STRYCHINE & KICK - INTERVIEW KICK : "j'ai commencé l'enregistrement d'un nouvel album solo" (2/2)
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En 2020 |
Après la séparation de Strychnine, tu passes pas mal d'années dans la banlieue Parisienne et tu enregistres en 1984 "Mal" et en 85 "Visions Pures". Avais-tu l'intention de continuer ta vie dans la musique à ce moment-là ? Ou bien faisais-tu de la musique "par habitude " ?
Oui ! J'avais beaucoup d'idées et d'envies musicales à la suite de Strychnine. On jouait à l'époque en trio, avec Jean Garat de Bx, (ex S.T.O) à la batterie et Christophe Campo de Pontoise (ex Extraballe) à la basse et ça sonnait bien ! C'est une de mes périodes préférées
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1984-Paris-Campo-Kick-Garat-photo Philippe Gabel |
En 86, tu passes à la TV et interprète "J’veux pas qu’on m’aime", était-ce ton titre favori du lp, peux-tu nous dire pourquoi mettre à ce moment-là plus en avant ce titre qu'un autre ?
C'était juste le premier titre de l'album et il passait bien sur scène.
« Visions Pures » est un album qui me tient particulièrement à cœur pour pas mal de raisons et j'aime bien tous les titres.
Peux-tu nous parler de Kick 'n' ze 6, ton groupe jusqu'en 1990 ?
À partir de 86, Boubou m'a rejoint à la batterie et Luc Robène ( ex Noir Désir) à la guitare. Puis nous avons continué en trio avec Luc et un autre guitariste et je me suis mis à la boîte à rythme... finalement j'ai continué en solo avec guitare électrique et boîte à rythme. J'ai beaucoup composé à cette époque. C'est la période Kick'n'ze'6...
Après ta rencontre du groupe Parabellum, tu deviens leur parolier et également producteur. Vu que tu abandonnes ensuite la musique, on pourrait penser que ce ne fut pas une bonne expérience ?
J'ai juste participé à un album avec eux. C'étaient des amis et on se voyait souvent. En suivant, j'ai joué en duo avec Loran (Bérurier noir) pendant presque deux ans. On vivait en fourgon et on allait de squat en squat. Nous avions même enregistré un album à Berlin qui n'est jamais sorti et dont les bandes sont perdues. C'est là que j'ai tout arrêté...
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Val d'Ajol. Avec Loran pour l'hommage à Schultz |
Tu décides ensuite d'abandonner la musique et pratiques différents métiers loin de ta vie jusqu'à ce moment-là. Tu continues tout de même à écrire, pourrais-tu nous raconter les thèmes qui t'inspiraient encore ? Serait-il possible de faire lire quelques extraits ou était-ce juste pour toi ?
J'ai effectivement continué à écrire des genres de « poèmes », si l'on peut employer ce mot un peu prétentieux. Mon idée était de faire de la musique sans musique, rien qu'avec des mots. Je dois avoir ça quelque part dans mes archives perso mais je n'ai pas l'intention à ce jour de les publier.
Ta vie musicale reprend en 2005, ou bien as-tu continué à chanter et composer pour toi et tes proches durant ces 15 années de pause ? Est-ce-qu'à ce moment-là, tu te coupes aussi complètement de la musique et n'écoutes et n'achètes plus de disques ?
Pendant 15 ans, j'ai coupé complètement avec la musique à tous les niveaux. J'avais envie de faire autre chose de ma vie... C'était une belle période qui m'a beaucoup enrichi humainement. Je suis heureux d'avoir pu faire ça.
Tu rencontres Boubou, l'ancien batteur des Strychnine à nouveau cette année-là. Vous rejouez un peu ensemble et décidez de sortir à nouveau les disques du groupe qui ne sont plus trouvables dans le commerce et dont les originaux se vendent hors de prix. La compilation "Amour Dehors" est créée à partir des bandes originales. As-tu eu un coup de nostalgie en écoutant tout cela ? Que ressentais-tu en te replongeant dans cette partie de ta vie ?
C'est effectivement en retrouvant Boubou (mon vieux compère des débuts) que l'envie de faire de la musique m'est revenue. C'est l'asso « Bordeaux Rock » qui nous a proposé de sortir ce CD. La vraie intégrale 77-82 ne ressortira qu'en 2019.
Un concert est organisé en votre hommage à Bordeaux, et vous y participez. Est-ce cela qui a amené que vous enregistriez en 2010 l'album "Tous Les Cris" ? Il a été rapidement mis en boite, c'est un instantané (dixit Boubou), en es-tu satisfait ? Quels en sont à ton avis les moments forts ?
Luc Robène nous a rejoints rapidement et j'avais beaucoup d'idées de textes et de morceaux avec tout ce que j'avais vécu durant toutes ces années. J'aime bien le résultat avec, je trouve, une bonne énergie et des compos qui tiennent la route.
Juste un petit regret sur mes parties chantées que j'aurais sûrement dû soigner davantage... mais bon ! C'est comme ça ! Et je n'aime pas la pochette.
L'année suivante, tu sors "Forcené", un album solo. Tu as commencé à jouer du blues et à faire des concerts accompagné par une boite à rythme. Avais-tu un ras-le-bol d'être bucheron ? Tu déclares à l'époque te "sentir libre". Peux-tu nous donner plus de précisions et nous parler de cet album ?
J'avais arrêté d'être bûcheron en 2005, suite à des accidents de travail qui m'avaient marqué. À l'époque je bossais dans les vignes comme ouvrier agricole.
Avec « Forcené », j'avais de nouveau envie de faire des choses en solo, comme à la fin des années 80.
Après la compilation de Strychnine, tu publies une autre compilation de tes années solo "Le Sens De La Pente". Elle est composée de titres inédits, démos et live. Peux-tu nous en expliquer le choix du titre ? Tu as à peu près la même démarche en 2015 avec "Chien Fidèle". Cela me rappelle Léo Ferré qui adorait perfectionner et modifier ses morceaux. Peux-tu nous parler de ce besoin de revenir sur tes titres ? Es-tu un perfectionniste ?
Avec « Le sens de la Pente » je tenais à sortir des tas de morceaux inédits, des compos que j'aimais bien de la période Kick'n'ze6. J'ai aussi ressorti « Mal » et « Visions Pures », les albums de 84-85 sous la forme d'un CD. C'était une façon pour moi de solder toute cette période.
Avec « Chien fidèle », puis le « Pouvoir des mots » c'étaient essentiellement de nouvelles compos. Des albums avec Sven à la guitare solo et Kik Liard (qui avait joué un temps avec Schultz ) à l'harmonica. Mais c'est vrai qu'il m'arrive d'entendre soudain une ancienne compo d'une oreille différente, et je ne m'en prive pas quand ça vient. Une nouvelle lecture, un relief inattendu, j'aime bien...
Tu joues parfois des concerts avec Strychnine durant ces années. Quelle est la différence entre jouer solo et avec un groupe pour toi ? Quels sont les plaisirs que tu ne retrouves pas avec eux et vice et versa ?
Je suis accro aux deux formules... On a continué à faire des concerts uniquement avec le répertoire Strychnine, la plupart du temps en trio avec Luc et Boubou et j'aimais beaucoup comme ça sonnait ! En fait j'apprécie autant l'énergie du groupe et le partage avec les potes que la formule solo qui me permet de mettre mes textes au premier plan et de me faire plaisir à chanter, à utiliser ma voix de manière plus nuancée. Je pense que c'est assez courant, les chanteurs dits « auteur-compositeur » qui sont aptes à jouer seuls oscillent souvent entre les deux systèmes.
Cela me paraît inévitable et d'ailleurs les exemples célèbres ne manquent pas... Pour ma modeste part, il est clair que je ne peux me passer des deux encore à ce jour.
Sven de Parabellum a eu une grande importance dans ta vie musicale. Pourrais-tu nous en parler ?
Sven a eu surtout une grande importance dans ma vie tout court. C'est quelqu'un qui m'a beaucoup apporté humainement. D'ailleurs je suis toujours en contact avec sa famille.
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Avec Sven |
En 2019, une intégrale des Strychnine sort, vous retravaillez les bandes. Vous faites un concert, pourquoi ne pas relancer à fond le groupe ? N'en avez-vous pas envie, c'est l'occasion idéale ?
Ça nous tenait à cœur de sortir un bel objet avec les deux premiers albums remastérisés à partir des bandes originales. Les masterings de l'époque ne rendaient pas justice à l'énergie et au son du groupe je trouve... À cette époque, Boubou a eu certains problèmes de santé et ça n'aurait pas eu de sens sans lui ! Et puis, en ce qui me concerne, je suis plutôt dans le présent. Ça commence à faire un demi-siècle cette histoire ! et je n'ai absolument aucune nostalgie de ma « jeunesse ».
Ce qui m'intéresse, ce sont les morceaux que j'écris aujourd'hui... Ceci dit, s'il y a une occasion sympa, ponctuellement...
Puis arrivent les albums "Un Blues Superficiel" (2019) et "Les gens qui ne sont rien" en 2021, en quoi la crise de la covid a influencé ta façon d'écrire à ce moment ?
Pendant la covid, je me suis mis à écrire mon bouquin. « Le blues superficiel » et les « Gens qui ne sont rien », ce sont de nouvelles idées, de nouvelles rencontres. Plus acoustique pour le premier, plus électrique pour le second.
Tu as déclaré "Je joue le Blues un peu comme du Rock, toujours de manière un peu tendue", peux-tu être plus précis ? Pourrais-tu t'imaginer refaire les titres de Strychnine en "blues tendu" ?
Parce que je ressens dans le blues primitif une authenticité, une urgence et une énergie qui me parlent. Cette musique m'a beaucoup apporté, même si je ne veux plus en jouer sur scène à ce jour. Cette période est terminée pour moi, je me dois de chanter mes propres textes... Et puis il serait prétentieux de vouloir s'approprier la chose... Personne ne peut arriver à la cheville de ces gens-là ! Tout simplement parce qu'on est loin d'avoir le même vécu... Cela dit c'est toujours essentiellement la musique que j'écoute et j'en chante souvent chez moi seul pour mon plaisir personnel.
Quels sont tes prochains projets ?
Tracer la route le plus possible et contempler les étoiles. Partager avec les gens, profiter des amis et des êtres qui me sont chers. Marcher en montagne et me baigner dans l'océan. Jouer en solo et aussi à l'occasion avec le groupe de rock du dernier disque... Et puis j'ai commencé l'enregistrement d'un nouvel album solo, avec de nouveaux titres inédits et des anciens revisités en acoustique dans des versions décalées... et ça m'éclate...
Merci Kick.
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