THE SEX PISTOLS - MES PISTOLS

SEX PISTOLS


Été 1978, j'ai 10 ans et je passe des vacances en Haute-Vienne. Un de mes cousins, plus âgé que moi, me montre une photo des Sex Pistols. On y voit Sid Vicious avec des pansements sur le visage et Johnny Rotten en train de faire la grimace. Les vêtements sont déchirés, les cheveux hirsutes, et ma première interrogation est de savoir pourquoi. Ils me rappellent certains personnages de dessins animés après un accident. Mon cousin m'explique que ce sont des punks.

Des punks... Ok, j'ai déjà entendu ce mot quelque part, je ne sais plus très bien où ni pourquoi, mais je connais. Bref, ma deuxième question est de savoir ce qu'ils font dans la vie, ont-ils un métier? Ils sont un groupe: les Sex Pistols. Je demande à les écouter, moi qui n'y connaît rien et qui pense que la musique se limite à la variété, à Mozart, Elvis et deux, trois autres. Ce que je vais entendre ne va pas me déplaire mais je vais vite oublier. Il faut dire qu'à ce moment-là, je n'écoute pas vraiment de musique, les seuls disques que je possède sont le 45 tours de Plastic Bertrand, ça plane pour moi et la BO de Il était une fois dans l'ouest. Au-delà de la musique, ce que j'aime dans ce groupe, c'est l'image. Ce qu'elle dégage est fabuleux, ce truc complètement déglingué, surréaliste, je vais le garder dans un coin de ma tête.

Juillet 1982, je suis en Angleterre pour un échange scolaire. J'écoute les trucs du moment, AC/DC, Trust, Iron Maiden, Motörhead, etc. Le Punk est derrière, mais je n'ai pas oublié les Sex Pistols. Le correspondant chez qui je suis accueilli me présente son cousin (décidément !) qui va me ramener quelques années en arrière. Le type a un t-shirt The Jam et deux 33 tours sous le bras, Ramones, premier album du groupe du même nom et Damned Damned Damned, premier Damned. Je prends une claque dès les premiers titres de Ramones. Pour les Damned, c'est moins facile, j'aime bien, mais je n'accroche pas autant.
Retour en France, avec une collection de badges accrochés à mon blouson et un t-shirt Overkill de Motörhead. Mes parents n'aiment pas trop ça, mais il faut bien que jeunesse se passe. D'ailleurs, mon premier LP Punk va m'être offert par mon père. Lors d'un déplacement professionnel à Paris, il m'achète Never Mind The Bollocks here's the Sex Pistols que je vais user jusqu'à la corde et racheter ensuite. Ce disque découvert lorsque j'avais 10 ans va me scotcher pour toujours quatre ans plus tard.

Je passe des heures à l'écouter en observant cette pochette fluo qui suscite chez moi admiration et frustration. C'est flash, ça a de la gueule, mais pourquoi ne voit-on pas le groupe comme sur toutes les pochettes de disques ? Il me faudra attendre encore quelques années et la lecture de bouquins sérieux pour avoir la réponse. En attendant, pour moi, c'est Punk droit devant et exit les disques « hard rock » de Trust et AC/DC, le seul groupe que j'écouterai encore désormais sera Motörhead.



Mais, revenons aux Pistols. Après « Bollocks », on m'offre Sid Sings, l'album posthume de Sid Vicious en solo, un « fond de tiroir » sorti par Virgin qui a le mérite de me faire découvrir Johnny Thunders et ses Heartbreakers, les Stooges et les New York Dolls grâce aux différentes reprises qui y figurent. Je n'aime pas trop le son dépouillé de ce disque, il faut dire que je n'ai encore jamais écouté de bandes « live » brutes, façon bootlegs, mes seules connaissances en la matière sont des concerts officiels très certainement retravaillés en studio. Never mind, mes recherches continuent, je veux en savoir plus sur les Pistols et sur le Punk. Je vais donc fouiller les bacs des deux disquaires locaux quand j'ai un peu d'argent de poche. Bergerac est une petite ville et trouver du Punk en vinyle n'est pas toujours facile, bien que « La Discothèque » ait un rayon plutôt rempli, mais dans lequel on trouve autant de Punk 77 que de ce qui va suivre, les Exploitèderies en tout genre. J'y achète le double LP The Great Rock N'Roll Swindle sans vraiment savoir ce qu'il contient. Arrivé chez mes parents, je déchante un peu après la première écoute. Ce disque est un fourre-tout bien loin de ce que j'espérais. Il y a 50% des titres à jeter, je les déteste et je me demande bien de quoi il s'agit, bien que j'ai compris que je tiens la BO d'un film entre les mains. Pourquoi ces chansons folkloriques, ces violons, ces trucs plus ou moins débiles. Où est le punk ? Heureusement, il y a les reprises des Who, etc., et cet inédit, Belsen Was A Gas. Les titres sans Rotten me plaisent moins, je ne connais rien de cet autre chanteur, Ronnie Biggs, mais ça ne m'emballe pas des masses.

Mes recherches continuent, je vais désormais dépenser mes petites économies en magazines pour en apprendre un peu plus. Je commande quelques anciens numéros de Best et Rock & Folk et commence à me faire mon propre look. Mon second séjour en Angleterre va beaucoup m'aider.

Juillet 1984, je passe à nouveau deux semaines dans une famille, en échange scolaire. C'est la fin du collège, je ne pense qu'à deux choses, les disques punks et mon look. Les creepers et pulls « jumpers » en mohair sont hors de prix, et je n'ai pas assez d'argent pour acheter tous les disques que je souhaite. Tant pis pour les 33 tours des Damned et des Ramones, je reviens en France avec quelques 45 tours des Pistols, dont les faces B sont absolument géniales, et quelques badges.

Suivent les années au lycée, la découverte d'autres groupes et d'autres styles, certains enthousiasmants, d'autres moins, voire pas du tout, et les Sex Pistols restent, encore et toujours, le groupe number one au point que je vais commencer à dépenser tout mon argent de poche sur le sujet. Certaines choses me coûtent cher (imports, livres anglais) mais quand on aime, on ne compte pas. J'équilibre en achetant le reste d'occasion sur les marchés aux puces et chez des revendeurs de Bordeaux et d'ailleurs.

Au cours des années 90, grâce au fanzine écossais The Filth & The Fury, j'entre en contact avec des collectionneurs archivistes en Angleterre, Allemagne, Autriche et aux USA. Commence alors les échanges en cassettes audio et VHS, concerts après concerts, j'affine, je cherche des « upgrades », les masters ou masters – 1 des enregistrements que je possède déjà pour avoir un meilleur son. Certains disent que je suis complètement fou, je pense simplement étudier le sujet au maximum et surtout au mieux afin de savoir de quoi je parle. 

L'arrivée d'internet accélère considérablement les choses, les sites d'échanges et les vidéos en ligne permettent d'aller toujours plus loin dans les archives et d'approfondir les connaissances. Un groupe, un album, quelques faces B et plusieurs décennies de recherches. 

Certains me disent que je suis fou...Peut-être.

Fernand Naudin (Merci d'avance pour vos commentaires !)

Commentaires