UPBEAT – LE ROCK GARAGE 60's S'INVITE À LA TÉLÉVISION
Aux États-Unis, certaines émissions de télévision furent un tremplin extraordinaire pour la carrière de musiciens. Est-ce-que les BEATLES ou ELVIS PRESLEY auraient percé si vite sans leurs passages sur CBS au ED SULLIVAN SHOW ?
Cleveland a toujours été un grand centre musical, la plupart des producteurs le savaient. Si un groupe obtenait du succès dans cette ville, le pays entier serait à ses pieds. C'est là que naquit le plus singulier de tous les programmes musicaux : UPBEAT.
Une de ses particularités est que ses programmateurs n'avaient n'a pas hésité à diffuser des artistes ignorés d'autres émissions musicales de la petite lucarne.
Son père s'appelait HERMAN SPERO, un vétéran de la télévision Américaine. Il était assisté de son fils Harry ainsi que du présentateur DON WEBSTER.
L’idée était de profiter des passages de groupes de tout genre dans la ville et sa région. Il y avait à cet endroit de nombreux lieux de passages obligés pour les musiciens. Le LEO’S CASINO recevait les adeptes de musique jazz et rythme and blues, LA CAVE ceux du folk et du rock. Le CHAGRIN ARMORY ou THE MENTOR HULLBALOO, plus petites salles, recevaient également pas mal d'artistes de tout genre,
La première eut lieu le 15 aout 1964 sur le canal 5 de WEWS. Le générique de THE BIGE FIVE SHOW retentit sur les téléviseurs. Moins d'un an plus tard son nom se transforma en celui de UPBEAT.
Le concept était nouveau, 10 invités locaux ou nationaux chantaient accompagnés de danseurs. Les grands modèles : AMERICAN BANDSTAND sur ABC, émission nationale du même genre qui n’avait, en règle générale, qu’un invité et le ED SULLIVAN SHOW qui était un divertissement familial sans véritable concept musical.
Le tournage était le samedi après-midi pour une diffusion d'une heure le soir même. Tout était fait rapidement : décors, maquillages, chorégraphie et tournages des passages musicaux. Les groupes jouaient une à deux fois leur morceau afin que les caméramans repèrent leurs mouvements… et c’était en boîte ! Cette chaine locale sans grands moyens pouvait agir rapidement.
En aout 1966 durant leur tournée, les QUESTION MARK AND THE MYSTERIANS y firent leur première TV. Un playback de « 96 Tears » était prévu.
La plupart des maisons de disque préféraient voir une interprétation des titres de cette façon, il y avait moins de risque d’erreurs et donc plus de chance de succès commercial. Une autre possibilité était la piste bande orchestre (PBO), le chanteur chantant live sur une bande musicale enregistrée préalablement. Quelques groupes jouaient aussi complètement live.
Revenons à nos MYSTERIANS: leur single venait de sortir sur CAMEO-PARWAY. Vu l’importance du label, ils pensaient à leur arrivée trouver le disque dans le studio d'enregistrement. Bien-sûr, ce ne fut pas le cas…
Heureusement, ils avaient tout leur matériel avec eux, et jouèrent de ce fait le morceau live et en version longue (!), avec un deuxième titre en prime « Midnight hour ».
Quelques heures plus tard, ils purent s’admirer sur la télévision de leur hôtel, de même que THE SYNDICATE OF SOUND, JAMES BROWN et SAM THE SHAM AND THE PHARAOHS aussi présents dans la programmation de cet épisode.
Tout était fait à la bonne franquette, certaines personnalités étaient même parfois invitées à manger chez les SPERO. Tels ce jour-là JAMES BROWN (qui leur confia lors du repas avoir 200 paires de chaussures et 150 costards !) ou SAM THE SHAM, venu accompagné d'une prostituée pour l'occasion… Quel repas !
Au départ, le groupe maison entamait un instrumental sur lequel DON WEBSTER lançait le slogan de l’émission « Hey let’s go with the Upbeat ! Show ! (…)".
Quelques heures plus tard, ils purent s’admirer sur la télévision de leur hôtel, de même que THE SYNDICATE OF SOUND, JAMES BROWN et SAM THE SHAM AND THE PHARAOHS aussi présents dans la programmation de cet épisode.
Tout était fait à la bonne franquette, certaines personnalités étaient même parfois invitées à manger chez les SPERO. Tels ce jour-là JAMES BROWN (qui leur confia lors du repas avoir 200 paires de chaussures et 150 costards !) ou SAM THE SHAM, venu accompagné d'une prostituée pour l'occasion… Quel repas !
Au départ, le groupe maison entamait un instrumental sur lequel DON WEBSTER lançait le slogan de l’émission « Hey let’s go with the Upbeat ! Show ! (…)".
The Amboy Dukes à Upbeat |
Dans certaines émissions, il interprétait aussi d’autres morceaux. Un lui fut volé par THE RATIONALS, « After hour rhythms » qui se retrouva rebaptisé « Bop Bop » pour leur répertoire.
Les groupes du coin avaient aussi leur place et y firent leur première (et très souvent) dernière télévision.
En 1964, la British Invasion amena les BEATLES et ROLLING STONES devant leurs caméras.
En 1964, la British Invasion amena les BEATLES et ROLLING STONES devant leurs caméras.
L'année suivante beaucoup d’autres émissions musicales virent le jour sur les chaines américaines (HULLABALOO, SHIVAREE, SHEBANG …).
Le gouvernement des États-Unis, protectionniste, freina l’arrivée des groupes Anglais sur leur territoire. Ils n’obtenaient des visas que pour certains endroits tels que New York et Los Angeles.
Cleveland se retrouva donc souvent privée des stars du moment de l'île Européenne (adieu les KINKS!).
UPBEAT! se pencha donc sur des artistes à l'époque moins connus tels que ETTA JAMES, B.B. KING ou JUNIOR WALKER.
Pour la première fois des groupes garages furent également invités (THE MUPHETS, PAUL REVERE AND THE RAIDERS, CANNIBAL AND THE HEADHUNTERS).
C’est en 1966 que l’émission passa à la couleur et commença à être vendue à plusieurs autres chaines des États-Unis. Elle gagnait en popularité, chaque épisode était copiée sur des cassettes qui étaient envoyées à une station de chacun des dix villes principales américaines : Baltimore (chaine WMET), Philadelphia (WPHL), Detroit (WKBD), Chicago (WFLD), Los Angeles (KTLA), Boston (WSBK), New York (WNEW) ...
Après la diffusion, ces stations envoyaient leurs cassettes à des « sous » marchés et ainsi de suite.
UPBEAT! se pencha donc sur des artistes à l'époque moins connus tels que ETTA JAMES, B.B. KING ou JUNIOR WALKER.
Pour la première fois des groupes garages furent également invités (THE MUPHETS, PAUL REVERE AND THE RAIDERS, CANNIBAL AND THE HEADHUNTERS).
C’est en 1966 que l’émission passa à la couleur et commença à être vendue à plusieurs autres chaines des États-Unis. Elle gagnait en popularité, chaque épisode était copiée sur des cassettes qui étaient envoyées à une station de chacun des dix villes principales américaines : Baltimore (chaine WMET), Philadelphia (WPHL), Detroit (WKBD), Chicago (WFLD), Los Angeles (KTLA), Boston (WSBK), New York (WNEW) ...
Après la diffusion, ces stations envoyaient leurs cassettes à des « sous » marchés et ainsi de suite.
Toute l'Amérique put ainsi assister cette année-là à la première apparition TV des SIMON & GARFUNKEL, mais aussi, malheureusement à la dernière d'autres personnalités :
Dans l’après-midi du 9 décembre 1967, OTIS REDDING et son groupe les BAR-KAYS enregistrèrent leur apparition du soir dans les studios de la WEWS. Ils étaient en grande forme et les morceaux « Respect » et « Try a little tenderness » furent chantés live. Le tout se terminant en duo avec MITCH RYDER sur « Knock On Wood ».
Le jour suivant, leur avion en direction du prochain concert s'écrasa. Le chanteur avait 26 ans.
Un des deux seuls survivants du groupe, JAMES ALEXANDER (qui n'était pas monté dans l'appareil par manque de place), retourna par la suite à UPBEAT jouer le morceau« Soul Finger». Il était vêtu de cuir noir avec un brassard gris en signe de deuil.
Une année après ERIC BURDON AND THE NEW ANIMALS y interprétèrent leur version de "River Deep, Mountain High". On pouvait y voir aux côtés du chanteur le guitariste ANDY SUMMERS (bientôt dans THE POLICE).
Le groupe se sépara le jour suivant... Ces deux passages télé ont survécu.
Devant leur poste de télévision JAMIE KLIMEK et JIM CROOK, futurs membres des MIRRORS ouvraient grands leurs yeux!
Ils se rappellent encore des SONICS interprétant « The Witch » avec leur chanteur Gerry Roslie au tambourin. En effet, sur le plateau ils n'avaient pas d'orgue, l'instrument qu'il avait pour habitude de harceler pendant les concerts. Cela lui permit durant son playback, de bouger comme un fou tout en hurlant les paroles de la chanson. Il était furieux, car un des techniciens lui avait demandé de moins se déplacer face à la caméra qui n'arrivait pas à le suivre… Personne ne s'était jamais permis de lui dire comment il devait chanter...
Vous désirez d'autres anecdotes ? Il faudrait demander aux membres survivants de MITCH RYDER AND THE DETROIT WHEELS, THE MAGICIANS, THE STANDELLS, THE BARBARIANS, THE BEAU BRUMMELS, THE BLUE MAGOOS, THE BLUES PROJECT (avec AL KOOPER), THE CASTAWAYS, THE CHOIR (groupe local dont certains des membres allaient participer aux RASPBERRIES), THE COUNT FIVE, THE ELECTRIC PRUNES, ARTHUR LEE & LOVE, THE MERRY GO ROUND, THE MOJO MEN, THE NEW COLONY SIX, THE OUTSIDERS, RICHARD AND THE YOUNG LIONS, THE SIR DOUGLAS QUINTET, THE STRANGELOVES, THE SWINGIN’ MEDAILLONS, THE VAGRANTS, THE WOOLIES, THE TURTLES, THE STRAWBERRY ALARM CLOCK, THE MUSIC MACHINE, THE MUSIC EXPLOSION, THE FIVE AMERICANS, THE HOMBRES, THE HUMAN BEINZ ou MOUSE AND THE TRAPS.
Beaucoup de monde à questionner, non? Leurs passages semblent perdus à jamais. Par contre, certains peuvent être encore vus : THE BOX TOPS jouant« The letter» et THE AMBOY DUKES avec « Journey to the center of the mind ».
LENNY KAYE prenait des notes …
The Box Tops à UPBEAT |
THE VELVET UNDERGROUND mirent les pieds dans UPBEAT! en 1967, « Guess I’m fallin in love » avec un JOHN CALE pas encore viré du groupe fut interprété. Il est à noter que ce morceau ne sera jamais enregistré en studio.
L’année suivante, rebelote avec cette fois le jeune nouveau membre DOUG YULE et une version de « Run run run » avec des paroles inédites… Le morceau aurait été tellement long qu'il fut coupé par des pubs durant le feedback de la guitare de LOU REED (aussi sympa que d'habitude, il resta pendant tout le tournage dos à la caméra).
Des bandes qu’il serait bon de découvrir, car le passage playback de JIMMY PAGE avec les YARDBIRDS (« Heart full of soul ») de la même émission existe toujours. Et oui, PAGE et LOU REED sur le même plateau !
The Yardbirds à UPBEAT |
À partir de 1967, les émissions TV Américaines de musique disparurent les unes après les autres. Le rock ne faisait plus recette, le festival d’ALTAMONT n'allait pas arranger la chose. Le populaire ED SULLIVAN SHOW ne survécu pas à l’année 71… emmenant également UPBEAT dans sa tombe.
Contrairement à celles du ED SULLIVAN SHOW disponible sous plusieurs supports et régulièrement rediffusées. La plupart des bandes de UPBEAT ont été effacées, cette émission est donc malheureusement tombée dans l'oubli. Aujourd'hui vous l'avez faite un peu revivre en lisant ces quelques mots...
L'Archiviste (Merci d'avance pour vos commentaires !)
Notes:
Deux cassettes vidéos compilant certains des passages existent encore ainsi que trois émissions entières de 1969-70.
Remerciements :
- Le "Cleveland Plain Dealer TV Week" qui a listé les invités de UPBEAT semaine après semaine.
- L'article de PSYCHOTRONIC numéro 33 pour de nombreuses informations.
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