YOU KNOW THE SINGER, NOT THE ALBUM – part 6 – HOWARD TATE

 

Howard Tate a eu une carrière en dent de scie et il est davantage connu pour les reprises de ses chansons par Jimi Hendrix (Stop), B.B. King (Ain’t Nobody Home), Janis Joplin (Get It While You Can) ou bien encore Ry Cooder (Look At Granny Run Run). Un peu comme Nathaniel Mayer (partie 4 de cette série), Howard Tate a disparu un temps, toxico et sdf…, il a tout quitté après avoir été dévasté par la mort de sa fille.

Tout amateur de soul qui se respecte connaît ou devrait connaître le premier album d’Howard Tate, d’où sont extraites ces reprises (à part celle de Jimi Hendrix, un 7’’ de la même année), au titre prémonitoire Get It While You Can (donc, si vous ne l’avez pas encore…), 1967, réédité x fois depuis. Les chansons d’Howard Tate, basées sur ses expériences de la vie, sont, à l’instar de celles d’Arthur Alexander, écrites avec le cœur.

    

Mais Blue Day, sorti en 2008 sur le label Evidence doit vous être moins familier – encore une évidence pourtant, comme pour Garnet Mimms, c’est d’ailleurs grâce à ce dernier qu’Howard Tate a été signé sur le label Verve. C’est son dernier album, il est mort en 2011, à l’âge de 72 ans.

Cet album, qui allie Southern soul et blues, est aussi bon que son premier essai, comme tous les autres d’ailleurs.

Encore une production Jon Tiven et un morceau signé Dan Penn, vous l’aurez peut-être deviné. Quinze morceaux magiques pour une heure de bonheur – quand je pense que certains disent que la soul les soûle… - tous co-écrits par Jon Tiven sur mesure pour Howard Tate. Le backing band pour cet album est constitué du touche à tout Jon, aidé par son épouse Sally à la basse et par un batteur interchangeable.

Jon Tiven raconte dans le booklet du CD que sa rencontre avec Howard Tate s’est faite grâce à Jerry Ragovoy, le producteur du premier album, après que Garnet Mimms (Cf. partie 1 de cette série) ait, encore une fois, joué les intermédiaires.

Que dire des chansons qui composent l’album, sinon qu’elles sont toutes magiques, portées par une instrumentation riche, agrémentées de harpe, de wah wah et de cuivre, notamment.

L’énergique Miss Behive, qui ouvre l’album et dans laquelle Howard fait rimer Miss Beehive et misbehave (ruche Vs. cruche ?), est une ode à toutes les jeunes vedettes victimes de leurs succès, et plus particulièrement à Amy Winehouse : She should be feeling so pretty/Got the world on a string/But the girl's so used to the Blues/Thinking that she was born to be bad/Everybody knows she's putting something up her nose and she don't want to go to rehab – En gros : Elle devrait se trouver jolie / Elle a le monde à ses pieds / Mais cette fille est tellement habituée au Blues / Qu’elle pense qu'elle est née pour avoir une vie pourrie / Tout le monde sait ce qu'elle se met dans le nez mais elle, elle ne veut pas entendre parler de cure de désintoxication.

40 Days est magnifique, onirique (have you ever…), 40 jours et nuits de pur bonheur, un morceau soul mid tempo, énergie retenue, comme je les adore.

Blue Day, qui donne son titre à l’album, sonne comme un morceau du premier Mink DeVille, je trouve – c’est un compliment.

If God Brought You To It, un morceau gospel très musclé (on est pas loin de certains morceaux de Garnett Mimms) parle des temps difficiles pendant lesquels il est bon de s’en remettre à Dieu.

Improvising, je ne m’y étais pas préparé (j’improvise) est une chanson très rock, truffée de guitares wah wah.

Good 'N’ Blue - I’m hurt, I’m lost, it’s true, don’t know what to do, I’m good’n’blue - est un morceau de Dan Penn chanté en duo avec lui. Mon préféré de l’album, c’est pour sa présence que j’ai acheté l’album au départ. Merci Dan Penn, pour la découverte de celui-ci, parmi tant d’autres.

Dans le bluesy Hope Springs Eternal, Howard fait part de sa vision de l’avenir, de manière sarcastique.

Buried Treasure, des trésors enfouis (métaphore ?) que sa copine aimerait bien qu’Howard aille déterrer.

Avec l’enjouée et rock blues First Class, on a l’impression qu’Howard Tate profite enfin à nouveau de la vie.

Tel Pops Staples, Howard donne, sur If I Was White, son avis sur les relations raciales.

Dans Live Like A Millionaire, Howard dit qu’on peut vivre richement même si on est fauché – on peut vitre heureux avec le peu qu’on a plutôt que de rêver à ce qu’on ferait avec l’argent qu’on n’a pas (interprétation personnelle).

Back To My Old Ways Again et son ambiance à la early J.J. Cale (c’est encore un compliment) est une sorte de rétrospective de la vie d’Howard.

La plus sombre - tear jeaking - Stalking My Woman - raconte l'histoire d'un homme éperdument amoureux de sa femme, qui finit par la traquer (stalk), compte tenu de son incapacité à se résoudre à la laisser partir.

Encore un morceau bluesy, Your Move, dans lequel Howard dit que tout le monde a le droit de partir, qu’il (elle ?) n’est pas obligé(e) de rester - it’s your move, are you gonna stay or walk away? Le backing band se lâche, on a même droit à des soli de guitare. Voix parfaite encore, qui se déchire vers la fin du morceau.

If You’re Giving, I’m Takin’. Howard se rappelle le jour où il l’a rencontrée. Superbe morceau up tempo. J’espère qu’Howard lui a aussi dit : I pay, you stay. Ou bien alors la chanson parle d’amour et je n’ai rien compris, allez savoir.

Rien de disponible sur Youtube pour écouter cet album, si ce n’est un sample de 2 minutes avec des extraits de 4 morceaux.


Patrick Bainée


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