YOU KNOW THE SINGER, NOT THE ALBUM – part 5 – ROY ORBISON

 

Il n’y a pas que la soul / R’n’B (les 4 premières parties de cette rubrique) dans la vie, il y a aussi Roy Orbison, que j’appellerai ici RO, c’est plus court que Big O.

Comme tout pseudo rocker qui se respecte, j’avais l’album des sessions SUN 1956-58, l’édition de 1969 intitulée The Original Sound. N’ayant pas accroché à Oh Pretty Woman, le seul tube français de RO, à l’époque, je n’avais pas creusé.

En 1980, je venais de m’installer à Paris et écumais les boutiques de disques entre deux missions d’intérim. Dans les bacs de la boutique USA Records (en face de la Samaritaine), je repère un single avec Love Hurts en B side d’un single de RO sur Monument, 1960. Signé Boudleaux Bryant, c’est donc bien le même morceau que j’adore par les Everly Brothers (chanson écrite pour eux), puis par Gram Parsons. Je demande à écouter. Jean-William Thoury, qui bossait là à l’époque, me dit tu devrais aussi écouter l’autre face. Et là c’est la claque, Running Scared, la face A, un morceau écrit par our boy Roy, est à tomber, de l’intro à la fin, digne de Tchaïkovski – j’écoutais un peu de classique à l’époque. Jamais rien entendu de tel.

J’achète petit à petit tous les albums de Roy ainsi que les nombreux singles avec inédits hors albums. Rien à jeter, même les morceaux qui seraient insupportables chantés par d’autres, comme Lana, par exemple, un truc qui sonnerait balloche, voire pire, fête de la bière en Allemagne (private joke), chanté par n’importe qui d’autre.

Après les disques sur Monument arrivent ceux de la période MGM, 1965-1976, dont Roy Orbison Sings en 1972, l’album qui devrait vous intéresser ici. C’est mon album préféré de Roy, qui a composé plus de la moitié des morceaux et en a produit quelques-uns, les autres étant produits, comme pas mal d’albums de Roy Orbison, par Wesley Rose (de Acuff-Rose Music).

La voix étant en général un instrument comme les autres, je me préoccupe en général assez peu des paroles des chansons lors de la première écoute. Mais avec RO, c’est autre chose. If You Can’t Say Something Nice… Don’t Say Anything At All dit une de ces chansons. On est loin de Facebook.

C’est quel genre, cet album ? Ni country, ni folk, ni pop, rock’n’roll, peut-être. Génial à coup sûr.


L’album commence par un morceau composé par RO, Changes, que de changements depuis qu’ELLE est partie. Un morceau mid tempo, comme la plupart de ceux qui composent l’album.

Harlem Woman est encore un morceau composé par RO qui est tombé amoureux de cette femme habitant le quartier de Harlem (NY), qui se prostitue pour quelques cents pour pouvoir nourrir son enfant.

Cheyenne est l’une des deux chansons composées par John Carter et Jim Gilbert pour cet album. C’est à Cheyenne, dans le Wyoming que RO est tombé amoureux d’une autre femme, une cowgirl prénommée Annie, cette fois.

On retrouve RO à l’écriture avec Yesterdays Child, chanson probablement autobiographique dans laquelle il repense à l’enfant qu’il était hier, avec ses rêves d’alors.

Dans It Takes All Kinds Of People, RO dit qu’on ne peut pas vivre seul au monde, que pour faire un monde il faut toute sorte de personnes qui s‘apportent des choses les unes aux autres.

Beaujolais est l’autre morceau composé par John Carter et Jim Gilbert. C’est un hymne au vin français, avec des paroles en partie en français, enfin, je crois : Tres bon chamlee, ca sont verne / Ma fleur de lis, je t'aime beaujolais. RO veut-il parler de Chablis ?

La deuxième face du LP commence par God Love You, encore un morceau composé par notre RO dans lequel il dit qu’après avoir été une espèce de gagnant bizarre qui perd tout le temps, il a enfin rencontré celle qu’il aime, Dieu merci.

If Only For Awhile a été composée pour RO par Larry Henley et Bill Dees, c’est une suite logique au morceau précédent : La vie est belle parce que tu y es / Demain, si je meurs / Au moins je saurai pourquoi je vis / Tu es à moi, tu es à moi / Ne serait-ce que pour un moment.

Help Me est le dernier morceau de l’album composé par our boy Roy. Encore une chanson d’amour dans laquelle il demande à sa soulmate de lui pardonner son erreur : Elle a été ma première et dernière erreur / Alors essaie de comprendre / Pardonne-moi et oublie tout ce que tu as vécu / Laisse-moi revenir vers toi / Aide-moi, s'il te plaît, aide-moi.

Plain Jane Country (Come To Town) a été composée par Eddy Raven. Dans cette chanson RO supplie sa copine partie à San Francisco – tu ne dois pas passer inaperçue à SF, toi la fille de la campagne - de revenir vivre avec lui.

Rings Of Gold, un morceau de Gene Thomas écrit initialement pour Don Gibson (1969), artiste particulièrement apprécié par RO, qui lui avait déjà rendu hommage sur son album Roy Orbison Sings Don Gibson (1967).

Remember The Good est une merveille de Mickey Newbury, qui figurait sur son troisième album, ‘Frisco Mabel Joy (1971). Durant sa carrière, Roy Orbison reprendra huit titres de Mickey Newbury, dont six sortis officiellement : Truly, Truly True, Good Morning Dear, Here Comes The Rain Baby, Leaving Makes The Rain Come Down et Sweet Memories, ces deux derniers se trouvant sur l’album posthume One Of The Lonely Ones (2015), enregistré en 1969. Mickey Newbury, qui mériterait d’être connu davantage, a aussi été repris par Elvis, Jerry Lee et Solomon Burke, notamment, excusez du peu.

Une bizarrerie concernant l’album Roy Orbison Sings : la version promo US de l’album présente un ordre de morceaux complétement différent et elle est amputée d’un titre (Yesterdays Child).

Deux singles ont par ailleurs été extraits de l’album : God Love You / Changes et Remember The Good couplé avec Harlem Woman ou If Only For Awhile, selon les versions.

Vous savez désormais tout sur cet album. Ne reste plus qu’à l’écouter, en entier avec le lien ci-dessous – ou bien même à l’acheter, il ne coûte pas bien cher. Il en existe une version format CD – 2 albums pour le prix d’un, couplé avec Hank Williams – The Roy Orbison Way (1970).


https://www.youtube.com/playlist?list=PLljR2QxhuUPUYOJIiHPDnqB6vxDD4Rf0y

Patrick Bainée


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