THE CRAMPS day by day part 6 - 1980

 

 

Après trois dates à New York et dans le New Jersey, les Cramps retournent se produire en Angleterre, le 7 mars, jour de sortie de leur premier album, Songs The lord Taught Us. La tournée s’étendra jusqu’au 26 avril avec des passages en France, Italie, Allemagne, Belgique et Pays-Bas, on y reviendra.

Sortie longtemps attendue par les fans de l’album Songs The Lord Taught Us, donc, Songs … Taught US, titre gimmick qui sera repris x fois, voire à chaque fois que sont compilés les morceaux repris par tel ou tel groupe, de manière officielle (Cramps, bien sûr, Who, Animals, New York Dolls, Billy Childish Jack White, …) ou home made (je dois avoir 50 compiles appelées ainsi : Lx Chilton, Tav Falco, Gories, Oblivians, …). Le Booker C crédité sur l’album n’est autre que le producteur Jim Dickinson, que les Cramps ont accompagné sur Red Headed Woman, morceau qui figure sur la compile anglaise Rockabilly Psychosis & The Garage Deasease.

Certains happy fews avaient pu écouter l’album version test pressing UK, choisie par les Cramps mais refusée par le label, dont 50 exemplaires ont été édités et qui a la particularité de commencer par Drug Train, au lieu de TV Set, exclu de cette version, et des mix différents de tous les morceaux. Le premier pressage Canadien, qui se distingue par un lettrage blanc au lieu de mauve, bien que contenant le pressage définitif, liste les morceaux du test pressing. On a déjà évoqué le bootleg Songs The Cramps Might Have Taught Us, au son pourri. La version test pressing de STLTU sortie sur Eagle Rock en 2020 (100 exemplaires en vinyle jaune ou rouge, poster inclus pour les premières éditions) bénéficie d’un son nettement meilleur. Drug Train a été exclu de l’album suite à l’insistance d’Alex Chilton, qui trouvait le morceau trop rhythm & blues.

Test pressing UK ILP 005 signé par Lux & Ivy (Paris 1990) / la toute 1ère cover de STLTU

Un des premiers pressages anglais de STLTU – label rouge avec mention Made in France, se distingue par un mix totalement différent de TV Set, une intro différente de Garbageman, des grognements rajoutés au début de I Was A Teenage Werewolf, une version de Mad Daddy raccourcie (un couplet en moins) et des versions légèrement différentes de quelques autres morceaux. Voilà pour une partie des particularités de ce premier album. Il existe une page web sur laquelle sont détaillées toutes les versions de STLTU. 

La version officielle (celle choisie par Illegal) comporte les morceaux suivants : TV Set, Rock On The Moon, Garbageman, I Was A Teenage Werewolf, titre d'un film de 1957chéri par les Cramps, Sunglasses After Dark, The Mad Daddy, Mystery Plane, Zombie Dance, What’s Behind The Mask, Strychnine, I’m Cramps, Tear It Up et Fever. On a déjà évoqué les 4 reprises. S’agissant des morceaux composés par les Cramps, tous co-signés Lux & Ivy, à part I’m Cramped, crédité au groupe entier et Sunglasses After Dark, crédité Pullen, Roschach, Wray Sr., Interior. SAD s’inspire en effet du morceau du même nom de Dwight Pullen pour les paroles et à la fois de Fatback et de Ace Of Spades (1962-63) de Link Wray pour le riff. Sur la face B du single promo de Ace Of Spades (version #) figure par ailleurs The Fuzz, un morceau qui résume le mieux le son des early Cramps, à mon avis. Il y a par ailleurs dans TV Set un petit quelque chose de Sundown par Don & The Galaxies ou bien de Sharkskin par les Monzels, entre autres. Garbageman s’inspire quant à lui de Boss des Rumblers et de Caterpillar Crawl des Strangers, avec aussi un riff au milieu piqué à On The Move du Dave Clark Five. Pour I Was A Teenage Werewolf, on peut citer comme inspiration Bandstand Stroll des Shades, morceau ressorti et davantage connu sous le nom Strollin’ After Dark. Continuons la liste : le riff de What’s Behind The Mask s’inspire du Tornado de Dale Hawkins et celui de I’m Cramped de Bust Out des Busters, Time d’Al Davis ou Typhoid des Northern Lights, au choix.

L’album récolte des chroniques dithyrambiques un peu partout, tout comme la tournée. Nouvel article et interview dans Rock’n’Folk, cette fois par Philippe Manœuvre. En France, le distributeur, CBS, envoie aux radios, magasins de disques et autres, une petite BD de Serge Clerc, Tales From The Cramps. Article fleuve en UK dans Zig Zag et Talk Talk, dans le zine US The Story So Far plus tard dans l’année.

On a déjà évoqué The Legion Of The Cramped, le fan club de Lindsay Hutton. En France, c’est Nathalie Denis qui s’y colle, avec l’édition de cinq fanzines Who’s Behind The Mask, contre sept pour le fanzine Rockin’ Bones de Lindsay.


Au même moment que l’album sort en Angleterre le single Fever (version différente) / Garbageman. Il existe deux pochettes différentes. Un peu plus tard et avec des covers différentes, sortiront Garbageman / TV Set en France et Garbageman / Drug Train aux USA. Drug Train tire son riff train d’enfer de Please Give Me Something de Bill Allen & The Back Beats.

La sortie anglaise du single Drug Train, en juin, se fera via un EP avec en B side Love Me du Phantom et I Can’t Hardly Stand It de Charlie Feathers, un des héros de Lux. Le EP sera single of the week dans le NME du 13 septembre.

Voilà pour les disques officiels des Cramps sortis en 1980 - la version promo de Goo Goo Muck indique 1980 mais le single ne sortira qu’en début d’année suivante.

Retour sur la tournée européenne, qui commence par 17 dates au Royaume-Uni, dont 3 à Londres, King’s College pour commencer la tournée, Electric Ballroom et Venue le 19 avril pour la finir, avec la plupart du temps The Fall en première partie. La tournée s’est tellement bien passée que des dates ont été rajoutées par rapport au planning initial, au Royaume-Uni et une date à Paris.


C’est Marc Zermati qui accompagne le groupe en tant que tour manager pour la partie française. Il partage la voiture de Bryan et de Nick, avec qui il se liera d’amitié. Ils étaient les deux seuls célibataires de la tournée, me dira Marc… La 1ère date française a lieu le 24 mars, dans un Studio 44 plein à craquer (j’y étais). Après 3 rappels, les Cramps finiront le show par Lonesome Town (à Paris 2 jours après aussi, les seules fois lors de la tournée 1980, à ma connaissance). Marc m'a aussi raconté qu'il avait viré la presse locale, venue interroger les Cramps après le show. La 1ère question était : Aimez-vous Supertramp ? Pas une question à poser aux Supercramps.

Six dates suivront, celles figurant sur le poster d’intro de cet article et une nouvelle date au Palace à Paris le 24 avril, dont Numa Roda-Gil, 14 ans à l’époque – il m’a dit n’avoir compris que le mot frigidaire (TV Set) de tout le show – en a fait un bouquin, Le Concert Fantôme, et une expo. Le show de Bordeaux a été marqué par le vol de la Flying V de Bryan Gregory. Toute l’histoire ici : https://www.setlist.fm/setlist/the-cramps/1980/aquarius-bordeaux-france-13f5fdd1.html

  

              Rouen 24 mars, photo Roger Legrand / Paris 26 mars (photo d’un copain dont j’ai oublié le nom)

Paris Normandie

La tournée continue avec 3 dates en Italie – en 1ère partie de Police, comme en 1979 en UK, une date en Allemagne, le Easter Rock Festival à Berlin, avec à l’affiche Police, encore, les Flamin’ Groovies, Mitch Ryder et Rockpile, et une autre date en Belgique.

La tournée se prolonge avec 3 dates en Angleterre, le concert du Palace et une date à Rotterdam, aux Pays-Bas.

Beaucoup de ces concerts ont été enregistrés, Rouen, Paris, Bordeaux, Exceter, Birmingham, l’Electric Ballroom,  Milan et Berlin. Seul celui du 19 avril au Venue à Londres donnera lieu à une édition format LP, avec encore une fois de multiples covers et divers noms, le plus souvent Live Venus ou The Last Supper (le manque d’imagination des bootleggers) et un son souvent limite (il existe pourtant des k7 avec un super son). Le LP est par ailleurs amputé de deux morceaux joués ce soir-là en rappel : Hurricane Fighter Plane et Surfin’ Bird. En revanche le EP Venue 1980 a un son d’enfer. Je ne sais pas encore ce que donne le récent The Last Supper (100 ex en couleur sur Eagle Rock), sur lequel figure les deux morceaux du rappel (minus 3 autres morceaux), donnera au niveau son.

  

Italie / Paris 24 avril, photo Numa Roda-Gil

À peine rentrés aux USA, les Cramps jouent au Club 57 à New York puis partent pour une tournée californienne, qui se limitera à 6 shows, dont trois au Whikey A Go-Go à LA et un à The Stone, à San Francisco, qui seront largement piratés : le LP Zombie Dance In LA 09/05/1980 pour le premier et All Aboard The Drug Train (LP) / Black Leather (CD) pour celui de SF. Le dernier show avec Bryan a lieu le 16 mai au Rather Ripped, à Berkeley.

Bryan aurait quitté le groupe pour divergences musicales – il suffit d’écouter son groupe Beast…, avec peut-être, le camion de la tournée et tout le matos.

Contrairement à certaines annonces, le groupe ne s’est pas séparé. Ils recrutent Julien Griensnatch, du groupe Mad, avec qui ils donnent un premier concert le 21 juin à Norman, dans l’Oklahoma, et pas mal d’autres jusqu’à début septembre. Celui de Toronto le 18 juillet donnera lieu aux bootlegs Stay Sick Turn Blue et Rock'n'Roll Monster Bash qui seront largement réédités et le fameux Urgh! A Music War, au Santa Monica Civic Auditorium, en Californie, dont on peut voir deux extraits sur VHS (et davantage sur Youtube) et en écouter un sur le double LP sur Illegal. Le show complet sortira finalement format LP (bootleg Russe) en 2016, 2017 et 2019, avec des covers différentes et un son à chaque fois amélioré (et à la bonne vitesse sur la dernière édition). 

 Avec Julian


Les Cramps recrutent ensuite Kid Congo, toujours à la guitare. Embarrassé, Kid annonce à son comparse Jeffrey Lee Pierce, du Gun Club, que les Cramps veulent l’embaucher. Jeffrey, qui avait composé For The Love Of Ivy, lui dit de ne pas hésiter. Lux et Ivy lui demandent bien sûr de choisir entre les deux groupes : on est Cramps à 100 % ou alors on est pas membre du groupe. Dans son autobiography, Kid raconte qu’Ivy lui a demandé s’il était prêt à se couper un doigt pour faire partie des Cramps. Il accepte en se disant qu’il lui en resterait neuf. Il a finalement gardé ses dix doigts. C’est Lux et Ivy qui donneront son nom de scène, Congo Powers – nom tiré d’une bougie censée avoir de supers pouvoirs, à ce jeune chicano qu’ils avaient repéré dans le public lors de leurs shows. C’est lui qui ajoutera Kid, parce que ça fait cool. Kid Congo Powers, donc, fera ses débuts sur scène avec les Cramps au Ritz de New York le 8 décembre (jour de l’assassinat de John Lennon), et les accompagnera ensuite pour une date unique à Londres, au Lyceum Ballroom, le 14 décembre, au cours duquel les Cramps présentent quelques morceaux de leur prochain album : Green Fuz, Primitive, Caveman, Goo Goo Muck, Voodoo Idol et The Crusher. C’est deux shows ont été enregistrés, on peut entendre un extrait de celui de Londres sur le LP bootleg Psychedelic Redux, sorti récemment.

Avec Kid

Pas grand-chose à signaler en dehors des disques évoqués ci-dessus, en dehors de nombreux shows restés sur K7 (ou gravés sur CD-r) :

7’’ : Human Psycho (7’’ grec limité à 50 exemplaires + version picture disc) contient deux morceaux live au Whiskey A Go-Go, LA, le 9 mai.

Certains des shows donnés ont l’intérêt de présenter des morceaux jamais sortis officiellement, comme Louie Louie de Richard Berry (joué à Londres) ou Oowee Baby de Ric Cartey, composé par Jerry Reed (joué à Londres et à Paris), que les Cramps finiront par reprendre sur leur album Fiends Of Dope Island en 2003.

Patrick Bainée

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