ZINE O'RAMA - FANZINAT de Guillaume Gwardeath : le monde des fanzines est “open bar"

Il y a peu de temps Guillaume Gwardeath nous a contacté pour nous parler de FANZINAT, son documentaire consacré aux fanzines. Il bouge beaucoup pour le montrer et si vous avez l'occasion de le voir, ne le ratez pas ! Ce documentaire est tout simplement excellent et nous a donné envie d'en savoir plus.


Guillaume Gwardeath - Fanzinat

Quel a été ton parcours dans le monde du fanzine? Comment en devient-on spécialiste ?



Depuis le jour où j’ai acheté mon premier fanzine, je n’ai cessé de m’intéresser à ce support. J’ai tendance à dire que ce fut la pièce de 5 francs la mieux investie de ma vie ! J’ai très vite intégré la rédaction de Possessed By Speed, ce fanzine dont j’ai d’abord été un lecteur enthousiaste, puis, au fur et à mesure des années, j’ai édité mes propres fanzines, et j’ai collaboré à de nombreux titres, comme Abus Dangereux ou Kérosène. Je n’ai tout simplement jamais cessé d’écrire pour ce genre de média, et bien sûr d’en lire beaucoup. Cela a impliqué d’être un acheteur régulier, et, de fait, un collectionneur, dans la mesure où il est rare de jeter ses “vieux fanzines” comme on le ferait d’un journal ou d’un magazine périmé. Je me suis toujours intéressé aux conditions de production et de distribution de toute cette presse alternative, en échangeant avec différentes personnes actrices de ce milieu.

Tu as commencé avec des zines sur le death, thrash, speed metal. Tu t’es aussi beaucoup intéressé à des artistes extrêmes comme Costes. Maintenant, tu signes un documentaire en collaboration avec des personnes travaillant avec des médias beaucoup moins extrême (TF1 / Arte etc..). Penses-tu que si dans les années 80, on te l’avait dit, tu l’aurais cru ?



Comment remonter le temps et dire avec honnêteté quelles étaient mes aspirations dans mes années d’adolescence ? Sans doute aurais-je rêvé d’une carrière dans le jeu de rôle, comme auteur de livres dont vous êtes le héros, et, aux environs du bac, comme journaliste spécialisé dans la culture trash, influencé par Mad Movies et L’Echo des Savanes ? En tout cas, je n’ai jamais eu le fantasme d’être un employé des médias de masse, et on ne peut pas dire que j’aie œuvré en ce sens. La réalisatrice Laure Bessi, coautrice du documentaire, a travaillé pour de nombreux médias institutionnels, dont TF1 et Arte, en effet, car elle est journaliste professionnelle et a vocation à être sollicitée par des sociétés de production qui fournissent des programmes pour ces chaînes. Mais c’est bien sûr en toute indépendance qu’elle s’est investie dans la réalisation de Fanzinat, sans se prévaloir de liens passés ou actuels avec tel ou tel média figurant à son CV !


Comment as-tu fait connaissance des deux personnes qui ont réalisé le documentaire avec toi ? À priori, vous n’aviez pas les mêmes goûts musicaux.


J’ai rencontré Laure, au Wunderbar, un très cool bar rock de Bordeaux (hélas fermé de nos jours), où les fins de soirées avaient coutume d’être assez agitées. On s’est rencontrés au comptoir et on a parlé journalisme, et, déjà, documentaires, sans doute assez fort pour ne pas être couverts par le volume de la sono. Quant à Jean-Philippe, j’avais déjà fait appel à lui, sur les recommandations de Sam Guillerand, pour réaliser une série de petites vidéo promotionnelles au moment de commercialiser le livre que Sam et moi avons coécrit, “Hey You ! Une histoire orale des Burning Heads”... La connexion ne s’est pas faite autour de la musique, mais le documentaire ne focalise pas sur tel ou tel genre de musique de toute façon, mais bien sur le fanzinat dans toutes ses déclinaisons. Quand j’ai proposé un extrait d’un morceau des $heriff pour sonoriser le générique, par exemple, au-delà de tous goûts musicaux, c’est la pertinence même de la composition qui nous a mis d’accord : le rythme, l’énergie, les paroles…

Comment t’est arrivée l’idée de faire le documentaire ? Quel a été le déclencheur ?

C’est Laure Bessi qui a formulé la proposition. Elle était passée à Poitiers visiter Le Confort Moderne et La Fanzinothèque, à l’époque où j’y travaillais. Je pense pouvoir dire qu’elle a été véritablement interloquée par toute cette culture du fanzinat telle qu’elle peut y être exposée : toute cette diversité, tous ces formats, toutes ces thématiques, et tout le potentiel de passion qui sous-tend toute cette créativité.

Vous êtes vous-même les producteurs. Pourquoi ce choix ? Est-ce-que des chaînes de télévision telles qu'Arte et France 3 ne sont pas intéressées par ce type de reportage ? Arte a diffusé un documentaire sur les shellacs alors pourquoi pas les zines ?


Financer nous-même la production du film nous a permis de le finaliser dans un délai assez court, sans devoir attendre des prises de décisions extérieures. Si un producteur s’était manifesté, nous aurions toutefois étudié bien volontiers les conditions d’une collaboration. Notre choix a été de foncer plutôt que de dilapider notre énergie et nos moyens dans la recherche d’hypothétiques investisseurs. Parmi mes contacts personnels, il y a un producteur de programmes pour Arte et France Télévision, notamment, avec qui j’avais échangé sur nos intentions. Il nous a prodigué des conseils très utiles, mais, en toute franchise, nous avait prévenus qu’il ne pourrait pas faire grand-chose pour nous. Un film de plus d’une heure sur les fanzines… C’est un peu trop “de niche”. C’est un peu brutal de le dire comme ça, mais il aurait sans doute fallu ramener le sujet à huit minutes environ, et, à partir de là, on aurait pu rediscuter. Ceci étant dit, si on reçoit un coup de fil pour nous proposer de tourner une web série ou une nouvelle version du sujet pour la télévision, on rappellera dans la foulée. Le documentaire tel que nous l’avons finalisé est une façon de traiter le sujet, une vision, une proposition. Elle n’est pas figée.

Vous avez préparé le documentaire très minutieusement. Pas de conversation générale avec les personnes qui ont témoigné, mais des questions précises ? N’est-ce pas une manière de faire un peu étrange pour parler de l’amateurisme ? Un lecteur de fanzines recherche à travers eux les informations qu’il ne trouvera pas ailleurs, mais avec un tel « plan » pour le documentaire, vous sembliez déjà tout savoir et ne vouloir juste chercher les propos qui feraient avancer le documentaire dans le sens désiré. N’avez-vous pas à travers les réponses découvert de nouvelles choses qui ont changé votre « plan général « ?


Le fait de “déjà tout savoir”, comme vous le dites, peut être un piège redoutable pour le réalisateur. Evidemment, j’ai traité un sujet que je connais déjà bien, et j’ai posé bien des questions dont je me doutais des réponses. En tant que coréalisatrice, Laure a précisément corrigé des erreurs que j’avais tendance à commettre : ne pas assez expliquer, ne pas assez montrer, m’imaginer que telle ou telle notion était acquise par tout le monde d’entrée de jeu… Notre volonté était de faire un film à l’attention du “grand public”, ou en tout cas de tous les publics. Nous avons donc veillé à toujours corriger notre copie en ce sens. Bien sûr, la trame du film était écrite avant de commencer le tournage et les questions déjà notées sur nos carnets. Ce travail d’écriture a été un élément important de notre démarche journalistique, et, pour tout dire, documentaire. Le plan général était essentiellement articulé autour de “notions”, sans savoir quel perso serait retenu pour illustrer cette notion à l’écran. Bien sûr, nous avons bénéficié du sens de la formule, de l’anecdote et de la répartie de nos interlocuteurs. Et, on peut le dire, de leur capacité à faire passer des émotions. Une fois les interviews tournées, nous les avons dérushées, c’est-à-dire que nous avons entièrement retranscrit les propos tenus. A partir de ce matériau, nous avons totalement retouché notre scénario, en laissant bien sûr de la place à toutes les nouvelles fulgurances.


Nous avons lu que tu avais préparé une liste de 200 intervenants pour n’en retenir que 21 à la fin. N’est-ce pas un peu juste pour traiter l’ensemble du fanzinat ? Je pense que la plupart des gens passionnés par le sujet restent sur leur faim en regrettant que l’on ne parle pas plus du sujet les intéressant plus. Pourquoi avoir choisi une durée si courte ?


On pourrait traiter l’histoire du fanzinat avec un seul intervenant ! On pourrait aussi la traiter avec 30 intervenants, dont aucun n’a réalisé de fanzines. Notre choix a été de faire parler différents témoins : auteurs et autrices, journalistes, universitaires, bibliothécaires, musiciens… Pour éclairer le sujet par des angles variés. Quant au fait qu’il faille s’en tenir à une liste limitée d’intervenants à l’écran, cela ne peut que paraître évident si l’on y réfléchit, en tout cas si l’idée est de rester fluide… et digeste. Passer un peu de temps avec un personnage, c’est aussi nécessaire pour rentrer dans son univers, et pour lier une sorte de lien intime, le temps des souvenirs ou de la confession. Le film dure une heure et quart, ce qui se rapproche d’un chrono maximum pour un exercice de ce genre. Dans le cadre d’une projection en salle, c’est difficile de conserver l’attention et la fraîcheur du public plus longtemps ! Je rappelle que notre intention est de nous adresser à tout le monde, et non pas exclusivement aux fans hardcore ! Et puis, si nous avions produit un reportage de télévision, le film aurait dû durer 52 minutes, ce qui est encore plus court…


fanzine Sortez la chienne 1985

Est-ce-qu’une série de plusieurs épisodes par thème a été envisagée ?


Pourquoi pas, dans le cadre d’une web série par exemple. Mais l’approche aurait été sensiblement différente. Et puis le format actuel permet d’organiser des rencontres, ce que nous aimons beaucoup faire : une projection suivie d’une table ronde ou d’un simple échange avec la salle, etc. Dans la grande tradition des “ciné clubs” du temps jadis.

Quels ont été les éléments personnels que tu as apportés au documentaire ? As-tu essayé d’être le plus neutre possible ? Ou au contraire voulais-tu orienter le documentaire sur des sentiers qui t’intéressent plus personnellement ?

J’ai bien sûr apporté ma vision de l’histoire du fanzinat en France, car aussi “neutre” que j’ai tâché d’être, il m’a sans doute été impossible de me départir d’une certaine subjectivité. Pour contrebalancer cette tendance “subjective”, je rajoute aussitôt que pour construire le plan du film, je me suis appuyé sur de nombreuses notes et sur des travaux de recherche universitaires, dont j’ai intégré les enseignements. J’ai laissé mes centres d’intérêt ultra pointus de côté, bien sûr, et je pense que le film répond à des questions d’ordre transversal : d’où viennent les fanzines, de quoi parlent-ils, comment sont-ils fabriqués, comment sont-ils distribués, et surtout, quelle est la motivation de ceux et celles qui les font ?

Est-ce qu’un de vos buts est que encore plus de fanzines soient produits ? Quels étaient vos buts au départ de la réalisation ? Sont-ils restés les mêmes quand tout fut fini ?

Il est arrivé qu’un spectateur ou une spectatrice nous dise, dans la foulée d’une projection, que le docu lui avait donné l’envie de commencer un fanzine… ou de relancer une vieille série dont la publication avait été interrompue il y a bien longtemps. Ça fait plaisir, bien entendu… mais ça ne faisait pas partie du plan ! Notre mission est restée la-même depuis le début : produire un film qui permette d’appréhender la variété des causes et des thématiques embrassées par les activistes du fanzinat.

Existe-t-il aussi un « intelligentsia » du monde du fanzine ? Bien-sûr, la fanzinothèque de Poitiers est incontournable en France. Mais lorsque tu as préparé le documentaire, ne t'es-tu pas dit « on doit parler d’untel ou d’un autre « . C’est ce que j’ai ressenti lors de l’évocation courte de
Jean-Pierre-Putters, Feydri ou Foulhoux


« Intelligentsia », non, le mot serait déplacé ! J’aurais tendance à penser que le monde des fanzines est “open bar”. On a le droit d’y rentrer et d’en sortir quand on veut, et si l’on a commencé à faire des fanzines depuis quelques mois seulement, je trouve qu’on est aussi légitime qu’un vétéran qui aurait derrière lui de nombreuses années d’expérience. On a essayé, précisément, dans le docu, de donner la parole à des auteurs et autrices de fanzines qui ne faisaient pas partie de la “short list” systématique des spécialistes le plus souvent mis en avant. En allant poser des questions, par exemple, à Bursty De Brazza pour parler de fanzines de rap, à Alexandra Bay co-autrice du fanzine de tatouage Free Hands ou encore à Thomas VDB pour évoquer - dans la bonne humeur - la façon dont le fanzine peut constituer une “porte d’entrée” pour le monde professionnel…


Parlons maintenant fanzine, peux-tu nous dire quels sont tes anciens fanzines préférés et pourquoi ?


J’ai lu beaucoup de fanzines de metal extrême à une époque où le genre était loin d’avoir la reconnaissance qu’il a de nos jours, et, en parallèle, beaucoup de fanzines de punk et de hardcore. Mes goûts musicaux musicaux ayant évolué avec les années, j’ai lu une grande quantité de fanzines de rock’n’roll, de pop, de noise, de garage, etc. Quelques noms : Hello Happy Taxpayers, Le Légume Du Jour, Combo, Abus Dangereux, Wake Up, Dig It, Violence, Rad Party, Murder, etc. Pour les fanzines d’images : Sortez La Chienne, Good Stuff, Hôpital Brut, La Monstrueuse, etc. Je lisais aussi beaucoup de fanzines américains bien distribués, à commencer par Flipside et Maximumrocknroll. On y trouvait tout simplement un contenu introuvable ailleurs, avec une véritable sensation de proximité, voire de confidentialité.


Quels sont les zines actuels que tu essayes de ne jamais rater ?

J’ai coutume d’acheter les fanzines au petit bonheur la chance, au gré des tables de vente, des salons ou de mes passages dans les rayons spécialisés des librairies ou des disquaires. Parmi ceux que je ne saurais rater, et que je commande par correspondance dès leur parution, il y a Up The Zines, de Toulouse, qui est un fanzine sur les fanzines (eh oui), et Chéribibi, d’Ivry-sur-Seine, revue qualitative et alternative de culture populaire, pleine jusqu’à la gueule, et Dieu sait que cette gueule est grande - même s’il s’agit du dieu des mécréants.



Tu as travaillé pour la fanzinothèque de Poitiers, quelle a été l’influence de celle-ci sur ton travail sur le documentaire ?



Le documentaire aurait été le même si je n’étais pas passé par la case Fanzino dans ma vie pro. Je n’y ai pas eu de “révélation” sur le monde des fanzines. La Fanzinothèque est bien sûr largement évoquée dans le film, non pas par moi-même, mais à travers les interventions de Didier Bourgoin (son premier directeur) et de Marie Bourgoin (documentaliste de longue date).

Quels documentaires t’ont influencé pour réaliser le tien ? Avais-tu déjà eu une expérience dans ce domaine ?

La réalisation de Fanzinat a été ma toute première expérience dans le domaine, et j’ai foncé sans avoir en tête des documentaires de référence. Mes influences sont d’un autre ordre. Pour l’écriture, j’ai été influencé par ce que l’on appelle “l’histoire orale” : donner la parole à des témoins, et organiser ensuite cette série de témoignages en les enchâssant, en les faisant se répondre, en fin de compte en tirant ainsi le fil narratif d’une histoire cohérente. Mes camarades Laure Bessi et Jean-Philippe Putaud étaient bien plus armés que moi en termes d’expérience formelle : Laure de par son parcours de journaliste dans l’audiovisuel, et Jean-Philippe comme réalisateur indépendant.

Existe-t-il d’autres documentaires sur ce sujet ? Nous n’en connaissons aucun.


Il existe Undergronde, que je recommande vivement. Il a été tourné par Francis Vadillo, et est sorti en 2015.
Il prend la forme d’un road movie où l’on part à la rencontre d’activistes du milieu de la micro-édition et du graphzine, plus spécifiquement. Francis Vadillo, hélas décédé depuis, parlait au sujet de son intention d’une “dérive territoriale au fil du désir des personnes et de leurs créations”. Il avait aussi réalisé en 2011 un portrait filmé très attachant du singulier Mattt Konture, intitulé “L’éthique du souterrain”. Je citerais aussi le documentaire de Xanaé Bové, Une vie Parallèle(s), sorti en 2021. Il est consacré comme son nom l’indique à l’histoire de la fameuse librairie parisienne Parallèles, et tout un chapitre zoome sur les fanzines.


Guillaume Gwardeath, Laure Bessi et Jean-Philippe Putaud-Michalski à Besançon

Un bon nombre de personnes dans le documentaire sont devenus des professionnels de l’écriture. Penses-tu que leur passion des sujets sur lesquels ils écrivent est restée la même ? Ou as-tu peut-être remarqué une façon de voir différente que pour les amateurs ? Une sorte d’innocence » qui n’existerait plus ? Ces intervenants parlaient au passé avec à mon avis un peu de nostalgie (le moment Korn) ou les fans de cinéma fantastique, alors que les autres étaient plus enthousiastes (ce formidable fan de rap !).



La notion de nostalgie induit je crois une part de regrets voire de frustration. Je préfère parler tout simplement de “bons souvenirs”, et je crois que c’est dans cet état d’esprit que se sont trouvés certains de nos interlocuteurs. Avec un certain regard amusé, qui plus est. La passion s'émousse-t-elle avec les années ? C’est une possibilité. L’enthousiasme et la fraîcheur ne sont peut-être pas éternelles ! Mais cela est vrai dans un cadre bien plus large que celui du strict fanzinat.

Quelques membres de Rock & Folk avaient participé au fanzine I Wanna Be Your Dog. Connais-tu des personnes « établies » qui viennent encore se ressourcer en participant à des fanzines ?

Des professionnels à proprement parler “établis” qui se remettraient à produire des fanzines, je ne pense pas que cela existe. Quelques contributions consenties à titre exceptionnel, cela peut se trouver, comme par exemple Jean-Bernard Pouy qui a offert une nouvelle inédite au fanzine de polars angevins La Tête En Noir pour son 200è numéro il y a quelques années. Les auteurs publiés de façon professionnelle auront largement plus tendance, je crois, à contribuer à des revues ou à des supports plus qualitatifs, d’autant plus que ces contributions sont susceptibles d’être accompagnées d’une petite rémunération. En revanche, le fanzine reste un support utilisé par des auteurs sans doute moins considérés comme “établis” de manière générale, mais identifiés dans leur niche. Quelques exemples : Sixtine Audebert, chroniqueuse pour l’émission Mauvais Genres sur France Cultures a publié Requiem, un fanzine consacré à la mémoire du magazine de heavy metal Enfer ; David Snug, auteur de bande dessinée, alterne fanzines autoproduits et albums publiés par des éditeurs professionnels ; Maël Rannou, spécialiste de bande dessinée, écrit des livres aussi bien que des fascicules que l’on peut raccrocher au domaine du fanzinat, etc.

Quels ont été pour toi les moments les plus marquants en rapport avec ton documentaire ?

Faire une interview dans les tribunes d’un stade de football, quelques instants avant l’ouverture des portes au public, pour une rencontre de ligue 1, a été assez insolite. Globalement, j’ai apprécié la disponibilité de nos interlocuteurs. Certains ont fait l’effort de nous recevoir en dépit d’emploi du temps bien chargés, et ont pris le temps de fouiller dans leurs archives pour nous montrer de rares archives. Cela veut bien dire que ces passages par le fanzinat ont été importants pour celles et ceux qui ont vécu cette expérience.

Tu es occupé par la rédaction d’un livre sur les fanzines. Sera-t-il un complément au documentaire ? Ou t’es-tu senti un peu frustré par les limites d’un documentaire ? D’ailleurs quelles limites as-tu ressenties par rapport à l’écriture ?



Bien entendu, un livre permet de dépasser les contraintes du documentaires, à commencer par les limites en termes de personnes citées et de références. Le livre devrait avoir le même titre que le documentaire, “Fanzinat”, mais aura son propre plan. Comme il s’agit bien entendu de définir ce dont on parle, la première partie du livre sera dédiée à ce long travail de définition, et d’illustration par l’exemple, afin de faire le tour des caractéristiques qui servent à identifier ce qui rentre dans le champ du fanzinat. Il s’agira de faire le point sur un certain nombre de notions : l’étendue des domaines culturels couverts, le positionnement alternatif, les particularités de l’autoédition et de l’autodistribution, etc. Et bien sûr le livre permettra de s’attarder sur quelques publications en particulier, de donner la parole aux auteur.ices, de reproduire des pages ou des extraits…

Désires-tu continuer ta croisade pour les fanzines ? Quels sont tes projets dans ce sens-là ?

Parler de croisade serait tout à fait exagéré ! Je suis juste satisfait de pouvoir synthétiser l’info que je possède et de partager tout ça, par différents moyens. A ce jour, en complément du film Fanzinat, il existe une exposition du même nom, constituée de 12 panneaux, disponible pour les médiathèques et autres lieux culturels. J’ai commencé à diffuser une série de podcasts “Fanzinat”, en écoute sur les principales plateformes. Je me déplace aussi souvent pour participer à des événements, des rencontres, des tables rondes ou animer des ateliers. Et le livre “Fanzinat” est donc à venir. On peut retrouver tout ça, agrémenté de contenus inédits que je poste au fur et à mesure, en ligne sur le site www.fanzinat.fr





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