SEX PISTOLS ET CHRIS SPEDDING AUX MAJESTIC STUDIOS
Recto du bootleg allemand |
Le 30 mars 1976, les Sex Pistols jouent au 100 Club de Londres. Malcolm McLaren n'est pas encore officiellement leur manager, mais il s'occupe de plus en plus d'eux. Il invite donc Chris Spedding à les voir jouer ce soir-là, espérant ainsi qu'il l'aide à trouver un contrat avec une maison de disques. Les jeunes fans du Bromley Contingent sont présents, ainsi que Chrissie Hynde et Rat Scabies, futur batteur des Damned, qui fait le roadie pour les Pistols.
En plein concert, les choses dégénèrent, Johnny Rotten refuse de faire une reprise du Dave Dee Group (Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich), He's A Raver, qui a été travaillée l'après-midi même en répétition. Il doit la chanter avec le bassiste Glen Matlock, qu'il n'aime pas beaucoup, et faire ce titre le gonfle au point qu'il quitte la scène. McLaren le rattrape et lui demande de revenir, il s'exécute et termine le set.
Chris Spedding est impressionné par la présence de Rotten, par son charisme et par le style musical des Pistols. Il sent leur potentiel mais au lieu de faire le VRP pour McLaren, il lui propose une session studio pour démarcher les maisons de disques à l'aide de démos.
Rat Scabies en arrière plan. Photo Ray Stevenson |
Les Sex Pistols et Chris Spedding. Photo Ray Stevenson |
Le 31 juillet, les trois titres font partie de la play-list de John Ingham dans le magazine Sounds ce qui agace certains esprits chagrins. La rumeur selon laquelle Chris Spedding aurait enregistré le groupe "en secret" pour faire les parties de guitare à la place de Jones commence à se répandre... Le 17 décembre, après la sortie du premier simple Anarchy In The UK sur E.M.I., l'animateur radio Roger Scott en remet une couche. Il affirme en direct sur Capitol Radio qu'il ne passera pas le single car les Sex Pistols ont eu des difficultés à l'enregistrer et qu'ils ont fini par être remplacés par des musiciens de studio et par conséquent, ce n'est pas un disque des Sex Pistols. McLaren, furieux, appelle la radio pour démentir mais le mal est fait, on ne lui laisse pas l'antenne et Scott jubile.
Début 1980, des bootleggers allemands sortent un EP fait à partir d'une copie de énième génération du master de la session studio. Le son n'est pas vraiment mauvais, mais ce n'est pas super propre non plus, d'autant que le dernier titre est coupé avant la fin, dommage... Ce bootleg présente toutefois l'avantage de mettre ces démos sur le marché pour la première fois et il faut attendre 1996 et la reformation du groupe pour que Virgin se souvienne des Sex Pistols et de Chris Spedding. Les trois titres complets sont ajoutés à une réédition de Never Mind The Bollocks qui sort en double CD avec le bootleg Spunk et quelques outtakes en bonus.
Verso du EP allemand |
La même année, et les deux suivantes, le label Man's Ruin du regretté Frank Kozik sort trois splits 7" avec sur les faces A, les 3 démos des Pistols et sur les faces B, des titres des groupes Punks canadiens Curse, Sofisticatos et The Ugly. Une bonne façon de faire connaître ces formations assez obscures des late 70's. Pour les collectionneurs hardcore, Kozic a tout prévu, chaque split sort avec 4 pochettes légèrement différentes les unes des autres, avec toujours la même photo mais des couleurs qui varient.
Virgin sort ensuite le coffret SEXBOX1 (2002) sur lequel figure à nouveau les démos Spedding, sans rien de plus et ce n'est qu'en 2020 qu'Universal - qui a racheté le catalogue des Sex Pistols à Virgin - sort un coffret de trois CD dans lequel figure l'intégralité de la session, c'est-à-dire Problems, Pretty Vacant et les trois prises de No Feelings.
Split 7" Man's Ruin |
Sans lui attribuer tous les mérites, il faut reconnaître que Chris Spedding a joué un rôle important au début de la carrière des Sex Pistols. Il les a produits puis appuyés auprès de Chris Thomas et de certaines maisons de disques (pas toutes) ce qui a peut-être facilité le travail de Malcolm McLaren pour démarcher E.M.I., A&M et plus tard Virgin, au moins pour l'Angleterre. Enfin, il a toujours défendu le groupe face à ses détracteurs, aujourd'hui encore. Il a toujours nié avoir joué les parties de guitare à la place de Steve Jones lors de cette session de mai 76 et plus tard pour l'album Never Mind The Bollocks. Certains, pourtant, croient encore à cette légende, malgré tous les démentis de l'intéressé dans la presse et à la télévision.
Fernand Naudin (merci pour vos commentaires)
Commentaires