442ème RUELLE : SPECIAL BEAR FAMILY - HEADIN' FOR THE POORHOUSE / Johnnie Lee WILLS / THAT'LL FLAT... GIT IT ! / SO REAL ! COLONIAL ROCKERS FROM CHAPEL HILL, NC / OOH-EEE ! - WHAT YOU DO TO ME ? ROCKERS AND COUNTRY BOPPERS FROM ATLANTA, GA / Niki SULLIVAN / Bobby Lee TRAMMELL
HEADIN' FOR THE POORHOUSE (CD, Bear Family Records - www.bear-family.com)
Quel est l'abruti qui a dit que l'argent ne faisait pas le bonheur ? Sûrement quelqu'un qui en avait. En effet, quand on est blindé de thunes, il est toujours facile de cracher dans la soupe en prétendant que l'argent n'est pas important, quand on crève la dalle, en revanche, c'est une autre affaire, ce qui non seulement explique, mais justifie aussi, les véritables batailles de chaudrons qu'on se livre autour de l'artiche, a fortiori quand on aimerait bien en avoir un peu plus pour pouvoir mettre une noix de beurre sur ses patates à l'eau. D'ailleurs, dans le même temps, on aime à rappeler plus que de raison que l'argent est le nerf de la guerre, surtout quand on la fait, regardons du côté de l'Ukraine. Bref, toute cette introduction pour amener le propos sur cette nouvelle compilation thématique produite par le label allemand Bear Family, compilation consacrée à l'argent, ou plutôt au manque d'argent, tant il est vrai que les bluesmen ou les pionniers du rock'n'roll se rangeaient le plus souvent dans les rangs des crevards que des rupins. Et comme on est toujours plus crédible quand on écrit sur un sujet qu'on connaît plutôt que sur ce qui nous est étranger, rien d'étonnant à ce qu'on trouve autant de chansons sur le fait de ne jamais avoir un fifrelin en poche. Il n'y a guère que les crétins de rappeurs pour chanter les "bienfaits" de l'argent facile (celui de la drogue dans leur cas ?) et le bling-bling qui va avec. Mais je m'emballe et je n'avance guère dans ma chronique. En trente titres, Bear Family dresse donc un petit panorama de ceux qui ont rendu hommage, à leur manière, aux nécessiteux et aux "rebuts" de la société bien-pensante, ceux plus habitués à faire la manche et les poubelles que la queue à la porte d'un trois étoiles Michelin. Parmi les chansons entendues ici, on trouve quelques classiques de la dèche et de la débine comme "Money honey" des Drifters (période Clyde McPhatter, ironiquement n° 1 du Billboard, donc les dollars ont plu dru dans la foulée), ainsi que sa reprise par Elvis Presley (à une époque, 1956, où sa signature avec RCA le mettait définitivement à l'abri du besoin, Cadillac et Graceland à l'appui), ou "Money (that's what I want)" de Barrett Strong, et sa reprise par les Miracles de Smokey Robinson, les deux versions étant extraites du catalogue Tamla Motown. Avec des morceaux moins connus, certains grands noms du blues, de la country, du rhythm'n'blues ou du rock'n'roll ont aussi chanté les affres de la pauvreté et de la danse devant le frigo, tous ayant connu une jeunesse pour le moins défavorisée, doux euphémisme, ils n'ont donc pas eu à fouiller bien profondément dans leurs souvenirs pour être convaincants, même si, pour la plupart d'entre eux, ils avaient déjà connu le succès au moment d'enregistrer ces chansons, c'est le cas, entre autres, de Johnny Ace ("No money", en 1954, est paradoxalement moins lacrymal que la plupart de son répertoire), Slim Harpo, Carl Perkins (et l'évident "Poor boy blues" de 1967, ambiance country donc), Billy Boy Arnold, Sunnyland Slim (sous le pseudonyme Dr. Clayton's Buddy), Jimmy Witherspoon (et le quasi autobiographique "Drunk, broke and hungry"), Faron Young, Willie Nelson, Stonewall Jackson ou les Louvin Brothers, un vrai bottin bohème. Pour plus de véracité, on notera que les trois mots les plus utilisés dans les titres de ces chansons sont "money", "poor" et "broke" ("ruiné" pour les non anglophones), le doute n'est pas de mise. On notera au passage que la pauvreté, aux États-Unis, n'était pas, et n'est toujours pas, n'en déplaise aux tenants d'un antiracisme très révisionniste, l'apanage de la communauté noire, les blancs étant loin d'être épargnés, ce qui se traduit sur cette compilation par le fait qu'on a parité parfaite entre artistes blancs et noirs, quinze de chaque côté, balle au centre, ou plutôt dime ou nickel, bien qu'il n'y ait pas là de quoi trouer une poche déjà largement rapiécée. Quant à la temporalité de la sélection, elle s'étale sur deux décennies, de 1948 à 1967, preuve qu'en matière économique, les choses n'évoluent jamais vraiment dans un sens positif, les riches, toujours plus riches (on en a encore la démonstration aujourd'hui), les pauvres, toujours plus pauvres (regardez donc votre bulletin de paie, si vous avez l'heur d'en avoir un). Ce qui n'est pas près d'évoluer tant que les plus nombreux n'auront pas compris qu'ils pourraient aisément se défaire de la poignée de pourris qui leur empoisonnent le quotidien s'ils le voulaient. Pour ce faire, et pour paraphraser Diderot, encore faudrait-il qu'ils aient la volonté de pendre le dernier politicaillon avec les tripes du dernier banquier, ce qui, malheureusement, ne semble pas être pour demain, ni même pour après-demain. Sans aller jusqu'à prôner un épouvantable massacre de milliardaires - encore que, quand on voit les têtes à claques de Trump, Musk ou autres Arnault, on puisse comprendre qu'on ait de telles velléités - il y aurait au moins de quoi faire en sorte de mieux répartir les richesses. Alors, en attendant qu'un prochain millénaire soit plus révolutionnaire que celui-ci, autant se consoler avec cette compilation riche (virtuellement) de bons moments musicaux.
Johnnie Lee WILLS : The band's 'a rockin' (CD, Bear Family Records)
En matière culturelle, il n'est jamais facile d'être fils, fille, frère, sœur, cousin, cousine DE et de se faire son propre prénom, ou nom. Sans aller jusqu'à l'hostilité familiale (encore que ça puisse arriver, cf les frères Davies chez les Kinks ou les frères Gallagher chez Oasis), la comparaison se fait malgré tout presque automatiquement. Qui se souvient aujourd'hui, par exemple, de Julian Lennon (fils de), de Mike McGear (frère cadet de Paul McCartney) ou de Chris Jagger (frère cadet de) qui ont pourtant tous poursuivi une honnête carrière musicale ? Personne ou presque. Un statut d'enfant de la balle d'autant plus difficile à assumer que la notoriété du parent-référence est élevée. Ce qui est le cas de Johnnie Lee Wills, frère cadet de Bob Wills. Certes, sortis du contexte country & western dans lequel évoluaient les deux frangins, peu de monde ailleurs qu'aux États-Unis connaît Bob Wills aujourd'hui. Ce dernier, chanteur et violoniste né en 1905 et mort en 1975, est pourtant considéré comme le créateur du style western swing, soit une country affichant d'évidentes références au jazz, ce qui en fait une musique idéale pour danser avec son tempo plutôt rapide. Durant la décennie précédant la seconde Guerre Mondiale, Bob Wills fut l'un des artistes américains les plus populaires dans son pays, et plus particulièrement dans son état natal, le Texas, dont il s'inspirera pour baptiser, à partir de 1934, son groupe, les Texas Playboys. C'est là qu'intervient son petit frelu, Johnnie Lee Wills, né en 1912, puisque ce dernier débute sa propre carrière en faisant partie de la première formation des Texas Playboys, au banjo ténor. C'est à partir de 1939 que Johnnie Lee, qui joue lui aussi du violon, forme son propre groupe, les Rhythmairs, groupe très éphémère puisque, en 1940, il retrouve son frère Bob qui vient de scinder les Texas Playboys en deux entités distinctes, mettant son cadet à la tête de l'une de ces formations. Tandis que Bob part s'installer en Californie, Johnnie Lee s'installe en Oklahoma et rebaptise son groupe All The Boys. À partir de là, il va suivre sa propre voie, connaissant lui aussi le succès à partir de 1949, au moment où l'étoile de Bob commence à pâlir. Un succès qui coïncide avec sa signature avec le label Bullet, après plusieurs années passées chez Decca. C'est durant ses trois années sur Bullet que Johnnie Lee Wills connaît son pic de popularité avec des titres comme "Rag mop" ou "Peter Cotton Tail", une popularité qui restera cependant moindre que celle de son frère dix ans plus tôt. Johnnie Lee Wills a plus ou moins pris sa retraite musicale en 1964 et est mort en 1984. Cette compilation propose une bonne trentaine de chansons, enregistrées entre 1941 et 1953 pour les labels Decca, Bullet et RCA, la meilleure période de Johnnie Lee Wills. Sur les deux premiers titres de cette sélection, captés à Dallas en 1941, Johnnie Lee Wills est encore au banjo tandis que la basse est tenue par Luther Jay Wills, troisième de la fratrie, né en 1920 et mort en 2000. Un quatrième frère, Billy Jack Wills, bassiste et batteur, né en 1926, mort en 1991, s'il a également fait partie du groupe de Johnnie Lee au début des années 40, est surtout connu pour avoir été membre des Texas Playboys de Bob pendant près de vingt ans entre le milieu des années 40 et le milieu des années 60. En 1947, Johnnie Lee Wills, désormais au violon, il ne jouera plus du banjo que très épisodiquement, commence à s'entourer d'un groupe de plus en plus pléthorique, multipliant notamment les violons, ceux d'Henry Boatman et de Julian "Curly" Lewis s'ajoutant à celui du patron pour former un redoutable brelan de crincrins, instrument qui reste la marque de fabrique du western swing puisque c'est le style musical que Johnnie Lee privilégiera tout au long de sa carrière. Un quatrième violoneux, Guy "Cotton" Thompson, viendra même grossir la bande à partir de 1952. En 1949, Johnnie Lee Wills commence à enregistrer dans les studios de la radio KVOO à Tulsa, Oklahoma, un endroit qu'il ne quittera plus (c'est d'ailleurs à Tulsa qu'il est mort), obligeant ses producteurs à faire le déplacement plutôt que de faire voyager son groupe. C'est ainsi que Steve Sholes, producteur pour RCA, fera systématiquement le déplacement, lui qui était pourtant l'un des piliers des studios RCA de Nashville (il produira notamment les premières séances d'Elvis Presley pour cette maison de disques à la fin des années 50 dans la capitale du Tennessee), preuve que, à l'époque, l'influence de Johnnie Lee Wills était suffisante pour pouvoir dicter ses conditions à son label. Cette sélection propose quelques beaux morceaux comme "Rag mop" (1949) et "The band's 'a rockin'" (1951), tous deux de sa composition, ou des reprises comme "In the mood" (1950), le classique jazz de Glen Miller, et "Milk cow blues" (1941), le classique blues de Kokomo Arnold.
THAT'LL FLAT... GIT IT !, Vol. 50 (COLUMBIA & EPIC) (CD, Bear Family Records)
Il y a quelques mois, le volume 49 de cette série de compilations était déjà consacré aux labels Columbia et Epic (voir chronique dans le n° 151 de cette même feuille d'information), voici donc la suite des aventures rockabilly et rock'n'roll de la vénérable maison de disques américaine (fondée en 1888, ça commence à causer, au mépris des lois les plus élémentaires de la jungle des start-ups). La période étudiée reste sensiblement la même, la seconde moitié des années 50, entre 1955 et 1961 pour être précis, avec toujours une belle brochette d'affamés et de défricheurs dont certains passeront largement à la postérité. À commencer par Link Wray, qui ouvre les hostilités de cette sélection avec l'un de ses classiques, "Raw-hide" en 1959, complété, plus loin, par l'une de ses rares contributions chantées (il avait perdu un poumon après avoir chopé la tuberculose en Corée), la reprise de "Ain't that lovin' you babe" du bluesman Jimmy Reed en 1960. Autre poids lourd, Johnny Horton, avec pas moins de trois titres, dont "Lover's rock", écrit par Dave Burgess, futur fondateur des Champs, et "The wild one", écrit par son manager et bassiste Tillman Franks et le chanteur country Merle Kilgore, chanson inspirée par le film éponyme ("L'équipée sauvage" en français), de Laszlo Benedek avec Marlon Brando. Le rock'n'roll teinté de country est représenté par les Maddox Brothers and Rose, un groupe constitué de quatre frères (quand l'un, Cliff, est décédé en 1949, il fut remplacé par le cinquième, Henry) et leur sœur, Rose. Être la seule fille dans une telle fratrie de garçons, a fortiori en étant presque la plus jeune, seul Henry est arrivé après elle, c'est sûr que ça a dû lui forger le caractère à la demoiselle, d'autant qu'elle a commencé à chanter de manière professionnelle à l'âge de 11 ans. Elle a aussi connu une belle carrière en solo, sans ses frelus. Autre groupe familial, les Collins Kids, pour lesquels j'avoue avoir un faible tant leur énergie est communicative. La sœur, Lorrie, est née en 1942, le frère, Larry, en 1944, ils ont donc respectivement 14 et 12 ans quand il font paraître "The rockaway rock" en 1956. Autre morceau du duo entendu ici, composé par toute la famille, frèrot, sœurette, papa et maman Collins, "Heartbeat". Lorrie et Larry Collins, en plus de chanter, jouaient de la guitare, dont une improbable double manche pour Larry qui, du coup, paraissait énorme entre ses mains de pré-adolescent. Dans la même veine rock'n'roll country, on trouve encore Mel Tillis, qui était affligé de bégaiement, mais uniquement quand il parlait, pas quand il chantait. Johnny Cash n'est crédité que d'un seul morceau, "What do I care", de sa composition, mais le bonhomme est devenu un tel monument, avec une discographie si colossale, que sa présence ici devient purement symbolique. Pareil pour Lefty Frizzell, Carl Perkins ou Marty Robbins. Dans tous les cas, ce ne sont pas des titres parmi leurs plus incontournables qui sont sélectionnés, histoire de bien montrer l'étendue de leur répertoire. Pour Marty Robbins, c'est même une reprise de "Long tall Sally" de Little Richard qui a été choisie alors qu'il était, comme ses congénères, un auteur-compositeur très disert. Quand à la curiosité de cette sélection, elle revient à un certain Commonwealth Jones et son "Do do do" paru en 1961. Derrière ce pseudonyme se cache en fait Ronnie Dawson qui avait pourtant connu un petit succès, sous son véritable nom, en 1959, avec ce qui reste aujourd'hui son intemporel classique, "Rockin' bones". Pourquoi, deux ans plus tard, a-t-il choisi l'anonymat de ce pseudonyme ? Mystère. À moins que ce ne soit en espérant connaître un nouvelle carrière avec ce titre d'inspiration plutôt rhythm'n'blues. Ce qui ne s'est pas produit. Ce n'est que dans les années 80, avec le revival rockabilly initié par les Cramps et les Stray Cats que Ronnie Dawson connaîtra un regain de notoriété en Europe. Enfin, pour prouver que Columbia avait les reins suffisamment solides pour prendre des risques, le compilateur a également sélectionné des artistes dont l'histoire n'a retenu le nom que de manière très éphémère. Cette compilation rend donc hommage à quelques obscurs comme Lee Emerson, Bernie Nee, qui a enregistré "Lend me your comb" en 1958, en même temps que Carl Perkins en faisait autant sur Sun, ce dernier décrochant la timbale au détriment du premier, pas de chance, Charlie Adams, Larry Hart, Bill Phillips, Bobby Lord, Gordon Terry, un ex violoniste des Blue Grass Boys de Bill Monroe, ou encore le chanteur country Carl Butler. Comme d'habitude, le travail effectué par Bear Family pour ces anthologies est au top de la qualité, avec des restaurations haut de gamme et des sélections d'un intérêt historique évident. Et quand on sait quel bouillon de culture fut l'émergence du rock'n'roll aux États-Unis, on se dit qu'il y a encore de la matière à redécouvrir.
THAT'LL FLAT... GIT IT !, Vol. 51 - ROCKABILLY & ROCK'N'ROLL FROM THE VAULTS OF CHALLENGE & JACKPOT RECORDS (CD, Bear Family Records - www.bear-family.com)
Il ne se passe guère de trimestre sans que Bear Family ne fasse paraître un nouveau volume de cette série de compilations archivistes, ce qui, avec cinquante et un numéros, à plus de trente morceaux chaque, commence à faire un belle petite anthologie du rock'n'roll américain des pionniers, pionniers connus, parfois, ou restés dans l'ombre, le plus souvent, d'où l'intérêt du projet. Ce nouvel opus est donc consacré au label Challenge et à sa filiale Jackpot. Une astuce utilisée par de nombreux labels dans les années 50 - tellement nombreux qu'ils se livraient une âpre bataille médiatique pour se faire remarquer - puisque, à cette époque, il était interdit à une radio de diffuser deux disques d'un même label durant une même plage horaire. En créant des filiales, les labels contournaient donc cette règle absurde, les radios pouvant fort bien diffuser, dans le cas qui nous intéresse ici, un disque Challenge et un disque Jackpot durant la même plage horaire, alors qu'elles n'auraient pas pu diffuser deux disques Challenge ou deux disques Jackpot. Mais revenons à Challenge, une étiquette créée en 1957 par la grande vedette country, tant sur disque qu'au cinéma - il fut l'un des nombreux cowboys chantant du septième art, peut-être même le plus célèbre de tous, entre les années 30 et les années 50, apparaissant dans presque une centaine de films, une paille - Gene Autry. Le plus gros succès du label reste "Tequila" par les Champs en 1958. Même si "Tequila" n'apparaît pas sur cette sélection, les Champs sont mis à l'honneur avec trois autres titres, dont deux écrits par leur guitariste rythmique Dave Burgess. Celui-ci, directement appointé par le label, écrira également pour d'autres artistes du crû, présents ici, comme les Four Teens, Dean Beard, Johnny and Jonie (les époux Mosby pour l'état-civil) ou les Cherokees. Curieusement, le seul morceau qui lui est crédité comme chanteur, "Maybelle", n'est pas de sa composition. Pour rester dans la galaxie Champs, notons que deux des autres musiciens ayant enregistré "Tequila" se retrouvent sélectionnés, à savoir le Texan Huelyn Duvall, avec carrément cinq titres, dont quatre écrits par son manager Danny Wolfe (également auteur de "Life begins at four o'clock" pour Bobby Milano), et le saxophoniste Danny Flores, qui, sous son nom de plume, co-écrit une "Tequila song" fortement référencée pour les Contenders. Au final, on voit que la famille Champs élargie se taille la part du lion sur cette compilation. Mais il n'y avait quand même pas que les Champs sur ce label, on y trouvait aussi quelques vedettes en devenir, comme un jeune Bobby Bare, qui se fera un nom dans la country dans les années 60, qui co-signe et interprète, accompagné par quelques membres des Champs, un rock'n'roll furieux, "Vampira", un rockabilly forcené qui raconte l'histoire d'une femme vampire qui, même si ce n'est pas explicite dans la chanson, est un probable hommage au personnage de Vampira (créé par l'actrice Maila Nurmi), animatrice d'un show télévisé qui, dans les années 50, diffusait des films d'épouvante. Une Vampira qu'on peut voir également dans le "chef d'œuvre" d'Ed Wood, "Plan 9 from outer space". Autre future vedette country, Wynn Stewart, avec deux titres rockabilly du meilleur effet, dont l'un de sa plume, le sauvage "Come-on", et Al Downing, un cas d'espèce, noir dans un monde de blancs, et pianiste dans un monde de guitaristes, ici accompagné par un groupe baptisé les Poe Kats. Autre artiste surprenant, Kip Tyler, chanteur et joueur de bongo, ça ne s'invente pas, qui ne sortira jamais plus de deux disques d'affilée sur un même label, mais qui, sur Challenge, fera paraître un futur standard du rockabilly cryptique, "Jungle hop" en 1958, même s'il faudra attendre que les Cramps reprennent ce titre en 1981 sur leur deuxième album, "Psychedelic jungle", pour que la chanson passe enfin à la postérité. "Jungle hop" ne figure pas sur cette compilation qui propose néanmoins deux autres de ses morceaux, dont l'un, "Wail man wail", restera inédit pendant près de trente ans et qu'il est donc savoureux de retrouver ici. Le reste de la sélection est beaucoup plus obscur, mais toujours digne d'intérêt afin de respecter les standards qualitatifs prônés par Bear Family. Tous ces titres sont sortis entre 1957 et 1962, Challenge cessant ses activités à la fin des années 60. Si vous êtes pris de dégoût à l'écoute de la moindre merde de Clara Luciani ou d'Aya Nakamura, c'est déjà un signe évident de votre bonne santé psychique, c'est aussi une preuve que cette compilation devrait vous complaire. Faites-moi confiance, allez-y les yeux fermés, mais les oreilles grandes ouvertes.
SO REAL ! COLONIAL ROCKERS FROM CHAPEL HILL, NC (LP, Bear Family Records)
OOH-EEE ! - WHAT YOU DO TO ME ? ROCKERS AND COUNTRY BOPPERS FROM ATLANTA, GA (LP, Bear Family Records)
Que voilà une série de compilations originale en ce sens qu'elle se focalise sur des labels assez obscurs, labels qui se sont eux-mêmes spécialisés dans leurs scènes locales.
"So real !" se penche sur Colonial Records, basé à Chapel Hill, Caroline du Nord, qui s'est surtout intéressé aux artistes du nord de cet état. A priori, comme ça, on se dit que Chapel Hill doit être le trou du cul du monde, et, de fait, aujourd'hui, avec à peine plus de 60 000 habitants, elle fait un peu chiche à l'échelle des États-Unis, tout juste digne, en France, d'une modeste préfecture de province, et encore. Pourtant, Chapel Hill est le siège d'une Université, et pas n'importe laquelle, l'une des plus réputées du pays, qui attire donc son lot d'étudiants certainement plutôt bien lotis côté neurones, et compte en banque paternel. Récemment, un groupe ayant réussi à s'extirper du relatif anonymat de Chapel Hill s'est offert une belle carrière, Southern Culture On The Skids, formé en 1983 et toujours actif. Même si vous ne les connaissez pas, vous les avez peut-être vus au cinéma puisqu'ils font une apparition dans le film "I know what you did last summer" ("Souviens-toi l'été dernier"), le slaher de Jim Gillespie en 1997 avec Sarah Michelle Gellar, Jennifer Love Hewitt, Ryan Philippe ou Anne Heche. Mais le passé rock'n'roll de Chapel Hill remonte aux débuts de ce style musical, comme le prouve cette compilation, Colonial Records ayant été fondé en 1948 en tant que label country avant de s'ouvrir au rock'n'roll à partir de 1956 quand le genre commence à exploser nationalement. Et le moins que l'on puisse dire c'est que Colonial n'a pas été malheureux dans sa politique de signatures, bien aidé par le fait que la région de Chapel Hill bourdonnait littéralement d'apprentis rockers. Certains de ceux entendus ici feront d'ailleurs d'assez belles carrières, comme Johnny Dee, auteur-compositeur-chanteur présent sur ce disque avec "It's gotta be you" en 1957, mais qui, la même année, avait enregistré, déjà sur Colonial, le single "Sittin' in the balcony" ("It's gonna be you" présente d'évidentes similitudes avec ce dernier) que reprendra Eddie Cochran avec succès. Plus tard, Johnny Dee, sous son vrai nom de John D. Loudermilk, sera également l'auteur comblé de standards comme "Indian reservation" (Don Fardon, 1964) ou "Tobacco Road" (Nashville Teens, 1964). Autre signature prémonitoire pour Colonial, celle de George Hamilton IV, auteur et interprète, ici, de "If you don't know" en 1956, clin d'œil appuyé à l'envol d'Elvis Presley. Au début des années 60, passé à la country, George Hamilton IV connaîtra un succès constant jusqu'à sa mort en 2014. Parmi les autres centres d'intérêt de cette compilation, les Franklin Brothers, avec carrément trois titres, dont l'un, "Wake up (Little boy blue)", est une resucée à peine déguisée de "Wake up Little Susie" des Everly Brothers, tandis leur "So real" donne son titre à cette anthologie. Très présents également, les Bluenotes, un groupe vocal formé en Angleterre, qui apparaissent trois fois en accompagnement d'Henry Wison, de Doug Franklin et de Bill Craddock (futur Billy "Crash" Craddock qui connaîtra le succès en Australie au début des années 60 avant de revenir aux États-Unis, ne tournant jamais vraiment le dos au rock'n'roll tout en le mâtinant de country). Mais mon titre préféré reste "Tarzan" d'E.C. Beatty, un rock parodique datant de 1960. Son autre chanson sélectionnée, "Ugh ! Ugh ! Ugh !", n'étant pas en reste dans le registre comique. Comme tout ce qui se faisait à l'époque en matière de rock'n'roll, on est là dans l'urgence, toutes ces chansons tournant autour des deux minutes, parfois moins, ce qui donne à cette compilation une allure de blitzkrieg puisque les douze titres sont gravés sur un 25 cm qui, de surcroît, tourne en 45 tours, c'est dire si l'on n'était pas là pour faire du tourisme, ce qui ne devrait d'ailleurs jamais être le cas en matière de rock'n'roll.
Même principe pour "Ooh-eee" et le label Stars, Inc. basé à Atlanta, la capitale de la Géorgie. Le titre de la compilation est celui d'une composition de Jerry Reed, encore inconnu à l'époque, qui l'a écrite pour Ric Cartey with the Jiva-Tones en 1956, présent ici bien sûr. Cette sélection en propose également une autre version, par Chuck Atha, toujours en 1956. Tandis que Jerry Reed, s'il ne figure pas en tant qu'interprète, fournit deux autres chansons, "Rock bottom # 1" et "Rock bottom # 2" pour les Rockateers en 1957. Pour autant, il est plus que probable qu'il joue de la guitare sur plusieurs plages de cette sélection, derrière Chuck Atha, Judy Colbert (s'il n'a pas écrit "I'm wise to you now" pour la jeune chanteuse de treize ans, il a composé la face B de ce single, non retenue ici), ou les Rockateers. Et on est certain qu'il est bien à la manœuvre, avec sa six cordes, derrière les Night Hawks ("You're my baby") et Ric Cartey. Autant dire que son aura plane sur quasiment toute la compilation. Sa présence, comme songwriter et guitariste, se justifiant par le fait que Jerry Reed est lui-même natif d'Atlanta. L'autre personnage important de cette compilation est Danny Welch, tant comme interprète, avec son single "Riding shotgun (In a hot rod car)", que comme songwriter, "You're my baby" pour les Night Hawks, déjà évoqués, et "Song of the singing wind" pour Kenny Lee. Enfin signalons la paire Cleve Warnock et Billy Barton. Le premier avec deux chansons, "My baby is gone" et "A boy and a guitar", le second avec "Ten wheels", ces deux derniers titres étant écrits conjointement par les deux hommes. Le label Stars Inc. est formé en 1955 par Bill Lowery qui est alors un DJ influent. Ce qui ne suffira pas au label pour connaître le succès puisqu'il cesse ses activités deux ans plus tard, en 1957. Pas de quoi abasourdir les foules géorgiennes à l'époque, pour ça Little Richard, originaire de Macon, s'en chargeait, même si lui aussi abandonne le rock'n'roll (provisoirement) cette même année 1957.
Niki SULLIVAN : You better get a move on ! (LP, Bear Family Records)
Niki Sullivan est né le 23 juin 1937 à South Gate, près de Los Angeles. Durant l'été 1956, à 19 ans, il rencontre Buddy Holly par l'intermédiaire de l'un de ses amis de lycée, Jerry Allison, qui joue de la batterie avec le jeune chanteur texan. Suite à une jam entre tout ce petit monde, Buddy Holly, impressionné par le jeu de guitare de Niki Sullivan, lui propose d'intégrer le groupe qu'il est en train de monter, un groupe complété par le contrebassiste Joe B. Mauldin et qui devient les Crickets. En décembre 1957, Niki Sullivan quitte les Crickets, fatigué par le rythme intensif des tournées suite au succès de Buddy Holly. On peut néanmoins le voir en action puisque, le 1er décembre 1957, le groupe participe au "Ed Sullivan Show", le film de cette prestation existant toujours, un documentaire précieux puisque, à peine plus d'un an plus tard, Buddy Holly meurt dans un accident d'avion. En 1958, pour Dot, Niki Sullivan enregistre son premier single solo, "It's all over". Mais sa carrière discographique restera de courte durée. S'il a enregistré plusieurs chansons, notamment avec Norman Petty, le producteur de Buddy Holly, beaucoup d'entre elles ne paraissent pas à l'époque. Dans le courant des années 60, il finit par retourner vivre à Los Angeles, abandonnant sa carrière de musicien professionnel et prend un job chez Sony. Il ne jouera plus désormais qu'en amateur, participant, parfois, à des hommages à Buddy Holly, comme s'il avait fini par ployer sous le poids d'une notoriété pas vraiment faite pour lui. Ainsi, par exemple, portant également des lunettes, comme Holly, il sera souvent décrit, sur les photos, comme "l'autre porteur de lunettes", on a connu plus avenant comme présentation. Niki Sullivan est mort le 6 avril 2004 à son domicile de Sugar Creek, Missouri, d'un infarctus, à l'âge de 66 ans. Cette compilation nous permet de redécouvrir Niki Sullivan après ses années Crickets. Notamment avec le premier single Dot de 1958, ainsi qu'avec un autre paru en 1965 sur Joli sous le nom de groupe Soul Inc. Mais le plus gros de cette compilation, six titres sur douze, provient d'une session enregistrée à Phoenix, Arizona, en 1959 et restée inédite jusqu'à aujourd'hui. Inutile de dire que ces morceaux font de l'album un must pour tous les fans de la galaxie Holly, consolidant du même coup l'aura de Niki Sullivan. On note avec intérêt que les douze chansons sont composées par Niki Sullivan lui-même, un travail de compositeur qu'on avait déjà pu remarquer avec Buddy Holly. Bref, cette compilation est une belle occasion de remettre un peu de lumière sur un personnage au demeurant assez discret, sur scène comme dans la vie. Et puis tiens, dernier petit détail. Si vous vous êtes déjà demandé comment Elvis Costello avait trouvé sa pose assez bizarre, avec ses pieds en canard, sur la photo de pochette de son premier album, "My aim is true" en 1977, c'est tout simplement en s'inspirant d'une photo promotionnelle de Niki Sullivan dans les années 60, photo qu'on peut admirer au verso de la pochette et en couverture du livret de cette anthologie. Une manière comme une autre de rassembler de petits bouts d'Histoire.
Bobby Lee TRAMMELL : Rocks (CD, Bear Family Records)
En quelque sorte membre supplétif des premières cohortes d'artistes rock'n'roll avec son statut de pionnier (relativement) tardif, Bobby Lee Trammell ne connaît le succès (très modeste, soyons franc) qu'en 1962 avec un morceau, certes très rock'n'roll, mais qui subit les diktats de la mode twist de l'époque puisqu'il est intitulé "Arkansas twist", un titre qui célèbre ses origines géographiques, un des états les plus pauvres et les plus paumés des États-Unis. C'est d'Arkansas que viendront notamment une bonne partie des agriculteurs ruinés pas la Grande Dépression, mais aussi de l'Oklahoma voisin, en route pour le supposé eldorado californien dans les années 30. Voyage que ne fera cependant pas la famille de Bobby Lee Trammell puisque ce dernier est né le 31 janvier 1934 dans une ferme cotonnière de Jonesboro, Arkansas. Une famille de musiciens, le père, Wiley, jouant du violon, la mère, Mae, jouant de l'orgue à l'église. C'est elle qui apprend à son fils à jouer du piano. Outre chanter à l'église, le petit Bobby Lee est aussi un auditeur attentif des émissions du Grand Ole Opry à Nashville. C'est d'ailleurs dans la country que le jeune Bobby Lee démarre sa carrière musicale alors qu'il est encore lycéen. Jusqu'à ce que, au milieu des années 50, assistant à un concert de Carl Perkins et Johnny Cash à Jonesboro, Perkins l'invite à monter sur scène pour y interpréter une chanson, avant de lui conseiller de rendre visite à Sam Phillips à Memphis dans l'espoir d'enregistrer pour le label Sun de ce dernier, le label de Perkins et Cash à l'époque. Bobby Lee se rend effectivement à Memphis, mais l'audition ne débouche sur aucun contrat. Bobby Lee Trammell décide alors de partir à Los Angeles, toujours dans l'optique d'y décrocher un contrat. Mais il n'est pas tout seul sur place et, dans un premier temps, trouve un job dans l'usine Ford locale. Un soir qu'il assiste à un concert de Bobby Bare, il parvient à le convaincre de le laisser monter sur scène pour interpréter quelques chansons. Dans le public se trouve une grande vedette country, Lefty Frizzell, qui, après le concert, invite Bobby Lee Trammell à faire sa première partie, quelques jours plus tard, dans un club de Baldwin Park, dans la région de Los Angeles. Club dont Bobby Lee Trammell devient un résident régulier. C'est là, en 1957, que le manager Fabor Robinson le remarque et lui permet de sortir son premier single sur son propre label, Fabor Records. Ce single propose "Shirley Lee", une composition de Bobby Lee Trammell, et se vend suffisamment bien pour que ABC-Paramount le réédite. Le disque n'entrera jamais dans les charts mais se serait quand même vendu, à l'époque, à 250 000 exemplaires. De quoi faire remarquer la chanson par Ricky Nelson qui reprend "Shirley Lee" peu après. Malheureusement, la carrière californienne de Bobby Lee Trammell ne sera jamais couronnée de succès malgré deux autres singles en 1958, dont un autre futur "classique", "You mostest girl", aux faux airs de "(You're so square) Baby I don't care" (Elvis Presley), dont on peut aussi savourer un réenregistrement de 1971, un poil plus country-rock. En conséquence, il rentre en Arkansas mais réussit à se faire blacklister par la plupart des tenanciers de bars ou de clubs après plusieurs altercations, dont l'une, avec Jerry Lee Lewis, au cours de laquelle il détruit carrément le piano de ce dernier. Pas découragé, il parvient à enregistrer quelques singles pour des labels locaux. Des labels dont la distribution est si indigente que Bobby Lee Trammell les vend lui-même à l'arrière de sa voiture partout où il va. Situation en partie provoquée par le fait que, outre ses esclandres dans les bars et les clubs, il refuse également les contrats que lui proposent quelques maisons de disques plus importantes, dont, entre autres, Warner Bros. Records. On ne peut pas dire qu'il ait mis les chances de son côté. En 1962, c'est sur Alley Records qu'il fait paraître "Arkansas twist" qui reste, à ce jour, son morceau le plus connu, même si c'est très relatif. Dans les années 70, il tourne dans le circuit des clubs country. Il obtient enfin une reconnaissance bien tardive dans les années 80 quand, en Europe, des passionnés, initiateurs du mouvement rockabilly revival, redécouvrent tout un pan méconnu de l'histoire primitive du rock'n'roll, notamment tous ces pionniers qui n'ont jamais connu le succès à l'époque. Bobby Lee Trammell est l'un d'eux, grâce entre autres à "Arkansas twist". Mais cette embellie est de courte durée et Bobby Lee Trammell finit par tirer un trait sur sa carrière de musicien et se tourner vers celle de politicien. En 1997, il est élu à la Chambre des Représentants de l'état d'Arkansas jusqu'en 2002, date à laquelle il tente, en vain, de se faire élire sénateur. Bobby Lee Trammell est mort le 20 février 2008 dans sa ville natale de Jonesboro. Cette compilation se penche donc sur la carrière rockabilly et rock'n'roll de Bobby Lee Trammell, une sélection de singles qui couvre une période allant de 1957 à 1977. Sur ces disques, Bobby Lee Trammell chante, bien sûr, d'une voix qui, si elle n'a rien de vraiment rauque, n'en est pas moins rude, et s'accompagne parfois, mais pas tout le temps, au piano, voire à l'orgue. On note aussi que la majorité des chansons sont de sa propre composition, même s'il lui arrive régulièrement d'effectuer quelques "emprunts", comme le curieux "Toolie frollie" en 1966, croisement entre "Tutti frutti" et "Surfin' bird", et que celles-ci, au fil du temps, sont parus sur treize labels différents, preuve de la difficulté de Bobby Lee Trammell à se poser durablement. Curieusement, le morceau le plus récent, "Jenny Lee" en 1977, est paru sur le label Sun, qui l'avait refusé plus de vingt ans plus tôt. Mais il faut préciser que, en 1977, Sam Phillips n'était plus à la tête du label qu'il avait revendu, quelques années auparavant, à Shelby Singleton. En tête de liste, on trouve bien sûr les deux morceaux les plus célèbres de Bobby Lee Trammell, "Shirley Lee" et "Arkansas twist", une renommée établie seulement dans les années 80 après sa redécouverte européenne, il faut savoir se contenter de ce qu'on a. Au rang des musiciens qu'on retrouve derrière Bobby Lee Trammell, il y a parfois du beau monde, comme les guitaristes James Burton (futur accompagnateur d'Elvis Presley), Joe Maphis (dont le CV ressemble à un Who's Who), Dorsey et Johnny Burnette (Rock'n'roll Tio), Sonny Burgess (pionnier de chez Sun), le bassiste James Kirkland (Ricky Nelson), le saxophoniste Ace Cannon (encore un dont le CV est long comme le bras) ou le groupe vocal les Jordanaires (Elvis Presley notamment). Bobby Lee Trammell avait les moyens de faire une honnête carrière, ce ne fut malheureusement pas le cas, en grande partie par sa faute, ses choix artistiques n'ayant pas toujours été très judicieux, c'est un euphémisme, sans même parler de son attitude vis-à-vis des autres musiciens ou des organisateurs de concerts. À une époque et dans un pays où la concurrence était âpre, on n'attendait pas après lui, alors se saborder lui-même ne risquait pas de lui ouvrir les meilleures portes. On se console aujourd'hui avec cette compilation qui propose la plupart de ses morceaux les plus énergiques, oubliant évidemment sa période country. "Rocks", tel est le titre de cette collection, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
Léo442








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