JOHNNIE TAYLOR - Who’s Making Love - The Stax Singles A’s & B’s 1966-1970 (Kent / ACE)
Johnnie Taylor (1934-2000) a touché à tous les genres. Il y a
beaucoup de Johnny Taylor, mais un seul Johnnie Taylor.
ACE Records, qui continue sa série « A’s &
B’s Of Stax» sur sa subdivision Kent, débutée avec William Bell et Isaac
Hayes, a eu la gentillesse / bonne idée d’envoyer aux Monstres Sacrés le volume
consacré à Johnnie Taylor.
Avant d’entamer une carrière solo, qui nous intéresse ici,
Johnnie a fait partie des Melody Makers, un groupe gospel de Kansas City, il
était ado. En 1953, il rejoint le groupe doo wop The 5 Echoes, de Chicago,
avant de faire partie, deux ans plus tard et toujours à Chicago mais dans un
genre gospel, des Highway Q.C.’s, qui avaient compté comme membres précédents Sam
Cooke et Lou Rawls. Puis, en 1967, il remplacera Sam Cooke, décidemment, dans
les Soul Stirrers, avant d’enregistrer entre 1961 et 1964 et sans grand succès,
quelques singles sur les labels SAR et Derby, fondés par Sam Cooke (encore).
C’est sur Stax qu’il aura du succès à partir de 1966, pas
moins de douze chansons dans le top ten des R’n’B charts, la partie qui va nous
intéresser ici. Son plus gros succès sera « Disco Lady » sorti sur Columbia
en 1976, repris notamment par Lx Chilton, mais c’est une autre histoire…
À l’instar d’Arthur Alexander, Johnnie composait et chantait
avec son cœur (songs straight from his heart). Johnnie est né dans l’Alabama en
1934. Il est mort en 2000, un jour (et vingt-cinq ans) après la parution de
cette compile.
Les neuf premiers albums de Johnnie sont sortis sur Stax, entre 1967 et 1973, ainsi que les 13,5 singles (1h20) qui sont regroupés sur cette compile « Who’s Making Love - The Stax Singles A’s & B’s 1966-1970 ».
Une bonne partie des premiers singles ont été composés et produits par la dream team Isaac Hayes et Dave Porter. C’est le cas du premier, « I Had A Dream" (un bien mauvais rêve), qui figurera sur le premier album et sera repris notamment par Freddie King, ainsi que le single suivant, « Changes », sorti début 1966, Johnnie ayant également participé à l’écriture de la B side. Deux autres singles sont sortis en 1966 : « I Got To Love Somebody’s Baby / Just The One I’ve Been Looking For » et « Little Bluebird / Toe-Hold », écrit aussi par Porter / Hayes, aidés par Booker T. Jones pour « Little Bluebird », sauf « Just The One… » composé pour Johnnie (le morceau sera repris plusieurs fois) par Alvertis Isbell (plus connu sous le nom d’Al Bell), Steve Cropper et Eddie Floyd. « Toe-Hold » a fait le bonheur de Wilson Pickett et de Carla Thomas, notamment.
Encore trois singles en 1967 : « Ain’t That Loving
You (For More Reasons Than One) composé par Allan L. Jones (qui a aussi
beaucoup composé pour Albert King) et Homer Banks / Outside Love » ;
« You Can’t Get Away From It », écrit par Al Jackson Jr. et Booker T.
Jones / » If I Had To Do It Over » et « Somebody’s Sleeping
In My Bed », écrit par Betty Crutcher et Allen Jones et repris par Buddy
Guy / « Strange Things (Happening In My Heart) », composé par
l’équipe Jones / Banks. À part la face A du premier single, tous les autres
morceaux sont hors LP. Noter aussi qu’il existe deux singles français avec
cover exclusive qui présentent d’autres titres du premier album.
À partir de 1968, les singles de Johnnie, toujours chez
Stax, ont une coloration orientée Tamla Motown, injectée par le producteur Don
Davis, qui s’occupe désormais de la carrière de Johnnie Taylor (il produira
aussi « Disco Lady »). Quatre singles sont sortis en 1968, un autre
étant resté à l’état d’acetate - deux morceaux extraits du deuxième album. Les
quatre singles sortis sont : « Next Time » (Homer Banks /
Raymond Jackson) / « Sundown » (Booker T. / William Bell), un morceau
qui sera repris notamment par Little Milton. On retrouve l’équipe Porter /
Hayes pour les deux singles suivants « I Ain’t Particular » dont il
existe une superbe version par William Bell et Mavis Staples / « Where
There’s Smoke There’s Fire », Nathalie Rosenberg ayant participé à
l’écriture de la B side. Arrive ensuite « Who’s Making Love / I’m
Trying ». La face A, composée par Homer Banks, Betty Crutcher et Raymond
Earl Jackson (pas toujours crédité), atteindra la cinquième place des charts
rhythm & blues et c’est ce morceau qui donnera son nom et servira
d’ouverture au deuxième album et sera repris très vite et de nombreuses
fois, l’autre plus belle version étant celle de Tony Joe White sur son premier
album. Arrive ensuite « Take Care Of Your Homework / Hold On This Time »,
tous les deux composés par l’équipe gagnante du précédent single, qui se
baptiseront We Three. Ce dernier titre sera également repris en duo par Mavis Staples
et William Bell et quelques-uns de ces morceaux, dont encore une fois
« Who’s Making Love » pour démarrer l’album, figurent sur le
troisième album, « Rare Stamps », qui se classera à la trente-troisième place des charts R&B.
La face A du premier single de 1969 est une reprise de
« (I Wanna) Testify » de Parliament et la B side, « I Had A
Fight With Love », a été composée par l’équipe des deux singles précédents,
We Three, tout comme le single suivant « I Could Never Be President »,
un morceau qui sera repris par David Ruffin, un de ses premiers disques après
avoir quitté les Temptations. La B side est « It’s Amazing », un
morceau co-composé par Don Davis pour Ben E. King. Le single suivant sera « Love
Bones / Mr. Nobody Is Somebody », composés par Isbell (Al Bell donc) et
Don Davis s’agissant le la face A, la flip side, pas mal reprise, ayant aussi
été écrite par Davis, accompagné de Banks et Jackson, déjà cités. Tous ces morceaux,
à part « Mr. Noboby… » qui se trouvait sur le deuxième LP, sont
extraits du quatrième album, « The Johnnie Taylor Philosophy
Continues », qui se classera à la dixième place des charts R&B.
La compile Kent se termine par « Steal Away », qui
est la face A du premier single sorti en 1970. Il s’agit bien sûr du morceau
chanté et composé par Jimmy Hughes, sorti sur le label Fame en 1964.
Merci Kent, this record is Ace.
Patrick Bainée
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