MONSTER SPLITS LYRES

 


Déglingué, chaotique mais génial, absurde ou terrifiant, tous ces substantifs s’appliquent aux Lyres de Boston. Lyres c’est bien sur Jeff ʺMonomanʺ  Conolly le leader mythomane du groupe, chanteur et maître des claviers (Vox Continental de préférence).

Quatre split singles, c’est le tableau de chasse actuel du groupe Lyres (et non THE Lyres comme me l’a fait remarquer Monoman). Mais il y a des fakes là-dedans comme nous allons le voir.

Monoman est aussi une manière de tyran domestique pour les musiciens qui l’accompagnent, mais tous, déjà à l’époque de DMZ le groupe qui a précédé Lyres, reconnaissent son érudition musicale hors sol. Son champ de connaissance couvre aussi bien la musique classique et contemporaine que les inconnus absolus du rock garage qui ont sorti un hit en Oregon ou au Dakota, pour citer des états pas très productifs au niveau rock.

Monoman a toujours voulu que son groupe soit considéré comme le meilleur de Boston et s’il a parfois réussi à synchroniser des disques et des concerts excellents, il a aussi commis des plantages spectaculaires. Le personnage est souvent vindicatif et rancunier. Je me souviens d’une discussion avec lui où il m’avait dit ne pas comprendre l’engouement des français pour les Real Kids alors que, selon lui, Lyres étaient meilleurs à tous les points de vue. Pourquoi son groupe n’était-il pas invité à jouer plus souvent en France ? Je me rappelais alors que JJ Rassler m’avait expliqué que Lyres c’était DMZ sans JJ.

La production discographique originale du groupe s’arrête autour des années 2000, après il y aura des compiles, des enregistrements live exhumés par des labels comme Munster ou Norton. Et des split singles. 


 

Le premier date de 1998, une face par les Chesterfield Kings qui reprennent le ʺlegendaryʺ Help you Ann des Lyres qui eux s’attellent au ʺKlassicʺ She told me lies des Kings. Le single est très bon, on retrouve la patte excellente des Chesterfield Kings dans l’art des reprises et Lyres fait une cover inspirée du morceau des New Yorkais. Le tout est servi dans une pochette où la mégalomanie assumée renvoie à du visuel de la British Invasion.


 


En 2000, l’exercice est reproduit, on prend les mêmes et on recommence. Les Chesterfield Kings reprennent cette fois She pays the rent et Jeff Conolly ne se foule pas en remettant la même version de She told me lies provenant des Studios Lanes et enregistrée pour le précédent split single. Donc le disque n’a d’intérêt que pour la face A.




En 2003, un nouveau split single est publié sur un obscur label du Michigan , Detroit Underground Inc Records, on y retrouve les Lyres dans Tear you up et THEE Headkotexes dans une composition intitulée Felice Noddydod, nous y reviendrons. Tear you up n’est pas très original mais bien dans la manière des Lyres. L’intérêt de ce disque, c’est sa face B. THEE Headkotexes, nom référence à Thee Headcoatees de Billy Childish, associé à la marque de tampons féminins Kotex n’est autre que les Lyres déguisés en créatures de Massacre à la tronçonneuse. Le morceau Felice Noddydod est un montage effectué par Monoman et son producteur Rick Harte entre un instrumental et un enregistrement audio du répondeur téléphonique de Billy Borgioli, le deuxième guitariste des Real Kids.

Revenons sur cette histoire, en 1998, John Felice a réussi à reformer les Real Kids avec le Line-up initial , Howie Ferguson à la batterie, Alpo à la basse et Billy Borgioli à la deuxième guitare. Cette reformation a été encouragée fortement par le groupe punk de Berkeley, Greenday, alors au sommet de sa gloire et fan des Real Kids. 


Un EP (Down to you) sera financé par les Californiens. Le groupe répète en vue de tournées. Lors d’une de ces répétitions, Billy Borgioli est en retard et John Felice l’appelle au téléphone. Il tombe sur un répondeur et agonise Billy d’injures, tout cela est bien enregistré et Borgioli conserve la bande qui rapidement fait le tour des musiciens de Boston jusqu’à Jeff Conolly qui en fait une copie et voit une très bonne occasion de se moquer et de se venger de Felice. Donc le morceau Felice Noddydod est un montage à partir du message du répondeur avec un instru pour habiller le morceau. C’est un artefact intéressant pour tout fan des Lyres que l'on peut écouter en pressant la flêche ci-dessous.


 

En 2004, Norton records édite une série de 45 tours hommage aux Rolling Stones interprétés par divers groupes ou artistes. Les Lyres font partie du lot pour un split single. En face A,  ils reprennent Now I got a witness. 



 La face B, Stoned, autre titre des early Stones avec Brian Jones est interprété par un groupe nommé New Conolly 5. Evidemment c’est encore une blague de Monoman qui fait un jeu de mots entre son nom Conolly et le groupe garage New Colony 6 dont les Lyres avaient repris I confess


La dernière fois que je me suis entretenu avec Jeff Conolly, il y a maintenant quelques années, je lui demandais quand un nouvel album des Lyres allait sortir. Il me parla d’un projet mirobolant avec Rick Harte à la production qui serait le nouveau départ des Lyres. Et Rick Harte me servit la même salade. En fait, ce sont les Real Kids qui publièrent deux LPs avec Rick Harte et les Lyres rien. Un peu dur pour Jeff mais juste retour des choses...

   Jacques_b 

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