greasy Spoon ». La reprise de Philippe est tellement bonne, tellement fluide qu’on dirait qu’il s’agit d’un groupe au complet qui joue. Qu’est-ce que c’est bon ! J’en ai les poils qui se dressent à chaque écoute. Et en concert, je ne manque pas de la réclamer. J’avoue que c’est quand il rocke ainsi que je préfère Philippe, même si il y a toujours un fond de blues.
 

Dans ses courtes notes de pochette, Philippe évoque la liberté, si rare, si précieuse. Dans son cas, c’est la liberté de créer, sans être prisonnier de modes ou des « conseillers artistiques » des labels.
 
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En 2003, c’est
«Alzhamour».
L’album est dédié au père de Philippe. Il commence sur un blues très classique « Mauser Nature Son ». Dans « Ex-Stasi Girl », le piano fait son apparition. Un tempo rapide, une guitare fluide, une réussite. On a envie de bouger ! 

Des tempos rapides, des tempos lents, Philippe maîtrise pleinement sa musique.
Sur les 15 chansons de l’album, 12 sont des originaux. Les reprises sont de Big Bill BROONZY, Rory GALLAGHER et Elmore JAMES.
Une petite pointe d’humour dans les crédits…
 
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Deux ans plus tard, en 2005, c’est
«I Want An AC Cobra !»
L’AC Cobra est une voiture de collection (seulement 1 000 produites entre 1962 et 1966). Wikipédia dit d’elle « qu’elle est probablement la voiture la plus sauvage et la plus brutale qu’ait jamais connue la production mondiale ». 

 

Pour la musique : 11 chansons originales. Les paroles dévoilent la fascination enfantine de Philippe pour les AC Cobra. La critique sociale réapparaît avec « Patriotism », qui d’ailleurs aura des conséquences concrètes quand il s’agira de demander un visa pour les Etats Unis (voir Interview). Et toujours, des titres qui donnent envie de bouger : « Guantanamo Dance », « Welcome To The Circus ». Et la chanson hommage à Rory GALLAGHER, « Here’s To You Rory », très émouvante. 


Parmi les 5 bonus live, Philippe reprend Sonny Boy WILLIAMSON, Robert JOHNSON, Fred McDOWELL et R.L. BURNSIDE, ainsi qu’un traditionnel.
 
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«Philippe Menard A Etoile Royale»


en 2006. DVD Vidéo.
C’est à Gérard PELISSON, de Lyon, que l’on doit ce DVD Video. Dans l’interview à venir, Philippe nous explique l’origine de ce DVD.
 

22 titres live, avec son et images ! Du Philippe MENARD classique avec, en bonus, une interview en 12 points sur différents sujets.
 
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«Shangai Blues», paraît en 2007. 
 

Ici, Philippe s’attaque à Howling Wolf et Big Joe Williams pour les reprises de « Smokestack Lightning » et « Baby Please Don’t Go ».16 titres au total, enregistrés « At Home », comme d’habitude.
 
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«Mémène Part En Live !!» en 2010, mais enregistré en 2009. 
Un disque entièrement live, donc. 18 titres, avec beaucoup de reprises : Rolling Stones (« You Can’t Always Get What You Want »), Rory Gallagher, Ray Charles, Sean Costello, Jimi Hendrix, etc… 

Il y a 13 titres live enregistrés dans des endroits s’apparentant à des Juke Joints. Il y a aussi 3 titres enregistrés live in the studio, ainsi que 2 jams (avec Warren B. et Gwennaelle Peron).
 
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«Mayday !» en 2013
Philippe a dédicacé mon exemplaire de « Mayday ! » avec ces mots : « Encore une galette tout plein de guitares à Mémène. Hope you like it ». 

 


Mais oui, Philippe, j’adore, comme d’habitude. Et c’est vrai qu’il se déchaine, par exemple sur « Down At Pearly Café ». Un vrai disque de guitares. Mais les paroles ont aussi un sens, parfois fort émouvant, comme dans la chanson « Mayday » : 

Look what they done to my dreams
They’ve killed them all
Feel a black hole burning in my poor heart


 Rappelons que « Mayday » est une sorte d’appel à l’aide pour les pilotes d’avions.
 
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«No Capital Crime (Playing Rory Acoustic)» en 2015. 
Depuis le temps qu’il tournait autour du pot, à nous glisser un petit mot sur Rory Gallagher, à reprendre une chanson par ici, par là. 2015 est l’année des 20 ans de la mort de Rory. Philippe lui rend un hommage vibrant dans un album complet (excepté une seule chanson) enregistré « At Home ». 

 Les titres connus et moins connus de Rory s’alternent, dans un ensemble poignant. Un bien bel hommage en 12 titres.
 
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«Walking On The Front Line», en 2016.
15 titres, dont 11 compositions originales. La reprise est le « Going Down South » de R.L. Burnside. Belle réussite. On retrouve également un Philippe un peu énervé, que ce soit dans sa guitare, les paroles ou la voix (« You Better Cool Down »).
 

Titre après titre, comme dans chaque album, Philippe taquine sa guitare et, sans jamais trop en faire, nous démontre quel excellent guitariste il est. 

Pas démonstratif, pas de compétition à qui joue le plus de notes à la seconde, pas de soli interminables, mais un style que je lui trouve personnel, tout en retenue, en petits riffs et soli inspirés.
 
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«Exile On Mémène St.», le dernier en date, en 2020.
Double album, enregistré en 2019 et 2020. 15 chansons sur le CD 1 et 14 sur le CD 2, toutes signées Philippe Ménard. Les compositions sont plus abouties. Philippe place même quelques « Haykus ». Ce sont des brèves formes poétiques d’origine Japonaise. L’album est aussi disponible en version double album vinyle. 

Outre les talents de guitariste, Philippe excelle de plus en plus dans l’écriture des textes (inclus, comme d’habitude). Quelques pépites comme le titre de l’album, en forme de clin d’œil aux Stones, ou « Sexnical Nicole » !
Un disque qui fait date dans la grande carrière de Mémène.
 
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Le prochain album (déjà presque 6 ans depuis « Exile … ») est en préparation. 
Les musiques sont prêtes et Philippe écrit les textes, avec le challenge de ne pas être trop noir et pessimiste, vu l’époque que nous vivons actuellement. Espérons une publication en 2026.
 
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J’espère vous avoir donné envie de porter une oreille attentive sur la carrière bien remplie de Philippe MENARD.
Pour trouver les disques, voici quelques informations.

  • Les 2 vinyles de TEQUILA chez Hexagone ne seront jamais réédités en CD. Philippe a été très clair : il a racheté les bandes et il ne souhaite pas les numériser. « Lachés, Les Lions » et « Chacun Pour Soi ? » vont vivre leur vie en vinyle. Une belle vie.
  • Pour « Rebelle », les bandes appartenaient déjà à Philippe. Pas de réédition CD non plus. 
  • Le cas de « Stampede … » est différent. Tous les CD ont été détruits. Réédition impossible du fait de l’action en justice. C’est un disque extrêmement rare. Même Philippe et Brigitte n’en avaient pas pour créer la fiche de l’album dans Discogs … !
  • Quelques CD, l’album vinyle (« Exile On Mémène Street ») et le DVD live de Philippe MENARD ONE MAN BAND sont disponibles lors des concerts et auprès de Brigitte MENARD.


Bonne écoute  ( et pas en sourdine, S.V.P. ) …

Pour contacter Philippe & Brigitte (disques ou concerts) :

philmenard.blues@wanadoo.fr
https://www.philippemenard.com

 

Herve COLOMBET

 


Post Scriptum
7 Octobre 2025 : Philippe MENARD est de retour dans la Loire dans le cadre du Rhino Jazz Festival. Traditionnellement, les festivals de jazz ont une nuit ou bien 1 ou 2 concerts d’artistes blues. C’est la 2ème fois que Philippe est invité pour le Rhino Jazz.
La première fois, c’était à Farnay, dans la salle des fêtes, avec un public nombreux et attentif, admiratif de la capacité de Philippe à chanter tout en jouant de la guitare, de l’harmonica, de la batterie…, le One Man Band quoi !
Cette deuxième participation est à Dargoire, à l’auberge Laffont. Le concert est annoncé complet 2 semaines à l’avance. Toutefois, le lieu n’est pas très grand !
Comme d’habitude, la prestation était belle, énergique, émouvante, avec un public prompt à participer.

Merci à vous deux, Brigitte et Philippe.
Philippe, ta musique m’aide, me fait me sentir moins mal dans ce monde de brutes, comme celle des Gories, et c’est pas peu dire !

Commentaires

Anonyme a dit…
Les monstres sacrés sont toujours vivants

LE DISQUE DE LA SEMAINE