Memphis trip
MEMPHIS – TUPELO –
VERNON – MUSCLE SHOALS
SHEFFIELD – FLORENCE – NASHVILLE
Petit compte
rendu, pas trop prétentieux j’espère, à la demande de mes amis du blog.
L’idée principale
était d’aller assister au show particulier de Dan Penn et Spooner Oldham à
Vernon, Alabama, le 2 août, auquel j’étais invité suite à mon article dans Ugly
Things (# 66). J’ai bien sûr étendu mon voyage aux villes citées ci-dessus.
Six jours
pleins, dont deux d’avion, avec de belles rencontres à chaque fois, en l’air et
sur terre.
J’avais
décidé de partir de Bordeaux. Résultat : Bordeaux – Dublin – Chicago –
Memphis et retour Nashville - New York – Dublin - Bordeaux, en 2h de moins, vent dans le
bon sens, m’explique mon voisin d’avion, qui fait souvent le voyage. À ne pas
refaire, quoique.
Arrivé tard
à Memphis le 31 juillet, check-in à mon hôtel, puis petite ballade sur Beale
Street, juste à côté, de la musique partout.
Courte nuit
de sommeil / jetlag, balade à partir de 8 h du matin, Beale Street, le midi j’ai mangé un sea food gumbo (excellent) et catfish grillé
au resto qu’on voit à gauche sur la photo ci-dessus, le Blues City Cafe.
Tout est
fermé à cette heure-là, même pour un café. Je décide d’aller visiter les Sun
studios, ceux sur Union Avenue, et tout downtown – Memphis n’est pas très
grand, de downtown (centre ville) à midtown, entre le centre ville et la suburb.
On parle des fois de uptown, c’est la même chose que uptown, quand il y a un
fleuve qui traverse la ville.
Retour à mon hôtel pour une douche. Puis je vais prendre
possession de ma bagnole de location (une japonaise, je suis habitué) pour
continuer les visites. En résumé, le Blues Museum, situé en bas de Beale Street
et qui ressemble davantage à un magasin qu’à un musée, le Memphis Hall Of Fame,
puis les studios Ardent (Big Star…) sur Madison Ave et Stax sur McLemore Ave,
endroits chargés d’histoire, et les boutiques de disques Shangri-La (photo ci-dessous), Goner, situés midtown et bien plus intéressants que les quelques
autres basées downtown (River City Records, Memphis Music, …). Je me limite aux
rayons singles « Memphis Music » (j’ai notamment trouvé un single de
Jessie Mae Hemphill), et bouquins, celui de Ross Johnson, que j’ai failli
rencontrer.
Retour à mon
hôtel pour faire un petit break. Je retourne à Beale Street visiter quelques
trucs, comme Schwab, un magasin pour touristes, ou on trouve tout, soi-disant. Bon
j’ai quand même acheté un éventail Elvis pour Sylvie, puis le walk of Fame,
ci-dessous. Avant de rejoindre mon hôtel, je tombe sur une statue d’Elvis.
Il est temps
d’aller à la rencontre de Kristi, la sœur jumelle de Misty (quand on dit à
Misty qu’elles ne se ressemblent pas, elle répond « she got the beauty - leur mère, Janice a été mannequin - I
got the talent, too bad for her », précisant ensuite que bien sûr Kristi a
aussi du talent), son mari Warren, Su, qui était la claviériste des Hellcats et
Robert Gordon, responsable notamment de deux bouquins essentiels sur Memphis - It
Came From Memphis (1995, update en 2020) et Memphis Rent Party (2018),
ainsi que des bouquins définitifs sur Stax, Elvis et Muddy Waters. Robert m’avait
envoyé un email peu avant disant qu’il serait à la bourre, devant finaliser
l’envoi de son dernier film « Newport And The Great Folk Dream » qui a
été présenté - et primé - au festival de Venise début septembre. C’est un film notamment
basé sur la vie de Brenda Carlile (1ère du nom, pas la nouvelle),
notamment ses passages remarqués au festival de Norfolk en 1962 et 1963. Je dis
à Robert (photo à gauche ci-dessous) que j’avais visionné « A Complete
Unknown » dans l’avion, qui se passe notamment au Norfolk Festival, il me
répond, « oui, ils nous font de la pub ».
Ils sont tous
sont adorables, on a commencé par le bar Earnestine & Hazel’s (photo de
droite ci-dessous), c’est là que Misty a fait sa fête de mariage avec Philippe
Lombardi. L’endroit paraît déglingué de l’extérieur, mais est nickel passé la
porte, plein de photos partout, de gens ayant joué ici, James Brown, Rufus
Thomas, … L’étage vaut le coup d’œil aussi, plusieurs pièces avec papier et
fauteuils déglingués, qui ont dû en voir de belles, un flipper aussi.
Après on est
allé boire des granités / sushies chez Birdie’s, en fait ce sont des sortes de
granités, mais à base de vodka ou de whiskey. Ambiance « sport » avec
12 TV autour de la salle et trois greens de golf virtuels géants, virtuels sauf
le green, les clubs et les balles pour les joueurs.
Diner
ensuite chez « SOB, for SOBs only », sob pas pour pleurnicher mais
pour « son of a bitch ». J’opte pour des crab claws. En fait de
pinces, ce sont les premières phalanges du crabe, très bon quand même. Durant
tout ce temps, on a bien sûr parlé musique, cinéma, Hellcats, les boulots ou ex
boulots de chacun… Robert m’a aussi suggéré de contacter Jim Lancaster, qui
pourra m’apprendre des choses sur Dan Penn. Pour rappel, Robert m’avait
conseillé d’écrire un article dithyrambique sur Dan pour me faire connaître de
lui (Ugly Things). En sortant, Robert nous montre le Lorraine Hotel, où a été
assassiné Martin Luther King, et la fenêtre d’où sont partis les coups de feu.
Retour à mon
hôtel qui était situé à 0,6 mile (1 km). Kristi : « tu es sûr que tu
ne veux pas qu’on te ramène, Memphis can be dangerous ». Phrase qu’on me
répétera fréquemment durant mon périple.
Misty m’avait
dit d’aller admirer le coucher de soleil du haut du Peabody Hotel – qui a un moment
abrité un studio, c’est aussi le nom d’un label (Like Flies On Sherbert d’Alex
Chilton). Je n’en ai pas eu l’occasion.
J’avais
prévu de visiter Graceland le lendemain matin. Sur les conseils de Kristi
d’aller voir la Mississippi River, impressionnante effectivement, et de Robert
le studio Beautiful Sounds, que Dan Penn possédait entre 1969 et 1973, je
change mon programme, en y ajoutant la maison où a grandi Lx Chilton (145 N
Montgomery St, à gauche ci-dessous). Brunch at The Arcade, recommandé par
Kristi, avant de quitter Memphis. J’ai dû zapper Beautiful Sounds, Wade
Johnson, qui y a bossé avec Dan, m‘ayant dit « it’s just a parking lot of
a bank now ». Robert m’a dit l’inverse, mais trop tard, photo Google Earth
à l’appui. Wade m’a ensuite répondu dit qu’il devait en fait s’agir de la chambre
d’écho qui jouxtait le Beautiful Sounds Studio.
J'ai aussi zappé le Zebra Ranch, le studio de Jim Dickinson, qui m'aurait fait faire un long détour.
Direction
Tupelo, 180 km de Memphis. Check-in, une douche, et je pars rapidement vers
Vernon, Alabama, où le show a lieu, 90 bornes plus loin. L’agence de voyage
m’avait dit qu’il n’y avait pas d’hôtel à Vernon, j’ai vu un motel en arrivant,
sûrement pas leur standing !
J’arrive
juste à temps au « Dan Penn Museum » situé dans la boutique
« Town & Country Clothing » d’Ed McNees, son manager et ami,
avant qu’il n’installe son stand de merchandising au Vernon City Complex, lieu
du concert. Ed me dit c’est là-bas, la première à droite.
Aucune salle
de concert en vue. Je demande au troquet du coin, ils ne savent pas. D’autres
personnes venues de Floride me confirment que c’est bien ici qu’a lieu le show.
En fait, le Vernon City Complex, c’est à la fois l’hôtel de ville, la bibliothèque
et une salle polyvalente, entre autres.
Je suis
accueilli par Glenn Crawford, le maire du bled, très sympa. « Ah, c’est
vous le français. Venez, je vais vous présenter à Dan et Spooner ». Il
prend lui-même une douzaine de photos de moi avec Dan, Spooner et Ed, avec mon
portable, et quelques autres avec le sien. Je discute pas mal avec eux, je
donne une clé USB à Dan avec plus de 2.000 reprises de ses chansons, mon
fichier récap Excel, et mon projet de bouquin, que Dan me promet d’explorer. Il
me dit aussi qu’il y aura un autre français présent ce soir, Théo Lawrence – le
nom me dit quelque chose. Spooner me donne sa carte de visite.
J’assiste ensuite (et enregistre en partie) à la répète,
récupère mon invit, 2ème rang, siège # 9, situé juste en face de Dan
Penn. J’achète quelques posters et un T-shirt (en France je prends large, ici
médium). La salle fait 360 places, toutes réservées depuis longtemps. Des gens
venus de huit États différents (et un français), une majorité de vieux, une
bonne partie de middle aged (je me classe dans cette catégorie, davantage pour mon âge
ressenti que le vrai), quelques trentenaires (les trois de Nashville dont je
parle plus bas) et un gamin de 7-8 ans accompagné par son grand-père.
J’ai réalisé
cette petite fiche pour les personnes à qui j’ai envoyé mon
enregistrement :
No real set list, except the fist
songs, Dan looked at his sheet music book and propose the following song to
Spooner.
All songs are introduced with their
own story, and humour: Dan: « Do you like Memphis Women And Chicken »
- Spooner: « I like corn ».
Pendant le
break et après le concert, j’ai à nouveau discuté avec Dan – à qui j’ai fait
dédicacer un disque – « I Need A Holiday », acheté sur place aussi,
pour Sean, mon pote écossais (depuis plus de 30 ans, on s’envoie des cadeaux
d’anniversaire et de Noël), avec Spooner, qui me signe le dos du ticket, avec
Linda, la femme de Dan, que j’aide à ramasser les post-it collés sur les chaises,
elle est adorable, et plein d’autres gens, de la famille ou amis de Dan.
Je discute
aussi avec le fameux Théo Lawrence, qui vit désormais avec sa jolie compagne à
Nashville. Il a déjà sorti plusieurs disques et le prochain contiendra des
morceaux co-écrits avec Dan Penn. Ils sont venus de Nashville avec un autre
musicien, très sympa aussi, Austin Stambaugh. Ils m’ont tous les deux envoyé
des liens vers leur musique, pas mal du tout.
Les deux
photos ci-dessous : arrivée de Dan & Spooner pour le premier set, et
juste avant le départ.
Retour à mon
hôtel à Tupelo, après juste avoir bu un peu d’eau et quelques cocas, pas
d’alcool dans le comté de Vernon !
Le matin,
visite de la ville, Elvis is everywhere, en statue, peinture, etc. Je vais voir
sa maison / musée, fermé. On est dimanche. J’ai vu plein de jolis papillons
noirs, chers à Gainsbourg.
Je me dirige vers Muscle Shoals : visite du deuxième
studio Fame. Déjeuner dans un sea food restaurant. Direction le troisième
studio Fame, 3614 Jackson Highway, puis Alabama Music Hall Of Fame, puis
Sheffield ou je visite le Cypress studio, situé au bord du Mississippi, le seul
truc ouvert, qui dispose de beaucoup de memorabilias et d’une salle de concert.
Le studio a été créé en 1978 par les Swampers, auparavant groupe maison au
studio Fame, celui de 3614 Jackson Highway.
Direction Florence, Alabama, ville natale d’Arthur Alexander
- aucune trace de lui en ville. Après une rapide visite et une bière à l’orange
sanguine, direction le tout premier studio où Dan Penn a commencé sa carrière,
appelé SPAR, puis FAME, situé au-dessus du drugstore du père de Tom Stafford,
alors associé à Billy Sherrill et à Rick Hall, qui allait ensuite partir avec
le nom Fame ouvrir son propre studio (photo plus haut, « Fame where it all
began »).
Repas
gastronomique, dodo.
Nashville
est à 2 h 15 environ de route de Florence, en fait une forêt géante / parc
national, appelée Natchez Trace, bien connue des amateurs de soul / blues – Hound Dog
Taylor, Papa George Lightfoot, Elmore Williams, Theodis Ealey, YZ Ealey, Hezekiah Early, Robert
"Lil' Poochie" Watson, Arnold « Gatemouth » Moore…
Première
visite à Nashville : la maison de Dan & Linda Penn, située en orée
d’une forêt.
Direction Third Man Records. Petit parking. Je me gare en bloquant un gros 4/4. Je demande à la fille de la boutique si ça pose problème. Elle me répond « tu bloques la voiture de Jack, mais si tu ne restes pas trop longtemps… ». En partant, je vois en effet Jack White dans sa bagnole en train d’attendre. Je lui adresse un petit geste d’excuse, auquel il répond par un petit signe amical (j'avais un sac de la boutique à la main avec des trucs genres Ultimate Painting live at Third Man dedans, la boutique ne vend que des productions maisons). Ci-dessous la machine qui permet de graver des vinyles instantanément.
Déjeuner à Champy’s, grilled chicken, le meilleur de la ville me dit mon compagnon de comptoir, qui me recommande les meilleurs plats et m’invite à visiter l’hôtel qu’il a designé, en forme d’église. Visite ensuite du « Nashville Country Music Hall Of Fame And Museum » (photo de la voiture d’Elvis ci-dessous). Ayant rdv à 14h30, je demande à l’accueil combien de temps prend la visite. 1h30 – 2h me répond-on. Je prends mon billet, on me présente une fiche avec les tarifs selon l’âge ou autres ; je dis que j’ai plus de 60 ans, la fille me dit bravo et me donne mon ticket ; tarif senior donc, qui m’a fait économiser $7, de mémoire, le privilège de l’âge… J’ai visité le tout en 45 minutes. J’adore certains types de musées, pas trop ceux liés à la musique, qui se vit. Il y a aussi un musée Johnny Cash à Nashville. En attendant celui consacré à Taylor Swift, largement représentée au Nashville Hall Of Fame (j’ai pris quelques photos pour une nièce, je vous fait grâce).
Mon rdv de
14h30, c’est avec Aaron, un gars qui bosse chez RCA Records, que Kristi voulait
absolument me faire rencontrer. J’ai passé deux heures dans les studios RCA
(non visitables), avec partout des studios d’enregistrement et des photos
d’Elvis, de Roy Orbison et autres plus (Porter Wagoner, Dolly Parton, enfin,
certains de leurs morceaux) ou moins (des tas d’autres) my cup of tea. Je n’ai
pas pu prendre de photos, ayant oublié mon téléphone portable dans la bagnole. Aaron
m’a donné les disques (un LP et un 7’’) de son groupe, The Pale Figures, très
intéressants, certains morceaux me faisant penser au Velvet. Aaron m’a
conseillé d’aller voir le petit building où Roy Orbison avait ses bureaux
(ci-dessous, à gauche).
Direction
ensuite la boutique Vinyl Tap, soit-disant la meilleure de Nashville, pas de
singles, mais des rayons pleins de disques dédicacés – je ne vois pas trop l’intérêt,
sauf en avoir eu un (autographe) en direct, voire personnalisé, peut-être pour
revendre quand le people, genre Iggy, sera dcd, pas Keith Richards, bien sûr,
tout le monde sait qu’il nous enterrera tous, pour reprendre une blague
récurrente. Puis direction le Bluebird Cafe (Is A Blue Bird Blue ?) où se
produit Dan Penn lorsqu’il passe à Nashville. L’endroit était bondé ce soir-là,
pour je ne sais plus quel artiste.
Direction
mon hôtel, le Pacemaker Music Row, une vraie suite avec frigo américains
(glaçons), piscine, etc, situé, comme son nom l’indique dans le quartier de
Music Row, aussi une des chansons du dernier album (hors démos) de Dan Penn. L’agence
a bien fait son boulot.
Dernière
balade downtown avant de rejoindre l’aéroport.
Depuis mon
retour, je continue à communiquer pas mal avec Kristi, Robert, Spooner et Jim
Lancaster, à qui j’ai aussi envoyé mon projet de bouquin. Je n’ai pas eu de
retour de la part de Spooner mais Jim m’a félicité pour le travail - « much
comprehensive and complete work I ever read on Dan Penn and the Excel file is a
bomb », m’a corrigé quelques trucs et donné pas mal d’infos, malheureusement
pas sur le deuxième album de Dan, jamais sorti, auquel Jim et son épouse Jill ont
largement participé, Jim réservant son récit pour sa biographie en cours de
rédaction.
Patrick Bainée
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