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AU RIEUR SANGLIER : la bd dans tous ses états !!!! - 4ième édition



La rentrée littéraire de septembre n’a pas dit son dernier mot : en bd jusqu’à fin novembre, le rythme des publications est à son comble, entre 300 et 400 nouveautés, rééditions, intégrales, comics, mangas, franco-belge.

Difficile de s’y retrouver, impossible de faire dans l’exhaustif quelque soit le budget.

Par contre, distiller quelques coups de coeur, c’est toujours le but de cette rubrique et je m’y emploie avec un plaisir non feint…

Puisqu’on évoque et écrit essentiellement sur la musique sur ce blog, quoi de mieux que de démarrer avec :



MARTIAL SOLAL « Une vie à l’improviste » signé Vincent SOREL (éditions du Layeur)

28 euros /224 pages


Cet auteur m’avait séduit avec «L’ours » (Editions de l’An 2) il y a quelques années. Sa charte graphique très « ligne claire » (Hergé, Franquin, Tillieux) était un appel lumineux à son travail et c’est encore le cas avec cette biographie du grand pianiste, concertiste, chef d’orchestre, musicien tout court qu’est Martial Solal. Pour le resituer, c’est , entre autre : l’auteur de la musique de «A  bout de souffle » de Godard, la dernière session d’enregistrement de Django Reinhardt avant sa disparition, le pianiste de jazz qui a accompagné Sonny Rollins, Stan Getz, Dizzie Gillepsie.

C’est avec infiniment de délicatesse, de finesse et de justesse que Vincent Sorel nous propose de (re) découvrir ce personnage qui le fascine jusqu’à l’intime, jusqu’à gommer le caractère souvent scolaire d’une biographie.

Un grand moment de lecture qui réussit le pari de donner envie de se rapprocher de l’oeuvre du maître.

En cela « Une vie à l’improviste » est bien un Monstre Sacré !!!!




LE TEMPS DES COPAINS signé Jeff POURQUIE (dessins) et Vincent CUVELLIER (scénario) (Casterman) 23 euros/124 pages


J’avoue bien volontiers que le scénario ne me passionnait pas outre mesure : 1957, Paris, le square de la Trinité et nos futures vedettes nationales qui se croisent et s’apprivoisent au moment de l’ adolescence : Dutronc, Long Chris, Françoise Hardy, Eddy Mitchell et(le plus compliqué pour moi) J, Hallyday.

Mais c’était sans compter sur l’excellent scénario de Cuvellier et que dire du dessin à la fois très juste et très original de l’ami Jeff Pourquié, vieille connaissance de mon ancien métier de libraire.

Toutes ces petites pastilles qui racontent cette année 57 et l’arrivée du Rock’n’Roll sur notre territoire sont d’une grande fraîcheur et finalement malgré mes réticences, j’ai pris un vrai plaisir de lecture pour ces tranches de vie qui appartiennent à notre patrimoine hexagonal.




SUBMERSION signé Iwan LEPINGLE (Sarbacane) 22 euros/128 pages


La côte écossaise et son village de Shebkirk. Nous sommes en 2050 et des mégamarées cataclysmiques ont mis les autorités dans l’obligation d’installer la population à l’intérieur des terres et d’interdire la pêche. Dans ce microcosme et ce quasi huis clos, ce polar écologique remporte tous les suffrages avec cette belle mise en images et cette ambiance toute en tension.

Quand la mer monte, les frères Calloway sont unis dans la haine…..




SWEET DREAMS signé Charles BURNS (Cornelius) 35,50 euros/104 pages



Je n’ai pas assez de mots et de louanges pour décrire cet immense auteur, probablement l’un des plus importants du 21e siècle et je ne parle pas que de bd. Sa personnalité hors normes et son talent de dessinateur sont exceptionnels. Faut-il rappeler pour les aficionados de la musique électrifiée, qu’il a signé des pochettes de disques incroyables , en particulier pour Iggy Pop , et illustré le fanzine du label Sub Pop.

Ce livre n’est pas à proprement parler une bande dessinée mais une série de dessins (une cinquantaine) qui s’inspire des comics sentimentaux des sixties . Burns s’amuse et joue avec ce regard masculin qui a façonné pendant longtemps l’imaginaire collectif, histoire de mieux questionner la représentation de la femme dans la bande dessinée. L’image édulcorée de la jeune fille innocente laisse place ainsi à des tourments plus sombres. Entre hommage et détournement, ces illustrations nous plongent dans des rêves inquiétants qui exercent tout leur pouvoir de fascination. Sous un esthétisme kitsch, il arrive à transformer ces images en une histoire au long cours.

Pour ne rien gâcher, l’objet se présente avec un format à l’italienne (esprit strip) et un dos toilé.

Ca sent le très beau cadeau de fin d’année !!!! Evidemment Monsieur Burns est un Monstre Sacré !!!




NESTOR BURMA « du rififi à Ménilmontant » signé Jacques TARDI (Casterman)25 euros/192 pages


Je ne m’interroge même pas sur les futures ventes de cette nouvelle aventure du personnage emblématique crée par Léo Malet et mis en image par le grand Jacques Tardi. Surtout que cette aventure est la der des der pour cet auteur incontournable, Tout est symbolique : le 20e et dernier arrondissement parisien (Malet n’avait jamais pu dépasser le 15e) celui où réside le grand Jacques. Cela faisait bien longtemps qu’il déléguait cette série (à de très bons auteurs s’entend) et comme pour son personnage d’Adèle Blanc Sec, il tire sa révérence avec un récit pour une fois en couleur et chargé de personnages qui lui tiennent à coeur (Daenincks, Pennac, François Haji Lazaro, son libraire, son coiffeur … ) L’ambiance fait de l’oeil à quelques films célèbres : « quai des orfèvres » « du rififi chez les hommes » et fonctionne merveilleusement. Je suis plus dubitatif sur la trame de l’histoire que je trouve un peu légère et facilement repérable.

Reste cet exercice de style souvent brillant et jubilatoire avec un Burma plein de gouaille et de répartie : tu vas nous manquer Nestor !!!!!




GRAND PETIT HOMME signé Zanzim (Glénat) 28,50 euros/134 pages


Stanislas Retif, 1m57, est un homme complexé par sa petite taille. Son destin de vendeur de chaussures pour dames va se transformer en une véritable malédiction : ne plus mesurer que quelques centimètres dans un environnement à la fois hostile (souris, araignées) et idyllique (la salle de bains d’une charmante demoiselle). Cette fable humaniste nous touche par les thèmes abordés (le droit à la différence, la maladie) et ceci avec paradoxalement beaucoup de légèreté et de belles couleurs. Zanzim nous avait beaucoup interloqué  avec « peau d’homme » (200 000 exemplaires vendus!) et c’est encore le cas avec cette nouvelle histoire tragico-comique sur les relations homme-femme qu’il affectionne tant. Le genre d’ouvrage qui une fois refermé interroge et poursuit son chemin dans une saine réflexion.

En cela c’est un Monstre Sacré !




INVISIBLE signé Brenna THUMMLER (Sarbacane) 24 euros/248 pages


Quelques mots clés : adolescence/deuil/fantôme/amitié/harcèlement/drame/fantastique

Tout y est ! Marjorie Glatt, à 13 ans, a vécu le deuil de sa mère, va se lier d’amitié avec un fantôme, subir du harcèlement. La charte graphique est superbe (l’école américaine liée à l’école franco-belge) et le résultat à la hauteur des espérances. Voilà comment faire court et synthétique. Beau cadeau de lecture pour un(e) ado !!!



On va s’en arrêter là pour ce mois de novembre même si j’aurais pu vous parler de « Moi ce que j’aime c’est les monstres » t2 très attendu, le nouveau Guy Delisle « pour une fraction de seconde » absolument original….

Ce sera pour le mois prochain avec un petit best of de l’année et d’autres idées de cadeaux !! En attendant : Lisez !!!!!

Gérard


Merci à Jean-Christophe CHAUZY pour son illustration

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