7" part 3 - THE RUMBLERS : Boss (et la France)

 


Cette rubrique double sider 7’’ continue avec un single Cramps related. « Boss » a en effet servi de base à « Garbageman ». Contrairement aux deux précédents 7’’, les deux morceaux sont des originaux.

Les Rumblers étaient un groupe surf / R’n’R plutôt instrumental, avec saxo (instrument qui leur a été inspiré par les Pastels), de Norwalk, en Californie. Il y a toutefois des vocaux sur certains morceaux dont la B side du single « I Don’t Need You No More », peut-être encore meilleure que la face A.

Il s’agit de leur premier single, sorti en 1962, à la fois sur Downey et sur Dot, la même année. Ils avaient déboursé dix dollars pour le temps de studio avant que Downey, qui est aussi le nom d’une ville en Californie, décide de le sortir – hit local, # 1 cinq semaines consécutives à Fresno - et qu’il bénéficie ensuite d’une distribution nationale via Dot, les deux labels ayant passé un deal de distribution.

Un peu comme Fortune, Downey était aussi un label, créé en 1959 qui bénéficiait de son propre studio, situé à l’arrière du magasin de disques (anciennement laverie automatique) « Wenzel Music Town », du nom du créateur, Bill Wenzel. Le plus gros hit du label sera « Pipeline » par les Chantay’s en 1963 et Barry White a commencé sa carrière sur le label Downey sous le nom de Lee Barry. Barry est un des Blacks qui a appris aux Rumblers comment jouer comme des Blacks et a même produit deux ou trois de leurs morceaux.

Les Rumblers, formés en 1962, se sont bien sûr inspirés pour leur nom du morceau de Link Wray, qu’ils reprennent d’ailleurs sur leur premier album. Leur autre idole était Duane Eddy. Ce groupe de copains de classe s’est formé après avoir vu les Mojo Men sur scène. Ils étaient encore tous au lycée et jouaient en général uniquement le vendredi soir. Ils ont commencé comme groupe instrumental, sans batterie, jouant essentiellement des reprises de rhythm & blues - Temptations, Coasters, Olympics, notamment - un groupe Black à la peau blanche, comme ils se décrivaient, avant de rencontrer Adrian Lloyd, dont on parlera plus bas, plus vieux qu’eux de trois ans, qui tiendra la batterie et assurera le chant. Ils joueront pas mal en première partie des Beach Boys (RIP Brian Wilson, avant hier).

Sur certaines compiles sur lesquelles on retrouve « Boss » ou « I Don’t Need You No More », les Rumblers deviennent les Ramblers.

Boss


Comme pour la plupart des morceaux originaux des Rumblers, c’est Jack Wenzel, le fils de Bill, qui était aussi le producteur du groupe, qui est crédité comme compositeur de « Boss ». Le riff a en fait été trouvé par Bob Jones, le joueur de saxo, mais comme il n’avait que seize ans … – et alors ? Il n’y a pas que les Blacks qui se sont fait avoir à ce genre d’exercice. Pour info, je mets un B majuscule à Black, façon New York Times depuis le 30 juin 2020. Bon, maintenant, « Boss » est pas mal inspiré du « Caterpillar Crawl », des Titans, un groupe de studio, qui a été beaucoup repris.

« Boss » sera leur seul hit, #52 des charts US en février 1963.

Le morceau a été repris par Bill Justis en 1963 – qui a par ailleurs interprété « Boss Guitar », décidemment, par Adrian & The Sunsets, par Billy Vaughn & His Orchestra, puis par Dave Alvin, John Blair, Big Guitars Of Texas en 1985 et par Jon and The Nightriders en 1987. Voilà pour les versions recensées.

I Don’t Need You No More

 


Le morceau a été écrit par deux membres des Rumblers : le bassiste Wayne Matteson et le chanteur (sur quelques rares chansons avec vocaux) Adrian Lloyd, qui a quitté le groupe début 1963 pour former Adrian and The Sunsets - qui reprendront également ce morceau- et s’est distingué en sortant « Lorna », un single de 1965 malsain / givré digne d’Hasil Adkins.

J’ai trouvé deux autres reprises du morceau, la première mal orthographiée (mais les paroles sont justes) « I Don’t Need You Anymore », sur l’album « Dragspoitation… Now! » (1995) du groupe garage les Drags. L’autre reprise est par les parisiens Four Slicks dont la partie rythmique a ensuite rejoint Frustration. La reprise se trouve sur leur dernier album « Four On The Floor » (2012). Il y a un morceau de 1972 par J. Geils Band nommé « I Don’t Need You No More ». Les paroles n’ont rien à voir mais je me demande si le groupe ne s’est pas inspiré du riff des Rumblers.

Les paroles de « I Don’t Need You No More »

Well a little while ago you cheated on me
Well now, pretty mama, as you can see
I found someone new just the other night
Well someone who loves me and treats me right

I don't need you no more
Well you can walk out that door
Well I don't need you no more
So baby just you leave me alone

Well you told me you love me and you said you'd be true
And then without a reason, well, you said we were trough
But for a short while I wished I was dead
But now, pretty baby, I repeat what you said

I don't need you no more
Well you can walk out that door
Well I don't need you no more
So baby just you leave me alone

Well leave me alone
I said leave me alone
Well walk out that door
Yeah now leave me alone
Well leave me alone
'cause baby , I don't want you no more

Well, leave me alone
I said leave me alone
Ah, come on baby, leave me alone now
I don't need you no more baby
I don't want you no more
Alright honey leave me alone...

Malgré ses belles paroles, elle l’a trompé, il en a trouvé une autre, il n’a plus besoin d’elle.

Discographie

 

Édition française

Le groupe a sorti un album, « Boss », sur Downey et sur Dot, qui a bénéficié d’une réédition en France dans les années 80, sur le label Surf, voilà pour la partie française de cet article. Il y a aussi une réédition japonaise remasterisée sortie en 2017. L’album est sorti dans la foulée du premier single, certains morceaux tentant de surfer (ahah) sur le succès de celui-ci : « Boss Blues », « Walking With The Boss » et « Boss Drums », qui se retrouvera en B side de l’édition grecque du single « Boss ». On retrouvera également le générique « Boss » sur certains des singles suivants, parfois extraits de l’album : « Boss Strikes Back », « Boss Soul ». Un EP anglais s’appelle par ailleurs « Bossounds », tandis que le EP sorti en Espagne était nommé « El Sonido Boss ». Quelques-uns des singles suivants des Rumblers sortiront également en Angleterre.

Bien que leur discographie s’arrête en 1965, et après une brève séparation cette année-là, les Rumblers, six membres dont deux saxophonistes, ont perduré jusqu’au début des années 1970. Quelques-uns des shows de 1965 - les membres du groupe avaient alors 19-20 ans, ont été assez épiques, notamment à Fresno, où l’organisateur leur dit qu’il y aura une danseuse topless sur scène, que s’il y a un problème – ce qui est arrivé- il paierait leur caution.

Deux des membres du groupes, Wayne Matteson, un des membres fondateurs, et Rex Du Long, un membre plus tardif, ont ensuite créé le groupe Four Hand Band (un duo, vous l’aurez deviné).

Une compile sortie sur Ace en 2010, « It’s A Gas! » (CD 27 titres) reprend la plupart des morceaux sortis sur single. Elle est augmentée d’inédits comme « Strawboss » – les Rumblers auraient dû penser à reprendre « Boss Hoss » des Sonics !, ou« Riot In Cell Block # 9 », …

Toujours sur Ace, en 2012, la compile CD 24 titres où tout est dit dans le titre : « Rumblin’ & Rare ». Parmi les morceaux inédits : « Son Of Boss ».

Ces deux albums englobent également les morceaux enregistrés par les Rumblers sous d’autres noms : Bel Canto’s, deux de leurs titres produits par Barry White, The Interns, dans un genre garage 60's, et The Nylons. L’idée était de faire croire que c’était un groupe différent des Rumblers, et c’est vrai que le genre de musique était différent.

Il y a pas mal d’autres groupes appelés The Rumblers.

Patrick Bainée


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