LE MATOS DU CHEF ... OU COMMENT OBTENIR LE SON GARAGE 60'S




Suite à la "British Invasion" du milieu des années 60, les adolescents américains ont voulu profiter du phénomène. En laissant pousser leurs cheveux, en portant des vêtements bon marché et en trouvant un local pour s'entraîner, ils se sont empressés de créer leurs propres groupes.

Plutôt que la douceur du MERSEYBEAT, ces nouveaux groupes formateurs préféraient les sons plus bruts des ROLLING STONES, KINKS, TROGGS, ANIMALS, YARDBIRDS et PRETTY THINGS. Ils adaptaient le rhythm & blues des jeunes blancs-becs britanniques en un punk typiquement américain.

Les jeunes Yankees s'efforçaient d'imiter le son de la fuzztone utilisée par Keith Richards sur "Satisfaction", la distorsion de "You Really Got Me" des KINKS et le bruit primitif de "Wild Thing" des TROGGS.

Le type de guitare en lui-même n'était pas responsable du son d'un groupe en herbe. Les jeunes ayant des parents plus généreux préféraient une Jaguar ou une Mustang de la marque Fender. Les Gibson ES-335 et SG étaient aussi populaires. N'importe quelle guitare de l'époque faisait l'affaire, le choix de l'abordable Silvertones disponibles chez Sears, Kay, Harmony ou Danelectro était courant. Pour ceux qui avaient un budget encore plus serré, les importations d'Eko, Framus ou Hagstrom étaient la solution.

Le fondement du son punk des années 60 repose sur l'amplificateur de la guitare. Contrairement à la croyance populaire, les amplis Vox n'ont pas joué un rôle majeur dans le son américain. Ceux vendus aux États-Unis étaient des appareils à semi-conducteurs de qualité inférieure fabriqués par la Thomas Organ Company. La clé pour obtenir les sons sales et distordus désirés reposait sur la taille de l'ampli. En général, plus il était petit, mieux c'était, et de préférence, pas plus de 50 watts suffisaient. Une guitare branchée directement sur un Fender Bandmaster ou un Silvertone 1421 dont le volume était monté à fond (pour rivaliser avec la batterie) créait un méchant vacarme. La réverbération était un effet indispensable qui accentuait l'effet de la montée généreuse du volume.

L'émergence de nouveaux transistors à semi-conduction au milieu des années 60, notamment ceux contenant du germanium, a déclenché l'explosion du son fuzz. En incorporant une boîte de fuzz dans son arsenal, un guitariste pouvait renforcer la distorsion naturelle d'un ampli de taille moyenne. Pour ceux souhaitant imiter le crépitement de la fuzz entendu sur "(I Can't Get No) Satisfaction", la Gibson Maestro Fuzz-Tone devient la pédale de choix.

Afin de profiter de cette tendance, plusieurs fabricants d'instruments de musique ont ajouté une pédale fuzz à leur catalogue. Les guitaristes pouvaient créer ce cliquetis et ce bourdonnement désiré avec une Mosrite Fuzz Rite, une Acetone Fuzz Master ou même la Vox Tone Bender, qui était disponible aux États-Unis.

Ce grognement de guitare était largement complété par les girations de phases émises par un orgue compact. Le Vox Continental ou son frère Jaguar étaient un choix populaire pour créer la distorsion désirée. Le tourbillon bancal d'un Farfisa Compact était une autre option largement préférée. Un certain nombre de modèles bon marché portant le nom d'Ace Tone étaient facilement disponibles pour un prix réduit.

Un chanteur charismatique était aussi essentiel à l'identité d'un groupe. Employer un faux accent britannique pour brailler les pièges d'une romance adolescente finissait par payer. Pour ne pas se laisser distancer par les autres membres du groupe équipés de leurs instruments, ils s'accompagnaient d'un harmonica Hohner Echo et/ou d'un tambourin.

Avec un peu de chance et à la suite de mois de répétitions ainsi que quelques bals d'adolescents et une victoire lors d'une "Battle Of The Bands" locale, les groupes obtenaient enfin le soutien d'un DJ local ou d'un petit entrepreneur avisé.

Ceux-ci, désirant profiter de l'engouement croissant pour la musique de ces adolescents, les entassaient dans un studio de fortune. Sous quelques micros suspendus dans la pièce, on appuyait sur le bouton d'enregistrement d'un 4 pistes rudimentaire. 
Il était crucial de capturer toute la distorsion due au volume, le craquement du fuzz, les sifflements de l'orgue et la voix de morveux dans une prise "live" et spontanée. Une manipulation minimale des boutons était la marque de fabrique des deux faces d'un monstrueux simple pressé sur un label rapidement créé pour l'occasion…



Born Outta Time (Merci d'avance pour vos commentaires !)





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