FAN CLUB - ROKY ERICKSON - PHIL AMAR : "J’ai une pièce entière consacrée à Roky et aux Elevators"
Voici enfin la deuxième partie du FAN CLUB consacré à ROKY ERICKSON. Cette fois-ci c'est Phil (des RAMBLERS, UNIVERSAL VAGRANTS (...)) qui s'y colle. Et le moins qu'on puisse dire c'est que, avec Dom (rappelez-vous : la première partie), il était l'autre personne idéale pour le faire !)
Quel a été ton premier morceau entendu de Roky Erickson ?
Très probablement, ça ne surprendra personne, « You’re gonna miss me » qui figurait sur la compilation Nuggets que nous passions en boucle. Ce qui m’a amené tout naturellement vers le 1er Lp, The Psychedelic sounds of… A l’époque, je jouais dans un groupe « garage », les Ramblers, et on reprenait « Fire engine » qui figure sur notre album.
En quoi a-t-il été différent des autres artistes que tu connaissais ?
Si on se resitue au siècle dernier, avant Internet, on ne disposait quasiment que des pochettes de disque pour se créer notre propre imaginaire (et quelques revues ou zines) et il faut dire que celles du 13th floor m’inspiraient pas mal. Et puis le son, la reverb et bien sûr la voix inimitable de Roky : tout un programme.
Comment as-tu mieux exploré le parcours de cet artiste après l'avoir découvert, as-tu quelques anecdotes sur ce "chemin de la connaissance"?
Il n’y avait pas Internet, et la qualité des paroles donnait du grain à moudre. Je pense qu’on trouvait ça assez mystérieux, et je me souviens avoir plongé des heures à traduire et décortiquer les textes des chansons du Psychedelic Sounds, et, chance, à l’intérieur du 2nd Lp Easter than Everywhere il y avait un insert avec les lyrics. Puis des Elevators à Roky Erickson, il m’est vite tombé entre les mains le single « Bermuda » tout aussi enrobé de mystère. Je crois que j’ai rarement autant regardé une pochette de 45 tours et j’écoutais compulsivement les 2 titres en boucle, Interpreter et Bermuda.
Quel est l'article qui est à tes yeux celui qui a été le mieux écrit sur cet artiste ?
C’est difficile d’en choisir un parmi les dizaines pour pas dire centaines que j’ai dû compiler depuis mais me vient à l’esprit un texte qu’a écrit Jeff Smith, le chanteur d’un groupe texan les Hickoids dont j’ai fait la connaissance à Austin et qu’il a écrit juste après sa mort. Je le mets en copie ici. Jeff écrit très bien et je n’aurais rien à y rajouter. Et pour ceux qui auraient la chance de parcourir les 4 volumes d’articles compilés par Jack Ortman dans les années 80, on y trouve des centaines d’articles, une véritable mine d’or.
Es-tu plus Roky Erickson ou 13th Floor Elevators ? Quelle est la différence à tes yeux entre les deux ?
Impossible de répondre à une question pareille. Et il y a plusieurs facettes de Roky, toutes ont leur charme. Tout dépend de mon humeur.
Quel est ton album et morceau favori de Roky et pourquoi ?
Je n’ai jamais pu répondre à la question « quel album emmèneriez-vous sur une île déserte », choisir c’est renoncer dit-on. Mais j’ai un faible pour l’album « All that may do my rhyme », rien à jeter, moins percutant ou emblématique peut-être que « The Evil One » mais sans doute un de mes préférés.
As-tu beaucoup de pièces de collection de cet artiste ? Peux-tu nous en parler ?
Ouch. J’ai 60 balais et on en accumule des choses au fil des années. J’ai une pièce entière consacrée à Roky et aux Elevators . Il faudrait que j’en dresse un inventaire, il m’arrive de redécouvrir des choses style, ah mais j’ai ça moi ? Il faut dire aussi que l’imagerie associée à Roky a inspiré des dizaines d’artistes de génie et s'il ne fallait parler que des affiches… Les disques, les rééditions, les coffrets, les bootlegs plus ou moins dispensables, les dédicacés, les misprints (erreurs d’édition), et les disques de groupe qui ont fait des covers c’est sans fin. Pour enfoncer le clou, j’ai eu le plaisir d’aller plusieurs fois à Austin et de rencontrer des gens incroyables qui l’ont connu, la « collection » s’est subitement enrichie de quelques pièces supplémentaires.
Quelle est ta pièce maitresse et comment en as-tu fait la possession ?
On parlera du Ep français chez Riviera que j’avais pu dégoter sur ebay quand tout ne s’était pas encore trop emballé mais peut-être quelques photos originales, des exemplaires dédicacés. Pour un collectionneur, LA pièce sera toujours celle que tu n’as pas encore. J’ai reçu aujourd’hui un exemplaire de Mother, le fanzine plutôt rare de Larry Sepulvado de Houston avec Tommy Hall en couverture et une super interview à l’intérieur. Je courais après depuis des lustres.
Quelle est la chose la plus folle que tu aies faite en rapport avec cet artiste ?
Je ne sais pas si c’est la plus folle, mais la première fois que je suis allé à Austin, j’ai déambulé dans les rues, atterri dans un quartier qu’évidemment je ne connaissais pas, je cherchais à louer une voiture, et plutôt que prendre à gauche, j’ai pris à droite (la vie) et je suis tombé par hasard sur un magasin de disques, Waterloo records. Je fumais une clope à l’extérieur et je vois une petite affiche sur la porte, tiens, Roky a fait une séance de signature ici, puis j’ai regardé la date et c’était le jour même, à 17h donc 1 heure après je rencontrais Roky, Dana sa femme, il y avait aussi Paul Drummond qui a signé une biographie remarquable des Elevators.
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AUSTIN 2013 avec Roky |
As-tu une dédicace de Roky, j'ai entendu dire qu'il était très rare qu'il en ait fait ?
Euh, je ne sais pas où tu as entendu ça mais il y en a tant et tant. Il a fait tellement de séances de signature depuis les années 80. Donc, oui, j’en ai pas mal, disques, affiches … Je vais te faire une compilation de mes quelques dédicaces. Il aimait bien dessiner aussi. Certains autographes sont quelquefois accompagnés de petits dessins.
As-tu eu le plaisir de le rencontrer ou le voir en concert ? Si oui, était-ce comme tu te l'étais imaginé ?
Je l’ai vu six fois en concert je pense. 4 fois à Austin dont deux fois au Psych Fest, la seconde étant pour la reformation des Elevators en Mai 2015 avec les membres originaux, une chance car Tommy Hall se refuse à prendre l’avion depuis des années. La 1ère fois à Londres au Wireless Festival en 2011 et la dernière à Amsterdam en 2016. Il commençait à être un peu fatigué, jouait assis mais chaque concert a été mémorable. Il filait autant le frisson. On avait été rapidement le saluer, lui, son fils et les musiciens avec ma chérie au Tour Bus. Sinon oui, rencontré à Waterloo Records pour cette séance de signature, seule photo que j’ai avec lui mais on ne peut pas dire qu’on ait vraiment échangé, fidèle à lui-même, dans sa bulle et répondant un peu à côté, mais un grand moment bien sûr.
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Avec John Ike WALTON |
En quoi la musique de Roky Erickson a eu une influence sur ta vie ?
Je croise les doigts, jusqu’ici je n’ai pas été interné en hôpital psychiatrique ni soumis aux électro-chocs. 😊 Je ne saurais dire s'il a eu une réelle « influence » mais ce qui est certain est qu’il m’aura accompagné toutes ces années.
Que pense ta famille de cette passion ?
Beaucoup de bienveillance je pense. Mais outre cela, ma chérie partage la même passion malgré la place qu’occupe tout ça dans la maison, j’ai un peu envahi l’espace. Et ma sœur n’est pas insensible non plus.
Existe-t-il une communauté Roky Erickson ?
Il y a quelques années encore, surtout en France, on était vraiment un petit noyau et quand on rencontrait quelqu’un familier de sa musique et du bonhomme, ça créait tout de suite des liens. (A Austin c’est évidemment différent, ils ont tous grandi avec lui.). C’est Philippe Garnier, critique à R&F et écrivain qui a contribué parmi les premiers à faire parler de lui ici à la fin des années 70 avec ce mythique EP 4 titres sur son mini-label Sponge Records. Les réseaux sociaux et Internet ont contribué à le faire connaitre, mais encore aujourd’hui, parler de Roky Erickson avec quelqu’un ici donne généralement lieu à une réponse du type « Roky qui ? ». Mais sur FB on trouvera facilement des groupes de discussion sur Roky ou les Elevators, ou des groupes comme Texas Psych
Il suffit de taper ça dans la barre de recherche de FB et demander à rejoindre le groupe. Moi je n’y vais plus guère.
Quel est à ton avis le meilleur moyen pour faire découvrir Roky Erickson à quelqu'un qui ne le connait pas ?
Peut-être commencer par les classiques et les disques « officiels » avant de se lancer dans l’écoute des nombreux bootlegs plus ou moins dispensables. Et l’éventail musical est quand même assez large, donc pourquoi pas tenter une lecture aléatoire sur un quelconque provider ou site de streaming.
Existe-t-il à tes yeux une personnalité française que l'on pourrait comparer d'une façon ou d'une autre à Roky ?
Aucune 😊 mais si je me trompe, prévenez-moi vite.
Les bootlegs de Roky Erickson sont-ils aussi dans ta collection ? Quel est ton rapport à ceux-ci ?
C’est le problème du collectionneur. On veut tout avoir. Dont les bootlegs, dont certains sont quand même exceptionnels……. Fut un temps où j’achetais les « misprints ». Et puis les disques de groupes qui reprennent des titres des Elevators ou de Roky. C’est sans fin. Les 2 derniers en date, l’excellent LP ovni de Paper Lips le solo project de David Whittaker des Baron four et Jack Cades, merveilleuse cover de Splash One et le dernier LP des Electric Six avec une super cover de Click your fingers applauding the play. (Merci Bruno chez Dangerhouse, outre le plaisir de te voir, je ne regrette pas mes derniers achats (ndlr : Bruno, on parle souvent de toi dans LMS, merci pour ton énorme apport à la musique que l'on aime))
Quelle est la pièce que tu désirerais posséder et qui manque encore à ta collection ?
Il serait prétentieux de dire que j’ai tout, mais j’ai un peu levé le pied. Lors d’une conversation chez Groovie Records à Lisbonne nous avions parlé d’un pressage brésilien du Psychedelic Sounds, pourquoi pas. Certaines affiches dont celles de Gilbert Shelton « Winnie the Pooh » ou la fameuse « Pot brain » mais c’est devenu hors de prix et les prix s’envolent. Au secours. Peut-être également un ou deux tatouages pour compléter ma panoplie.
Est-ce-que voir son nom mal écrit est quelque chose qui t'énerve ?
Non pas spaiciallemand. Gé l’abitude. Sa ne me dérange pas.
Merci pour ta patience, j’ai bien dû mettre 6 mois à répondre à tes questions. Il ne faut jamais me dire que ce n’est pas pressé.
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