THE DICTATORS - 5 - HANDSOME DICK MANITOBA INTERVIEW (FIN) - THE UNIVERSE AS TOLD BY HANDSOME DICK MANITOBA

 


Peux-tu me parler un peu de ton podcast ?

 J'ai un podcast en cours, mais j'ai commencé à devenir paresseux. Je ne l'ai pas fait depuis quelques mois parce qu'il y a du nouveau. J'étais fatigué de parler dans un téléphone portable et d'avoir juste des trucs verbaux. Tu vois, je bouge beaucoup, je suis physique (NDLR : l’interview est avec vidéo et il est très gestuel… Il a même cassé sa chaise durant celle-ci). Je désire commencer quelque-chose dans lequel trois personnes, quatre personnes, six personnes ou plus pourraient participer. J'ai un ami qui vient m'aider à mettre en place cette nouvelle entreprise. Tout ce que vous avez à faire est de télécharger le truc. Vous pouvez avoir du direct, vous pouvez avoir de la vidéo ou juste l'audio. Je veux changer le nom et tout recommencer. Je désire que ce soit en direct, drôle, charmant et divertissant et plus grand et meilleur que jamais. L'autre chose que j'essaie de faire, c'est que j'ai l'idée de faire une sorte d'émission de variétés à la Handsome Dick Manitoba Variety Hour. Mais je veux l'appeler "The Universe As Told By Handsome Dick Manitoba". Une très belle image de moi en tant que Dieu est déjà créée !

Le spectacle sera en direct, c'est onze chansons, quelques chansons des Dictators, quelques reprises. Nous allons avoir un groupe avec de la musique. Deux grands chanteurs assis derrière moi qui jouront de la guitare électrique et acoustique, ils sont tous les deux incroyables. Ensuite, je vais raconter des histoires, certaines seront de 5 minutes, d'autres de 15 secondes. Nous aurons un plan, mais je peux m'écarter de ce plan si je le désire. 

Je vais par exemple raconter l'histoire de la fameuse photo de moi attrapant le cul d'une fille, la fameuse photo devant le CBGB's. L'histoire est la suivante : j'ai trouvé un portefeuille sur la Bowery quand c'était mal famé, j'ai rendu au gars le portefeuille avec l'argent qu'il contenait et il a pris cette photo. Je vais raconter la suite de la vie de cette fille jusqu'à ce qu'elle soit condamnée pour meurtre et emprisonnée à vie. Vous avez ce qu'on appelle aux États-Unis la culture de l'annulation. Ils ont décidé d'annuler les mots, vous ne pouvez plus utiliser certains mots. D'accord. Il y a eu une équipe de baseball pendant 100 ans appelée les "Cleveland Indians". Vous ne pouvez plus les appeler Indiens maintenant, on les appelle les Cleveland maintenant. On ne peut plus dire beaucoup de choses. Je vais aussi lire un petit poème que j'ai écrit. Je vais parler de la cocaïne que j'ai prise avec la fille qui jouait le rôle de Wednesday Adams dans la série télévisée de la famille Adams. Il y aura d'autres trucs comme ça. Quoi qu'il en soit, ce qui va rendre la chose encore meilleure, c'est un écran de 2 mètres derrière moi avec un gars avec un projecteur. Et je vais avoir un casque pour raconter les histoires et un micro pour chanter les chansons. Si vous êtes assis dans le public, vous allez regarder ce qui est sur l'écran, ce dont je parle et ce que je chante. Donc c'est comme l'univers selon Handsome Dick Manitoba. J'essaie quelque chose de nouveau. Je quitte ma zone de confort.

Dans les années 70, étiez-vous un ami proche des artistes du CBGB's ?

J'étais très ami avec les Ramones, surtout Joey, mais surtout avec des gars autour des Ramones tel celui qui dessinait tous les T-shirts et était le responsable de la lumière, un gars super intelligent. Je l'aimais à mort. Le reste des Ramones, je les aimais bien, et on s'entendait bien. Marky, je ne l'aimais pas. Je pense que c'était un idiot. Les Dead Boys, la première fois qu'ils sont venus de Cleveland à New York, on jouait dans un endroit appelé le Club 82, à trois pâtés de maisons du CBGB's. On est venu les accueillir à New York et on s'est bien entendus. On a fait une tournée ensemble à Cleveland avec en plus des Dead Boys les Cheap Trick, on s'entendait bien. Et jusqu'à aujourd'hui, je suis toujours en bons termes avec Cheetah, Debbie Harry et Chris Stein. Ce sont toujours de bons amis à moi. Debbie, je l'adore. Chris est un gars super.

Et les Talking Heads ?

Je ne les connaissais pas et ne m'entendais pas avec eux à part avec Chris et Tina.

Comment était la vie à New York dans les années 70 ? 

La ville était très dangereuse… ou pas. Quand on pose cette question à quelqu'un, il faut savoir à qui on la pose. En d'autres termes, si vous demandez à dix personnes différentes de dix milieux économiques et sociaux différents, vous obtiendrez dix réponses différentes. Pour moi, en tant que personne qui aime les drogues et le rock and roll, c'était le paradis parce que vous pouviez faire l'amour et ne pas mourir. Les rues étaient inondées d'héroïne et de cocaïne. Et ce qui était vraiment le mieux, il y avait tout un tas de clubs ouverts pendant la nuit. Je quittais le Bronx à minuit, allais chercher un ami, la voiture de mon père et partais me défoncer. Et puis on restait au CBGB's jusqu'à 3 heures du matin. Puis on descendait au Mud Club pour une heure ou deux. Puis on s'arrêtait et on prenait, un egg cream avec deux bretzels. Un egg cream est une boisson juive de New York. C'est une giclée de sirop de chocolat, un peu de lait et le reste abrite de l'eau gazeuse. Alors on prenait ça, ensuite, on allait dans cinq ou six boîtes de nuit. Et on partait vers onze heures du matin, peut-être douze heures de l'après-midi. Tous les jours, on recommençait et on dirait que les flics s'en foutaient, sauf si un gros délit était commis, "laissez-les se tuer, qui s'en soucie ?"... C'était ce que j'appelais le "Wild Wild West", non pas le "Wild Wild West" mais plutôt le "Wild Wild East". Ce n'est pas une chose pour tout le monde, c'est ce que j'étais et c'est ce que j'ai aimé. Alors pour moi, les années 70, c'était génial.

J'aimerais savoir ce que vous pensez des disques pirates. J'ai acheté un bootleg des Dictators dans un magasin. Je pensais qu'il était officiel, mais il ne l'était pas.

Si j'étais Bruce Springsteen, je pourrais avoir une opinion. On n'a jamais vraiment fait d'argent ces dernières années. On a fait de l'argent avec Ross, en partant avec l'Europe, le plus d'argent et concerts qu'on ait jamais faits. On a joué dans 18 villes d'Espagne en 19 jours et on est rentré avec un paquet d'argent. Quelqu'un a mis ça sur un disque pirate, quelqu'un s'est fait quelques dollars avec ça. Il ne vend pas 50.000 disques. Si ça se vend à quelques centaines ou 1000, je serais choqué. Comment peut-on l'éviter, comment le retrouver en Europe ? Je préfère continuer à vivre ma vie et pas courir après ce genre de types.

J'ai lu que vous n'auriez lu que quatre livres dans votre vie, est-ce une légende ?

Tu peux aller loin dans la vie si tu es intelligent. Laisse les gens penser à moi comme si j'étais juste un idiot qui n'a rien à dire, comme une grande gueule. J'aime me dépeindre comme étant plus bête que je ne le suis. Je suis intelligent à ma façon. Vous êtes allé au Massachusetts Institute of Technology, à Harvard ou à Oxford. C'est un certain type d'intelligence, non ? Je ne suis pas intelligent de cette façon. D'abord, il faut passer par douze ans d'école pour avoir le bac. Vous devez lire des dizaines et des dizaines et des dizaines et des dizaines de livres. J'adore les livres sur la mafia et les Hell's Angels. J'adore tout ça, j'aime lire des livres.

Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions. C'était vraiment un bon moment. 

Merci à vous. J'apprécie vraiment que vous vouliez m'interviewer et que vous vous souciiez assez de moi pour le faire. 

Interview réalisée le 17 avril 2022 (Merci d'avance pour vos commentaires !)

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