The GORIES - 18 Septembre 2024 - LYON - Ninkasi Cordeliers + interview

 

LE CONCERT

Ici, nous ne parlons pas de météo, mais … quelle belle journée, ce 18 Septembre 2024 !

 

Tout d’abord, une rencontre. Patrick et Hervé, collaborateurs de votre blog préféré : LES MONSTRES SACRÉS. Nous ne nous connaissions que virtuellement : nous correspondons depuis quelques mois par mails.

 

Bref, nous nous retrouvons près de Montbrison (Loire, France).

 

Un apéritif, le repas, et nous filons à Lyon (1h30 de route) pour ce concert des GORIES tant attendu. Depuis le printemps, nous savons que les GORIES sont programmés ce 18 Septembre 2024 au Ninkasi Cordeliers. Le concert est gratuit : entrée libre !

 

A Lyon, un petit tour s’impose à DANGERHOUSE, le magasin de disques. Patrick en profite pour saluer son pote Fabien, du label POP THE BALLOON.

 

Puis, il est temps de rejoindre le Ninkasi Cordeliers. C’est un grand bâtiment, qui devait auparavant abriter un grand magasin. Une petite bière, un repas succin et direction la salle de concert.

 

Ca tombe bien, la première partie un DJset (VON KIDS) vient de commencer sa prestation et enchaine les titres de 45 tours et 33 tours.

Une playlist plutôt plaisante et réussie, qui donne envie de bouger, et qui met délicieusement en condition pour le concert à suivre. D’ailleurs, le public semble apprécier. Ainsi que les GORIES.

 


Une heure et quelque plus tard, les GORIES arrivent sur scène.

Un groupe culte, une légende.

La scène, justement, n’est pas très grande, mais très largement suffisante pour nos héros et leur matériel minimal : 2 guitares et un ampli pour Mick COLLINS, une guitare et un ampli pour Dan KROHA, et deux toms de batterie (dont l’un avec un tambourin scotché sur la peau) pour Peg O’NEAL.

 

 

Depuis 1986, date de leur formation, le groupe est identique. Les 3 mêmes musiciens. Si les 2 guitaristes semblent bien s’entendre et se compléter dans leurs interventions, les relations semblent plus compliquées avec Peg.

Musicalement, pas vraiment de surprise. Patrick, qui a vu le groupe a plusieurs reprises en France depuis les années 1990 remarque que les musiciens étirent les titres. Ce qui sera confirmé par Dan KROHA à la fin du concert, en interview.

 

 

La set list :

·      Going To The River (Bill & Will)

·      Telepathic

·      I Think I've Had It

·      Sister Ann

·      Feral

·      Leavin' Here (Eddie Holland)

·      Sovereignity Flight

·      Boogie Chillen' (John Lee Hooker)

·      Queenie

·      Detroit Breakdown (Dr Ross)

·      Baby Say Unh!

·      Idol With The Golden Head (The Coasters)

·      To Find Out (The Keggs)

·      Thunderbird ESQ

·      View From Here

·      Ghost Rider (Suicide)

Encores :

·      There For The Grace Of God Go I (Machine, groupe d’August Darnell pré Kid Créole & The Coconuts)

·      Nitroglycerine.

 

 

 

Au final, 50 minutes et 10 minutes de rappel plus tard, il reste une délicieuse impression d’avoir assisté à un moment remarquable. Evidemment, cette impression pourra varier en fonction du statut que chacun accorde aux GORIES. Pour celui qui les considère comme un « cornerstone de son univers musical », c’était MAGIQUE.

Merci au Ninkasi d’avoir programmé les GORIES.

 

 

 

 

L’INTERVIEW

Dan KROHA avait accepté le principe d’une interview pour le blog.

 

Quelques minutes après le show, Mick COLLINS, qui a mis un masque anti covid vient récupérer son matériel et Dan KROHA discute avec un fan qui vient de lui offrir un album tribute à J.J. CALE. Il s’agit de « Komet City & Friends – Don't Go To Strangers – A Tribute To The Tulsa Sound Under The Loving Light Of J.J. Cale », album qui commence par « All & Gone », un morceau interprété par Dan KROHA.

Dan aperçoit Patrick et l’invite, ainsi qu’Hervé et Pascal, à descendre backstage. Descendre parce qu’il y a un escalier en colimaçon qui mène à un luxueux backstage. Patrick lui offre un exemplaire du LP d’EL CRAMPED, son hommage (en tant que « chanteur ») au génie des CRAMPS.

Peg est allongée au fond, sur un divan, et Mick est là aussi, il reste un peu à l’écart.

Avant de commencer l’interview, Patrick dit à Dan : « J’ai l’impression que vous avez rallongé certaines chansons, comme par exemple « Baby Say Unh! », ma préférée ».

Dan : « Oui, c’est vrai, ce soir on a joué la version du VELVET UNDERGROUND (le morceau est un original des GORIES), puis il se marre en disant : « Je te fais marcher, oublie cette remarque stupide ».

On s’assoit tous les quatre au bout de la table pour commencer l’interview. Patrick a préparé quelques questions et Hervé a les siennes. Mick est en retrait mais se marre fréquemment et participe quand Dan lui dit : « Hey Mick, this one’s for you ».

Patrick : « Les GORIES sont bien davantage qu’un garage band, ils pratiquent une musique sans âge, ni revival, que je qualifierais de « feral music for feral people » (musique sauvage pour gens sauvages, « Feral » étant le morceau qui introduit le 1er album des GORIES, et question inspirée de Bad Music For Bad People – Cramps un jour, …), es-tu d’accord avec cette définition ?

Dan KROHA : « Oui, c’est la parfaite description et je suis très fier de ça, notre son et tout ».

 

Hervé : « Beaucoup de vos fans vous considèrent comme un groupe culte. Vous comprenez ça ? »

Dan : « Oui, c’est vrai, on n’est pas un pop band, on est underground ».

 

Patrick : « J’avais vu les GORIES en 1992, 2009, 2015 et 2017 et qu’à chaque fois ça a été mon concert préféré de l’année. Mais quel est votre secret ?

Dan se marre et demande à Patrick où il a bien pu les voir en 1992 - première réelle tournée des GORIES qui n’avaient jusqu’alors donné que quelques concerts aux USA, surtout à Détroit, bien sûr. 

 

Patrick : « C’était près de Paris, à Issy-Les-Moulineaux, au Fahrenheit, un endroit où le sol est penché.

Dan répond illico : « Ah oui ! Un ancien cinéma, sûrement ». Il semble se rappeler. « Ah, merci, mec, on donne juste tout ce qu’on peut ».

Patrick évoque ensuite un morceau que les GORIES ont joué notamment à Hambourg en juillet dernier, qui n’avait pas été identifié, c’était juste avant « Detroit Breakdown ».

Dan se rappelle et répond que : « C’est en fait « Everything (That’s Mine) », des MOTIONS, un groupe Néerlandais ».

« Everything (That’s Mine) » est la B side du single des GORIES qui vient de sortir sur un label italien, WILD HONEY, à l’occasion de cette tournée 2024.

L’autre face, c’est « Cry Girl », des KAN DELLS, un autre outtake du 2ème album, 1990.

Patrick se souvient maintenant que les GORIES avaient également joué ce morceau lors du concert à la Maroquinerie, à Paris en 2009. Deux excellentes covers, comme d’hab.

Patrick, connaissant déjà la réponse, dit à Dan : « Je suppose que les GORIES n’envisagent pas la sortie d’un nouvel album ? ».

Dan confirme en disant : « Ça ne serait pas aussi bien que les early GORIES. Et puis qui a besoin d’un putain de nouvel album des STOOGES ? ».

Patrick acquiesce : « En effet les OBLIVIANS (avec qui les GORIES ont tourné en 2009) auraient dû s’abstenir de sortir un nouvel album ».

Patrick évoque des légendes de Détroit, comme Andre WILLIAMS, Nathaniel MAYER – que Dan a rencontré mais jamais joué avec - ou les ULTIMATE OVATIONS, un groupe de doowop / rhythm& blues dont Dan est fier d’avoir joué sur un de leurs singles. 

Dan, as-tu des anecdotes concernant notamment ta participation et celle de Mick à l’album « Silky » d’Andre WILLIAMS (album merveilleux sorti en 1998).

Dan et Mick se marrent.

Dan : « En fait, avec Andre, il fallait enregistrer le matin ou très tôt l’après-midi, parce qu’après, il était bourré (rires collectifs) ».

Mick : « Oui, après 15h, c’était trop tard ».

Dan : « On a passé pas mal de temps chez Andre, on s’est pas mal baladé avec lui aussi, un mec charmant et drôle, avec qui Margaret (Doll Rod) s’entendait très bien aussi ».

Plus tôt dans l’interview, Patrick avait évoqué la version de « Mustang Sally » de Sir Mack RICE par Andre WILLIAMS, avec DEMOLITION DOLL RODS en backing band et Danny en screamer / shouter.

Patrick : « J’adore tes cris (et je hais ceux des hard rockers), qui me rappellent ceux de Chris WILSON période early FLAMIN’ GROOVIES.

Dan confirme : « C’est aussi mon idée du rock’n’roll – I love screaming, I love a good scream, ces membres du groupe qui poussent des cris en background, comme sur « Suzy Q » de Dale Hawkins ou sur certains morceaux de Gene Vincent, comme « Be Bop A Lula » ou encore des early Cramps, j’adore vraiment ça ».

On évoque les nombreux autres groupes auxquels les trois GORIES ont participé.

Patrick : « Les Gories sont-ils le groupe auquel tu as préféré participer ? ».

C’est quasi son premier groupe, même s’il avait chanté auparavant, dans les ONSETS.

Dan : « J’étais le chanteur, mais je ne jouais pas de guitare, Mick était là aussi, il nous suggérait de bonnes chansons à reprendre ».

L’un des membres des ONSETS a mis quelques titres sur Youtube en 2017.

Dan : « The Gories are the first love ».

Mais il complète aussitôt : « Je suis aussi très fier du travail accompli par DEMOLITION DOLL RODS. J’ai aperçu deux membres de DANNY & The DARLEANS (un de ses groupes récents) dans la salle ce soir ».

Quand Patrick évoque un groupe 60’s dans lequel il trouve concentré le son des GORIES, Dan rameute Mick en lui disant : « Cette question est pour toi ».

Patrick leur parle des JAGUARS, ceux du sud du Michigan et de leur morceau » It’s Gonna Be Alright » (1966). Ils ne connaissent pas, mais promettent de l’écouter.

Patrick leur suggère d’écouter le morceau et de le reprendre le cas échéant, et aussi pourquoi pas un nouvel album live enregistré lors de cette tournée ?

Hervé : « La plupart des groupes jouent pour promouvoir leur nouvel album, ce qui n’est pas votre cas, que pensez-vous de cette situation ».

Dan : « On est très contents que les fans continuent à venir écouter nos vieux morceaux ».

Hervé : « Une question à propos du songwriting et de la créativité. Vous avez, Mick et toi Dan, de nombreux projets en dehors des GORIES, vous écrivez plein de chansons dans des genres différents. Mais pas pour les GORIES, dites-nous pourquoi ? ».

Rires de Mick et Dan.

Dan : « C’est une très bonne question. Well, que répondre à ça de plus que tout à l’heure ? On a écrit de très bonnes chansons avec les GORIES, mais je pense que c’est du passé maintenant. On n’arriverait pas à faire aussi bien, alors à quoi bon ?

 Patrick : « Vous n’avez jamais envisagé de sortir les Bandin Sessions (1988, un an avant le premier album) ?

Dan : « Si, on y a pensé à un moment, mais c’est trop tard maintenant ».

Mick : « Ça a presque quarante ans maintenant, on ne sonne plus du tout comme ça.

Dan : « Et puis, pourquoi vouloir sortir du neuf avec du vieux ? »

Hervé finit par une dernière remarque : « Les GORIES sont pour moi la pierre angulaire de mon amour pour la musique. Les GORIES d’abord, puis tous les autres groupes auxquels vous avez participé, qui regroupent de nombreux genres différents, que j’admire tous ».

Dan et Mick : « Thanks! ». Ils sont visiblement touchés.

Après une petite séance de dédicace, l’un ayant acheté un exemplaire du « nouveau » single, l’autre deux, l’autre trois (vinyles bleu, vert, noir), personnalisée par Dan, signée par Mick, Patrick lui demande s’il pense que Peg accepterait de nous le dédicacer aussi.

Mick : « Ah, ça, il faut que tu lui demandes toi-même ».

Patrick : « OK, mais pourrais-tu à l’occasion lui dire … »

Mick : « Non, c’est à toi de lui dire »

Patrick : « Laisse-moi finir : juste lui dire que je trouve qu’elle joue aussi bien que Moe TUCKER et qu’elle est aussi belle que NICO ». Tout ça bien sûr par référence à la blague Velvet Underground de Dan en début d’interview.

Dan montre à Mick l’album d’EL CRAMPED : « C’est le groupe de Patrick », et la compile hommage à J.J. CALE.

Puis nous parlons du tout premier single de J.J., « Sneaky », sorti sous le nom de Johnny CALE, un instrumental fabuleux.

Et d’autres sujets

Patrick : « Dan, as-tu des news de POISON IVY ? »

Dan : « It’s been a while since I phoned her ».

Patrick passe le bonjour à Dan de la part de Vox, …

Nous ne savons pas si Peg a entendu la remarque/compliment de Patrick, mais en tout cas on a droit à un petit signe de la main de sa part au moment de les laisser jouir d’un repos bien mérité.

 

Toutes nos pensées à Dan dont le papa est décédé le lendemain de cette rencontre.

 

Patrick BAINEE / Herve COLOMBET

 

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