BINIC 2023 - SO WHAT?
28-29-30 juillet 2023, Binic au nord de Saint Brieuc renoue avec sa tradition garagiste, mise de côté pendant les deux années précédentes pour cause de pandémie.
La scène de la Banche avant le début des hostilitésLes trois scènes sont devenues deux et l’entrée est dorénavant payante voilà les deux principales modifications par rapport à ce qui existait jusqu’en 2019. Cette année encore, les groupes Australiens sont majoritairement représentés sous la férule du label Rennais Beast Records.
Ces groupes malheureusement pêchent par fixation temporelle sur les années 77 à 80, soit une énième revisitation du punk à roulettes. D’une scène à l’autre le grondement rythmique devient banalement monotone, pas d’idées nouvelles. Et les vieux briscards comme Lunatic font tourner un boogie punk digne de rescapés de Woodstock, mais des amis ont aimé.
Il y eut pourtant de belles surprises émergeant sur la plage. Ainsi Brat Farrar, un Australien pour ne pas changer, qui me rappela parfois les Modern Lovers – une référence pour moi – ou parfois le New Yorkais Jim Carroll. Des lyrics bien zinzin (“ Come to my house to listen to punk rock records..” décidément on n’en sort pas).
Et puis je me souvenais que Gildas avait programmé Brat Farrar dans le Dig It Radio Show. D’ailleurs Gildas se rappelait à notre bon souvenir, des festivaliers lui ressemblant beaucoup créaient des apparitions fantomatiques de notre ami disparu au coin de la rue où siégeait autrefois l’ambassade de Toulouse.
Sans oublier ce single des Wild Zeros ( Diggin’ it)
récolté dans le stand de merchandizing dont le texte de pochette mentionne que le morceau « Did you dig it ? » est dédié à Gildas et aux Diggers.
Le premier one man show ce fut Long Hours et je ne sais toujours pas où voulait en venir cet artiste solo. Imaginez un Alan Vega jeune dont le gimmick principal est de salir sa chemise et son pantalon blancs en se roulant dans la terre sableuse au pied de la scène de la Banche. Et la musique un truc de one man band avec des machines, qui décolle quand l’acrobate prend sa guitare, malheureusement pas assez souvent.
La vraie découverte et la surprise qui a tout rattrapé ce fut Cash Savage and the last drinks, un groupe de Melbourne avec violon, claviers, deux guitares et une rythmique basse batterie plus qu’exemplaire. Ces joyeux drilles menés par la chanteuse Cash Savage au physique un peu lourd genre camionneur
furent les rois et reines du festival et ils s’amusaient sur scène avec une jubilation non feinte. Ce qui frappe immédiatement c’est la pulsion inattendue mais féroce qu’introduit la violoniste Kat Mear et j’ai été conquis par ce son. Autour de moi le public semble connaître les paroles des chansons par cœur et accompagne Cash Savage avec dévotion.
Beaucoup de titres de l’album Good Citizens s’enchaînent, avec une mention spéciale pour Human I am et Pack Animals.
Ensuite Cash remercia les organisateurs car elle avait déjà joué à Binic en 2019, époque à laquelle elle avait le moral à zéro après une rupture amoureuse relatée dans son dernier album ( So this is love) et de jouer à Binic lui avait sauvé la vie. Son retour en 2023 se révèle triomphal car le groupe joua chaque jour du weekend avec toujours plus de succès.
Run with the dogs est l’exemple parfait du son de Cash Savage et le morceau qui emporte tout. Evidemment après le set, avec mes amis diggers Patrick et Alain nous discutons autour d’un demi de bière roboratif sur nos marottes du moment, pourquoi les Sparks n’ont jamais égalé leur deuxième album (A woofer in tweeter’s clothing) et comprendre qui est cette chanteuse surprenante, Cash Savage, nièce de feu le clavier de Nick Cave. C’est le moment où apparaît Vinz, l’ancien bassman de Holy Curse, qui nous montre un livre qu’il vient d’acheter dans le barnum merchandizing, « Dans les yeux de Cash Savage »
un roman dont l’auteur, Xavier Le Roux, a un stand là-bas. Nous nous y rendons très vite mais le gaillard s’est absenté. Nous retournerons le lendemain et rencontrons Xavier au regard malicieux qui semble avide de parler zic avec des "connoissseurs" comme disent les Australiens. Il nous raconte comment il a vécu la même expérience que nous face à Cash Savage en 2019 et cela l’avait marqué au point de lui inspirer le début de son polar, en particulier le morceau Run with the dogs, idem pour nous. Il dit que Cash Savage a été touchée que son nom apparaisse sur la couve d’un livre, il lui a offert un exemplaire, mais elle ne lit pas le Français. Nous échangeons des noms de groupe pour bien nous assurer qu’on est raccord. Les Groovies, les Cramps ça colle. Xavier a vu les Cramps sur scène quand il était ado et n’a pas bien compris à l’époque l’importance du combo, ce qu’il regrette.
Nous pourrions bavasser des heures mais l’heure approche d’aller revoir Cash et son groupe et Xavier, après avoir dédicacé ses bouquins pour nous, nous fait promettre de revenir le voir le lendemain pour continuer nos discussions musicales, il ne connaît pas Dig It !.
Le concert de Cash Savage and the last drinks est encore meilleur que la veille et permettra d’envisager le dîner sous de très bonnes auspices, d’autres amis s’étant joints à nous. Cette fois c’est le doublon basse batterie qui m’a épaté, pas un pain, toujours dans le tempo, des musicos hors pair. Je ne verrai pas les concerts du dimanche mais mes amis m’ont affirmé que Gyasi, groupe US, était plutôt bien dans son numéro de résurrection glam T Rex avec les costumes ad hoc. Et il y eut aussi les Américains de Silver Synthetic plus classique rock mais rafraichissant pour le coup.
J’ai manqué le troisième passage de Cash Savage sur scène mais j’ai rencontré la moitié du groupe dans la rue vers midi. Je suis allé féliciter Cash en lui prédisant une carrière de PJ Harvey Australienne et elle me répond – Mais PJ Harvey est Australienne. – Non elle vient du Dorset. Je lui montre le bouquin de Xavier en lui demandant une dédicace qu’elle exécute avec gentillesse.
Elle me dit que le groupe reviendra en Europe à l’automne et jouera plusieurs dates en France entre fin Octobre et mi Décembre (Strasbourg, Paris, Angoulême, La Roche sur Yon, Joué les Tours), l’occasion de les revoir.
Jacques_b
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