« Ils ne m’ont jamais pris pour des poires » ou la fabuleuse histoire des WILLIAM PEARS
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Promo 1998 |
Quand j’ai accepté de participer à ce magnifique, ……...(remplir la case avec votre superlatif) blog « Les Monstres Sacrés », j’avais déjà en tête de consacrer un article au long cours à un quatuor de Pop frenchy resté ancré dans ma mémoire : les WILLIAM PEARS.
Comme souvent, ce groupe est lié à mon émission radio (Pop Dreams tous les vendredi de 20h à 21h30 sur Radio DIO 89.5 fm/www,radiodio,org/depuis 1991 on the air !!!)
1993 : Pop Dreams est déjà bien installée sur les ondes mais toujours à la recherche de nouveaux groupes/artistes. Il faut bien l’admettre, je diffuse très largement des talents outre-Manche et outre-Atlantique et peu ou pas assez de mes congénères hexagonaux. Est-ce de la méfiance ? Un problème culturel ? Certainement les deux mon capitaine !!!! En fait, enfant des sixties, adolescent des seventies, j’ai vécu le grand désert musical français : j’avais croisé quelques Ronnie Bird, Variations, Triangle et plus tard bien sur les Dogs, Ich Libido, Kid Pharaon, Thugs, Cry Babies, Married Monk, Angil & the Hiddentracks, Mister Moonlight et quelques autres.
Et arrive sur ma platine un joli digipack 5 titres avec comme premier titre « les assureurs », mon métier de l’époque !!!! Le ravissement fut immédiat : à l’instar de toutes les poires multicolores de la pochette, la musique était à l’unisson, pleine de couleurs, de guitares carillonnantes (Rickenbakerrrrrr!!!), de mélodies chatoyantes. Emballé j’étais, et n’avais qu’une envie : en savoir plus sur les quatre protagonistes qui posaient sur la pochette intérieure. Ce fut fait lors de leur visite au studio de Dio et à celle, impromptue, du magasin quatre lettres avec un concert improvisé dans les allées dudit magasin !!!
Pour le reste, il faut maintenant lire l’interview croisée qui suit et vous inciter à dénicher leur (trop) petite discographie. Dernière anecdote : où l’on évoque dans les question la possibilité de réaliser ce troisième album jamais sorti. Eh ! Mais ça va être le cas !!!!!!!! cette interview y est pour quelque chose ? Je ne veux pas le savoir mais je vais y croire…..
Grand merci à Eric, Marc, Pierre-Gildas, Thierry : les amis vous serez toujours dans mon arbre généalogique musical préféré !!!
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1993 |
- Pierre-Gildas PEROT (guitare,choeur,clavier) : Nous avons commencé avec Eric effectivement en 1992 (ou fin 1991 ? – à confirmer-). Auparavant (1990), j’avais rencontré Thierry et Marc par l’intermédiaire d’un ami commun, stagiaire dans l’entreprise où je travaillais au début de ma carrière. Nous avions engagé une conversation sur nos goûts musicaux à la cantine et rapidement nous avions évoqué des références anglaises (XTC, Jam, Costello …). Il m’avait dit je vais te présenter à des amis « popistes » (expression que je découvrais) … Et je me souviens avoir donc rencontré Thierry et Marc un soir rue Vaneau à Paris où un autre ami popiste nous avait reçu. Ce soir là ils m’ont fait découvrir les Left Banke (que je ne connaissais pas …) : quel choc de découvrir de tels albums où tous les titres sont des mélodies du niveau d’« Eleanor Rigby » ! A la suite, nous avons commencé à discuter de la formation d’un groupe, car nous avions tous eu des expériences de groupes lors de nos années étudiantes, mais en souhaitant faire cette fois de la musique orientée délibérément et résolument pop, de manière un peu « maximaliste ». A nos débuts (1991), nous n’avions pas de batteur et les rythmiques reposaient sur une boîte à rythmes. Nous avons fait des auditions pour un batteur, sans trouver une personne en cohérence avec notre ligne musicale. Puis Marc a eu un contact avec un guitariste (qui par la suite devint le premier guitariste d’Autour de Lucie) qui avait un ami batteur, Eric, et la qualité de son jeu fut immédiatement une évidence pour nous.
- Eric PHELIPPEAU (drums) : La première rencontre fut celle de Thierry et Marc. Ils se sont rencontrés dans le Sud-Ouest, leur région d'origine, alors qu'ils faisaient leurs études à Bordeaux. Thierry avait joué dans différents groupes, dont « Les Soul Clichés », tandis que Marc, avant de passer à la basse pour les Wp, était principalement guitariste. Après avoir terminé leurs études, ils montent à Paris.
(ndlr : je n'ai pas la date exacte)
En 1992, toujours à Paris, ils rencontrent Pierre Gildas, un Rennais passionné
de pop comme eux. Très vite, ils partagent leurs compositions, et c'est un véritable coup de foudre musical. Avec une boîte à rythmes en main, ils décident ensemble
de lancer le groupe.
Les William Pears sont alors officiellement formés !
du 19e arrondissement de Paris !
C'est l'époque des cassettes audio... Ils enregistrent leurs premières maquettes
et prennent contact avec des maisons de disques.
Le hasard faisant bien les choses, Olivier Durand, à l'époque responsable du service de presse chez Barclay, tombe sur leurs démos. Séduit, il contacte les Wp,
non pas pour leur proposer un contrat, mais pour leur offrir ses services en tant
que guitariste.
Thierry ou Marc, je ne sais plus exactement, échange avec Olivier par téléphone.
Il y a de la pop dans l'air, mais malheureusement pour Olivier, les Wp ne recherchent pas un guitariste mais un batteur, et plus spécifiquement, un batteur de pop.
Olivier répond aussitôt : « Ne cherchez plus, j'ai le batteur qu'il vous faut ! ».
Il transmet alors mes coordonnées aux Wp.
Pour la petite histoire, j'avais rencontré Olivier dix ans auparavant, alors que je jouais avec un groupe pop parisien, « Les Bramentombes ». Olivier et son groupe partageaient souvent la scène avec nous à l'époque, lors de tremplins et de concerts.
Lorsque « Les Bramentombes » se sont arrêtés prématurément en 1988, Olivier et moi avons monté, pour une courte période, une formation pop appelée « 106 Marches » (ndlr : en référence aux 106 marches pour accéder aux Studios Luna Rosa, dans le 13e arrondissement).
Dès la première répétition, la connexion pop entre nous était indéniable, et l'alchimie des Wp à quatre s'est solidifiée.
- Marc Pontet (basse, backing vocals) : Avec Thierry, nous nous connaissons depuis le début des années 80. Thierry avait un groupe à Bayonne, les Soul Clichés (le bassiste était le frère de sa copine et j’étais en classe avec sa sœur) dont j’étais fan. J’ai été inclus dans le groupe après une fête mémorable chez le batteur où j’avais joué avec eux sur quelques morceaux.
Le groupe s’est dissous, Thierry travaillant d’abord dans le Nord puis à Paris alors que le bassiste était resté à Bordeaux.
Après mon service militaire, j’ai rejoint Paris avec la ferme intention de poursuivre l’aventure musicale avec Thierry. Nous avions un bon copain qui venait faire des fêtes avec nous sur la Côte Basque et qui nous dit un jour qu’il avait fait la connaissance à la cantine de l’entreprise dans laquelle il travaillait « d’un popiste qui a une Rickenbacker 12 cordes et qui aime XTC, les Byrds et les Beach Boys ».
Nous avons demandé à faire connaissance du collègue au plus vite ! Et c’est ainsi que Pierre-Gildas nous a rejoint. Nous avons fait une première maquette en 2 jours à l’été 91 avec une boîte à rythme dans un studio où Thierry avait déjà enregistré.
La boîte à rythme était une vraie limite et nous avons été mis en contact quelques mois plus tard par l’intermédiaire d’Olivier Durand (le premier guitariste d’Autour de Lucie) avec un batteur qui « aimait les Pale Fountains ». Avec Eric, nous avons trouvé le batteur qu’il nous fallait.
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1998 |
- Thierry Dubois (chant, guitare) : Marc et moi nous connaissions depuis quelques années, on avait joué dans un groupe mod sur Bayonne, les Soul Clichés. Nous nous sommes retrouvés à travailler tous les deux à Paris, et un ami nous a parlé de Pierre Gildas, insistant sur le fait qu'il aimait la pop et possédait une Rickenbaker 12 cordes. Nous avons aussitôt voulu le rencontrer. Nous avons fait quelques concerts à trois avec une boîte à rythme, nous nous appelions les Acid Popes. Nous avons rencontré Eric environ un an après par le biais d'Olivier Durand, le premier guitariste d'Autour de Lucie.
GG :William Pears, why not mais peut-on en savoir un peu plus sur le choix du nom ?
- PGP : Au début, Thierry avait proposé un nom « Acid Popes », par référence à la pop psychédélique de 1967. Puis nous avons cherché un nom moins connoté. Lors d’une soirée, nous faisions du « brain storming » pour trouver un nom. Nous étions sur des noms très délirants et notre ami popiste de la Rue Vaneau a commencé à suggérer sur le ton de la plaisanterie « Pourquoi pas William et ses poires ? », que nous avons alors transformé en « William’s pears », puis « William pears ». Sans prétention, nous aimions bien cette version anglaise des poires william, avec peut-être une allusion Apple/Pears … et aussi à l’album d’XTC « Orange and Lemons ». Nous avons appris ultérieurement que William Pears était le nom du plus grand groupe immobilier anglais …
EP : Je n'étais pas encore présent lors de la genèse du nom du groupe. En tout cas, si mes sources sont fiables, le trio d'origine des Wp se trouvait dans une soirée bien arrosée quand une question s'est posée à l'assemblée : « Comment allez-vous appeler votre trio ? »... Je passe les détails, la soirée fut longue, et l'un des convives, probablement plus alcoolisé que les autres, lança : « William et les slips merdeux ! ».
William était en piste, ou plutôt la Poire William... C'est ainsi que les William Pears sont nés.
MP : Cela reste obscur mais je me souviens que nous brainstormions sur des noms que la morale ne m’autorise pas à révéler puis nous sommes tombés sur les Poires William. En français, ça ne sonnait pas terrible, mais une fois anglicisé ça sonnait très british et on l’a adopté.
- TD : Nous cherchions un nouveau nom pour remplacer "Acid Popes". Lors d'une discussion dans un bar avec des amis, nous cherchions des noms possibles, sur le mode de la rigolade. J'ai suggéré "William et ses Poires", puis j'ai oublié. Et quelques temps après, j'ai découvert qu'un ami (Yves Coll) avait rebaptisé sa cassette de démos des Acid Popes "William Pears".J' ai trouvé ça bien, ça rappelait William Shakespeare.
GG : Quel est votre premier disque acheté ? à l'époque de la création du groupe qu'écoutiez-vous ?
- PGP : Il m’est difficile de me rappeler du premier disque acheté en tant que tel car quand j’étais adolescent découvrant la pop et le rock, j’achetais des cassettes et pas de disques vinyles. Je me souviens toutefois des premiers albums des Beatles que j’avais acheté (« Help », « Revolver » …). A l’époque de la création des William pears, j’écoutais notamment XTC, beaucoup les Beach Boys (que j’ai redécouverts à cette période) ou encore des groupes de power pop US (Sneetches, Posies …) et de pop UK (Teenage Fanclub, Martin Newell).
EP : Après avoir dévoré les cassettes des Beatles de mon défunt grand frère (RIP Jean-Paul), mon tout premier album a été une compilation de Bill Haley and the Comets.
MP : Je me souviens avoir acheté deux disques des Beatles le même jour dans une boutique de réparation de télés, à Hossegor : Beatles For Sale et les Beatles à l’Hollywood Bowl. On m’avait offert quelques années plus tôt Let it Be (je devais avoir 8 ou 9 ans) mais je ne l’avais pas écouté immédiatement. Le jour où je l’ai mis sur la platine, je n’ai plus jamais décroché et j’ai voulu tout connaître des Beatles.
A l’époque de la création du groupe, j’écoutais … la même chose qu’aujourd’hui : la pop anglaise ou américaine des années 60 / début des années 70, les groupes anglais de la période fin 70 / début 80, du Tamla Motown. Au début des année 90, il y avait quelques groupes qui perçaient avant l’arrivée de la BritPop : les La’s, les Stone Roses. On avait vu les Sneetches au festival des Inrockupibles (un grand moment), Robyn Hitchcock au Pigall’s. Ce sont les souvenirs que j’ai gardé de l’année 91, au moment où le groupe s’est formé.
- TD : Mon premier disque acheté est Revolver, j'avais 13 ans. A l'époque de la création du groupe je ne m'intéressais pas beaucoup à la scène rock contemporaine (fin 80s début 90s), à part XTC. J'écoutais plutôt de la pop des années 60 à tendance psyché (que j'appelais "acid pop").
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1998 |
- PGP : Notre premier concert à trois (avec une boite à rythmes) fut un concert dans le cadre d’une manifestation pour la défense du square Villemin à Paris -qui était menacé par une opération immobilière- où nous avions été invités, cela devait être au printemps 1991. Par la suite, lorsque Eric est arrivé et que nous avons signé au Village Vert, notre premier vrai concert a eu lieu le 15 octobre 1992 à l’Européen à Paris, avec les groupes Chelsea et Autour de Lucie. C’était un peu la soirée de lancement du Village Vert.
- EP : Dès la sortie de notre EP From A Chocolate Box, les concerts se sont enchaînés ! Mais si ma mémoire est bonne, le premier devait être à La Danceteria (label indé et magasin de disques) à Paris.
MP : Le premier vrai concert, c’est à l’Européen avec Autour de Lucie et Chelsea. On s’était acheté des costumes de travailleurs chinois dans une boutique du 13ème … Avant, cela, on avait fait un set acoustique à la Danceteria, une boutique de disque en vogue à Paris.
- TD : Je crois que notre premier concert avec Eric a eu lieu à la Danceteria, un magasin de disques à Bastille.
GG : Comment s'est passé la signature avec le Village Vert ? (facile/soulagement/à défaut)
- PGP : Nous lisions les Inrockuptibles et, à la suite de la lecture d’une chronique où il avait multiplié les références pop, nous avions envoyé à Christophe Conte notre première démo début 1992. Celuici séduit par nos morceaux nous avait contacté aussitôt et nous l’avions rencontré début 1992 (le 26 février 1992, dans un bar de la rue Bonaparte -à confirmer-). Il avait reçu également une démo d’Autour de Lucie et, avec le manager d’Autour de Lucie, Frédéric Monvoisin, ils ont décidé de fonder un nouveau label indépendant, le Village Vert (avec une référence à l’album des Kinks de 1967). Nous avons été agréablement surpris car le Village Vert a disposé rapidement et facilement d’un contrat avec Sony Music/Colombia dans le cadre d’un contrat de licence, ce qui nous a permis de disposer d’une perspective sérieuse de budget pour l’enregistrement de notre album. C’était donc au départ une configuration très favorable, un label indépendant orienté pop avec les moyens d’un grand label en support.
- EP : Notre signature avec Le Village Vert a été très facile. Christophe Conte,
à l'époque journaliste aux Inrockuptibles, avait repéré nos démos. Comme il lançait Le Village Vert avec Frédéric Monvoisin, signer les Wp était « une évidence ».
Nous avons accepté, et très rapidement, nous nous sommes dirigés vers le studio d'enregistrement de la Madeleine pour fixer nos premiers titres.
- MP : Après avoir enregistré une maquette à l’été 91, nous l’avons envoyée aux Inrocks à Christophe Conte parce que c’était celui qui faisait les chroniques avec lesquelles on se sentait complètement en phase. Je crois qu’on l’avait aussi envoyée à Emmanuel Tellier.
Nous y avions joint un questionnaire de Proust rempli par chacun d’entre nous (sauf Eric qui n’était pas encore là). Les Inrocks avaient mentionné qu’ils avaient reçu une cassette d’un groupe pop français et que c’était un coup de cœur.
Un jour, j’ai reçu un appel au boulot, c’était Christophe qui proposait de nous rencontrer. Nous nous sommes retrouvés dans un bistrot de la rue Dauphine où nous avions nos habitudes. Il est venu nous voir répéter en acoustique puis en électrique et il a vu qu’on avait des morceaux en réserve. Au bout de quelques mois, il nous a dit qu’il allait créer un label avec un de ses potes, Fred Monvoisin, et que nous serions parmi les deux premiers artistes signés (avec Autour de Lucie).
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Cavern, Liverpool 2005 |
- TD : Marc, PGP et moi avions donc enregistré quelques maquettes sous le nom d'Acid Popes. Nous les avons envoyées aux Inrocks à l'intention de Christophe Conte - que nous ne connaissions pas, mais nous avions lu sa chronique d'un album des Sneetches et il nous semblait être un type de très bon goût! Il a aimé ce que l'on faisait et nous a rappelé. Dans un premier temps il a cherché à nous placer chez des labels qu'il connaissait, mais ça ne marchait pas. Jusqu'à ce qu'il décide avec Fred Monvoisin de créer le Village Vert. Donc globalement ça a été plutôt facile.
GG : Pourquoi simplement un mini album (1993) plutôt qu'un album entier ?
- PGP : Fin 1992, à l’instigation du Village Vert, nous avions enregistré plusieurs titres en studio 24 pistes (Studio de la Madeleine à Paris) et le Village Vert a décidé dans la foulée de sortir rapidement un EP, sans attendre l’album. L’accueil de cet EP a été très favorable (single du mois dans « Best » par exemple), ce qui a motivé Sony Music/ Columbia à engager le budget pour notre album.
- EP : Ce mini-album, un EP pour nos amis anglais (très tendance à l'époque),
était un beau teaser pour l'album. Cela permettait également d'aller vite et de tester, en grandeur nature, l'accueil de la presse et, par la même occasion, celui du public.
L'album, quant à lui, était déjà sur les rails.
- MP : Au moment où nous sommes rentrés en studio (c’était à Noël 1992), nous étions un peu short pour un album complet mais le Village Vert pensait qu’il ne fallait pas attendre parce qu’ils avaient un contrat de distribution avec Sony Columbia. D’où ce format de EP, que nous trouvions class !
- TD : Je ne sais plus, le Village Vert était distribué par Columbia qui peut-être voulait commencer par un EP et voir ce que ça donnait... Et nous n'avions peut-être pas suffisamment de morceaux à l'époque.
GG : Les concerts étaient-ils déjà d'actualité à l'époque de sa sortie ?
- PGP : En 1993, dans la foulée du bon accueil de notre EP, nous avons effectué plusieurs concerts (Rex Club à Paris, Lille, Toulouse, Nancy …) et des premières parties. « Si oui quelle était la set list (compte tenu du nombre de morceaux du mini) ? » Les morceaux de l’album étant, pour l’essentiel, déjà prêts, nous pouvions faire des concerts avec une bonne dizaine de morceaux. Nous faisions également quelques reprises (« Substitute » des Who, « Indication » des Zombies ou « Girl don’t tell me » des Beach Boys par exemple). Pour mémoire, j’ai retrouvé des setlists non datées qui sont sans doute de nos concerts de 1993 et deux de 1994 et 1995.
- EP : Oui, dès que l'EP a été mis dans les bacs, nous avons commencé les concerts, d'abord à Paris, puis avec des dates en région.
- MP : A partir de 1993, nous avons commencé à faire plus de concerts. Nous alternions « show cases » acoustiques et « vrais » concerts. Mais nous n’étions pas professionnels, nous avions chacun un boulot qui nous prenait du temps. Nous n’avions pas de tourneur, nous nous occupions de l’organisation des concerts, sauf exceptions.
Donc, il fallait combiner la musique, une activité professionnelle et la vie perso. C’était un rythme intense. Il nous arrivait de prendre une demi-journée de congés pour un concert : on partait en début d’après-midi, on jouait puis on rentrait dans la nuit avec déchargement du matériel puis retour de la camionnette de location à 4 heures du mat et le lendemain matin, au boulot !
- TD : Nous avons vraiment commencé à donner des concerts à partir de la sortie de « From a Chocolate Box ».
GG : Si oui quelle était la set list (compte tenu du nombre de morceaux du mini) ?
- PGP : Les morceaux de l’album étant, pour l’essentiel, déjà prêts, nous pouvions faire des concerts avec une bonne dizaine de morceaux. Nous faisions également quelques reprises (« Substitute » des Who, « Indication » des Zombies ou « Girl don’t tell me » des Beach Boys par exemple). Pour mémoire, j’ai retrouvé des setlists non datées qui sont sans doute de nos concerts de 1993 et deux de 1994 et 1995 que je joins.
- EP : Je n'ai plus la setlist en tête, mais il y avait les titres de l'EP ainsi que certains morceaux du futur album. C'était une belle occasion de les tester et de les rôder
sur scène.
- MP : Nous avions les morceaux du EP, ceux de la première maquette que nous n’avions pas retenus et plusieurs morceaux du futur album. S’y ajoutaient des reprises : selon les époques, Substitute, Indication des Zombies, Girl don’t tell me, If I fell …
- TD : Pierre Gildas et moi avons commencé à écrire pas mal de nouveau morceaux, donc la set liste devait être constituée de certains des titres d'Elephant in China Shop, et de quelques reprises comme Transparent Day, Girl Don't Tell Me.
GG : Concerts mémorables ? premières parties historiques ?
- PGP :Concernant les concerts, je me souviens d’ambiances enthousiasmantes où l’accueil du public était très favorable. Ainsi, par exemple à Paris au « Rex club » (15 octobre 1993), à Nancy (3 décembre 1993) ou encore à Saint-Lo (5 février 1994). 3 Quelques premières parties marquantes : World Party à la Cigale (9 octobre 1993), Cranberries au New Morning (19 octobre 1994), Boo Radleys à Nancy (18 mars 1995), Martin Newell (19 février 1996 à Paris), Marc Almond au Café de la Danse (05 décembre 1999)
- EP : Le Rex Club, l’Européen, puis des concerts en région avec la sortie de l’album avec des showcases FNAC, des interviews radio et des concerts : Saint Lô, Reims, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Montpelier, Nantes, Rennes, Strasbourg, Nancy, Grenoble, Roanne, Clermont-Ferrand, sans oublier un stop incontournable et inoubliable à Saint-Etienne (ndlr : Merci Gérard et Radio Dio !).
Par la suite, nous aurons l’incroyable plaisir de jouer pour le festival Poptopia de Los Angeles puis le Festival International Pop Overthrow à Los Angles également et à Liverpool dans le Club mythique « La Caverne ».
Côté premières parties, The Cranberries au New Morning, Worl Party à La Cigale, The Boo Radleys à Strasbourg, Marc Almond au Café de la danse ou encore Martin Newell à Paris.
- MP : Nous avons fait des premières parties avec World Party à la Cigale, les Boo Radleys à Nancy, les Cranberries au New Morning … mais sans avoir le temps d’échanger avec ces groupes qui étaient assez distants quand même. Une exception : un concert avec Martin Newell à l’Opus Café.
Les concerts qui m’ont marqué étaient souvent dans de petits clubs, avec d’autres groupes français : un mini-festival à Sant-Lô, un concert à Nancy au Caveau des Dominicains (avec Autour de Lucie), un concert à l’Ubu avec les Little Rabbits.
- TD : Je me souviens d'un concert à Nancy avec Moose et les Boo Radleys, j'étais assez fier que notre nom soit aussi gros qu'eux sur l'affiche!. J'ai de bons souvenirs des concerts à Saint Lo, avec un public très enthousiaste. La première partie des Cranberries (pas sympas) au New Morning, celle de World Party (pas sympas non plus) à la Cigale, celle de Martin Newell (sympa) à l'Opus café. Nos deux concerts à l'Européen étaient bien, l'un au tout début de l'histoire du groupe, l'autre vers la fin. Et bien sûr les concerts à Los Angeles, où nous avons rencontré Emitt Rhodes, et les concerts à la Cavern à Liverpool.
GG : Elephant in china shop" sort en 1994 : aboutissement ? répercussions ?
- PGP : Lors de sa sortie en 1994, si l’accueil d’« Elephant in china shop » a été plutôt globalement favorable, mon impression est que l’effet de surprise (effet « whaou ») manifesté à la sortie de « From a chocolate box » ne s’est pas reproduit. Les ventes n’ont in fine pas été à la hauteur des attentes du Village Vert et de Sony Music/ Columbia, ce qui a limité nos possibilités de développement ultérieurs.
- EP : L'aboutissement de deux ans de travail, évidemment, et une étape importante pour tout groupe : le premier album !
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promo photo WP Bagnolet |
L'accueil de l'album, tout comme celui de l'EP un an avant, fut salué par la presse comme un classique !
En revanche, les ventes n'ont pas décollé... et cela a entraîné de nombreuses questions sur la promotion par notre label, qui sortait au même moment l'album d'Autour de Lucie, avec qui nous avions partagé de nombreuses scènes.
En tout cas, l'idée pour les Wp n'était pas de s'arrêter là. D'autres titres étaient déjà en gestation.
- MP : Pour nous, c’était une fierté de sortir un album sur lequel nous avions pu faire appel à des musiciens pour des cordes ou des cuivres. L’ambiance avec l’ingénieur du son (Jean Labbé) avait été excellente. C’était l’aboutissement de notre travail d’artisan. Les critiques étaient bonnes, on pouvait faire des concerts, c’était notre meilleure période. Nous étions lucides sur le fait que nous n’avions aucune chance de vivre de la musique mais nous avons vécu des années exceptionnelles où nous pouvions tout mener de front.
- TD : On voulait faire notre Sgt Peppers, car on n'était pas sûrs de pouvoir refaire un jour un album! D'où les petits bruitages entre certains morceaux. C'était un grand plaisir d'enregistrer en studio, mon rêve devenu réalité! Les critiques ont été bonnes et assez nombreuses, mais nous n'avons pas vraiment pu capitaliser là-dessus, nous n'avions pas de tourneur, ni même de manager. Pas beaucoup de promotion, donc.
GG : Vos titres sont signés WP : peut-on connaitre le processus de création (qui fait quoi : Thierry toutes les paroles ?)
- PGP : Thierry et moi apportions les idées musicales. J’avais l’habitude de faire des petites démos sur un 4 pistes à cassettes (8 pistes ensuite) pour préparer des ébauches de morceaux, puis nous travaillions collectivement la structure et les arrangements des morceaux. Effectivement, et sauf quelques exceptions, Thierry écrivait les paroles.
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Liverpool 2005 |
- EP : Les titres sont composés par Thierry et/ou Pierre-Gildas, les paroles sont, quant à elles, écrites par Thierry. Ensuite, nous travaillons les morceaux en répétition pour finaliser les structures, puis les arrangements finaux arrivent lors
des enregistrements studio.
- MP : Thierry et Pierre-Gildas se partageaient les compos. Chacun avec son style : Pierre-Gildas avec des influences plus américaines – power pop, Byrds, Beach Boys ; Thierry plus britannique. Thierry étant prof d’anglais, il gérait les paroles.
- TD : Je faisais toutes les paroles, et pour les mélodies la moitié environ étaient de Pierre Gildas. Après, Marc trouvait seul sa partie de basse, et idem pour Eric. Donc nous signions WP.
GG : Déçu par l'an 2000" sort en 1999 : Du Village Vert on passe à XIII bis : petite explication de texte ?
- PGP : Nous avons commencé à enregistrer notre deuxième album en juillet 1996 dans un studio de la région de Bordeaux (« Le Chalet »). Puis l’aboutissement a tardé. Le Village Vert a beaucoup insisté pour que nous chantions en français, ce qui nous a retardé. A tort ou à raison, nous avons alors pensé que le Village Vert ne comptait plus trop sur nous. Nous avons donc décidé de les quitter. « Avec le recul, ce changement a-t-il été : bénéfique ? utile ? indispensable ? néfaste ? » Avec le recul, c’était une décision inéluctable car nous n’avions plus trop de perspectives à court terme avec eux pour finir notre deuxième album. Mais en quittant le Village Vert nous avons perdu de facto le soutien de Sony Music/Columbia, ce qui a forcément limité les moyens. Toutefois, XIII Bis Records nous a permis de terminer « Déçu par l’an 2000 » (avec l’aide aussi du Studio Garage à Paris) et nous avons également signé avec eux un contrat d’édition, ce qui nous a permis d’acquérir un studio digital d’enregistrement et de gagner en autonomie. « - Comment est reçu ce deuxième album ? » Il faut reconnaître que l’accueil en France n’a pas été complètement positif (cf. une chronique assez acide dans « Magic »). Peut-être que nous aurions dû continuer à faire des chansons en anglais et rester fidèle à notre ligne anglophone de pop classique.
- EP : L'histoire est très simple : nous n'étions plus une priorité pour Le Village Vert.
La prochaine étape aurait très certainement été « le placard » ! Ajoutez à cela des désaccords majeurs avec Frédéric, quitter Le Village Vert s’imposait.
Le moment était donc venu pour nous de changer d'environnement. La recherche d'un label n'étant pas simple, nous avons trouvé un éditeur, XIII Bis Music, puis avons décidé de produire nous-mêmes notre deuxième album en co-production
avec le Studio Garage.
- MP : Nous avons enregistré cet album à l’été 1996 au studio le Chalet près de Bordeaux. Une dizaine de jours à la campagne, à se focaliser sur la musique 24/24. Cela ne nous était jamais arrivé auparavant. Il s’était écoulé plus de 2 ans depuis les enregistrements précédents, non pas que nous n’ayons pas de morceaux, mais il avait fallu faire des morceaux en français. C’était l’époque de la loi Toubon, les quotas et pour avoir un peu de budget, il fallait ce changement. Un choix funeste ! Qui nous a fait perdre du temps et de la spontanéité.
Nous aurions mieux fait de continuer notre travail d’artisan, avec des morceaux en anglais, quitte à avoir moins de support.
Bref, quand l’album a été enregistré, il n’y avait pas de date précise pour la sortie et nous ne sentions pas une forte motivation de Fred Monvoisin qui dirigeait le Village Vert. Au bout d’un moment, nous avons souhaité reprendre notre liberté et nous avons eu une proposition de XIII bis. Mais en réalité, la magie avait disparu et nous étions un peu embarrassés avec ces morceaux en français.
- TD : A l'été 1996 nous avons enregistré à Bordeaux quasiment tous les titres d'un nouvel album. Mais après cela, il ne s'est plus passé grand chose. J'avais l'impression que le Village Vert se désintéressait de nous. Finalement nous leur avons racheté les bandes et nous avons cherché un nouveau label. Je crois que nous avons trouvé XIII Bis grâce à Eric.
GG : Avec le recul, ce changement a-t-il été : bénéfique ? utile ? indispensable ? néfaste ?
- PGP : Avec le recul, c’était une décision inéluctable car nous n’avions plus trop de perspectives à court terme avec eux pour finir notre deuxième album. Mais en quittant le Village Vert nous avons perdu de facto le soutien de Sony Music/Columbia, ce qui a forcément limité les moyens. Toutefois, XIII Bis Records nous a permis de terminer « Déçu par l’an 2000 » (avec l’aide aussi du Studio Garage à Paris) et nous avons également signé avec eux un contrat d’édition, ce qui nous a permis d’acquérir un studio digital d’enregistrement et de gagner en autonomie.
- EP : Aucun de ces quatre points, ou alors les quatre… Ce changement était
une évidence : nos divergences avec Le Village Vert rendaient celui-ci inévitable. Bénéfique pour poursuivre notre route, utile pour produire les nouveaux titres, indispensable pour rester en vie, néfaste car, en quittant Le Village Vert, nous perdions également la distribution via Sony Music.
- MP : Ce changement s’est avéré inutile et la dynamique était brisée. La pop avait eu le vent en poupe (ou disons pour être plus précis, une petite brise) en France pendant 2 ou 3 ans (en même temps que la BritPop) et ce que nous faisions ne suscitait plus de réel intérêt. Nous aurions mieux fait de continuer nos morceaux en anglais, de les sortir vite et de tracer notre sillon.
- TD : J'aurais préféré de loin continuer avec le Village Vert, car c'étaient des amis, mais ça semblait difficile. XIII Bis nous a quand même fait une avance en nous payant du matériel d'enregistrement, et un peu plus tard ils m'ont permis de réenregistrer tous les vocaux en anglais.
- PGP : Il faut reconnaître que l’accueil en France n’a pas été complètement positif (cf. une chronique assez acide dans « Magic »). Peut-être que nous aurions dû continuer à faire des chansons en anglais et rester fidèle à notre ligne anglophone de pop classique.
- EP : Nous avons reçu de belles critiques, certaines exprimant une réelle attente
pour la suite de nos aventures musicales. Mais ce deuxième album en français
n’a pas fait l’unanimité ! Autre problème pour sa sortie, la distribution et la promotion n’ont pas été au rendez-vous.
- MP : Pas très bien : les revues qui nous avaient soutenus nous ont délaissés (les Inrocks), voire chroniqués négativement (Magic). C’était la fin.
- TD : Il est passé inaperçu. Nous avons eu très peu de chroniques. Les Inrocks n'en ont pas parlé, Magic a descendu l'album. Je comprends maintenant que c'était une mauvaise idée de suivre le conseil du Village Vert de chanter en français! Cela ne gênait pas les Américains, paradoxalement. A cette époque j'ai rencontré la rock critique Dawn Eden qui avait adoré l'album et écrit une très belle chronique.
GG - Dans votre histoire un troisième label intervient : Permanent Press Records, label indé américain : les William Pears à l'international ? consécration ou aimable parenthèse ?
PGP : Je ne me souviens plus des circonstances qui nous ont permis de rentrer en contact avec Ray Paul, le fondateur à Los Angeles de Permanent Press Records, mais il était très enthousiaste de nos premiers enregistrements. Il a donc sorti en 1998 une compilation regroupant notre EP « From a chocolate box » et « Elephant in China Shop » en un seul album, qui a reçu un très bon écho dans le réseau « power pop » américain. Nous sommes allés jouer deux fois à Los Angeles (avec une chronique dans le « Los Angeles Time ») dans les festivals « poptopia » et « international pop 4 overthrow » (février 1998 et 22 août 1998) et, par la suite David Bash, fondateur et gestionnaire de ce festival nous a invité à Liverpool en 2003 et en 2005. Nous avons donc eu l’honneur de jouer dans la Cavern des Beatles (reconstituée à Liverpool). Par la suite, Permanent Press a également sorti la version anglaise de « Déçu par l’an 2000 », en 2001 (sous le titre « Big Bang »), sans que cela ne relance notre carrière aux Etats-Unis, ni conforte le label (qui a ensuite fait faillite). 13/ « Un troisième album existe : pourquoi n'est-il jamais sorti ? » Comme je l’ai évoqué ci-dessus, XIII Bis records nous a permis d’acquérir un home studio digital de bonne qualité (16 pistes). Nous avons donc enregistré des morceaux vers 1999/2000. Nous avons appelé ce projet « WP3 », et avons enregistré 15 morceaux, de quoi faire effectivement un album complet. Ces enregistrements sont « auto-produits » (en particulier le mixage pourrait être amélioré) et n’ont pas intéressé un label. Pourtant il y a quelques bons morceaux et nous souhaitions le sortir (et peut être qu’il sera commercialisé un jour … ?).
- EP : Notre histoire aux États-Unis a en fait commencé en 1998 avec la sortie de notre premier album sous le label Permanent Press, album tout simplement intitulé « William Pears ». La version américaine de notre deuxième album, avec les versions anglaises de nos titres, est sortie en 2001, avec un changement complet de la pochette et sous le titre « Big Bang ». Cette période a été une belle parenthèse… Le rêve américain ! Concerts à Los Angeles, interviews radio, séances photos,
sortie de nos deux albums, et de nombreux passages à la radio. Un moment particulièrement émouvant fut lorsque notre producteur local nous a annoncé que deux de nos titres étaient présélectionnés pour la bande originale d’Austin Powers 2. Comme pour le premier film, la production souhaitait mettre en avant des groupes à découvrir… Mais très vite, les major company ont imposé leurs propres artistes,
et le rêve international s’est envolé ! Nos disques ont tout de même voyagé, nous les avons retrouvés quelques années plus tard à Tokyo sous le label Permanent Press. Côtés droits d’auteurs, en revanche, nous les cherchons encore…
La Sacem n’a jamais retrouvé la source.
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La Cigale (1re partie de World Party) |
- MP : Compte tenu de nos déconvenues en France, j’avais pris contact avec des labels étrangers (Etats-Unis, Espagne, Japon) et un jour j’ai reçu un message de David Bash, l’organisateur du festival Poptopia devenu quelques mois plus tard International Pop Overthrow.
A l’époque, il faut se souvenir que c’était le début d’Internet. J’ai commencé à contacter ces gars en leur envoyant un courrier puis pour certains un e-mail et dans le meilleur des cas, nous convenions d’un contact téléphonique !
J’avais eu un call avec David qui nous avait invité à son festival à Los Angeles, en nous disant qu’il nous présenterait Ray Paul Klimek, un bon ami d’Emmitt Rhodes, qui venait de fonder un label et qui était intéressé. On a pris nos billets d’avions pour Los Angeles et nous avons fait l’aller-retour pour un seul concert (non rémunéré). A l’enregistrement des bagages, nous sommes tombés sur un surfeur qui aimait les William Pears, nous y avons vu un signe du destin …
Sur place, nous avons rencontré Ray Paul et il nous a signé.
Nous sommes revenus l’été suivant à Los Angeles pour la promo (tout est relatif 😊) avec quelques concerts acoustiques dans les librairies Borders, dans des radios et une participation au festival de David Bash, avec un nouveau concert au Spaceland.
Nous étions immergés dans une atmosphère avec des gens comme nous (les Cherry Twisters, les Wondermints qui ont accompagné plus tard Brian Wilson), qui étaient juste des fans de musique qui voulaient partager leur passion. Nous avions pu serrer la main d’Emmitt Rhodes. Cela suffisait à notre bonheur.
- TD : Pour un groupe amateur comme nous, c'était une mini consécration! Malheureusement le label a fait faillite en 2001. En tout cas nous nous sommes bien amusés à Los Angeles.
- PGP : Comme je l’ai évoqué ci-dessus, XIII Bis records nous a permis d’acquérir un home studio digital de bonne qualité (16 pistes). Nous avons donc enregistré des morceaux vers 1999/2000. Nous avons appelé ce projet « WP3 », et avons enregistré 15 morceaux, de quoi faire effectivement un album complet. Ces enregistrements sont « auto-produits » (en particulier le mixage pourrait être amélioré) et n’ont pas intéressé un label. Pourtant il y a quelques bons morceaux et nous souhaitions le sortir (et peut être qu’il sera commercialisé un jour … ?)
- EP : Nous avons enregistré ce troisième album dans notre home studio, installé chez Thierry. L’autoproduction, en ce qui concerne l’enregistrement, fut une belle découverte et nous avons pris un réel plaisir tous les 4.
Cependant, n’étant pas des experts de la prise de son, cela a pris beaucoup de temps. Quant au mixage, en réécoutant les titres produits à l’époque, nous pouvons dire que ce sont plus de belles démos que des morceaux parfaitement finalisés ! En plus de la qualité des mixages, nous n’avions plus de label, et encore moins de distribution, donc sortir l’album dans ces conditions était inenvisageable. Mais nous n'avons jamais renoncé à le publier !
En ce moment même, nous travaillons avec mon fils Lucas (ndlr : Roman Ditch, son nom d’artiste sur les plateformes), qui est compositeur, producteur et mixeur. Il a repris les titres pour y ajouter sa touche et enfin finaliser le mixage. Là aussi, nous allons prendre notre temps !
- MP : C’était l’époque des home studios. Nous avions investi dans du matériel qui se trouvait dans une pièce en sous-sol chez Thierry. C’était parfait pour faire des enregistrements. Nous ne faisions plus de concerts, mais on se retrouvait tous les dimanche après-midi pour enregistrer de nouveaux. Nous en avons finalisé 16. Thierry avait aussi en réserve d’autres morceaux sous le nom d’Alvy Singer ;
Nous étions dans les âges où nous avons eu des enfants, cherché des logements plus grands, certains sont allés vers des banlieues un peu plus lointaines.
Les morceaux sont restés à l’état de mises à plat mais pas complètement finalisés.
De temps en temps, nous nous permettions une petite distraction : nous avons joué deux fois à Liverpool à la Cavern (dont une fois en trio) pour le festival International Pop Overthrow : notre chant du cygne.
Il n’y a eu ni crise, ni désaccord, ni éclat de voix. Nous sommes passés à autre chose et sommes toujours restés amis.
- TD : Avec le matériel payé par XIII Bis, j'ai installé un home studio à Bagnolet où j'habitais à l'époque. En 2001-2002 nous avons enregistré suffisamment de morceaux pour faire un album. L'idée était que XIII Bis le sorte, mais il ne s'est rien passé. C'étaient plutôt des maquettes abouties, peut-être auraient-ils voulu un produit fini, peut-être n'ont ils pas suffisamment aimé les morceaux pour nous les faire réenregistrer, je n'en sais rien, je n'ai jamais été en contact avec eux!
GG - Sans que cela soit trop douloureux, quelques mots sur l'arrêt du groupe ?
PGP : A la fin de cette période (2001-2005), nous étions effectivement en fin de cycle. L’inspiration nous manquait sans doute un peu et l’envie de continuer s’est érodée progressivement, en l’absence de projets (non-sortie de WP3 en particulier). Nous avions désormais des familles et des situations professionnelles prenantes. Par ma part, je suis parti travailler en Côte d’Ivoire en 2011 et dans ces conditions il apparaissait difficile de poursuivre l’aventure. Toutefois, nous n’avons jamais formellement mentionné l’arrêt officiel des William pears.
- EP : En réalité, nous n'avons jamais vraiment arrêté le groupe... Aucune annonce officielle n’a été faite dans ce sens. Nos parcours professionnels respectifs
nous ont menés vers d’autres aventures, notamment pour Marc et Pierre-Gildas
à l’international. De plus, les années 2000 ont été des années de bonheur avec l’arrivée de nos enfants respectifs. Dès lors, il devenait difficile de tout concilier.
De plus comme Marc l’avait annoncé : « N’ayant pas de sortie d’album
à notre agenda, à quoi bon continuer à faire de la scène ? ».
Nous n’étions évidemment pas tous de cet avis, mais poursuivre les répétitions sans le pilier basse-voix devenait très compliqué. Pour la suite de notre histoire, difficile
de dire si nous referons de la scène, ou si, à l’image de nos illustres prédécesseurs les Beatles, nous aurons une deuxième vie uniquement en studio. À suivre !
TD : On ne s'est jamais dit "Allez c'est fini, on se sépare". Simplement après Liverpool en 2005 on n'a plus fait de concerts, et on n'a plus enregistré, n'ayant plus de label. Marc était de toute façon trop pris par son boulot, et Pierre Gildas est parti en Afrique. Eric et moi avons continué de jouer ensemble plusieurs années avec les Recycled, un groupe de reprises Soul/R&B.
- PGP : Une expérience inoubliable, avec des moments forts, une cohérence musicale singulière et quelques morceaux dont nous pouvons rester fiers.
- EP : Nous avons plein de beaux souvenirs, de fortes émotions et de belles rencontres. Écouter et encore plus jouer de la musique, c’est un plaisir instantané. Alors espérons que nous aurons encore l’occasion de profiter de ces moments d’exception avec les Wp.
- MP : Que des choses positives. Une aventure musicale et humaine extraordinaire qui nous a permis de prolonger notre adolescence jusqu’à 30 ans passés 😊. Nous avons donné le meilleur de ce que nous étions capables de faire et avons eu la chance de faire de très belles rencontres. Que demander de plus ?
- TD : Un peu d'amertume car j'ai l'impression d'avoir raté une opportunité. Mais surtout de très bons souvenirs, c'était une période très heureuse de ma vie. Et les WP restent mes meilleurs amis, mes frères.
GG -Toujours music connoisseurs ? Possible reformation comme Oasis ?!!!!
- PGP : Après quelques années africaines où j’ai posé les guitares, j’ai acheté une petite guitare à Casablanca (où je travaillais en 2022) et je me suis remis à jouer et à composer. J’ai désormais du temps car je suis depuis 2023 en pré-retraite, j’ai ressorti ma Rickenbacker 12 cordes, établi un home-studio et suis disponible si mes camarades le souhaitent à nouveau ….
- EP : Tu l’auras compris dans mes propos, je milite pour cela depuis plus de 20 ans… Attention, il n’est pas question d’un retour nostalgique, le présent est bien plus intéressant et passionnant. Alors, tout est possible, à suivre…
- MP : Nous avons pré-réservé le Stade de France avec des billets à 200€ …
Nous sommes toujours passionnés même si les temps sont moins favorables au type de musique que nous aimons. Parfois, nous allons à des concerts où la moyenne d’âge est un peu déprimante … mais quand nous sommes allés voir les Lemon Twigs au Bataclan il y a quelques semaines, on s’est dit qu’il y avait encore quelques jeunes que la pop pouvait toucher.
Thierry et Pierre-Gildas ont des morceaux en réserve mais c’est un peu compliqué de se reformer à distance et avec des emplois du temps chargés pour certains d’entre nous.
Si nous pouvions finir le mix du 3ème album et le partager avec quelques happy few, cela serait déjà bien et après, on verra s’il y a possibilité d’en faire un 4e.
- TD : J'écoute toujours beaucoup de musique, en passant d'un genre à l'autre de manière cyclique: pop, soul, jazz, classique. Mais la pop reste une constante, par exemple les deux derniers albums des Lemon Twigs m'enthousiasment, et en concert ils sont fabuleux. Quant à une reformation, c'est possible, d'autant plus que la retraite approchant, nous aurons du temps libre ;)
Mille merci à Joséphine pour la mise en forme et la relecture !
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