RÉTROVISEUR 3 - RADIO-TÉLÉ & SCOPITONES ANNÉES 60


Dans les années 60, il n’y a pas d’émissions de radio rock spécifique. Salut Les Copains de Daniel Filippachi sur Europe N°1 est le programme le plus emblématique de l’automne 1959 à fin mai 1969, de 17 à 19h, du lundi au samedi, où Sheila côtoie les Rolling Stones. En été, sur la plage, à ces horaires-là, tous les transistors, à de rares exceptions, sont branchés sur SLC. Et le soir, il y a Dans Le Vent, de 20 à 23 h, avec Michel Cogoni puis Hubert Wayaffe, qui cède la place à Campus en avril 1968, animé par François Jouffa et, à partir de mai, par Michel Lancelot.


Fin 1962, Radio Luxembourg (futur RTL) réagit avec Balzac 10-10 (leur numéro de téléphone) de Jacques Garnier qui fait pâle figure par rapport à la dynamique de SLC. A l’automne 1966, Mini-Max du Président Rosko prend le relais et fait de l’ombre à SLC de 16h30 à 18h, mais fin mai 1968, Rosko s’enfuit en Angleterre suite aux événements. A la rentrée 1966, France Inter s’y met enfin avec 17-19 sur 1829 (longueur d’ondes de la station) de Gérard Klein. Et, en 1967, à partir de 23h, il y a le Pop Club de José Artur.

Face à l’énorme succès de Salut Les Copains (17h30-18h puis 17h-18h30 et, dès 1963, 17h-19h), de Daniel Filipacchi et Frank Ténot sur Europe N°1 (1647 m G.O.), qui bat chaque jour des records d’audience, dès 1960, les autres stations sont longues à réagir. Son impact est lié aux débuts phénoménaux de Johnny Hallyday, en s’épaulant l’un l’autre. Pourtant, même sur Europe N°1 où, le dimanche 9 octobre 1960 à 20h30 (et non en mars comme le veut une légende tenace attribuant faussement ce fait à « T’Aimer Follement »), le directeur des programmes, Lucien Morisse, n’est pas tendre lors de la diffusion de « Itsy Bitsy Petit Bikini » par Johnny, cassant le disque à l’antenne dans son émission Le Discobole. Il annonce : « C’est la première et dernière fois que vous entendez cet artiste ici. » Il faut dire que Dalida est sa compagne. En avril 1961, au micro de Salut Les Copains, il récidive, et Daniel Filipacchi contre-attaque en s’en prenant à Édith Piaf ! Un abondant courrier arrive à Europe N°1 en faveur de Johnny. Avec le temps, le regretté Lucien Morisse revient sur sa décision, reconnaissant les qualités de Johnny et devient l’un de ses amis.

Toujours sur Europe N°1, Musicorama, chaque dimanche midi, animé par Roger Duquesne puis Robert Marcy, propose les meilleurs passages des spectacles de l’Olympia où rock et twist sont souvent à l’honneur. Après la parution du mensuel Salut Les Copains en juin 1962, à la rentrée, l’impact de SLC est relayé le soir sur Europe N°1 par Dans Le Vent (21h-22h puis 20h-23h) présenté par Michel Cogoni, tout comme Bon Dimanche Les Copains, puis par Hubert Wayafffe (transfuge de Service De Nuit) à partir de septembre 1964 pour ces deux émissions. En effet, à cette date, Michel Cogoni rejoint l’antenne de Radio Luxembourg (1293 m G.O.). En juillet 1963 les Champions jouent les instrumentaux « 1647 m G.O. » et « 1293 m G.O. » à la gloire des fréquences grands ondes d’Europe N°1 et de Radio Luxembourg.


Sur France 1 (ex-Paris Inter et future France Inter) Jazz Dans La Nuit de Roger de Mervelec, retransmet, le 26 février 1961, des extraits du premier Festival International de Rock’n’Roll au Palais des Sports du 24 février. Et, dès 1962 on peut écouter ses idoles dans Le Collège Du Rythme de Roland Forez (22h-23h) sur France Inter (1819 m G.O).

A la suite de Parade Disques Vogue, animée par Serge Goron, sur Radio Andorre et Radio Monte Carlo en 1961, en juillet 1963 Radio Andorre (300 m P.O.) crée Spécial Blue-Jeans (17h-18h30), dont l’indicatif est interprété par les Fingers, Dany Logan en assurant la version chantée. En septembre 1963, du côté de Radio Monte Carlo (1400 m G.O.), chaque jeudi, Roger Frey et Henri Leproux sont au micro de Visa Pour Le Golf Drouot. En juin 1964 le Golf part en tournée durant tout l’été sous le patronage de Disco Revue et de RMC où le spectacle est animé par Henri Leproux et Albert Raisner.

Après un premier essai à l’été 1962 où Henri Leproux, du Golf Drouot, présente à 17h, une sélection de disques rock’n’twist, Radio Luxembourg, en septembre 1963, décide, enfin, de faire concurrence à Salut Les Copains, et lance à la même heure, de 17h à 19h, Balzac 10-10 (numéro de téléphone de la radio), de Jacques Garnier, avec Philippe Adler et Francis Weber.

En 1965, Mike « Rosko » Prescott (fils de Joe Pasternak, producteur cinématographique d’Elvis Presley depuis « Girl Happy ») anime Bon Dimanche Les Copains sur Europe N°1. Durant l’été 1966, il présente Barclayrama sur Radio Monte-Carlo, émission produite par cette maison de disques, reprise sur Radio Andorre. Sur la station pirate anglaise Radio Caroline, il devient l’Emperor Rosko. En septembre, il présente Otis Redding sur scène à Londres alors qu’Hubert fait de même à Paris, à l’Olympia. En novembre 1966, en tant que Président Rosko sur Radio Luxembourg, rebaptisée RTL, il lance le nouveau programme vedette Mini-Max, concurrent de Salut Les Copains, de 16h30 à 18h, prenant la suite de BAL.10.10 de Jacques Garnier.

Emporor Rosko


Toujours en 1966, à SLC, Daniel Filipacchi est relayé à l’antenne par Michel Brillié dit Bernard et Monty. A la même époque, sur France Inter, Gérard Klein anime 17-19 Sur 18-19 (horaires et fréquence grandes ondes de la station). En janvier 1967 le Pop Club de José Artur, sur France Inter, devient l’émission rock par excellence grâce aux séquences de Pierre Lattès et Claude Villers. Le 21 juin, Claude Chebel fête l’anniversaire de son émission Les 400 Coups, sur France Inter, avec Gérard Klein, Mickey Baker, Danyel Gérard, Eddy Mitchell, Dick Rivers et l’équipe de Rock & Folk. Le Président Rosko, du 24 juillet au 19 août, dans Mini-Max, sur RTL, avec les disques Philips, reçoit en direct de Cannes, sur le bateau La Jeanne, Claude François, Serge Gainsbourg, France Gall, Johnny Hallyday, Herbert Léonard, Annie Philippe, Michèle Torr, etc. Le 13 décembre Rosko préside l’émission TV anglaise Juke Box Jury. En avril 1968, sur Europe N°1, Campus avec François Jouffa, Michel Brillié et Jacques Barsamian, à 20h, succède à Dans Le Vent, tandis que Hubert anime Salut Les Copains qui devient Super SLC à 16h30, présenté le samedi par Daniel Filipacchi. En mai, Michel Lancelot prend les rênes de Campus. Rosko quitte RTL tout en continuant à faire de la radio en Angleterre. A l’automne, le Québécois Michel Desrochers remplace Hubert à Salut Les Copains qui, avec les chaussettes Stemm, lance son jeu de cartes Atlanta. En novembre Michel Lancelot reçoit Léo Ferré à Campus, et Rosko, de Radio One, dirige avec Sam Bernett le club la Tour De Nesle dont les clients sont Jacques Dutronc, Johnny Hallyday, Nicoletta, les Variations, etc.

1968 voit la fin de l’insouciance et du triomphe des années pop et yéyé. Le 16 janvier 1969, Michel Lancelot consacre un Campus spécial à Georges Brassens. « Listen Here » d’Eddie Harris est l’indicatif du Baromètre de Jean-Marie Houdoux sur France Inter. En juin, sur Europe N°1, Peripherik de Pierre Lattès (ex-Pop Club) succède à Salut Les Copains de 17 à 19h. C’est un échec et, dès juillet, la tranche est confiée à Patrick Topaloff. Gérard Klein quitte France Inter pour RTL où officie Jean-Bernard Hebey après un court passage à Salut Les Copains. Le 11 septembre 1970, Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe N°1, se suicide, clôturant en tristesse et en deuil l’épopée radio des années 60 à jamais marquée par les trois lettres magiques SLC ! Il faut bien comprendre que tout au long des années 60 le pouvoir de la radio est bien plus puissant que celui de la télé, la tendance en faveur de ce média s’inversant seulement à partir des années 70.


SALUT LES COPAINS

Créée en octobre 1959, l’émission de radio de Daniel Filipacchi, Salut Les Copains (d’après un succès de Gilbert Bécaud), sur Europe N°1, remporte chaque jour, à partir de 1960, un succès grandissant auprès des jeunes, renforcée par les débuts sur les ondes de Johnny Hallyday. Annoncé quotidiennement à 17h30 par son indicatif « Brother Daniel » de Lou Bennett enchaîné au Chouchou de la Semaine, SLC devient vite un rendez-vous incontournable à la sortie de l’école, présenté par Daniel et, à l’occasion, son complice de Pour Ceux Qui Aiment Le Jazz, Frank Ténot. Daniel est aussi directeur artistique chez Decca où il s’occupe de Sylvie Vartan, Frankie Jordan, les Pingouins, etc. avec Eddie Vartan.

A l’été 1961 le groupe de rhythm’n’blues américain les Mar-Keys décroche un tube instrumental imparable avec « Last Night » dont on ne compte plus les reprises (Barons, Daniels, Eddie Vartan, Golden Stars, Nancy Holloway) depuis qu’il est devenu l’indicatif de la célèbre émission de Daniel Filipacchi, Salut Les Copains, dorénavant programmée de 17 h à 18h30. Celle-ci bat tous les records d’audience. Ainsi, en novembre, elle reçoit 43262 lettres d’auditeurs. Fin juin 1962 le premier numéro du magazine Salut Les Copains, d’après la fameuse émission de radio de Daniel Filipacchi et Frank Ténot, avec Johnny Hallyday en couverture, connaît lui aussi la gloire. Un sérieux concurrent pour Disco Revue de Jean-Claude Berthon. Le 22 juin 1963, le magazine Salut Les Copains fête son premier anniversaire et son million d’exemplaires de tirage sous l’égide d'Europe N°1 place de la Nation en présence de 150 000 copains venus applaudir Frank Alamo, Richard Anthony, les Chats Sauvages, les Gam's, Danyel Gérard, Nicole Paquin, Sylvie Vartan et Johnny Hallyday en vedette. Le 25 juin, un cocktail plus intime au Golf Drouot réunit Lucky Blondo, Claude François, Eddy Mitchell, Moustique, au son des guitares des Spotnicks qui animent cette soirée.

Les indicatifs se succèdent : « SLC Twist » par Eddie Vartan, « SLC Surf »par les Gamblers jusqu’à « SLC Jerk » par les Lionceaux en 1965, et de nouveau « Last Night » des Mar-Keys. Les séquences comme Le Musée, Le Gros Plan, Le Coin Du Spécialiste ou L’Invité sont des rendez-vous très appréciés des auditeurs. En 1966-67, Salut Les Copains est diffusé sept jours sur sept, de 17h à 19h, avec le hit-parade le dimanche. Outre Daniel, l’équipe comprend Josette Sainte-Marie, Michel Poulain et Michel Brillié, rebaptisé Bernard à l’antenne, puis Monty.

A partir de fin 1962, depuis les débuts de Music-Hall et Ciné Music Magazine, à la suite de Disco Revue et Salut Les Copains, la presse pour teenagers s’enrichit d’Age Tendre, Bonjour Les Amis, Nous Les Garçons Et Les Filles, etc. Le 15 octobre 1964, le magazine Salut Les Copains a une petite sœur, Mademoiselle Age Tendre, suite au rachat d’Age Tendre. France Gall est en couverture du N°1. Le 24 mai 1966, Mademoiselle Age Tendre célèbre au Tchoo Tchoo, dans le cadre de Robinson Village au Plessis-Robinson, le passage de son tirage à 500 000 exemplaires.

Le 22 janvier 1966, l’édition de Salut Les Copains en braille d’Arty Parera, destinée aux non-voyants, fête son premier anniversaire au cours d’un gala à Saint-Mandé, avec Jean-Jacques Debout, Leny Escudero, les Haricots Rouges, Annie Philippe et Pierre Vassiliu. Le 12 avril 1966, pour le numéro de juin fêtant les quatre ans du magazine Salut Les Copains, Jean-Marie Périer réalise la photo historique réunissant 46 idoles et vedettes du moment dont Johnny et Sylvie pour leur premier anniversaire de mariage. Dans la foulée SLC donne naissance à un empire de presse avec les publications Filipacchi, bien au-delà de la dernière émission fin mai 1969.


Face à Formidable, Moins 20, Hit-Parade (qui ne survivront pas à Mai 68), Rock & Folk (fondé à l’été 1966 à partir d’un hors-série de Jazz Hot) et de Les Rockers de Jean-Claude Berthon sur les cendres de Disco Revue (jusqu’à fin 1967), Salut Les Copains et Mlle Age Tendre de Daniel Filipacchi et Frank Ténot dominent largement le marché.

En septembre 1968 paraît Best, alors que sort la première formule d’Actuel. Le 17 janvier 1969, le gala annuel de SLC Braille à la Mutualité, présenté par Jean-Pierre Foucault et Patrick Topaloff, propose Georges Chelon, David Christie, Dani, Gilles Dreu, Florent, les Haricots Rouges, les Irresistibles, Gilles Marchal, les Strangers, les Sunlights et Pierre Vassiliu. En avril, SLC braille cesse de paraître au profit d’un 33 tours trimestriel pour les aveugles conçu par Jean-Pierre Foucault et Patrick Topaloff.

Au printemps 1970 les hebdomadaires Pop Music de Franck Lipsik et SLC Hebdo de Daniel Filipacchi, vite rebaptisé Super Hebdo, fusionnent à la fin de l’année. A l’été Jean-Claude Berthon est de retour avec Extra, repris en 1972 par Gérard Bernar en provenance de Best. Fin 1971 paraît l’hebdo Plus qui ne dure pas et renaît en 1972 sous le titre Hit Magazine. Claude François s’empare, lui, de Podium. La presse pour jeunes se multiplie avec Stéphanie de Jean-Quentin Gérard (alias Laroche-Valmont), Bravo, Poster, etc. Côté pop, on découvre Pop 2000, Maxipop, Le Disque, Gold, Encyclorock, Rock News, Pop Hebdo, Rock’n’Roll Musique, Rock En Stock, Feeling, etc. Néanmoins Salut Les Copains et Mlle Age Tendre dominent toujours le marché jusqu’à la transformation de Mlle Age Tendre en OK !, en 1974, et, après la mort de Claude François, en 1978, en OK Podium, tandis que SLC devient Salut ! en 1976 jusqu’à sa disparition en 2006.


SCOPITONES

En 1961-62 le développement du Scopitone crée une véritable révolution en France où les chansons filmées des Chats Sauvages, Chaussettes Noires, Dalida, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et Vince Taylor font le bonheur des cafetiers. Le Scociptone (du grec scopein - regarder - et tonos - tonalité) est un juke-box proposant le film d’un succès. Il se développe au début des années 60 grâce à la société française Cameca qui fabrique les appareils dans son usine de Courbevoie. Dans les années 40, aux États-Unis naît l’ancêtre du Scopitone baptisé Panoram, créé par la compagnie Mills Novelty, à Chicago, projetant sur un écran un court métrage musical en 16 mm, appelé Soundie, à la gloire des grands jazzmen. Ce procédé est vite abandonné, mais le principe d’un juke-box, format écran de téléviseur, prend corps en France et en Italie à la fin des années 50, destiné à être installé dans les cafés.

Les Français Roland Bourg (en juillet 1957), Roger Barascut et Lucien Félix Prat (tous deux en juillet 1958) déposent des brevets, de même que l’Italien Teresio Dessilani (février 1958). Le 11 avril 1959, à Rome, la société italienne Società Internazionale Fonovisione présente son appareil, le Cinebox, incluant 40 petits films. Il mesure 175 cm de haut et 96 cm de large avec une profondeur de 90 cm, et pèse 170 kg. En 1959 Cameca (ex-Radio-Cinéma, filiale de la CSF, Compagnie générale de la télégraphie Sans Fil) fait enregistrer le brevet de son directeur technique Frédéric Mathieu qui évince ceux de ses prédécesseurs en se référant aux brevets américains de 1939. Cameca dispose de son expérience dans le domaine des projecteurs de cinéma et de la production de films.

Du 14 au 29 mai 1960, Cameca présente à la Foire de Paris son modèle, le ST16. Cinebox s’impose en Italie et Scopitone en France ainsi que dans d’autres pays européens et surtout aux USA. Le ST16 a des caractéristiques similaires à son concurrent italien. Il mesure 1,80 m de haut, 1,08 m de large et 0,98 m de profondeur pour un poids de 180 kg. Il contient 36 films d’une longueur maximale de 50 mètres, en 16 mm, couleur et sonore. Ils sont projetés sur un écran en verre dépoli de 54 cm ressemblant à un téléviseur couleur, qui n’existe pas alors. Le son est lu sur une piste magnétique couchée sur la bande et reproduit par un amplificateur 8 watts. Le haut-parleur (21 x 32 cm), situé sous l'écran, offre une bonne qualité d’écoute.

En 1961, une sélection coûte un nouveau franc pour un film, alors que pour le même tarif on peut écouter cinq titres dans un juke-box. En 1963, le ST36 est plus grand et plus élancé (2 m de haut, 0,86 m de large, 1,2 m de profondeur) et la diagonale de l’écran atteint 65 cm, avec une diffusion de 21 films à l’heure, ce qui permet au cafetier d’amortir son investissement, soit 15 000 F pour un appareil. Au début des années 60, Cameca réalise de beaux profits grâce aux Scopitones permettant le développement d’une gamme d’instruments scientifiques, le SIMS. Mais, dès 1965, les ventes commencent à décliner, la SACEM réclamant dorénavant une redevance. En 1968, la production est stoppée.


En 1965, le Scopitone 450, fabriqué par Tel-A-Sign sous licence Cameca, à Chicago, envahit les États-Unis. Dans ce pays le volume des ventes atteint 7,7 millions de dollars. Mais, en 1966 une enquête fédérale sur les liens de la mafia avec Tel-A-Sign entraîne la chute de cette firme et sa faillite en 1969.

En 1960, huit films sont réalisés par Cameca pour la Foire de Paris. Pour le lancement commercial, huit autres de succès de la chanson sont mis en scène aux studios Eclair d’Epinay-sur-Seine. En décembre 1960, 40 morceaux sont disponibles, d’une durée de deux à trois minutes. Certains sont tournés dans les sous-sols de l’usine Cameca de Courbevoie. Andrée Davis-Boyer, épouse du musicien de jazz Roby Davis, s’engouffre dans la brèche et en réalise environ 500, y compris avenue Frochot, à Paris 9e, où sont installées les Productions Davis-Boyer, et dans sa villa d’Antibes. Claude Lelouch y fait ses débuts et en supervise plus de 80. Parmi les autres réalisateurs figurent Jean-Christophe Averty, Pierre Cardinal, François Reichenbach, Gérard Sire, Alexandre Tarta, etc. Ces ancêtres du clip sont tournés en deux ou trois heures, avec des petits budgets (7000 F en moyenne, montage compris) et les metteurs en scène doivent faire preuve d’imagination pour se renouveler.

En 2005 Pascal Fornéri (fils de Dick Rivers et petit-fils d’Andrée Davis-Boyer) conçoit le documentaire télévisé « L’Age D’Or Du Clip » sur cette épopée des années 60 à la gloire de sa grand-mère, surnommée Mamy Scopitone. En 2007, la chaîne Paris Première, avec son émission Do You Do You Scopitone présentée par Mareva Galanter, rend hommage à cet appareil magique.

Voici une liste sélective des principaux Scopitones liés aux Années Rock & Twist 1960- 64 due aux Productions Davis-Boyer : Adamo « La Nuit », « Mes Mains Sur Tes Hanches » ; Frank Alamo « Da Doo Ron Ron », « Maillot 38-37 », « Sur Un Dernier Signe De La Main », « Sing C’Est La Vie » ; Richard Anthony « Clémentine », « Itsi Bitsi Petit Bikini », « Ya Ya Twist », « Fiche Le Camp, Jack » ; Antoine « Les Élucubrations », « Un Éléphant Me Regarde », « Je L’Appelle Canelle » ; Audrey Arno « La Pachanga », « Un Collège Anglais » ; Hugues Aufray « Dès Que Le Printemps Revient », « Les Crayons De Couleur » ; Brigitte Bardot « Everybody », « Harley Davidson », « Contact », « Comic Strip » (avec Serge Gainsbourg) ; Lucky Blondo « L’Autre Nuit » ; Liz Brady « Comme Tu Es Jeune » ; Chats Sauvages (avec Mike Shannon) « Sherry » ; Chaussettes Noires « Be Bop A Lula », « Je T’Aime Trop » ; Christophe « Les Marionnettes », « J’Ai Entendu La Mer », « Confession » ; Cinq Gentlemen « Cara-Lin » ; Betty Clair « Scopitone Party » ; Petula Clark « Marin », « Calcutta », « Elle Est Finie La Belle Histoire », « Pour Ceux Qui Ont Un Cœur », « Be Good To Me » ; Claudine Coppin « Saint-Tropez Express » ; Dalida « Plus Loin Que La Terre », « Loin De Vous », « T’Aimerai Toujours », « Le Jour Le Plus Long », « Je N’Ai Jamais Pu T’Oublier », « Viva La Papa », « Ciao Amore Ciao », « Zoum Zoum Zoum » ; Dangers « Leçon De Twist » ; Joe Dassin « Les Dalton » ; Jacques Dutronc « Les Play-Boys », « Restons Français Soyons Gaulois » ; Leny Escudero « Pour Une Amourette » ; Fantômes « Loop De Loop » ; Nino Ferrer « Ho ! Eh ! Hein, Bon ! », « Le Téléfon », « Mao Et Moa », « Agatha » ; Claude François « Belles, Belles, Belles », « Marche Tout Droit », « Chaque Jour C’Est La Même Chose » ; France Gall « La Cloche », « Laisse Tomber Les Filles », « Baby Pop » ; Gam’s « Oui Les Filles » ; Danyel Gérard « Le Petit Gonzales », « Youpi Ya Tamouré », « Je », « America », « D’Accord, D’Accord » ; Johnny Hallyday « Laisse Les Filles », « Je Suis Mordu », « Oui, J’Ai », « Une Boum Chez John », « Pas Cette Chanson », « C’Est Le Mashed Potatoes » (avec les Golden Stars), « L’Idole Des Jeunes », « Je Ne Danserai Plus Jamais », « Pour Moi La Vie Va Commencer », « Quand Revient La Nuit », « Mes Yeux Sont Fous », « Noir C’Est Noir », « La Génération Perdue », « Amour D’Été », « Aussi Du Que Du Bois », « Je M’Accroche A Mon Rêve », « Je Te Veux ».

Françoise Hardy « Tous Les Garçons Et Les Filles », « Comme Tant D’Autres », « Saurai-Je ? » ; Nancy Holloway « Dum Dum », « Good Good Lovin’ », « Dernier Baiser » ; Glenn Jack & Ses Glenners « Zizi La Twisteuse » ; Colette Magny « Basin Street Blues » ; Guy Marchand « La Passionnata », « Rumba » ; Guy Mardel « N’Avoue Jamais » ; Eddy Mitchell « Chacun Pour Soi », « Miss Caroline » ; Monty « Tchick Tchang », « Vivre D’Amour » ; Harold Nicholas « Je Ne Veux Pas Rentrer Chez Moi » ; Nicoletta « L’Homme A La Moto », « Ma Vie C’Est Un Manège » ; Claude Nougaro « Le Jazz Et La Java » ; Annie Philippe « Ticket De Quai » ; Pirates « Dany » ; Michel Polnareff « Love Me, Please Love Me », « Le Bal Des Laze » ; Conrad Pringel « Snappez A Mes Côtés » ; Dick Rivers « Rien Que Toi », « Tout Se Passe Dans Les Yeux », « Mon Ami Lointain » ; Johnny Rock Feller (Jean Yanne) « Je N’Aime Pas Le Rock » ; Henri Salvador « Faut Rigoler », « Cid Rock », « Bon Voyage », « Twist SNCF », « Minie Petite Souris », « Le Martien », « Tout Ça N’Est Pas Grave », « Avec La Bouche », « Zorro Est Arrivé », « Le Travail, C’Est La Santé », « Veunise », « Juanita Banana », « Attila Est Là », « Touche Du Bois Mon Gars », « Da Da Niet Niet », « Quand On Travaille » ; Sheila « L’École Est Finie », « Papa T’Es Plus Dans L’Coup », « Le Sifflet Des Copains », « L’Heure De La Sortie », « Petite Fille De Français Moyen », « Arlequin », « Love Maestro, Please » ; Stella « Le Vampire » ; Surfs : « Ce Garçon », « Si J’Avais Un Marteau », « Sacré Josh », « Adieu Chagrin », « Scandale Dans La Famille » ; Vince Taylor « Twenty Flight Rock », « Shakin’ All Over », « Peppermint Twist », « There’s A Lot Of Twistin’ Goin’ On » ; Sylvie Vartan « Est-Ce Que Tu Le Sais », « Locomotion », « Twiste Et Chante », « Si Je Chante », « Je Voudrais Être Un Garçon », « 2 Minutes 35 De Bonheur » (avec Carlos), « Un Bon Mois D’Été » ; Pierre Vassiliu « La Femme Du Sergent » ; Vigon « Harlem Shuffle », « Baby Your Time » ; Hervé Vilard « Capri C’Est Fini », « Mourir Ou Vivre » ; Dominique Walter « Johnsyne Et Kossigone » ; Tiny Young « Tais-Toi, Petite Folle », avec Henri Salvador « Un Seul Garçon Sur La Terre », « Mon Chien Et Moi ». En bonus, trois tournages mythiques de grands tubes anglais : Procol Harum « A Whiter Shade Of Pale », Moody Blues « Nights In White Satin », Julie Driscoll « Save Me ».


TÉLÉVISION

Le rock et le twist sont les parents pauvres de la télévision, dirigée d’une main de fer par la RTF (Radiodiffusion-Télévision Française avant de devenir en 1964, avec l’arrivée de la 2e chaîne, l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française). A quelques exceptions près (A L’Ecole Des Vedettes - qui a révélé Johnny Hallyday le 18 avril 1960 dans « Laisse Les Filles » -, Toute La Chanson - avec la première télé des Chaussettes Noires le 30 janvier 1961, encore appelés 5 Rocks), Le Train De La Gaité de Jean Nohain (après 36 Chandelles), Age Tendre & Tête De Bois, à partir du 30 mai 1961, est le seul programme à apporter un peu d’air frais. Cette émission de l’ex-harmoniciste Albert Raisner se veut le reflet cathodique, quelque peu édulcoré, de Salut Les Copains sur Europe N°1.


En septembre 1963 les nouvelles émissions TV de variétés de la rentrée sont Douce France d’André Salvet (ex-Toute La Chanson), Les Raisins Verts de Michèle Arnaud et Jean-Christophe Averty (ex-Histoire De Sourire), Le Temps De La Chance d’Aimée Mortimer (ex-A L’Ecole Des Vedettes), Tutti Frutti de Petula Clark et Sacha Distel, Ce Soir A Paris de Pierre Tchernia, Quoi De Neuf ? avec le premier passage télé français des Rolling Stones le 5 novembre 1964 dans « It’s All Over Now » et « Carol », et toujours Age Tendre & Tête De Bois d’Albert Raisner rebaptisé Tête de Bois & Tendres Années, Discorama de Denise Glaser, Rendez-Vous Junior, La Grande Farandole, Le Petit Conservatoire de Mireille (à qui on doit les débuts de Françoise Hardy au printemps 1961).

The Rolling Stones à Quoi De Neuf ?

Le 22 décembre 1963, la 2e chaîne TV propose son premier programme, puis tous les week-ends à partir du 4 janvier 1964, et tous les jours à compter du 1er avril. Face à Discorama de Denise Glaser et Télé Dimanche de Raymond Marcillac, avec son Jeu de la Chance, Tête de Bois & Tendres Années d’Albert Raisner demeure l’émission-phare des variétés pour les jeunes à la télévision jusqu’à l’été 1968. A la suite de Mai 68, plus ou moins évincé de l’ORTF, Albert Raisner revient par la petite porte avec Point Chaud, d’abord programmé dans Samedi & Cie.

Outre les programmes originaux de Jean-Christophe Averty dont Au Risque De Vous Plaire ; Music-Hall De France et Tilt Magazine de Michèle Arnaud, animés par Michel Drucker, tiennent aussi le haut du pavé. Dim Dam Dom de Daisy de Galard, A Tous Vents, Le Petit Dimanche Illustré de Raoul Sangla, Vient De Paraître, Le Palmarès De La Chanson de Guy Lux ou Sacha Show de Maritie et Gilbert Carpentier avec Sacha Distel sont également des émissions appréciées.

Le 11 janvier 1967 le Président Rosko présente Dents De Lait, Dents De Loup sur la 2e chaîne (malheureusement une seule fois), avec Jean-Jacques Debout, Marianne Faithfull, Claude François, France Gall (qui chante « Les Sucettes » et, avec Serge Gainsbourg, l’inédit « Dents De Lait, Dents De Loup »), Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Tony Renis, Sylvie Vartan, les Walker Brothers, Dominique Walter et les Zombies. Le 16 avril 1967 débute Bouton Rouge, premier vrai programme de pop music, dans le cadre de 16 Millions De Jeunes d’Alain de Sédouy, sur la 2e chaîne. C’est une révolution à la télé française. A partir de novembre, Bouton Rouge de Pierre Lattès est diffusée chaque samedi à 18h30, mais elle ne survit pas à Mai 68. A l’Affiche Du Monde de Claude Fléouter et Christophe Izard, et Tous En Scène de Claude Ventura prennent le relais avec un certain savoir-faire. Enfin, en 1970 Pop 2 arrive sur le petit écran, et une autre décennie commence.

Jacques LEBLANC

Juke Box Magazine

Commentaires

Routhiau claude a dit…
C’est super un travail tellement bien ficelé.Que c’est bon de retrouver le goût, le charme et le sourire des ces années. Merci Jacques à bientôt Claude et Babette
Bernard FOSSET a dit…
Quelle belle révision ! Du grand, du très grand LEBLANC ...

Merci Jacques !

Amicalement.

Bernard.



Anonyme a dit…
Merci Jacques
Mouvet Herve a dit…
Un véritable régal que cet article on ne peut plus exhaustif sur nos années « culte »
Un grand merci à toi Jacques.