Rock’n’Roll Traveler – Part 2 – Détroit (Michigan)
Un des plus beaux disques
que je connaisse.
Ma priorité à Détroit, c’était d’aller voir le Michigan Palace / Theater, où notamment les Stooges ont donné leur dernier show, ainsi que leur
fief à Ann Arbor, dans la banlieue (40 km), le Stooges manor, le
Stooges « museum », le magasin No Fun Records, le Coachville
Mobile Park, ou Iggy a grandi.
Il n’y a pas qu’Iggy (mon surnom au lycée - 1973-75) à
Détroit, mais aussi le club Magic Stick, les boutiques de disques,
notamment celles citées dans l’article fleuve de Sylvain Coulon et sa compagne Nathalie
dans un Dig It! récent (2006), Hitsville USA, le Motown Museum
– j’aurai ben aimé voir ce qui restait (la devanture) de Fortune Records
aussi, mais le tout avait été rasé, le Henry Ford Museum, ça c’était
pour mon fils, qui m’accompagnait dans ce périple. Et bien sûr le Comerica
Festival, avec à l’affiche Demolition Doll Rods, notamment. Danny Kroha
m’avait écrit : excellent Patrick. You’re lucky to see this gig as it’s
our only Detroit show of the summer! We play at 8pm. Bon voyage.
Mon fils voulait aussi voir la tour General Motors,
on va donc dans le secteur casser la croute. On se gare à un endroit qui avait
l’air clean pour aller déjeuner. Un des rares passants nous dit de ne surtout
pas rester là, qu’on allait être embarqués par la fourrière. On se rabat donc
vers un parking payant (genre $30 pour 2 heures). On avait déjà eu un PV de
stationnement près de Boston, un autre inexpliqué à New York, et un autre pour
excès de vitesse avant d’arriver à Détroit (là, je sais pourquoi). Sacrée
expérience, les mains sur le capot, puis enfermé à l’arrière de la bagnole de
flic – qui baisse la fenêtre pour que je puisse ouvrir de l’extérieur, après
que j’ai réglé l’amende par CG : $105, ça vous va ? – oui
- ok, slow down.
Je pose devant ce qui
fut le Michighan Palace / Theater / La tour General Motors
Detroit paraît désertique, everything is fucked up here nous dira un gars en train de laver sa Chevrolet Corvette, qui nous confirmera que le bâtiment, là, oui c’est bien le Michigan Theater, devenu un parking. Detroit, la Motor City, avait multiplié sa population par six entre 1900 et 1930, dépassant à l’époque 1,5 million d’habitants, pour redescendre (sans arrêt) aujourd’hui à 600 000 environ. Tout le monde a(vait) sa bagnole, le people city mover, métro local aérien, se limitant à une ligne reliant les usines aux bars du centre centre-ville / downtown. Le people city mover, c’est ce truc suspendu qu’on voit sur la photo ci-dessous.
Quelques
boutiques de disques avant le festival. Sur la base des infos Dig It! –
source DDR, j’avais sélectionné Car City Records, Peoples, où
j’ai passé plusieurs heures, des montagnes de disques, la plupart sans
pochette. Ces deux-là étaient downtown. Direction Maze, un peu à
l’écart, disait l’article Dig It! Impossible à trouver, heureusement à
un moment je rencontre un mec qui me dit ah, Mays, c’est plus loin, par là.
Le propriétaire, un black squelettique de 2 mètres de haut et d’au moins 80
ans, me demande ce que je cherche et sort le bon bac à 7’’, d’au moins 1 mètre
de long. Je ne sais pas comment il a fait pour le porter. Il était moins lourd
quand je lui ai rendu, après avoir notamment retiré tous les singles sur Fortune
Records (Nathaniel Mayer, Andre Williams, Nolan Strong, et autres).
Je
dois encore avoir le programme du Comerica Festival, 1er
juillet 2006, je ne sais plus où. Je me rappelle en tout cas parfaitement des
prestations superbes de Ray Davies, qui n’avait pas joué aux USA avec
les Kinks depuis des années (compliquée l’histoire entre les Kinks et les USA)
et qui a eu de très fortes pensées envers son frère Dave, gravement malade à
l’époque. La set list était composée pour moitié des albums solo de Ray, au nombre de trois
à l’époque.
Cat Power était impressionnante sur scène
aussi. Je me dirige ensuite vers le Park Stage où va jouer DDR.
Le devant de la scène est monopolisé par des enfants tenant des ballons. En me
voyant, Danny, accompagné de Tia, la nouvelle batteuse (Christine la sœur aveugle
de Margaret s’étant retirée pour élever son enfant) vient me faire un big hug.
Margaret est davantage sur la réserve genre mais il nous suit celui-là ou
quoi ? J’avais en effet déjà fait pas mal de kilomètres pour aller
voir DDR à Chalon-sur-Saône, seule date française quelques mois auparavant. La set list est composée en bonne partie du nouvel album,
There’s A Difference, qui venait de sortir.
DDR, live et sur le
départ, avec la voiture de Margaret
Le lendemain étant un dimanche a été consacré aux musées,
notamment celui d’Henry Ford, l’inventeur du fordisme, version plus poussée du taylorisme.
Il y a là-bas notamment la Lincoln de Kennedy. J’arrête là le petit aparté non
musical.
J’ai beaucoup parlé des Stooges. Mais Détroit, c’est aussi
la ville (liste résumée à mes goûts musicaux) de MC5 – tient ça me fait penser
que j’ai zappé le Grande Ballroom – de Mich Ryder & The Detroit
Wheels, de ? & The Mysterians (et de plein d’autres groupes
60’s ou actuels qui m’intéressent peu ou pas), de la Tamla Motown et ses
nombreuses ramifications (Gordy, etc, la meilleure version de Money
reste celle de son créateur, Berry Gordy).
On ne peut pas résumer Tamla à quelques groupes ! Tant
pis, voilà les quelques noms / morceaux qui me viennent immédiatement en tête :
Smokey Robinson et leur merveilleux album Away We A Go-Go, les Supremes
avec Love Is Like An Itching In My Heart, les Temptations avec My
Girl, tous trois de 1966, Marvin Gaye avec I Heard It Through The
Grapevine (1968) ou You’re A Wonderful One (1964), pas facile de
décider, les Contours avec Do You Love Me (1962), Brenda Holloway avec Trapped
In A Love Affair, pas sorti à l’époque. Les Isley Brothers, Betty LaVette et
tant d’autres sont aussi passés chez Motown. La plupart de ces artistes ont été
repris par des groupes plus ou moins r’n’r ou garage.
S’agissant de soul / r’n’b, il n’y avait pas que Motown.
Fortune aussi. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Nathanien Mayer,
Andre Williams et Nolan Strong & The Diablos. Parmi les autres artistes
réjouissant sur Fortune (la plupart des morceaux étant écrits ou co-écrits par Devora
Brown, co-boss du label avec son frère Jack), on peut citer Doctor Ross, John
Lee Hooker, Gino Parks, Kenny Lane & His Bull Dogs (version fantastique de Froogy
Went A Courtin’), The Royal Jokers, The Gardenias & The Tempos (Houdini,
Sham Rock), The Utopias, la liste est longue.
Le magasin / studio Fortune à
l’époque et juste avant démolition, 2001. DDR a enregistré un DVD devant cette devanture, DDR Live At Fortune Records (2005), avec 2-3 promeneurs, dont un chien, pour seul public
Pour finir avec le r’n’b, il y a les Capitols, one hit
wonders avec Cool Jerk. Eux étaient sur, non pas Capitol, mais Atco, une
des filiales d’Atlantic.
Dans la lignée Stooges, il y a Destroy All Monsters (feat.
Ron Asheton), mais je préfère les disques solo de Niagara, une artiste complète
et (toujours très) belle.
Il y a aussi bien sûr les Gories / DDR / DK / Margaret / Dirtbombs, et, dans une veine comparable, j’ai aussi déjà parlé des Fireworks (qui a aussi joué avec Mick Collins) et des Ramrods (avec Dan Kroha pendant un temps). Des Pretty Ghouls et des Detroit Cobras aussi, ces derniers étant surtout intéressants pour le choix de leurs reprises. Cf. articles précédents I’m Glad They Did It.
Pour davantage d’infos sur les lieux plus ou moins Rock’n’Roll
à visiter à Détroit, je vous renvoie aux pages 183 à 194 du bouquin Rock’n’Roll Traveler USA
évoqué dans la première partie.
Patrick Bainée
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