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MUSCLE SOULS suite (7) – LA BLUE-EYED SOUL (SOUL EVERYWHERE)

 Promis, je ne vais pas vous reparler ici de Dan Penn, après lui avoir consacré les cinq premiers chapitres de cette série Muscle Souls.

Le néologisme blue-eyed soul a été inventé par Georgie Woods, un DJ d’une radio de Philadelphie, afin de caractériser le style des Righteous Brothers. Le terme est devenu générique pour désigner tous les chanteurs blancs qui passaient sur les stations dédiées au rhythm & blues. Ceux qui sonnaient comme des vrais chanteurs de soul / r’n’b, donc. On parlera ensuite aussi de brown-eyed soul pour qualifier la chicano soul.

C’est donc une sorte d’anomalie au départ, un peu comme Charley Pride, SEULE star black de la country : they let ONE black man to sing country… déclarera Arthur Alexander. Chaque couleur de peau avait sa musique, pas de mélange !

Un artiste blanc (un whitey dirait Chuck Berry) comme Pat Boone fera au départ l’essentiel de son succès en adaptant pour le public blanc des morceaux composés / chantés par des blacks. Little Richard écrira Tutti Frutti en pensant que Pat Boone serait incapable de chanter un truc aussi rapide que a wop bop a loo bop a lop bom bom. Le Pat Baboone – c’est le nom d’une chanson des Monkey Butlers, Give Me The Head Of Pat Baboone - y arrivera en ralentissant le tempo pour en faire un truc variétoche. Les vrais Little Richard blanc seront Gerry Roslie (Sonics) et Mitch Ryder. Beaucoup d’autres s’y essaieront, comme Jim Jones ou, dans le même genre et la même époque, mais en mieux, Eli Paperboy Reed.

Pour en revenir à notre sujet, les Righteous Brothers - soit William Bill Medley et Bobby Hatfield – renverront l’ascenseur au DJ en appelant leur deuxième album Some Blue-Eyed Soul, en 1964, avant d’être pris en charge par Phil Spector pour leurs trois albums suivants, avec le succès que tout le monde connaît : You’ve Lost That Loving Feeling, morceau co-composé par Spector, Unchained Melody, …


Les premiers à initier le public pop à la soul seront les Young Rascals, avec Groovin‘ ou encore How Can I Be Sure. Suivront les Box Tops d’Alex ChiltonTony Joe WhiteEddie Hinton, pour ne nommer que ces trois-là que n’importe qui à l’époque aurait juré entendre un black chanter. Voici un exemple.


Ayant repris Polk Salad Annie, du premier album de Tony Joe White, Elvis Presley est donc aussi un blue-eyed soul singer. D’ailleurs tout devrait être de la soul, c’est-à-dire de la musique écrite avec / et pour l’âme.

Les filles ne sont pas en reste, avec Dusty Springfield – Dusty in Memphis, merveilleux album, Barry St. John, un seul album non moins génial, Lulu ou Chris Clark, qui fut la première artiste blanche (et anglaise) du label Tamla Motown à obtenir un tube, Love’s Gone Bad, 1966. On a aussi parlé de Janis Joplin, Merrilee Rush et Sandy Posey dans les chapitres précédents. Voici ma préférée, Barry St. John.



Grace à Dusty, Barry, Lulu et Chris, l’Angleterre deviendra la terre d’asile de la blue-eyed soul.

Même s’ils ont repris Anna, d’Arthur Alexander – et Spooner Oldham, non crédité, pour la partie musicale (Cf. le bouquin Music And Mystique In Muscle Shoals de Christopher M. Reali, 2022) - même si Paul McCartney a déclaré : si les Beatles voulaient être assimilées à un genre, c'est au r'n'b. C'est ce qu'on écouter, ce qu'on préférait, ce à quoi on voulait ressembler. Des noirs, exactement, comme Arthur Alexander - les Beatles, bien que souvent repris par des artistes soul, ne me semblent pas pouvoir être assimilés à la blue-eyed soul 60’s, contrairement aux Rolling Stones – You Better Move On du même Arthur Alexander, ou aux Who, et encore davantage, Eric Burdon & The Animals, le Spencer Davis Group, les Them de Van Morrison, Steve Marriott, ou bien aussi Tom Jones, Georgie Fame et Joe Cocker.

Post 60’s, de nombreux chanteurs ou groupes blancs (autres que ceux évoqués dans les chapitres précédents) se sont essayés à la blue-eyed soul, plus ou moins le temps d’un album, comme David Bowie ou Elvis Costello, ou plus ou moins durant toute leur carrière, comme Hall & OatesRobert Palmer ou Dan Penn (pas pu m’empêcher).



Quand la blue-eyed soul rejoint la variété… Je vous épargnerais ici les Phil Collins, Simply Red ou George Michael. Les Dexy’s Midnight Runners, pas trop mon truc non plus.

Des années plus récentes, il faut quand même mentionner Amy Winehouse et Adele. Non, là je déconne, il est temps d’arrêter ce petit article foutraque.

Vive la soul.

Patrick Bainée

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