I’m Glad They Did It # 1: Crazy songs

 

 Schlitzie

Le titre entier de cette nouvelle rubrique devrait être I don’t know why they did it, nor how they dit it, but I’m glad they did it / Je ne sais pas ce qu’ils avaient en tête en entrant dans le studio, ni comment ils ont fait, mais je suis content qu’ils l’aient fait. Ça faisait un peu long pour un titre à lire sur un blog.

Le sujet sera, vous l’aurez deviné, des chansons, des disques ou des artistes bizarres et de bon mauvais goût.

J’ai une playlist, basée sur une série de singles, que j’ai appelée Crazy Songs, idéale pour les fins de soirée. En voici un bref résumé.

La série exclut les morceaux que vous connaissaient déjà, comme Papa-Oom-Mow-Mow (La Moustache À Papa en français) ou Surfin’ Bird, ainsi que les reprises décalées de morceaux connus, comme Satisfaction par Devo ou les Residents, Life Is Life par Laibach, la liste est longue, les artistes déjantés comme Screamin’ Jay Hawkins, Hasil Adkins ou El’ Blaszczyk, les trucs 60’s japonais, les disques d’Halloween, ...

J’ai aussi éliminé les Musical Linn Twins, des frangins inventeurs, dont le 7’’ Indian Rock / Rockin’ Out The Blues (1958, réédité par Norton en 2009) mériterait une chronique à lui tout seul.

Reste la liste ci-dessous que j’ai classée par catégories : animaux, garage, big boobs (j’ai osé !), novelties, exotique (les trois seuls titres non US de cette série),… dont une partie fait partie des Lux & Ivy’s faves (LAIF). Je m’aperçois que tous les titres sont datés des 50’s et 60’s, époque bénie pour les 7", qu’on a un peu retrouvée au moment de la période punk, étirée.

La première série : les cris.


Il y a bien sûr Scream! par Ralph Nielsen & The Chancellors du New Jersey, qui n’ont sorti que ce 7’’ en 1962, réédité en 1984 puis 2012 par Crypt Records, avec un morceau bonus. On retrouve aussi bien sûr Scream! sur de nombreuses compiles, comme Back From The Grave (vol 2).

The Metropolitans sont de New York et ont deux singles à leur actif, Screaming Part 1 et Screaming Part 2 (1959). J’ai un petit faible pour la part 2, car un peu plus longue.

À part quelques come on, come on, hey, hey pour Ralph Nielsen, tous ces morceaux ne sont composés que de cris. Les morceaux ci-dessus, jamais repris à ma connaissance, auraient aussi pu figurer dans la série garage (ci-dessous, teaser). 

Ma série préférée, les animaux.

J’imagine le dance floor d’une discothèque en train de passer Peanut Duck par Marsha Gee, enfin l’acétate, plutôt de ce morceau de Northern soul incroyable. On ne sait rien de Marsha Gee (son vrai nom ? Il existe une autre artiste du même patronyme), dont le morceau Peanut Duck aurait été enregistré dans un studio de Philadelphie selon les liner notes d’une compile sortie sur Rhino. C’est un DJ anglais qui a trouvé l’acétate lors d’un voyage aux USA et a sorti le 7" bootleg, avec deux autres groupes en B side, sur le label Joker! Peanut Duck a été réédité en 1998, avec un morceau de Ray Charles en B side, et en 2005 sur Penniman Records (Espagne), avec pochette (la vraie Marsha Gee ?) et, en B side, Chimpazee, un morceau de Northern soul de 1961 par Count Yates parfait pour cette rubrique. King Khan s’est collé à une reprise inspirée de Peanut Duck sur son album Spread Your Love Like Peanut Butter.




Avec Souie! Baby Souie! de Nanine, un single de 1964, on est bien sûr dans le cochon (la preuve que tout est bon…). Je ne connais rien de Nanine si ce n’est qu’il a sorti un autre single en 1964. Souie est un morceau dont je ne me lasse pas depuis que je l’ai découvert sur la compile Wavy Gravy - Psycho Serenade à la fin des années 80, mais que probablement les gens de bon goût n’écouteraient pas jusqu’à la fin - personne n’a repris ce morceau, non plus, à ma connaissance. Les compiles Wavy Gravy, quatre LP’s réunis ensuite sur deux CD’s, font partie de mes compiles favorites.

Il y a bien sûr les chicken songs. En France, il il y a le magnifique Cœur de Poulet de Xaver Boussiron (un album entier consacré à Roy Orbison). Mais le real deal, c’est Mah Mah Chicken Pot Pie, un single de 1963 par les Leopards, un groupe doo wop de Brooklyn, qui n’a enregistré que ce 7" sous ce nom, et pas mal d’autres sous d’autres noms. Dès l’intro, on sait qu’on a affaire à un truc complètement givré et (donc souvent) jouissif.

J’aurai pu écrire un article complet sur le thème animaux de cette série crazy songs, j’ai craint de lasser le lecteur… Allez, un dernier single, sorti en 1959 : Enchanted Forest et R.F.D. Rangoon par The Forbidden Five (en fait un one man band), un autre LAIF.

Garage stuff (we can’t ignore it).

En commençant par Pass The Hatchet (parts 1 & 2) par Rodger & The Gypsies, leur seul single, une tuerie garage p(f)unk de 1966 en provenance de la Nouvelle Orléans, avec Eddie Bo au chant. Tav Falco a repris ce morceau sur son album The World We Knew, avant que Southern Culture On The Skids ne s’y colle. Il existe aussi une version colombienne (Pasame El Hacha) par El Comité.

Je n’ai pas prévu de série champignon, comme ce There Was A Fungus Among Us par Hugh Barrett & The Victors, la version la plus connue de 1962, single paru aussi sous le nom The Victors & Their Friends. La première version, un peu moins givrée, a été enregistrée par Terry Noland, un mec du Texas, et produite par Norman Petty (Buddy Holly). Il existe aussi une version par le groupe garage The Imperial Pompadours (Album Ersatz, 1982).

Le morceau qui plaira le plus aux garagistes, c’est Nina Kocka Nina, par les Dinks, du Texas, un 7’’ de 1965 (leur premier sur trois). Le morceau est une sorte de Surfin’ Bird avec un accent asiatique. Pas de reprise de ce morceau à ma connaissance.

The Dinks 

Ex-aequo avec The Hunch de Mad Mike & The Maniacs, un single de 1961 qui donne envie de se cogner la tête contre les murs. Un de ces morceaux qu’il faut écouter sur le 7" original et non sur une compile, pour en apprécier tout le génie. Pas de reprise non plus, mais des morceaux éponymes par Hasil Adkins et les Monsters.

Il y a aussi Wild Thing – ce morceau des Troggs de 1966 dont chacun sait que la première version sortie est celle de The Wild Ones, en 1965 – un single de 1966, avec deux versions du morceau, très ou très très ralentie, par Senator Bobby / Senator Everett McKinley.

Je pense qu’on peut aussi classer The Wiggle par Jack Hammer (un des co-auteurs de Great Ball Of Fire) dans la catégorie garage (le garage étant pour moi une extension de ce qu’on appelait le rock’n’roll dans les 50’s et qui à cause des Beatles… mais c’est une autre histoire, à suivre). Le 7" est de 1962.

Pigmy par Baby Sticks & The Kingtones et un single de 1963 (ou 1962 selon les sources), fantastique quasi instrumental (on entend des cris d’oiseaux) qui aurait pu figurer dans la série animaux dont je me suis dit, cher lecteur, qu’il attirerait davantage ton attention dans la série garage, ainsi étoffée. Voilà ce qu’en disait une chronique de l’époque.


Si tous les morceaux garage sonnaient comme les quatre mentionnés ci-dessus, je m’en lasserai moins vite.

La série novelty, un genre apparu dans les années 20-30 avec un regain d’intérêt dans les 50-60’s, qui vont nous (vous ?) intéresser ici. Novelty, un nouveau concept (il y a un siècle), des morceaux essentiellement parlés, basés sur l’humour, qui reste la partie congrue du rock’n’roll, si on exclut Patrick Sébastien et U2, entre autres.

En fait d’humour, les novelties 50-60’s sont plutôt basées sur le drame.

Un vrai truc d’humour, irrésistible, c’est Delicious (aka The Laughing Song), par Jim Bakus & His Friends, un single de 1958, les friends étant en fait la fille (non identifiée) avec qui Jim Bakus partage un repas bien arrosé. Des rires communicatifs allant crescendo. Le morceau est plus jouissif que celui dont il s’inspire : Champagne Cocktails de T.C. Jones (1956). 


J’aurai pu classer Take It Off de Groundhog (Joe Richardson de son vrai nom) - merci Lx Chilton pour cette découverte (album High Priest, 1987, ainsi qu’un 7’’ promo one sided sur Marylin, Espagne), single de 1969, dans la série garage. Mais les paroles correspondent davantage à la série novelty : take it all off , baby, take off your dress, take off your eyebrows, take it all off

Un des must des novelties, c’est The Big Tragedy par Johnny Lance, un 7’’ de 1964, l’histoire d’un mec qui attend sa copine, qui devrait déjà être rentrée à la maison. Quand la police sonne à la porte et lui dit que sa copine est passée sous un rouleau compresseur, il répond, la larme à l’œil je suis sous la douche, glissez là sous la porte.

Ed’s Place, de Horace Heller (face B d’un single de 1958), n’est pas mal non plus. Le gars a tué sa femme et son amant, mais il regrette de l’avoir tuée, elle.

En écoutant Mama’s Place, de Bing Day, face B aussi, mais 1959 cette fois, on s’imagine dans un de ces établissements topless.

Excellente (ne me remerciez pas) transition pour la série big boobs.

Comment ne pas craquer sur That Makes It, avec Jimi Hendrix à la guitare, par Jane Mansfield (1964, encore une B side), miss Bent Over I’ll Drive, en réponse au Dinner With Drac de Zacherley.

Même remarque pour Bikini With No Top On The Top (ni machine guns), single de 1967 aussi, par Mamie Van Doren (qui avait parfois Eddie Cochran comme guitariste) et June Wilkinson. Il existe même un 7’’ belge avec une cover.    

    
               

Pour rester dans le même ordre d’idée, voici la série sado-maso.

Le morceau The Whip à chaque fois, mais pas la même chanson, par The Creeps ou The Frantics.

The Creeps, featuring la légende Ronnie Dawson (Rockin’ Bones, Action Packed, etc), single de 1958, ça donne : the whip – no, no, not the whip, anything but the whip – anything, eh eh – the whip, the whip!

Le morceau des Frantics – ceux de Werewolf / No Werewolf aussi, est un single de 1960, un peu plus sage, c’est un instrumental.

Dans la série 5 sens, il y aurait bien sûr dû y avoir Constipation Blues de Screamin’ Jay Hawkins, mais je l’ai exclu d’emblée, c’est ballot.

Reste It’s A Gas d’Alfred E. Neuman, un flexi single 5 pouces ½ sur le label de la revue Mad de 1966. Pas le même genre de gaz que pour Screamin’ Jay. Je vous laisse deviner, ne me remerciez pas.

Là facile, vous allez trouver : Nicotine par The Vikings, single de 1964.

La rubrique s’appelle Crazy songs, appelons cette série crazy talk.

Il y a justement (kidneys!) ce morceau Crazy Talk par The Loafers, single de 1958. Que rajouter ?

Dans le genre crazy, j’adore Gizmo par Jimmie Heap & His Orchestra, de Houston, son seul single intéressant, 1959.

J’aime moins Beep Beep par The Playmates, single de 1958, un groupe très prolifique, mais j’ai remarqué que ce morceau était très prisé par les représentantes de la gent féminine.

Pour éviter de créer une nouvelle série, je classe Primitive Love par Tom Reeves, single rockabilly de 1958, unique dans son genre, dans la catégorie crazy talk. À ranger près du non moins génial (le meilleur morceau garage de tous les temps ?) Be A Cave Man, le 7" des Avengers.

J’ai gardé pour la fin la série exotique (non US) : des Arméniens, des Péruviens et des Belges.

Les Grecs, ce sont Ganim’s Asia Minor et leur single Daddy Lolo (Oriental Rock’n’Roll), de 1958. Mis à part que le chanteur, un Arménien-Américain, s’appelle Charles Ganimian, je ne connais rien de ce groupe, dont il existe aussi un album.

    
    

Les Péruviens, ce sont Los Saicos, un groupe garage (mais pas US, donc il se retrouvent dans la série exotique) qui ont sorti une poignée de singles dont Demolición en 1965. Un peu l’équivalent de The Crusher par les Novas, qui aurait aussi trouvé sa place dans cette rubrique (encore un morceau garage !).

Les Belges, dont je ne sais rien à part qu’ils sont belges, pour la fin : Sidney & The Chimps avec Blah, un single sorti en 1958 (sur un label US), qui résume bien cette rubrique, entre autres : blah, blah blah…


Patrick Bainée 



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