ANGEL FACE : RENAISSANCES
1986
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Phil, Riton, Pascal, Denis, Kim |
Angel Face revient en 1986. Julien souhaite que Riton joue à nouveau de la guitare. Riton est intéressé et propose de trouver une chanteuse.
Une voix féminine compenserait la démesure sonore, les stridences électriques d'Angel Face. Cette perle rare c'est Kim Nguyen, une jeune eurasienne. Pascal est à la basse, Denis Alvarez (batterie, ex-Swingo Porkies) et Philippe Ridjones à la guitare solo tandis que la Stratocaster de Riton cimente l'ensemble.
"Oaxaca People" est une composition de Denis.
Dans cette configuration Angel Face joue au New Moon en présence de Julien le 10 avril 1987 et au cinéma Le Berry transformé en cabaret Le Zèbre le 24 septembre.
Une K7 de démos avec "Run Slowly", "Secret Town", "I Don't Care", en studio, et "Black On The Lips", "A Band On The List", "Broken Heart", en concert, exprime la puissance de la rage qui anime Angel Face à cette époque.
Angel Face se reforme en 1986. Comment ont réagit les fans, les amis, les groupes rivaux des 70's, les organisateurs de concerts ? Comment était l'ambiance ?
Pascal Regoli :
- "A l'automne 1985 avec Julien, rue de Lancry, nous louons 2 magnétophones Revox et nous montons les bandes qui constitueront notre premier album A Wild Odyssey. Bandes issues de mes enregistrements des années 1976/77. Julien travaille chez Juke Box/Eva Records dont la maquettiste fera la pochette. Nous gravons chez Celmar, Doctor Collector, Roi du bootleg et pirates en tous genres. Il finira en taule car il a visé trop haut en se lançant sur du Madonna...
Nous faisons ce travail pour l'offrir à Riton à Noël.
Et Riton songe à réactiver le groupe avec moi à la basse et Denis à la batterie. J'ai connu Denis quand j'avais une boutique de disques au 48 rue de Lancry, de 1978 à 1981. Denis et ses copains venaient après les cours écouter les Cramps et danser sur du Ska... Quelques années plus tard ils fonderont les Swinging Porkies. Taï Luc passait souvent. Il nous avait laissé à vendre quelque exemplaires de son premier 45 Tours avec La Souris Déglinguée...
Pour la chanteuse Kim, je ne me souviens plus comment elle nous a rejoint; une petite annonce ?
Riton préférait une chanteuse et la toute jeune Kim est arrivée, la Belle et la Bête en quelque sorte. Philippe, l'autre guitariste, est un copain de Riton qui bosse à la Sécu pas loin de la rue de Lancry.
Rascal Suquet et Roland Omnes nous font jouer au New Moon, à Pigalle, un set entrecoupé d'un striptease ! Nous jouons au Zèbre, à Belleville, menacé de fermeture comme d'habitude à Paris pour les salles de rock ! Rascal et Ronan parlent de nous à Boucheries Prod mais Hadji Lazaro ne veut pas de groupe qui chantent en anglais. Et nous nous cotisons pour aller enregistrer trois titres dans le studio d'Eric Débris. Un jour je chope une conversation entre Eric Débris et un type : ils se foutent de la gueule des musiciens d'Alice Cooper. Les trouvant mauvais ils en viennent même à dire que ce ne sont pas eux qui ont joué sur les premiers albums. Perso j'étais au concert de novembre 1972 à l'Olympia. Ca n'aurait été qu'une bande d'orchestre ? Ils ne jouaient pas sur scène ? Je finis par conclure qu'Eric Débris devait être au bac à sable quand j'ai vu Alice Cooper et que son mépris pour les musiciens est un truc de parisien... Bref on enregistre les titres, pour les solos il faut faire entrer des bières pour déstresser Philippe. Il en enquille quelques une alors que Riton tient la ligne prévue au départ : pas plus d'une canette à l'heure !
Julien tombe malade durant cette année, il sera opéré, c'est compliqué... Pour ma part la vie parisienne m'est devenue très pénible et en juin 1987 je quitte tout. Avec ma femme et mes deux enfants on va en Corse, cette reformation d'Angel Face est terminée pour moi.
Et puis plus tard le groupe se reformera avec Denis, à la guitare cette fois, d'abord Marco Levy puis Jean Massé à la basse et Pascal, que je ne connais pas, à la batterie".
Avais-tu chanté avant ton expérience avec Angel Face ?
Kim :
- "Non. C'est grâce à mes parents que j'ai pu faire de la musique. Inscrite par mon père de 8 à 13 ans en solfège puis guitare classique avec le professeur Sir Masson au Conservatoire du 13e arrondissement à Paris. A l'époque le piano c'était pour les classes bourgeoises car il fallait avoir son piano à la maison et pourtant j'adorais écouter les comédies musicales avec Bernstein/ Gershwin et les musiques classiques des films. Quand j'allais à la mairie du 13ème où était le Conservatoire je prenais la rue Bobillot et croisais les grands Tolbiac Toads qui traînaient au Bar devant l'église Saint Anne à l'angle de la rue de Tolbiac/rue Bobillot. Nous habitions 29 rue de Boussingault, Paris 13eme.
C'est surtout par le cinéma et les films à la télévision, notamment les westerns, les disques de mon père qui adorait les Pink Floyd, Supertramp, les Rolling Stones, Brassens, Renaud, Brel, Leny Escudero, avec ma mère : les musiques de films, le Classique, le Jazz et toute la culture populaire de la variété française (Marithé et Gilbert Carpentier, le samedi soir avec Claude François, Dave, etc...), de la Folk dont il me reste de nombreux vinyles et K7 que dans la famille nous avions envie de faire de la musique avec mon frère qui organisa les soirées technos avec David Guetta plus tard.
Après avoir vu Barry Lyndon de Stanley Kubrick avec le beau Ryan O'Neal , en 1975 à 6 ans au cinéma avec mes parents (à l'époque il n'y avait pas de baby sitter et nous suivions nos parents, avec mon frère, dans toutes les salles de cinéma), j'avais envie de devenir chef d'orchestre, avec la musique d'Haydn de Barry Lindon.
Avec mon frère nous écoutions de la New Wave, de la Variété et également les tubes de l'époque comme David Bowie, les Cure, les Stray Cats, les Bee Gees, les Anglais... mon premier disque était Equinoxe de Jean-Michel Jarre en 1979 et la compil de musiques de films Western de mes parents que j'écoutais en boucle, puis vers 13 ans j'ai beaucoup écouté la Pop et Madness surtout pour son côté mélodique et british voire même psychédélique.
C'est là que j'ai arrêté la guitare classique et les examens de Conservatoire.
Puis je fis un an de clarinette.
Mon père lui jouait du saxophone dans un orchestre "L'harmonie des deux rives" en dehors de son travail jusqu'en 2015 où il eut un avc.
J'ai fréquenté une fille au lycée Claude Monet, dans le 13eme, très nocive lors de la transition adolescente quand on essaie de se trouver son identité, après le décès de ma nourrice qui fût très importante et marqua la fin de l' enfance. Cette fille m'empêchait de développer ma personnalité. J'étais attiré par le Punk mais, même si je trouvais Johnny Rotten magnifique, j'avais l'impression que les Punks étaient méchants : Sid Vicious avait la croix gammée en tee-shirt. Du coup j'étais plus inspirée par les Mods et le look Ska. D'autant que quand nous nous promenions avec Christelle et une copine elles étaient deux plus punk et moi en Ska. Les skinheads devant New Rose ou le Wimpy du Luxembourg les dépouillaient mais me laissaient tranquille avec les badges Specials, Selecters, Madness et ma tête d'eurasienne qui les charmaient apparemment.
C'était donc en 1983.
Fin 1984, je devais quitter une année le lycée Claude Monet pour aller en internat au lycée de Gisors à Pontoise. Pout prendre mes distances et, en pleine crise d'adolescence, afin que cela aille mieux avec mes parents. L'emprunte de cette fille était très toxique. L'été 84 mon frère Kien m'avait fait faire le mur pour que nous allions à l'Acid Rendez Vous, au Baldi ou Tango rue du Faubourg du Temple , Paris 10eme où il y avait les soirées du Jeudi Psychédéliques Garage et Yéyé, où ils passaient le Jerk , du Garage 60's avec tout ce beau monde fringué 60's avec les artistes comme Nina Childress, les Cherokees. Du coup je me suis mise à rechercher toutes les compils garage, les Sonics, les Music Machine, les Stooges etc...
Là-bas je rencontrais le Punk Maxwell ami de Jean-Marc Dacher (alias "Fuck") avec qui je suis sortie après qu'il m'ait chouré mon borsalino. Il avait 23 ans et moi 15 ans et demi. Il m'a offert une partie de ses disques (compil Peebles, les Stooges, les Buzzcocks, Screwdriver) et c'est grâce à lui que je me suis dit que les Punks étaient gentils. J'écoutais Radio Lézard, Radio 7 et Lucas Luigi qui passaient son émission psychédélique, je découvrais les Remains, Yardbirds etc... Mon groupe préféré étant les Buzzcocks grâce à "Fuck".
J'avais une formation Guitare Classique + Solfège au Conservatoire.
Musicalement j'ai essayé de recopier les riffs de guitare des Komintern Sects avec la guitare Höffner de mon père et son ampli Garen que ses collègues lui avaient offert pour son mariage avec ma mère. Il était électronicien au BHV, réparait les téléviseurs, la Hifi et les magnétoscopes apparus quand j'avais 13 ans. On enregistrait avec mon frère Kien plus branché Funk et Dark Wave (Bauhaus) les Enfants du Rock, Top of the Pops, Platine 45. La télé c'était notre culture cinématographique et musicale".
Comment es-tu entrée en contact avec la bande à Riton ?
Kim :
- "J'avais envie de rencontrer des gens plus particulièrement des mecs. Je dirai que c'était plus ça qui me faisait fantasmer que réellement faire un groupe. C'est après avoir eu mon aventure avec Jean-Marc "Fuck" et en 1ere à Gisors que je rencontrai des tas de lycéens bien plus mûrs qu'à Claude Monet qui écoutaient du Punk et du Garage 60's, que j'avais commencé à me trouver un look et ma personnalité. Comme les Who, Roger Daltrey disait qu'il avait voulu faire un groupe pour se faire des filles.
Je fis une annonce que je posais à la Librairie Parallèle et aussi à New Rose . C'était comme Internet à l'époque, ça faisait effet boule de neige. C'était le QG pour les annonces. Je ne sais plus si j'avais mis :
"Musicienne Cherche Gens Sympas pour former un groupe 100 % Garage". Influences : Stooges, Sonics, Peebles, Cramps, 13th Floor Elevators, Music Machine...
C'est le "Sympas" qui fait que plusieurs personnes, notamment des mecs de groupes plus ou moins connus de toute cette faune parisienne ou banlieusarde qui m'appelaient plus pour me draguer que pour me proposer des trucs sérieux. J'avais fait un essai de choeurs avec les Persuaders. Je pense que c'était plus ma culture musicale qui faisait que je pouvais tenir des conversations mais je n'avais pas de musique ni de K7 à présenter car je venais du classique en terme de savoir faire. Cependant c'est grâce à la guitare classique et aux gammes un peu mineures et médiévales que j'ai développé l'oreille et le sens de la composition dans le rock (Voir Witches Valley et Mad River).
J'ai rencontré Gilles Riberolles des Satanic Majesties. Les Wunderbach, les Dirteez qui ont été très déterminants et très gentils. Valérie Lou m'offrit la pédale Fuzz Wah Wah pour basse qui fit le son des Witches Valley. D'autant que je ne jouais pas particulièrement d'instruments ni ne chantais. Je devais jouer avec eux mais finalement je m'étais fixée avec les Witches Valley ou je crois que je voulais faire un truc plus Garage 60's que 50's. Valérie et Patrice m'ont fait découvrir énormément de groupes garage et surtout les Cramps.
Je vous épargne toutes les rencontres mais Julien Farrey Regoli m'appelle chez mes parents puis je le rencontre avec Pascal chez leur tante où Julien vivait rue de Lancry, Paris 10eme (métro Jacques Bonsergent).
C'est surtout l'écoute de "Wild Odyssey", sorti en 1985 avec les bandes de l'époque, avec le chanteur qui avait la voix d'Iggy Pop, qui me fit flasher. Je crois que nous avons commencé à répéter Studios HBS rue des Petites Ecuries où était Tom Buzz qui y travaillait. J'ai donc travaillé les textes écrits par Julien qui était le manager et Riton. En 1985.
J'enregistrais toutes les répètes avec mes magnétos K7.
J'avais donc dans les 16 ans et les Angel Face avaient entre 33 pour Pascal Regoli avec sa belle basse en bois d'ébène Jacobacci, et Philippe Ricky Jones Fémur à la guitare Fender Stratocaster ou Gibson. Je pense que Riton, 37 ans à l'époque, en lead avait une Fender Telecaster ou Stratocaster, ça sonnait droit et son à la Fender un peu réverb. Julien le manager avait 40 ans. Denis devait avoir 28 ans.En fait il me semblait qu'ils étaient tous un peu plus jeunes que mes parents mais j'étais une ado à côté d'eux. J'ai écrit un article sur le Disque, c'était Julien qui m'avait demandé d'écrire ce que je lui avais dit oralement sur le disque. Je dois chercher cet article paru dans un des fanzines sur Angel Face en 1985 ou 1986".
Qui composait le répertoire ?
Kim :
- "C'était donc la plupart des morceaux lancés par Riton qui donnait quelques riffs leads puis Philippe Ricky Jones faisait les solos et rythmiques à la Stones plus souples alors que Riton était sec et droit exactement comme son tempérament, sobre, retenu, pudique, et "dans son bon droit".
Les textes dont les morceaux de "Wild Odyssey" écrits par Julien et Riton principalement, j'adaptais le chant à ma façon tout en copiant les voix de Riton pour "I Don't Care", "Shadows And Lights" très épurés, minimalistes. Pour "Wolf City Blues" je voulais copier le chanteur du disque qui chantait à la Stooges. Puis "Before And After" je faisais à ma façon. J'ai plutôt été inspirée par les chanteurs masculins que féminins. J'avais beaucoup carte blanche, ou peut-être que ma façon de faire leur convenait".
Existe-t-il des vidéos de la reformation de 1986 ?
Kim :
- "Je pense qu'il faudrait chercher du côté de Pascal et Corinne qui ont peut-être filmé au New Moon (10 avril 1987) ou au premier concert le 24 septembre 1986 au Berry Zèbre, Paris 20eme, organisé par Paris Barrocks à l'époque avec Ronan (décédé malheureusement le 3/02/2015), Patrick Marchall (qui s'est suicidé le 26/11/2018) et Rascal Suquet (manager des Wampas). Pour l'instant je n'en ai pas connaissance. Pour les enregistrements il y a surement des K7 qu'avait Pascal mais je n'en ai pas de ces concerts. Je pense qu'il y a aussi des enregistrements de bandes 2 pistes en Tascam analogique qu'aurait Pascal".
Tu étais la seule fille. Comment était l'ambiance ?
Kim :
- "Mon père vient de la culture asiatique et ma mère qui était plutôt féministe aimait l'art. Elle et moi étions de bonnes dessinatrices. Nous avons été élevés avec mon frère de deux ans mon aîné d'égal à égal. Quand je faisais de la guitare classique j'étais en kilt et le professeur me faisait écarter les cuisses en remontant la jupe pour tenir la guitare d'une certaine façon.
C'était un peu dur mais cela nous a donné une certaine rigueur. Que je sois la seule fille n'était pas un souci même si je me maquillais beaucoup et étais en mini jupe. Je ne jouais pas trop sur le côté sexy car j'étais un peu mal dans ma peau et encore pas très sûre que je chantais bien. Riton avait ce côté Gabin. Il était très discret, dans son bon droit, il avait un côté plus personnage de roman, littéraire qu'un rocker. C'est par lui que j'ai appris le nom de Céline. Ses références très peu étalées étaient Bukowsky, Céline (Voyage au Bout de la Nuit), comme acteur Mickey Rourke dans Barfly de Barbet Shroeder.
Puis des classiques. Je ne me souviens pas de quoi je leur parlais mais sûrement que j'avais beaucoup de références cinématographiques (Stanley Kubrick, West Side Story) et par le film les Uns et les Autres de Claude Lelouch je connaissais déjà Maurice "Bolero" Ravel. Pascal était très silencieux et écoutait beaucoup.
L'ambiance était donc bienveillante. Riton, Dennis, Philippe et Julien n'avaient pas d'enfants à cette époque. Pascal avait un jeune enfant avec sa femme Corina (Brandon je crois). Ils étaient tous très fraternels. Comme je pense que j'étais bien élevée je n'étais pas trop capricieuse. Eux étaient très respectueux et bienveillants. Surtout des personnes qui n'ont jamais dû se la péter à la différence peut-être des musiciens de leur époque comme les Stinky Toys, voire même Patrick Eudeline comme j'ai lu dans la page de la bio écrite par Claude Picard lors de la sortie du double vinyle le 18 juin 2016. Je pense aussi qu'à part l'alcool ou le tabac ce n'étaient pas des personnes qui avaient pris toutes ces dopes. C'était aussi l'ambiance de personnes qui n'avaient plus trop l'expérience des concerts. Riton sortait de son boulot comme Philippe, ils avaient cette attitude des gens qui vont répéter après leur boulot et moi après le lycée ou les week-end. Durant l'été 1986 j'allais peut-être jouer avec les Spider Flash Movies (Nicolas et Didier Fassot). Celui-ci me présenta à Nice Jérémy, qui faisait le groupe L'Ecole des Cadavres avec Yovan Gilles, Olivier de France à la batterie, Caroline Pioso à la guitare. Jérémy joua un de ses morceaux au piano à Nice et joua la guitare sèche ensuite. Je voulais jouer de suite avec lui, quel que soit l'instrument. A Saorge, en montagne, dans la Vallée des Merveilles, où les parents de Jeremy avait une maison, nous fîmes une randonnée à 4. Invités chez chez Philippe, un Hippie berger de la montagne à La Baragne, nous improvisâmes notre premier morceau de reprise ensemble "Psycho" des Sonics et "Sonic Reducer" des Dead Boys. Je pris la basse à la rentrée et nous formâmes les Witches Valley (1986-1992).
C'est donc à la rentrée qu'avec les Witches Valley, nous répétions 10 ou 15 heures par semaine, j'allais peu à peu quitter Angel Face.
Pour en revenir à Angel Face, il me semblait que quelque part ils savaient que vu le décalage d'âge et le fait que je sois prise à plein temps avec des musiciens de mon âge (18, 19 ans), et beaucoup de concerts en vue au sein des Barrocks, ils avaient l'intuition que je les quitterai un jour ou l'autre.
Le premier concert de ma vie fût un choc culturel. C'était "Le Retour d'Angel Face" au Berry Zèbre avec les Paris Barrocks. Tous les Witches Valley nous supportaient à ce concert et adoraient la présence de Riton, la basse sourde et infra basse qui tournait dans la salle très Stone Age Underground de Pascal. J'étais pétrifiée et ne bougeais pas très intimidée par le public (toute la faune alternative de l'époque). Puis Thierry Cochran (des Moonshiners), qui écrivit plus tard "La Petite Maison Dans La Zermi" et "Les Rois Du Rock", dans le public m'avait défendu, déjà très bagarreur. En effet il y avait un "Omar" et un autre qui me faisait un doigt ou m'avait crié "Tu chantes mal". C'était Carpentier, un vieux toto complètement fondu (comme me le rappela Thierry récemment). Je crois que j'ai tendu ma main et en faisant un cri "à la Iggy" je répondis par un doigt d'honneur. Ils attendaient tous le retour des Angel Face Stoogiens. Je me souviens que Riton m'avait fait la bise mais vraiment très gentil et protecteur avec moi. Puis il y avait dans la salle Jean-Marc "Fuck" et aussi, je crois, les Cherokees alors que j'avais été un peu amoureuse de Suspense le chanteur à l'époque. Puis certains sont venus me voir, des anciennes copines du lycée. Un jour Julien et les autres voulaient m'inviter au restaurant. Julien avait insisté pour que je lui passe mes parents au téléphone. Ils auraient surement accepté mais c'est moi qui n'ai pas voulu. Je regrette cela infiniment.
Ce qui me rassura après le concert c'est que Ronan, qui devint un de mes meilleurs amis, écrivit "le charisme de la chanteuse"... je pris confiance. Une semaine après, le mercredi 1er octobre 1986, on faisait le concert des Witches Valley au même endroit. Jeremy, le chanteur leader, se mit nu, nous avions des cols roulés blancs et des cordes de pendu.
Basse fuzz wah wah, "Psycho" des Sonics et "You won't got a brand new god, You'll got meat". Ce concert fût très violent scéniquement. Je crois que certains des Angel Face étaient dans l'assistance mais ce n'était pas leur truc. Peut-être aussi comme des parents qui ne vont pas aller voir ce que font leurs enfants car c'est leur monde. Puis nous avons fait le concert au New Moon le 10 avril 1987.
Le chanteur des Bad Losers (également sur GMG) était là et Gilles Tandy dans le public. Je ne sais plus comment nous nous sommes séparés mais Julien a eu un cancer du foie à 42 ans. Il écrivait un poème qu'il nous a distribué car il allait mourir et nous allions lui dire au revoir. Il n'avait plus de voix. Il faut que je retrouve son texte. Il y a eu son enterrement. Nous avons enregistré les morceaux pour la compilation "When The Music's Over" (GMG) : "Wolf City Blues" et surtout le sublime "Shadows And Lights" produit par Eric Debris de Métal Urbain qui est du Angel Face à la perfection dont je suis très fière avec les guitares très caractérisées de Riton et Phil. Le 21 Juin 1988, Paris 3eme, au square Du Temple près de la République, après avoir fait un concert des Witches Valley, Gare de l'Est avec tous les groupes de Barrocks, je courais les rejoindre pour jouer à ce square.
D'où cette photo où tu vois Riton très bienveillant avec moi, Marc'o des Swingo Porkies à la basse. Pascal est reparti vivre en Corse avec Corina et son enfant Brandon suite au décès de Julien et au déménagement de sa tante de la Rue de Lancry car c'était Julien qui s'occupait d'elle".
Riton était-il aussi fantasque et déjanté que le décrit la légende ?
Kim :
- "Je ne connaissais pas la légende qui le précédait. Disons que j'avais été baptisée par "Fuck" Jean-Marc dont je su ce qu'était une personne junkie mais je n'ai connu Riton que dans l'inverse du déjanté et imprévisible. Il avait 39 ans à l'époque, solitaire et un peu nihiliste. Je pourrais dire un anarchiste de droite. C'est dans les années 2000 que je l'ai eu au téléphone et que nous parlions politique et écologie. Je ne sais plus si je lui ai envoyé mes CD's de Mad River. C'est lors de la sortie du triple CD's d'Angel Face ou en regardant dans mes calepins que nous nous sommes rappelés avec Corina qui fit le Facebook d'Angel Face".
Taï Luc était un de tes parents, voudrais-tu dire quelques mots le concernant pour ses nombreux fans ?
Kim :
- "Cousin de Sang, cousin de Sens et de Son. Il nous manque et l'époque a encore empiré sans lui qui, par son humour et sa finesse, nous rendait les choses un peu plus supportables".
Luc Lagarde
- "En 1986 Julien a un double objectif, le premier remettre Riton en selle pour lui donner un nouvel horizon dans sa vie laborieuse d'où le retour à Angel Face. Le nom du groupe a été choisi par Julien à cause d'un film d'Otto Preminger "Un si doux visage" en français. Angel Face, donc avec le visage de Jean Simmons. C'est Julien qui voulait une chanteuse dans le groupe, place entière au féminin, d'où Kim. Je me souviens d'un concert avec Kim au New Moon, un cabaret de la rue Pigalle avec une strip-teaseuse, sans doute avant le concert - Kim doit s'en souvenir - une très jolie petite femme dévoilant ses charmes avant de prendre un verre au bar. Le 10 avril 1987. Peu de temps après, ça va vite. Julien souffre le martyre, mai-juin opéré d'une occlusion intestinale puis le cancer.
Le 27 avril 1993 concert d'Hawkwind avec Angel Face en première partie à l'Elysée Montmartre : mémorable - Riton au chant principalement.
Les dernières années, jusqu'à 1996 Angel Face fait les Fêtes de la Musique et on peut l'écouter boulevard Richard Lenoir au Paris Café. Ce n'est plus tout à fait ça, de mon point de vue".
Riton et ses complices enregistrent de nouvelles versions de "Shadows And Lights" et "Wolf City Blues" produites par Eric Debris (Metal U) pour When The Music's Over. Cette compilation de Venus In Furs/GMG (75035 GM 400, 1988) propose aussi des titres de The Kids, Miners Of Muzo, The Klepstones, Blue Jim, Mother Fuckers, The Ramblers,
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Julien Regoli |
Pascal Regoli (05/2025)
- "Julien adorait l'Histoire, la musique, le cinéma et la littérature, l'alchimie lui est venu plus tard avec la lecture de l'oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar..."
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Julien avec Valtelina |
Terrassé par une maladie mortelle Julien Regoli quitte ce monde le 27 mars 1988 après beaucoup de souffrance. Le lendemain J.M. et moi lui rendons un dernier hommage à l'hôpital Tenon.
Avec sa famille Pascal Regoli quitte le continent pour la Corse.
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The Wolf City Blues 45 - "Petite Soeur"/"Waiting For The Rain". (Free 3-FC4503 |
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Flying Charentaise No 3 |
Ce simple accompagne le fanzine Flying Charentaise No 3 (11/12/1990) de l'excellent Salem Bourouf qui publie une interview d'Angel Face alors constitué de Chris (chant), Denis (guitare solo), Riton "Angel Face" (guitare rythmique), Jean (basse), Pascal (batterie).
La troisième incarnation d'Angel Face réunit autour de l'inamovible Riton (guitare, chant) : Marco (basse) remplacé par Jean Massé, Pascal Bermont (batterie, ex-Swingo Porkies)), Denis Alvarez (guitare, chant) et Chris (chanteuse). Chris ne fait qu'un bref passage remplacée par Denis (guitare, chant). En 1991 Angel Face enregistre deux nouvelles compositions : "Run Slowly" et "Secret Town" au studio Karma à Saint-Léger-Des-Bois avec l'ingénieur du son G. Theolier.
Angel Face joue au Paris le 29 mars
puis en première partie d'Hawkwind le 27 avril 1993 à l'Elysée Montmartre.
Luc Lagarde :
- "En 93, le 27 avril, concert d'Hawkwind avec Angel Face en première partie à l'Elysée Montmartre.
Mémorable. Riton au chant principalement.
Les dernières années, jusqu'à 96, Angel Face fait les Fêtes de la Musique et on peut l'écouter Boulevard Richard Lenoir au Paris Café. Ce n'est plus tout à fait ça, de mon point de vue.
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Concert Barrocks au Yéti, Paris |
"Are You Ready For Pain ?", "Believe Me", "Pleasure Limit", "Oh My Angel (I'm So Tired)", "The Question Is What Living For", "You're Welcome", "Oaxaca People", "Broken Heart", "I Love You", "I Lose I Care I Fall", "I Don't Care" sont mis en boîte en une journée au studio Radical Noise de Morsang Sur Orge en juin 1994. L'ingénieur du son est Pascal Prot tandis que le mixage et la production sont confiés à Philippe Marge.
Il semble qu'Angel Face ait cessé d'exister en 1996. J'aimerais en savoir plus !
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Les plus grands succès du punk |
Henry Flesh avec 84 chante l'excellent "Salted City" sur Les Plus Grands Succès du Punk (CD Skydog 62228-2, 1992).
"Nasty Kid"/"12 1/2 (SLCT001 Salted City).
Enregistré à Paris en 1977. Henry Flesh (chant), Riton "Angel Face" (guitare), Pascal Farray alias Regoli (basse), Frédérik Cousseau (batterie).
Wolf City Blues fait l'objet d'une réédition sous la forme d'un triple-CD (P2001Apachefilm) fabriqué à 1000 exemplaires numérotés et commercialisé en 2009.
CD 1 : "Wolf City Blues", "12 1/2 Pride", "Endless Road (cut up songs)", "I Don't Care", "Shadows & Lights", "Before Now And After", "Biker"s Ride".
CD 2 : "Wolf City Blues", "Secret Town", "Shadows & Lights", "Little Sister", "Waiting For The Rain", "Run Slowly", "Pleasure Limit", "Oh My Angel"; "Believe Me", "I Love You", "I Lose I Care", "Are You Ready For Pain", "You Are Welcome", "Oaxaca People", "Secret Town", "I Don't Care (To The Hell)".
CD 3 : "Radio 93", "Precious Urban Nasty Kid", "Come On Baby", "Contemporian, "Loveless Girl", "Hey Lou", "Strange", "Back On The Lips", "Guest", "Little Sister", "Contemporian", "Strange Date", "Burn To Change", "I Lose I Care", "Broken Heart", "Paris/Café Le Paris", "Are You Ready For Pain", "Living For", "No Title", "You Are Welcome", "Believe Me".
2015
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Kim, Denis et Taï-Luc bien entourés |
LA SOURIS DEGLINGUEE : Concert intégral "Les toits du Palace", 9/05/2015, Olympia, Paris.
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A Wild Odyssey + Sessions. |
Wild Odyssey : "Wolf City Blues", "12 1/2", "Prise", "Biker's Ride", "Endless Road (Cut Up Songs)", "I Don't Care", "Shadows And Lights", "Before, Now And After".
Sessions : "Are You Ready For Pain", "Believe Me", "Pleasure Limit", "Oh My Angel (I'm So Tired)", "The Question Is What Living For", "You're Welcome", "Oaxacca People", "Broken Heart", "I Love You", "I Lose I Care I Fall", "I Don't Care", "Run Slowly", "Secret Town".
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Riton et Pascal à Nevers. |
Pascal Regoli m'a appris récemment le décès à Nevers en août 2016 de Patrick Cavalier alias "Riton le loubard céleste".

Final Sounds From A Wild Odyssey (2024).
"Sérénade" (Paul Verlaine/ Patrick Cavalier), "Une Saison En Enfer" (Arthur Rimbaud/ Patrick Cavalier), "Spleen" (Charles Beaudelaire/ Patrick Cavalier), "Remords Posthume" (Charles Beaudelaire / Patrick Cavalier),"Invitation Au Voyage" (Charles Beaudelaire/ Patrick Cavalier), "Ce Que Je Sens" (Joachim du Belay/ Patrick Cavalier), "Ballade des Pendus" (François Villon/ Patrick Cavalier).
Riton Angel Face (guitare, chant).
Pascal Regoli:
Angel Face, Final Sounds From A Wild Odyssey.
- "Fin juin 2010, l’un de mes fils se marie dans le Haut-Doubs, à Arçon. Nous allons y passer une dizaine de jours et j’y invite Riton. Depuis quelques mois, il m’envoie sur cassettes des enregistrements qu’il fait. Il reprend des poèmes de Fillon, Baudelaire…, sur des mélodies qu’il a créées. Ce sera l’occasion d’enregistrer ces sept morceaux. Je prévois de l’accompagner soit à la basse, soit au synthé, mais ce ne sera pas possible. Un invité imprévu est de la partie : des litres de gin dont Riton raffole. Les titres présents ici sont les rescapés de quelques moments plutôt chaloupés... Après son décès, je découvre qu’il a une sœur qui l’appréciait énormément, c’était « le grand frère ». Pour elle et les quelques amis que Riton aura pu avoir, je reprends ces enregistrements, tels quels, sans aucun effet. J’ai voulu que la voix de Riton soit la plus proche possible, comme sur le ton d’une conversation, sa guitare un peu plus lointaine…
J’ai fait appel à l’entreprise B Side, en Vendée, pour la fabrication de ces 100 vinyles. Très professionnels et accueillants, j’ai pu filmer une partie du pressage, pour en figer, à jamais, le souvenir. Et puis, je suis allé à Chevilly-Larue, ville de résidence de sa sœur. Je l’ai trouvée, bien sûr, très émue.
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Pascal et la Petite Soeur de Riton |
Il reste donc 99 exemplaires, au prix de 28 € port inclus. Si ces quelques mots de présentation de ce qui sera le dernier enregistrement de Riton rencontrent votre intérêt…
Angel Face final sounds from a wild odyssey Paiement par PayPal : mon adresse PayPal est pregoli2001@yahoo.fr. Par virement, iban : FR76 1131 5000 0104 7142 4354 722 Par chèque : Pascal Regoli, lieu-dit Brancale, 20290 Lucciana. Je vous en souhaite par avance bonne réception, et une écoute la plus proche de l’esprit de notre ami commun. En paix et amitié, Pascal.
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Riton |
Riton chante les poèmes de ses auteurs préférés Villon, Beaudelaire, en solo. Enregistrés peu de temps avant sa disparition ces titres sont publiés sur Final Sounds From A Wild Odyssey, dont 100 exemplaires ont été gravés, que l'on peut commander sur pregoli2001@yahoo.fr.
Repose en paix Riton de Bourg La Reine.
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Riton |
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Flammarion, 2001 |
Bernard StG 44 Masanès
Pascal REGOLI
Luc LAGARDE
Jean-Paul (ex) PLUS DE BRUIT
ROCK NEWS
ANNIE AIME LES SUCETTES
Fred GUILHEM
Yves ADRIEN
KIM OHIO FUZZ
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