I’m Glad They Did It # 4 : Garage punk 60’s

 

Ce que je retiens du garage mid 60’s à nos jours, les groupes ou morceaux - comme pour les instrus, beaucoup de groupes n’ont sorti qu’un ou deux singles, d’autres auraient dû se limiter à ça – dont je ne me suis pas lassé au fil des ans (parfois 50 ans après. J’ai en effet, comme tous les gens de mon âge découvert le garage 60’s en 1972 avec le double LP Nuggets, qui en fait n’est pas une compile groupes garage obscurs mais qui regroupe les succès de la période 1965-68.

J’ai limité la liste au garage, des 60’s à aujourd’hui, j’ai pensé inclure la power pop et le punk 70’s, mais ça faisait beaucoup (quoi que). J’ai aussi limité mon choix en privilégiant les originaux, et ne parler des reprises que lorsqu’elles apportent quelque chose, voire surpassent les originaux (Can’t Seem To Make You Mine par Lx Chilton).

Je ne parlerai pas des Cramps, que je ne considère pas comme un groupe garage et sur lequel j’ai déjà tout dit. Idem pour les Stooges, le Velvet Underground, les Modern Lovers (le 1er album fait partie de mes favoris de tous les temps), Lx Chilton (sauf dans la phrase ci-dessus) et Tav Falco, et quelques autres, tous ces groupes dont j’aime (presque) tout étant hors normes / styles.

Je passerai rapidement sur les groupes ou morceaux que j’ai déjà cités dans la partie 1 de cette rubrique.

Le 60’s punk US voit le jour après la vague Beatles et Stones, suite à leurs tournées US de 1964.

Les groupes punk US 60’s qui veulent imiter Beatles – les American Beetles, Knickerbockers, Beau Brummels ou Castaways - ou Stones ne sont pas non plus les plus intéressants. S’agissant des Stones, on peut toutefois noter que les reprises de morceaux blues de Slim Harpo, Muddy Waters et autres par les groupes US sont moins respectueuses et donc plus folles que les leurs. Comme preuve I’m A King Bee par The Bad Seeds, du Texas (1965).

Pour clore ce chapitre Beatles / Stones, j’adore ce single des Nomads, du Texas également Be Nice / Empty Heart, aussi bon que l’original, leur seul 7’’ sorti en 1966. Les Gories ont repris Be Nice sur un single récent et j’ai un enregistrement plus proche de l’original par Dan Kroha, enregistré sur son téléphone. Be Nice se trouve sur Back From The Grave (BFTG) Volume 4.


Une des caractéristiques qui distingue le garage punk 60’s des autres vagues garage à venir est que, dans les 60’s, le rejet des conventions étaient encore plus présent. Les Groupies, de New York, avec leur génial Primitive (1966) à l’intro piquée à Smokestack Lightnin’ de Howlin’ Wolf, déclament qu’ils vivent en primitifs, que ce qu’on doit acheter, eux l’obtiennent gratuitement. Les Third Bardo de New York également, disent eux dans Five Years Ahead Of My Time (1967) qu’ils vivent dans une autre dimension. Pas étonnant que les Cramps aient repris ces deux morceaux.

Les Savages qui viennent des Bermudes et les Sparkles, originaires eux du Texas, font remarquer respectivement à leurs copines dans The World Ain’t Round, It’s Square (1966) et No Friend Of Mine (1967) que les gens les toisent à cause de la longueur de leurs cheveux. Rien à jeter dans les sept singles des Sparkles – il existe une compile LP + 1 single et 1 CD sortie en France en 2019, dont les Cramps ont repris Hipsville 29 B.C.

Comme la série BFTG fait partie de mes compiles favorites s’agissant du garage punk 60’s, je vais commencer par-là, citer mes morceaux favoris issus de ces compiles de Tim Warren, aidé de sa complice de l’époque Caroline, à qui j’ai acheté des 7’’ lors de conventions, puis côtoyé ensuite, puis vendu une partie de sa collection au profit de Marc Z, son dernier compagnon au moment de sa mort.

Il y a bien sûr aussi la série Pebbles et la compile Signed D.C., un seul volume et sûrement ma préférée avec BFTG Volume 1. Mais bien avant que Greg Shaw ou Tim Warren sortent leurs compiles, il y a ce collectionneur hollandais, Hans Kesteloo, qui, après avoir fait des échanges avec un collectionneur US, a parcouru plusieurs fois par an les USA, ratissant tous les magasins de disques et vide greniers, pour ensuite éditer sous forme de cassettes, 35 au total, les compiles The Never-Ending Trip. C’était au milieu des années 70.


Rien n’est en effet à jeter sur le BFTG Volume 1, mes morceaux préférés étant, par ordre d’apparition de l’édition officielle, l’acétate présentant les morceaux dans un ordre complétement différent : We All Love Peanut Butter / Jack The Ripper, un two sider par les One Way Street(s – le groupe ne mettait pas de « s » à son nom), de l’Ohio, leur seul single en 1967, avec Jack The Ripper, également crédité au groupe, par erreur, sur le single original. On continue avec That’s The Bag I’m In, le morceau de Fred Neil (repris également par Ty Segall), par les Fabs, des Californiens, leur unique 7’’ également, 1966. The Bel-Aires étaient du Michigan, avec trois singles à leur actif, dont Ya Ha Be Be, B side de leur 7’’ de 1967, repris également par les Gories. Encore des Texans, Larry & The Blue Notes, avec la B side du 1er (1965) de leurs trois singles, Night Of The Phantom. La version initiale, jamais sortie à l’époque, apparaîtra dans le vol 4 de BFTG. Des Swamps Rats, je préfère l’original No Friends Of Mine (1967) à la reprise des Sonics qui figure sur ce BFTG vol 1. Il existe, parmi d’autres compiles consacrées aux Swamp Rats un LP français Swamps Rats Vs. Unrelated Segments (bof) qui regroupe les quatre premiers singles des Swamps Rats (sur six, sur le dernier ils reprennent Brown Sugar). Je passe sur leur album tardif Disco Stull Sucks. Voilà pour le volume 1 de BFTG, je vais être plus concis pour les suivants, de fait.


J’ai déjà précédemment cité Ralph Nielsen Scream et les Novas The Crusher (Cramps) dans la partie 1 Crazy Songs. Parmi les autres morceaux garage BFTG de 1965 et + dont je ne me suis pas lassé (et que j’ai dans ma discothèque, et non pas collection, ne m’estimant pas scum collector), il y a The Tamrons, de Caroline du Nord, avec leur seul single sorti en 1966, Wild Man, assez souvent repris, jamais surpassé. Une monstruosité, le single des Keggs, du Michigan, un double sider avec To Find Out et Girl, le premier morceau ayant été repris par les Gories, le second par Bantam Roosters et les deux, carrément, sur l’album des Ribeye Brothers If I Had A Horse (2000). On parlait des Gories et du Michigan : le seul single des Jaguars, It’s Gonna Be Alright (1966), résume à lui seul le jeu de guitare de Mick Collins. Dan Kroha m’avait cité un autre morceau ayant inspiré son comparse, mais j’ai oublié lequel. Gories qui ont aussi repris Stormy des Jesters Of Newport (unique 7", 1965). Are You For Real, Girl?, l’unique single (1966) des Mystic Five, de Pennsylvanie est aussi à tomber. Je passe souvent ce morceau quand un invité me demande si les vinyles avaient vraiment un son meilleur que les CD’s. The Gentlemen étaient de Dallas, BFTG incluant It’s A Cry’n Shame, la B side de leur unique single (1966) sur son volume 9. Je me rappelle avoir mis aux enchères pour $ 10 (et pour MZ) un exemplaire complétement gondolé (mais qui passait sur ma platine). Fin des enchères : $ 900. Et l’acheteur a été ravi.

Voilà pour le tour d’horizon de mes BFTG post 1964 favoris et que j’écoute toujours avec le plaisir du début. Trouvant mon idée assez bonne d’éviter la liste par année ou par artiste, qui va forcément arriver, je continue en scrutant les compiles Wavy Gravy. Bumble Bee ’65 est un morceau surf par les Motions, d’Ohio, leur dernier single (sur 4), la B side. Encore meilleur, Gorilla par les Shandells, du Wiconsin, leur 1er single (sur deux), de décembre 1964, souvent repris ensuite sous le nom Go Go Gorilla.

Sur la compile Signed D.C., que des groupes de Washington donc, j’adore particulièrement The Legend Of Tarzan par les Grey Stokes (ahah), 1966, et d’autres que j’ai déjà cités, The Reekers, …


Je passe aux Pebbles, les compiles de Greg Shaw, of Bomp! fame. Je suis toujours épaté de ce qu’ont fait les Cramps de ce morceau génial, mais mal enregistré, Green Fuz par Randy Alvey & The Green Fuz, du Texas, seul single sorti en 1969. Voices Green & Purple, l’unique 7’’ de The Bees, de Californie, s’écoute toujours bien, je trouve, tout comme le two siders d’autres californiens, les Brogues : Don’t Shoot Me Down / I Ain’t no Miracle Worker, leur second 7’’, 1965. Encore une B side, Don’t Tread On Me (Cramps) par Kit & The Outlaws, 1er de leurs trois singles. Gonn, qui vient de l’Iowa, est surtout un groupe de reprises. Leur premier single de 1965, Blackout Of Gretely, est toutefois un original qui n’a pas trop mal vieilli. On The Go du producteur Milan sous le nom de The Leather Boy est une B side de 1965, prisée par les Cramps.

Avant d’explorer Nuggets, place aux filles (ou presque).

Mon 7" garage punk 60’s favori : Be A Cave Man, seul single (1966) des Avengers, des Californiens, morceau dont l’intro était le générique de l’émission de radio Dig It! avec lequel le groupe s’était attiré les foudres des mouvements féministes (ça donnerait quoi aujourd’hui ?). Peut-être faut-il être un mec pour apprécier ce type de paroles (au second degré, quand même), j’ai supprimé les cris d’homme des cavernes : you gotta treat a woman rough / you gotta treat a woman tough / be a caveman / and keep her in line /  you gotta pull her by the hair / hold her tighter than a grizzly bear / be a caveman / and keep her in line / you gotta show a woman who wears the pants / if you want her to stick by you / you can have her eating right out of your hand
heres what ya gotta do / show a woman that you're a man / you gotta show her where you stand / be a caveman …!

Place aux filles, donc, avec les Pleasure Seekers des sœurs Quatro, du Michigan, et leur 1er single de 1966, avec en B side le classique What A Way To Die. Il y aura pas mal d’autres all girls bands, il existe même plein de compiles qui leur sont consacrées, comme la série Girls In The Garage ou encore Basement Beehive: The Girl Group Underground, mais je ne vois aucun autre tube ayant résisté aux années. Il y a bien les Bittersweets, d’Ohio, avec The Hurtin’ Kind, mais le morceau est des Tulu Babies, d’Ohio également. Il figure en B side de leur premier single (sur 2), de 1965. Le groupe aura davantage de succès en se rebaptisant Baskerville Hounds.

Parmi les curiosités, il a les Ladybirds de San Francisco ou du New Jersey selon les sources, the world's first all-girl topless rock band, formé vers 1965, qui n’ont laissé aucune trace vinylique mais ont eu leur moment de gloire en apparaissant dans le film The Wild, Wild World of Jayne Mansfield. Il y aura d’autres groupes appelés Ladybirds, dont un au Danemark, dont les membres du groupe jouaient aussi topless en 1968 (photo de droite). Désolé pour ce long passage sans disque à l’appui, c’était juste pour compenser les propos de ces naughty (mais géniaux) Avengers.

  


Parmi la trentaine de all female punk 60’s bands qui ont sorti des disques (en général un seul single) à l’époque, il y a aussi les Belles, de Floride, avec Melvin leur seul 7" (1966), pas mal repris depuis, pas autant toutefois que le morceau qu’elles parodient : Gloria des Them, leur seul morceau garage ou devenu garage à force d’être repris par des groupes garages, get the picture? Transition pour se demander si les Pretty Things, tout comme les Troggs peuvent être considérés comme garage, au départ ou suite aux nombreuses reprises de leurs morceaux. Si les Stones ne sont pas un groupe garage, certains de leurs morceaux le sont devenus, comme Get Off Of My Roof (parodie) par Jerry & The Landslides, de Long Island, leur seul single, 1965.

Je ne sais pas non plus si on peut considérer les Shangri-Las comme un groupe garage, en tout cas je ne me suis jamais lassé de leurs deux fabuleux albums de 1965 Leader Of The Pack et Shangri-Las ’65!, ni de leurs singles. En tout cas Dangerous Game, l’album solo (2007) de Mary Weiss accompagnée des Reigning Sound est un album garage. RIP Mary Weiss dont j’apprends la disparition aujourd’hui (20 janvier, elle est décédée la veille).



Du double album Nuggets sur Elektra sorti en 1972 (il y a des centaines du Nugget depuis, un ou plusieurs par pays, voire région, voire ville, voire quartier), je retiens sur la durée : les Standells, mais pas pour Dirty Water, les Shadows Of Knight, pour Oh Yeah, notamment, les Seeds, pour Pushing Too Hard et quelques autres morceaux, les Remains, Don’t Look Back et autres, comme pour Thirteenth Floor Elevators et You’re Gonna Miss Me, Count Five pour Psychotic Reaction, avec sa fin pompée sur les Yardbirds, et enfin Chocolate Watchband, la meilleure copie de Mick Jagger (qui lui imitait Don Covay) pour Let’s Talk About Girls, morceau qu’ils ont popularisé, et autres. Je me suis lassé des autres morceaux et même groupes, dont j’avais acheté la plupart des albums, plus faciles à trouver en France que les 7" à l’époque (mi 70’s, début 80’s).


Les Remains sont de Boston, d’abord populaires sur leur campus, ils auront ensuite un succès national puis international en passant à la télé et en ouvrant pour les Beatles lors de leur tournée US 1966. Il y a d’ailleurs un peu de Beatles dans les originaux du groupe, Why Do I Cry? et Don’t Look Back, par exemple. Leurs reprises sont excellentes aussi. Leur 1er album de 1966, est indispensable, comme on dit dans les magazines comiques rock.

Des californiens (LA) Standells, je continue particulièrement à apprécier Sometimes Good Guys Don’t Wear White (Cramps) et Mr Nobody, la B side de leur single Why Pick On Me, deux singles sortis en 1966, ainsi que Riot On Sunset Strip de la BO du même nom. Tous des originaux, les albums des Standells étant composés pour moitié de reprises, qui apportent peu aux versions originales.

Mes morceaux favoris des Shadows Of Knight, de Chicago, restent leurs originaux (les deux premiers albums sont truffés de reprises) Oh Yeah, leur premier single (1966), ainsi que Shake (1968) et Gloria ’69, plus inspiré à mon avis que leur version de 1966 de ce classique des Them, dont cette version de 1969 bénéficie même d’un pressage français avec une jolie cover.


J’ai revendu mes albums des Seeds, de LA, étant lassé des albums, surtout du faux live, me contentant de garder les singles contenant mes morceaux favoris : Can’t Seem To Make You Mine et No Escape (EP français), tous deux de 1965.

Que dire des 13th Floor Elevators qui n’a pas été dit. Ils planaient haut avec leur cruche électrique, malgré que la plupart des ascenseurs ne s’arrêtent pas au 13ème étage dans les buildings US (ni à Shanghai) - en France, où peu de bâtiments atteignent 13 étages ce sont les hôpitaux et certains hôtels qui sont dépourvus de chambre 13, rapport à la Cène. Ok, j’ai vendu trois de mes LP’s originaux sur International Artists (ça m’a permis d’acheter des singles 50’s hors de prix), ne gardant que le premier 13th Floor, Red Crayola et Lost & Found. Au début il y a le 7" des Spades You’re Gonna Miss Me / We Sell Soul (1965), peut-être le meilleur two siders de tous les temps. Des 13th Floor, les premiers à se qualifier de groupe psychédélique, j’ai bien sûr aussi gardé les 7" You’re Gonna Miss Me et Reverbaration / Fire Engine, tous les deux de 1966. On reparlera bien sûr de Roky dans le chapitre suivant.

Que dire aussi des Count Five, les Who US, sinon que Psychotic Reaction, 1966 dont un EP français, est leur seul morceau vraiment intéressant.

Enfin, pour finir cette sélection Nuggets, des Chocolate Watchband, de San José, je préfère les singles Misty Lane, leur premier (1967) et le plus tardif (format single, extrait du 1er LP) Let’s Talk About Girls. Il y a aussi le géant Don’t Need Your Lovin’ de la déjà citée BO Riot On Sunset Strip. Les deux premiers albums sont truffés de reprises, dont le génial Let’s Talk About Girls des Tongues Of Truth (1966) et le troisième, One Step Beyond, est moins bon. En revanche Revolutions Reinvented, qui revisite en 2012 leurs classiques (et ceux des autres) est épatant. Je m’intéresse assez peu aux reformations de groupes anciens (à part les Sonics et les Trashmen), je suis content qu’Alan, batteur des No-Things, m’ait offert ce disque lors d’une soirée chez lui, après un Lux Lives à Glasgow auquel El Cramped participait.

Des Trashmen, qui sont encore plus connus que les Beatles au Vénézuela, parmi les morceaux irrésistibles qui sonnent davantage garage que surf, je retiens Bird ’65 et Bird Dance Beat (1964).

Les Sonics, gros morceaux, leurs deux premiers LP’s Here Are The Sonics!!! (1965) et Boom (1966) sont indispensables. Je trouve encore plus agréable d’écouter The Witch, Psycho et Boss Hoss sur single. Mes deux titres favoris, Strychnine et Shot Down ont été édités sur un 7" tardif (1999), sur le label Norton.

Je vais maintenant rapidement balayer mon fichier A-Z.


Hasil Adkins, est-ce du garage ? Oui si l’on se réfère à She Said (1964) et la compile Norton Out To Hunch, notamment, son premier album (1986), en fait, indispensable, tout comme le 7" She’s Mine / Chicken Walk, mais là je m’égare, on est en 1962. Davie Allan & The Arrows, de Californie pour pas mal de BO de films et surtout deux singles (LAIF) de 1966, Blues Theme et U.F.O., B side du single Theme From The Wild Angels. Pour finir la lettre A, j’adore Tarzan’s Monkey, le seul single des Apes, encore un LAIF, avec le mec qui dit à la fille me Jane, you Tarzan, ce à quoi la fille répond en riant no, me Jane, you Tarzan. Deux autres LAIF : les Arondies, de Pittsburgh, ont sorti deux singles, dont l’épatant ’69 (1965). Les A-Jacks n’en ont sorti qu’un, Fury (1965), du garage surf.

Dans la série reprise aussi bonne que l’original (et LAIF), il y a Land Of 1000 Dances par Cannibal & The Headhunters, des californiens, leur premier 7", 1965. Pas mal de trucs soul / r’n'b ont été adaptés par des groupes garage punk 60’s, preuve de bon goût mais pas forcément toujours une réussite.

Passons à la lettre C, avec Cobras (et non The Cobras) du Maine, avec leur seul 7’’ de 1967, I Wanna Be Your Love. Encore mieux, les Crestones, de Chicago, avec Bad Motorcycle, un de leurs cinq 7’’ (compilés sur CD), 1964, un classique pas mal repris, notamment par Tav Falco et qui a dû inspirer Kim Fowley. J’allais oublier les Chob, d’Albuquerque et leur génial I’m Pretty Quick, seul single de 1967.

On a déjà parlé des Dawnells dans un épisode précédent, ainsi que des Dinks, des Frantics, de Groundhog, des Jesters, de Los Saicos, de Roger & The Gypsies et des Rumblers.


Les Dantes, d’Ohio, s’étaient spécialisés dans des reprises des Stones – la moitié des titres de leurs trois 7" de 1967, mais je préfère les morceaux de leur création, notamment le single avec le classique Can’t Get Enough Of Your Love, duquel je préfère encore la B side, 80-96 (LAIF). Il y a aussi les anglais favoris des suédois, The Deejays et leur single Blackeyed Woman (1965), qui a inspiré les Cramps. Le 7" des Del-Mars, Snacky Poo (parts 1& 2) de LA, est une sorte d’ovni (et LAIF) garage / r’n’b de 1964. Comment ne pas mentionner Friday On My Mind (1966) des australiens (en fait deux néerlandais et deux écossais au départ) Easybeats. Un bonheur que ce morceau (LAIF) The Frog, qu’on croirait sorti de la BO d’un film d’Herschell Gordon Lewis, par Egyptian Combo, de l’Illinois, relégué en B side de leur deuxième 7" (1965), mais titre vedette du EP français.

On entame la lettre F par deux autres Cramps related, I Will Not Be Lonely des texans The Fanatics, 1965, leur premier single sur une douzaine (+ un LP) et les Flower Children, de LA, avec Mini-Skirt Blues, orthographié ainsi sur leur seul single de 1967. On enchaine avec un LAIF, Boss par les Five Finks, un instrumental original de 1965 (et non pas le morceau des Rumblers ou des Dial Tones). Pas mal de morceaux de Kim Fowley entrent dans la catégorie garage, comme The Trip (1967) ou ses albums Outrageous (1968) et Animal God Of The Street, une des meilleures ventes des disques Skydog à l’époque (1974).


La lettre G apporte plein de bonheur, aussi. Les Gentrys sont de Memphis, avec deux albums et pas mal de singles dont je retiens Brown Paper Sack que Reigning Soung est allé dégoter en B side d’un single de 1966, dans une version remaniée comparée à celle de leur premier album, qui était produit par Chips Moman. Un des premiers jobs de Dan Penn en arrivant à l’American Sound Studio a par ailleurs été de composer pour le second album des Gentrys, mais c’est une autre histoire. Mod Socks, des Grasshoppers de Cleveland est un de leur deux singles instrumentaux de 1965, encore un LAIF. Tout comme cet autre instro, de 1969, The Green Slime, unique 7" du groupe éponyme du batteur / producteur Richard Delvy, Connecticut.


Un des meilleurs classiques garage (à mon avis) est 1-2-5 par les Haunted, des Canadiens. C’est leur premier single, en 1966. Ils en sortiront six autres. Ce single, qui vaut bien sûr une fortune, a été pas mal réédité, une version promo dont le producteur a retrouvé un carton avec cinquante exemplaires d’époque, certificat à l’appui, a même été mis sur le marché récemment. The Hombres étaient de Memphis et leur Let It Out (Let It All Hang Out) de 1967, 1er single, présent aussi sur leur LP, s’écoute toujours assez bien, je trouve. Les Human Beinz, d’Ohio, n’étaient pas très originaux, mais leur version de Nobody But Me (1967) égale presque l’originale des Isley Broters (1963). De Human Expression, je ne vois rien à jeter de leurs trois singles, 1966 et 1967, regroupés depuis sur diverses compiles, et augmentés de l’acétate du premier single et autres inédits.


Les Invictas, de Rochester (NY) étaient surtout un groupe de reprises, comme on peut le constater sur leur album sorti en 1965 et réédité en France en 1983 (Eva). Leur premier single, The Hump, 1965 également (LAIF) est un morceau entêtant et super entraînant. Sur la plupart des compiles sur lesquelles on le trouve, le morceau est d’ailleurs rebaptisé (Let’s Dance) The Hump.


J’ai déjà parlé de plusieurs groupes appelés Jaguars. Il y aurait beaucoup à dire – il existe même des bouquins là-dessus – sur Tommy James & The Shondells, du Michigan, le lien de leur label, Roulette, avec la mafia, etc. Bien que ce soit un morceau au départ des Raindrops (Ellie Greenwich, 1963), Lux introduisait ce morceau comme étant des Shondells (un peu comme Louie Louie par les Kingsmen), un single de 1964 qui attendra une réédition deux ans plus tard pour devenir un tube garage 60’s. Pour rester avec les Cramps, le Kiwi Boogie, B side du premier single de Jim Jones & The Chaunteys, est un autre LAIF.


J’évoquais les Kingsmen (Oregon) ci-dessus, dont j’aime beaucoup la reprise, décidemment, de Death Of An Angel, 1964, un morceau de Donald Wood & The Vel-Airs de 1955. Jack Ely, le guitariste du groupe, a ensuite sorti deux singles épatants : Love That Louie (1964) sous le nom Jack E. Lee & The Squires et surtout Louie Louie ’66 sous le nom de Jack Eely & The Courtmen, version plus intéressante que celle des Kingsmen (toujours à mon humble avis).

Encore deux LAIF avec Let’s Go To The Beach (1966) de Larry & The Loafers, d’Alabama, davantage connus pour leurs (2 singles) Panama City Blues, qui font le bonheur de pas mal de compiles. L’autre, c’est Jan Pahechan Ho (l’orthographe varie selon les versions / rééditions) par Ted Lyons (aka Mohammed Rafi) & His Cubs, un truc indien invraisemblable de 1965 –sorti en Inde à l’époque format 78 tours, il existe plusieurs rééditions, qui atteignent rapidement des prix élevés - dont il faut absolument visionner la vidéo, tirée du film bollywood Gumnaam (j’ai dû regarder la VHS envoyée par Kogar The Swinging Ape (ou son pote Chuck, peut-être) au début des années 2000, des centaines de fois. Elle est désormais disponible sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=jF5uaqjySqQ                      


Le 78 RPM original et mon exemplaire (2011)

Encore un classique garage, Wild About You des Missing Links, Australie 1965, repris notamment par les Saints. Nut Sundae No. 2 se trouve sur la B side du single de Johnny Moore And The Fabulous Tempos (Virginie) de 1964. La part 1 se trouve sur un single, toujours en face B, crédité aux Fabulous Tempoes l’année précédente, un morceau qu’on trouve sur une des compiles Las Vegas Grind, dont je ne me lasse pas.

Les Outsiders viennent des Pay-Bas, groupe freakbeat, donc. Sun’s Going Down, B side de leur 1er single, (1965) a été repris par les Lyres puis Mr Airplane Man, notamment.

Je ne sais pas si on peut considérer The Peels, un groupe garage (de studio). En tout cas, leur parodie de Louie LouieScrooey Mooey, un single de 1966, est irrésistible.

Encore un groupe où il n’y a rien à jeter, de leurs deux albums de 1966-67, qu’ils ont reduxé ensuite pour une histoire de droits, à leurs disques plus tardifs – ils sont toujours en activité : ? Mark & The Mysterians, du Michigan. 96 Tears,  "8" Teen, I Need Someboody, ou plus récemment Cheree - Suicide, renvoi d’ascenseur, Suicide reprenait 96 Tears - quel bonheur !


Dall Raney & The Umbrellas, du Tennessee, n’ont sorti qu’un seul single, avec en B side Can Your Hossie Do The Dog?, bien sûr l’un des morceaux qui ont inspiré celui presque homonyme des Cramps. À Boston, il y a aussi les Rockin’ Ramrods, bien connus pour le classique She Lied, 1964. J’aime beaucoup aussi leur single Don’t Fool With Fu Manchu. Leurs six autres singles, comme pour bien d’autres artistes de cette liste, comportent notamment des reprises des Beatles et des Stones. On a déjà parlé de Paul Revere & The Raiders - relocalisés dans l’Oregon sous ce nom après avoir changé de nom (The Downbearts) et de lieu (Idaho), dans la partie instro. Ils ont sorti de nombreux albums, inégaux, mais comment ne pas citer les singles Louie - Go Home (B side de Louie Louie, 1965), Him Or Me (1967), Kicks (1966), tous deux repris par les Flamin’ Groovies, ainsi que Hungry (1966), joué parfois live par les Cramps. Flash & Crash (1966), le seul single de Rocky & The Riddlers, de Seattle est un autre classique garage punk 60’s, pas un de mes préférés. Même si le morceau sonne très Beatles, Bad Time des Roulettes (1964), des anglais, a bien résisté au temps. Tous les disques de Round Robin n’entrent pas dans la catégorie garage, I’m The Wolfman, de 1965, oui (horror garage ?), entres autres.

J’ai déjà parlé de plein de groupes en S ci-dessus. Si toutes les BO étaient du niveau de The Wild Sounds Of The Satan’s Sadists, 1969, je serais davantage fan du genre. Les Shindigs sont un groupe alternatif de Bobby Fuller, qui a composé les deux morceaux de leur seul 7", 1964, dont la B side Thunder Reef est géniale. Le premier album (1965) de Los Shain’s, du Pérou, est truffé de reprises. Dommage que El Monstruo, reprise de The Crusher, que l’on retrouve sur plein de compiles, ne soit jamais sorti format 7". Leur original Shain’s A Go Go vaut aussi le détour. Les Silvertones, des californiens, ont sorti deux singles, le premier, Get It, 1964 est une tuerie - oups désolé pour ce mot que je n’aime guère, un peu comme tellurique, un must have plutôt. Un LAIF aussi, tout comme The Lamb Shake, unique single des Sliders, 1963 et l’ovni (out of his time), Hold It par Buddy Starr & The Starliners, de 1963 également. L’album des Syndicate Of Sound n’a pas forcément bien vieilli (understatement) mais leur 7’’ de 1966, Little Girl restera un classique garage 60’s éternel.


Enfin un français, -aise même, Jacqueline Taëb (née à Tunis), qui a composé la totalité de son album de 1967, son single 7 Heures Du Matin inclus, bien sûr. La suite de son parcours (et le reste de l'album)  est beaucoup moins garage. Terry & The Chain Reaction viennent d’Alabama, leur génial premier single (sur deux) Keep Your Cool, ayant été produit au studio FAME à Muscle Shoals par Rick Hall, en 1967. Le groupe Tom Thumb vient de Nouvelle Zélande et leurs deux singles de 1967, après un 1er en 1966, sont épatants, avec l’original I Need You et le two sider Watcha Gonna Do About It et sa face B, une des meilleures covers de You’re Gonna Miss Me.

Avez-vous entendu parler du velvet Underground ? Je plaisante, no comment.

S’agissant des Wailers, j’ai juste évoqué leur période instro du début. Comme pour les Sonics, leur période garage a été plus fructueuse. Pas d’album 100 % génial, si ce n’est At The Castle, toujours sous le nom Fabulous Wailers (1961), transition entre la période instro avec quelques morceaux chantés par Rockin’ Robin et surtout Gail Harris, cette fille de 14 ans qui n’a rien à envier (le physique peut-être ?) à Tina Turner, amazing! S’agissant du volet garage des Wailers, je retiens notamment les 7" (extraits de leurs albums) Out Of Our Tree, le two sider Dirty Robber / Hang Up (Cramps), tous les deux sortis en 1965. Je ne sais rien de Jim Wolfe & The T-Towners (rien à voir avec le Jim Wolfe country) sinon qu’ils ont sorti un single instrumental épatant (LAIF), Innersanctum, en 1964.


Comme on peut le constater au regard de cette liste, peu de groupes créés après les vagues Beatles & Stones, ont dépassé l’année 1967. Certains des membres sont entrés en fac, d’autres se sont mariés, ont fondé une famille.

Je m’aperçois aussi qu’à part Jacqueline Taiëb, je n’ai mentionné aucun groupe français ou allemand, alors que cet article est destiné à un blog culturel franco-allemand, un peu comme Arte pour la télé. Pour l’Allemagne, je triche un peu, ils étaient G.I’.s, il y a les Monks (ex Torquays), qui ont connu le succès en jouant fréquemment au Star Club d’Hambourg avant d’être redécouverts ailleurs dans les années 80. Pour la France plutôt que Jean-Pierre Kalfon (My Friend, Mon Ami, 1965) ou Antoine, je préfère retenir des morceaux de 1966 qui n’ont rien à envier aux anglo-saxons : Time Will Tell de Michel Polnareff (sur son 1er album et un EP), repris par les Limiñanas, et La Fille Du Père Noël de Jacques Dutronc, que j’écoutais en boucle à l’époque (tout petit).

Vu la taille qu’atteint déjà cet article, je vais finalement garder pour un prochain chapitre, non pas le meilleur, mais le garage 70’s à nos jours. Un crève-cœur aussi d’avoir écarté des morceaux garage soul, parfois bien meilleurs que certains listés ci-dessus. Un prochain article ?

Patrick Bainée




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