SEX PISTOLS - NOËL PUNK POUR LES ENFANTS D'HUDDERSFIELD


En cette fin d'année 1977 et malgré tout ce qu'ils ont subi depuis un an - dont l'interdiction de se produire sur scène - les Sex Pistols ont encore assez d'énergie pour jouer au club Ivanhoe's d'Huddersfield le jour de Noël. Et c'est en partie pour une bonne cause puisqu'un premier concert, gratuit, a lieu l'après-midi pour les enfants des pompiers en grève, les enfants de chômeurs et ceux de parents isolés. Le concert du soir est, quant à lui, payant et s'adresse au public habituel.

Le groupe et le staff technique arrivent pour le déjeuner après de longues heures de route. Au cours du soundcheck, tandis que Johnny Rotten se repose, Sid Vicious, Steve Jones et Paul Cook font deux reprises de Johnny Thunders & The Heartbreakers, Chinese Rocks et Born To Lose, titre qui ouvre l'album posthume Sid Sings, sorti chez Virgin en 1979. 

Le concert pour les enfants, dont l'âge ne dépasse pas 14 ans, débute à 15 heures. Virgin prend en charge tous les cadeaux : disques du groupe, t-shirts, badges, posters et autres goodies ainsi que l'arbre de Noël et un immense gâteau que Rotten partage en jouant avec ses jeunes fans, ce qui lui vaut de finir couvert de crème.

Le groupe est au top de sa forme, la Christmas Party se déroule parfaitement bien et le tour manager/sonorisateur John « Boogie » Tiberi enregistre tout sur la console tandis que Julien Temple filme, caméra à l'épaule. Une partie de l'évènement figure dans le documentaire The Filth And The Fury (Film Four Productions - 2000) et dans celui de la BBC intitulé Never Mind The Baubles en plus de quelques reportages TV anglais.

A l'issue de ce premier concert, une rencontre a lieu avec une journaliste commissionnée par Andy Warhol pour son magazine Interview. Le problème est que le groupe ne cesse de l'appeler Andy Asshole ou Andy Arsehole, ce qui revient au même. Lorsqu'il découvre l'enregistrement, Warhol est ulcéré et refuse de publier. Il vend la cassette au journal International Times qui l'utilise pour son numéro de janvier 78.

Premier ticket mis en vente, sans aucune indication du lieu

Dans l'après-midi, Sid Vicious demande à son manager Malcolm McLaren de faire venir sa petite amie Nancy Spungen au concert du soir. Nancy est interdite de tournée, elle est trop pénible, McLaren ne veut pas qu'elle traîne dans les pattes du groupe, mais pour Noël, il est prêt à faire une « exception ». Sachant très bien qu'aucun train ne roule ce jour-là, il 'accepte' que Nancy rejoigne la fête. Sid lui téléphone et comme l'a prévu McLaren, elle ne trouve aucun train pour rejoindre Huddersfield. Elle décide alors de faire les 300 kms en taxi et, en guise de cadeau de Noël, fait établir la facture (élevée) au nom de Glitterbest Ltd, la société de Malcolm McLaren...

Le soir venu, beaucoup de gens attendent devant la salle dont la capacité est limitée à 500 personnes. Certains sont là depuis l'après-midi, l'organisation leur a offert des sandwiches pour les aider à patienter dans le froid. C'est Noël, beaucoup de policiers sont restés chez eux en famille, le chef de la police locale ne veut pas d'émeute, il autorise donc une entorse au règlement, tout ceux qui sont dehors peuvent entrer et le concert se déroule finalement dans un club plein à craquer. A l'origine, The Jerks, groupe punk local, devait faire la première partie, mais contraint d'annuler, il est remplacé par un DJ qui passe toute sorte de disques du moment (Bowie, Mott The Hoople etc). Les Sex Pistols montent sur scène alcoolisés, Rotten demande au public s'il connait une meilleure façon de célébrer Noël. Réponse unanime: non ! Les titres s'enchaînent, God Save The Queen, Seventeen, BodiesPretty Vacant, Anarchy In The UK, tout l'album est joué ainsi que quelques faces B et Belsen Was A Gas adapté d'une ébauche de Flowers Of Romance Le public est chaud, le groupe aussi et à la fin du set, tout le monde en redemande. Une soirée de Noël comme celle-ci ne peut pas se terminer sans rappel, les Pistols reviennent donc jouer deux chansons, repartent en backstage puis remontent à nouveau sur scène pour deux derniers rappels. Au total, 17 titres sont joués et la soirée se déroule sans incident, le chef de la police peut souffler.

Never Mind The Bans: jouer coûte que coûte

C'est la dernière fois que les Sex Pistols jouent en Angleterre avant la reformation de 1996. Trois jours plus tard, il doivent s'envoler vers les USA pour une tournée qui débute à Pittsburg, les amène à Chicago, Cleveland, New York avant de descendre vers le sud pour terminer en Californie. Malheureusement, les visas sont délivrés trop tard par l'ambassade américaine, les premiers concerts sont donc annulés. La suite est connue, les cow-boys texans accueillent mal le groupe qui ne les épargne pas et finit par splitter après un dernier gig à San Francisco.

L'argent du concert d'Huddersfield, soit un chèque de £600, n'aurait jamais été encaissé par Glitterbest Ltd.



Un des bootlegs du concert du soir


Fernand Naudin (merci pour vos commentaires)


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