AU RIEUR SANGLIER : la bd dans tous ses états !!!! - chroniques BD octobre-novembre 2025

 


On dit que ce qui est rare est cher et ce qui est cher n’est pas forcément rare : pour cette rubrique à la parution aléatoire, je peux répondre qu’elle m’est chère mais qu’elle ne vous coûte rien,,,,

Bref, beaucoup (trop?) de parutions dans le monde du 9e Art (tiens, connaissez-vous les autres, à part bien sur le 7e? Interro la prochaine fois) et donc beaucoup d’albums mis en avant :



Chez SARBACANE (un éditeur dont j’apprécie particulièrement la ligne éditoriale) c’est une sélection de quatre ouvrages qui a retenu toute mon attention :



-SAUDADE de Vincent Turhan (160 pages/25 euros)

Alma et Rio sont propriétaires d’un vieux cinéma d’Art et Essai dans une cité balnéaire et s’apprêtent à célébrer le cinquantenaire de Saudade, un film important et marquant. En parallèle, on est embarqué dans la préparation d’un braquage qui va mal tourner,,,Tout s’imbrique dan ce récit et le suspense est à son comble. Véritable clin d’oeil à « cinéma Paradiso » le magnifique film de Guiseppe Tornatore par un auteur brillant (« chemin des égarés » « les étoiles s’éteignent à l’aube »)




-LE ROI SANS COURONNE de Toni Carbos (112 pages/22 euros)

17 juillet 1978 : championnat du monde d’échecs à Baguio aux Philippines. Karpov contre Korchnoï. De la géo politique pure : le protégé du KGB contre le dissident suisse. Un récit à tiroir très bien huilé avec l’évocation d’un meurtre et la résurrection du prétendu auteur. Toni Carbos est un dessinateur hors pair pour une fiction plus vraie que nature. Plus qu’une partie d’échecs, c’est la guerre froide qui se joue ici. « Le roi sans couronne » est bien un Monstre Sacré !!!!




-ISLAND EXIT de Diego de la Viuda Garcia (144 pages/22 euros)

Un récit autobiographique très sportif : traverser l’Islande à pied en deux semaines et dormir en bivouac. Une performance que l’auteur et ses trois amis sportifs vont réaliser. Sauf que Diego n’en est pas vraiment un...Récit doux amer très maîtrisé avec pour décor un univers lunaire et une réflexion sur le handicap (Diego vient juste de subir une lourde opération pour le bec de lièvre qu’il a depuis sa naissance) Première œuvre particulièrement réussie.




-BERIL EN BATAILLE d’Adèle Maury (192 pages/28 euros)

Un petit garçon -Béril- vit en pleine campagne avec son berger de père et passe ses journées avec ses amis, Coltaire le lièvre et Anour la coccinelle. Et là vous vous dites une énième bd jeunesse à trouver en médiathèque Que nenni !!!! Bien plus que cela : un hymne à l’enfance, une ode à l’humanité de bêtes, une réflexion sur le deuil et la solitude. La charte graphique, toute en douceur et couleurs apaisantes d’Adèle Maury, donne toute sa plénitude à ce récit magnifique et bienveillant. Une belle réussite et une formidable idée de cadeau ! Un nouveau Monstre Sacré !


Chez DUPUIS :



-QUE D’OS ! De Max Cabanes et Doug Headline (d’après J P Manchette) (104 pages/22 euros)

Après « morgue pleine » c’est le retour d’Eugène Tarpon, le mythique privé de JP Manchette de nouveau adapté par son fils (Doug Headline) et dessiné superbement par le grand Max Cabanes (« dans les villages ») Toute la magie des 70’s superbement mises en lumière dans cette nouvelle aventure du fantasque Tarpon. Au programme : action, violence, humour noir. Que du bonheur !!!!

Monstre Sacré pour sûr !!!!




-LES SINGES de Yann Le Bec (144 pages/24 euros)

Un récit bien sombre : le retour aux sources de Manon dans le giron familial et la découverte d’une histoire interdite ou comment son père a mis enceinte sa belle-sœur, pour déboucher sur une enquête judiciaire. Une famille qui implose, une ambiance malsaine et nauséabonde, entre tensions et non dits. La remise en cause de la stature du père, un récit fort en bichromie. Pour un deuxième opus, un auteur qui se fait un nom dans le petit monde des Mickeys,


Beaucoup de « must have » chez DARGAUD :




- LES AVENTURES DE LAPINOT/le chapeau maudit de Lewis Trondheim(48 pages/13,95 euros)

Lapinot l’immortel ! Inusable Lapinot. Ce personnage (et c’est rare dans la bd) mis à mort par son auteur nous revient pour de nouvelles aventures toujours aussi caustiques et fantasques ; Cet album réjouira ses admirateurs mais aussi les bikers, les pratiquants de jeux de rôle, les amateurs de joutes oratoires et autres complotistes et anti-complotistes de tout poil. Ca fait du monde non ?!!!

COUP DE COEUR MONSTRE SACRE !!!!




-UNE OBSESSION de Nine Antico (292 pages/29,95 euros)

Un voyage à Venise programmé à deux et qui se transforme en introspection solitaire. Nine Antico embarque sur la gondole de ses désirs et fantasmes. Elle glisse sur ses relations amoureuses et sexuelles dans un noir et blanc primaire et tranchant. Tous les personnages sont masqués, dignes d’un carnaval libertin et « casanovesque » (oups!) Elle se livre avec sincérité et audace en revendiquant une libération sexuelle de la femme et une révolution féministe toujours en cours.

Si vous découvrez cette autrice, jetez-vous sur « Girls don’t cry » et « Autel California » et « Coney Island baby » : oui ce sont bien des titres qui ont des références !!!




-DAKOTA 1880 de Appollo et Bruno (64 pages/16 euros)

Ce titre rend hommage à la toute première aventure dessinée par Morris (Arizona 1880) et basé sur l’album sorti en 1974 (sept histoires de Lucky Luke) Ce sont effectivement sept petites histoires qui se complètent pour former cet album qui est plus qu’un hommage par deux auteurs majeurs de la Bande Dessinée. On y découvre un Lucky Luke très « réel » tel qu’il a existé selon les dires de Gustav Frankenbaum, grand spécialiste américain de western. En 1880 l’homme qui tire plus vite que son ombre est un simple convoyeur de diligence qui, au fil de ces histoires, va croiser là aussi de vrais personnages historiques de l’Ouest américain : Louis Riel, Annie Oakley, Paul Sullivan. C’est donc un Lucky Luke inhabituel, presque trop sérieux, que l’on appréhende avec curiosité et intérêt. Au lieu d’un ersatz sans intérêt du fabuleux personnage de Morris, les deux compères nous proposent autre chose, une page d’histoire humaniste et digne d’intérêt




-PUNK A SEIN de Magali Le Huche (216 pages/25 euros)

Octobre rose est toujours d’actualité avec ses différentes manifestations et en particulier ce livre important et autobiographique. Magali Le Huche m’avait impressionné avec « Nowhere girl » et c’est à l’époque de son écriture qu’elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Sans misérabilisme et avec beaucoup d’à propos elle retrace son parcours au sein (sic) de son entourage et de ses proches. Fan depuis toujours des Beatles, elle redécouvre The Clash et ainsi Joe Strummer devient un interlocuteur rêvé et donne une dimension « rock’n’rollienne » à cette histoire qui se découvre avec une couverture Clash/Presley de toute beauté !!!! Une vraie bouffée d’air pur positive et communicative que ce bel album ! Monstre Sacré bien sur !!!




-PALMER DANS LE ROUGE de Manu Larcenet et René Pétillon (68 pages/17,50 euros)

Ahhhhhhh Jack Palmer le retour !!! Depuis la disparition de René Pétillon en 2018 on n’osait imaginer une nouvelle aventure de ce détective privé loufoque et lunaire. Bien en a pris l’incontournable et indispensable Manu Larcenet qui décide de reprendre un scénario de ce même Pétillon et de réaliser une des bds les plus drôles du moment. L’action se déroule dans le prestigieux vignoble bordelais où on appelle à la rescousse notre privé préféré suite à la disparition de l’héritière d’un domaine viticole en difficulté. C’est un récital de dialogues, de situations aussi cocasses que drôles. Les grande familles vinicoles bordelaises en prennent pour leur grade : une délectation de haut vol, en somme un grand cru à déguster sans modération !! L’association post mortem Larcenet/Pétillon : ENORME !!!!!

COUP DE COEUR MONSTRE SACRE !!!



QUELQUES AUTRES COUPS DE COEUR :




-FUNESTES AMOURS de Charles Burns (Cornelius/32 Pages/11 euros)

Indispensable comme tout album du Monstre Sacré qu’est Mister Burns. Exercice de style virtuose, ce petit album noir et blanc est une OBLIGATION !!!




-MEMOIRES D’UN TRAITRE de Hugues Barthe (Gallimard bd/160 pages/22,90 euros)

La révélation d’un ado devant l’émission Apostrophes : Hugues veut quitter son village du Doubs, trahir son milieu social et tracer lui-même son destin. C’est l’histoire d’une émancipation : celle de l’adolescence, celle de la ruralité morne et toxique, celle de la famille (père violent, mère absente, frères distants) C’est aussi l’histoire de belles rencontres qui ponctuent un récit captivant et vibrant. On tient là une œuvre majeure, salvatrice et généreuse. Mais, mais qui est le traître dans cette histoire ? À vous maintenant de le découvrir.




- LA MAISON DU CANAL d’Edith et J L Bocquet (d’après Simenon) ( Dargaud/96 pages/22,95 euros)

Collection « Simenon et ses romans durs »

Je suis depuis longtemps très sensible au travail d’Edith (Grattery) et de ses œuvres (Emma G Wilford, Le jardin de minuit, Séraphine,,,) On repère son dessin d’un seul coup d’oeil : réaliste et émouvant, proche de l’os, vivant.

Que dire de JL Bocquet, scénariste et alter ego de Catel, efficace et littéraire. Un duo de choc pour adapté un auteur de choc : le grand Simenon.

La Flandre des années 30, morne, pluvieuse et Edmée 16 ans,orpheline, découvre une partie de sa famille et ses six cousins. Une tragédie familiale crue et cruelle. Une belle collection à découvrir.




- ON LES APPELLE JUNIOR & SENIOR de Hostache et Recht (Le Lombard/102 pages/19,95 euros)

Entre Lucky Luke et Blueberry ? Deux personnages « à la » Terence Hill et Bud Spencer. Truculent et jouissif. Le western en bubblegum et carton pâte mais distrayant à souhait.

Un poing c’est tout, deux si tu insistes !!!!!!!!



- En fin je termine cette (longue) rubrique par un ovni : « l’infiniment moyen et plus si affinités dans les limites finies d’une édition minimaliste » de Marc Antoine MATHIEU chez Delcourt (21,50 euros)

L’objet ne peut se lire qu’avec une loupe compte tenu de la dimension du livre (3 cms x 4 cms) comme je n’ai que la version « promo » (sans la loupe) je ne l’ai pas encore lu….deux personnages, l’un physicien, l’autre philosophe ont un dialogue sur l’infini et plus particulièrement sur l’infiniment petit.

MAM est un auteur à part, une personne incroyable, d’une culture et d’une intelligence rare (j’ai eu la chance de le cotoyer plusieurs fois) et son œuvre majeure « Julius Corentin Acquefaques » est un must pour tous les amateurs de bd mais pas que,,,,



Voilà, voilà, tout est dit (ou presque) avec pas mal d’idées de lectures et de cadeaux en tous genres ….oups ! « STARMAN » chez Casterman, j’allais l’oublier celui-là !!!de Reinhard Kleist (344 pages/28 euros) Pas si étonnant car je suis très mitigé compte tenu d’un dessin que je trouve très approximatif


Jusqu’à la prochaine fois les amis !!!!! Bonnes lectures !!!!

Gérard


Merci à Jean-Christophe CHAUZY pour son illustration

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