ZINE O'RAMA - DEAD GROLL & ELEONORE ROCHAS

DEAD GROLL

Bonjour Éléonore, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je dirai que je porte essentiellement des chemises et que j’ai toujours la crève (pourtant, je ne comprends pas, en hiver je mets toujours une écharpe). Je suis une dévoreuse d’huîtres. Mes couleurs préférées sont le vert et le bleu. J’ai la phobie de Michael Jackson et des cordons. La Bretagne est la plus belle région qui soit. Mon chat s’appelle Smarties. Ah, non, merde, c’est vrai, je n’ai pas de chat. Mais pourtant j’aime les chats. J’adore aller à Emmaüs. Je parle vite et je t-t-ttrébuche des fois car oui ma langue fourche souvent mais je ne parle pas fourchelang même si j’aime bien Harry Potter.
Sinon je fais de la musique, je suis à l’initiative du fanzine Dead Groll et avec mon asso Dead Groll Productions on organise des concerts occasionnellement…

Te souviens-tu de ton premier coup de cœur musical ? C'était un concert ? Un disque ? Autre ?

Clairement, le premier coup de cœur c’est la musique bretonne (Denez Prigent, Servat, Manu Lann Huel) toute petite grâce à mon père puis, toujours grâce à lui, la chanson française (Ferrat, Reggiani, Cabrel) et enfin le rock’n’roll : Beatles, Stones, Pink Floyd, Neil Young… Ensuite, de mon côté je suis tombée sur Green Day… car c’est le punk-rock de ma génération. Gros électrochoc. Et puis de fil en aiguilles, tu fouines, tu cherches, tu creuses, tu découvres, tu affines et t’éduques musicalement et te forges un goût, ton goût, qui évoluera au fil du temps…

Le premier concert auquel tu as assisté ? A quel âge ?

Euh…. Henri Dés sûrement ? Sinon, c’était Graeme Allwright. Je me souviens seulement qu’il était pieds nus. Puis Gilles Servat. Lui aussi était pieds nus. Mais le tout premier c’était Patrick Ewen. Quant à lui, c’est quasi sûr qu’il devait être pieds nus. Si tu tapes son nom sur les internets tu vas voir qu’il a une tête de druide… Putain de hippies. Les deux derniers sont des chanteurs bretons… Et Ô combien j’aime toujours autant les écouter. Pour ce qui est de l’âge, je devais avoir entre 5 et 7 peut-être ? (J’aime bien parce que je mets des points d’interrogation comme si je te posais des questions mais en fait je pense que tu as encore moins les réponses que moi. Le cas contraire, avoue que ce serait flippant (?).


Ton premier concert en tant que musicienne (guitariste, chanteuse ou autre)?


Ce devait être un concert avec mon groupe Trafic Tribe. Groupe que nous avions au lycée avec ma bonne bande de copain. Nous faisions une sorte de pop-rock tantôt chanté en anglais tantôt français (Note du Blog : les deux titres de la compilation « Overload » méritent d'être écoutés). Puis j’ai fait de petits concerts toute seule avec la gratte sèche. Je devais avoir 18 ans quand j’ai fait la première partie de Chris Bailey (The Saints) sous le nom d'Eléonore Rochas tout simplement. 

Quelles sont tes influences musicales ? Un groupe ou artiste que tu aimes particulièrement ?

C’est compliqué ! Je te livre les noms comme ils me viennent sans logique aucune : Roky Erickson, The Pogues, The Avengers, Hubert-Félix Thiéfaine, Sunnyboys, The Smiths, The Adicts, The Heartbreakers, Noir Désir, Modern Lovers, The Gun Club, Ultra-Orange, Fontaines D.C, Nada Surf, Loreena Mckennit, Denez Prigent, Arthur H, Lime Spiders, Newton Neurotics, The Stripes, Bowie, Violent Femmes, Iva Bittova, Burn in Hell, Oasis (les deux premiers albums seulement qui sont justes monstrueux), Mei Tei Sho, Bad Religion, Green Day, Thomas Fersen, Neil Young, Chuck Prophet, Town Van Zandt, The Damned, Sonic Youth …

Des rencontres, des souvenirs, avec certains d'entre eux ?

DAVE VANIAN
Éléonore et Dave Vanian
J'ai rencontré Dave Vanian des Damned à Barcelone au Ramataz en 2015 je crois. Mais mon plus beau souvenir, c'est avec The Adicts, le groupe de punk rock des années 70. Ceux qui chantaient le fameux "Viva la revolution" ou "Joker in the pack". C'est un de mes groupes favoris... La première fois que je les ai rencontrés c'était en backstage après un concert au Divan du Monde. On avait pas mal discuté, picolé, fais une interview plus que douteuse placée sous le signe de la tête qui tourne et qui n'a jamais pu servir... Je suis repartie les poches pleines de confettis, de collier, de médiator, des bouts de baguettes cassées, des lunettes en forme de cœurs qui clignotent, des cartes à jouer, une magnifique peluche de singe, et un bout de papier avec quelque chose d'écrit dessus : indéchiffrable. J'aime bien, ça me prête à rêver haha. Puis je les ai revus plusieurs fois en Espagne vers Barcelone et une dernière fois à Berlin.
Je me souviens, avec des copains, avoir retrouvé Keith, le batteur sur le trottoir derrière la salle, on s'était planqué derrière une poubelle pour « se remettre à niveau »... Du bien beau travail de champions. Cette soirée, on avait fini dans leur chambre d'hôtel. Je ne me souviens pas de grand chose, si ce n'est que nos échanges étaient approximatifs... Ils essayaient de parler français et nous anglais... On pense que l'alcool délie les langues et que tout d'un coup on devient bilingue... en fait je pense que c’est tout le contraire 😉.

Ton départ de Silly Walk. Tu voulais changer ? Tu n'avais plus le temps ? Que s'est-il passé ?

Joker ? 😉

Ton groupe actuel, Bye-Bye Marilyn , tu peux nous en parler ? Tu as changé de style, tu joues avec des musiciens de Périgueux ? Quelle est l'histoire de ce groupe ?
Psychic Power Of Love

J’ai actuellement deux groupes. Un à Toulouse qui s’appelle Bye-Bye Marilyn et un autre à Périgueux : The
Bye-Bye Marylin

Psychic Power Of love
(tout un programme n’est-ce pas ?). Les deux projets sont récents donc peut-on parler « d’histoire du groupe » ? 

Contrairement à ces deux nouveaux projets, Silly Walk était beaucoup plus « punk 77 ». J’étais à l’époque très influencée par Penelope Houston des Avengers. Dans Bye Bye Marilyn, je suis aux côtés d’Alex à la batterie qui était (et qui est toujours d’ailleurs !) le bassiste de Silly Walk, de Micka à la guitare (Gattaca, Skin And Wire) et de Marc Sastre à la basse (auteur du remarqué et remarquable bouquin sur Jeffrey Lee Pierce « Aux origines du Gun Club »). La distance fait que nous répétons peu mais nous apparaîtrons sur la prochaine compilation Dead Groll. Je dirai que nous faisons un rock’n’roll hybride…
Concernant les Psychic Power Of Love. C’est encore tout frais mais ça s’annonce décoiffant haha. Des morceaux de 7 minutes… du psyché, du dark, du planant, du groove… et de l’amour, bordel, de l’amour!

Vous avez des projets de disque ? Silly Walk a sorti un album avec toi, tu comptes faire pareil avec BBM et PPOL ? 

Là comme ça tout de suite, non, comme je le dis plus haut… avec BBM on va enregistrer pour la prochaine compilation Dead Groll et on verra ensuite… Avec PPOL, envie d’enregistrer aussi, oui, bien sûr, mais rien ne presse… le monde nous appartient 😊

Et Dead Groll ? Comment t'es venue l'idée de faire un fanzine ?

Bonne question. C’était partie d’une idée avec des copains quand on était des « teenagers rockers » à Périgueux… Nous avions fait un premier numéro de notre fanzine « Kids Of The Black Hole » (en référence au morceau de The Adolescents) avec Anthony (Blank Slate, Snappy Days) et Delphine Tournier… mais qui n’a pas eu de suite. Le principe m’a plu… j’ai décidé de créer Dead Groll. Pour quoi faire ? Pour parler des groupes que j’aimais et des gens qui m’intéressais. Ce n’était sans aucune prétention aucune. Aujourd’hui le zine a évolué. Il est toujours sans prétention aucune mais disons qu’il a plus pour visée de promouvoir les scènes rock (et pas que rock) indépendantes et alternatives. Promouvoir des univers au combien riches, merveilleux et palpitants…

Tu travailles actuellement sur le n°11, le #10 contenait un CD avec des groupes de Périgueux, le suivant, ce sera quoi ? Toulouse ? Tu as déjà identifié les groupes ?  

La prochaine compilation sera composée des Séminoles (groupe périgourdin du début des années 90) avec Hervé Brunaux comme bassiste (et chanteur sur certains morceaux…) Ce dernier participera au prochain Dead Groll en y livrant un extrait de son futur roman…. Puis il y a aussi Indian Ghost, les excellents apaches toulousains, avec, comme lead chant et guitare, mon « daddy rock’n’roll » : Joël. Il y aura aussi Gun Egg Fryer (ex Not Right), Bye-Bye Marilyn, les copains toulousains de Jazz Goules et pour finir mes chouchous de Gattaca.

Pour les prochains numéros, as-tu déjà pensé à ce que tu feras pour le CD ? Des groupes de quelle ville ? Il y en a une qui te tient à cœur ?

Oula chaque chose en son temps… Je fais partie de ces gens qui ont un gros poil dans la main et qui procrastine souvent (haha). Déjà je vais essayer d’aller au bout de ce numéro 11 et après seulement j’envisagerai le suivant. Mais en fait, c’est pas vrai, j’ai quand même des idées… Du côté de Toulouse je voudrais demander à Bench Club, Mud Twins, Jesus of Cool

J'ai écouté un vieux Dig It! Radio show de 2019, Gildas parlait de toi, et pensait que tu bougeais beaucoup. Pourrais-tu me raconter ta ou tes rencontres avec lui et la bande des Dig It! ?

En ce qui concerne Dig it!, ma rencontre avec la bande se résume à Gildas. C'était quelqu'un que j'affectionnais beaucoup. Un réel gentleman. Une personne bienveillante et tout particulièrement tournée vers les autres. Il m'a énormément encouragé quant au fanzine ou à l'orga de concert... Il m'a donné la parole aussi au travers de son émission radio mythique des jeudis soir sur canal sud... Il nous manque beaucoup. C'était un papa, un mentor, un grand-frère, une source d'inspiration, c'était beaucoup de chose à la fois. Son calme, sa zénitude et son sourire charmeur reste imprimé en nous.

Pour ceux qui ne le savent pas, tu travailles aujourd'hui au Sans Réserve, à Périgueux (NdB : salle de concert). Tu y fais quoi précisément ?


Je m’occupe de l’accueil artiste, de la billetterie, du bar et de la coordination bénévole.

Envie d'y voir un groupe en particulier ?

Brian Jonestown Massacre

Tu t'intéresses au cinéma ? A la littérature ? A l'art en général ?

Niveau ciné je suis archi fan de David Cronenberg… Je ne m’en lasse pas. Une de mes plus belles découvertes… En partant des débuts, de « Shivers » en 1975 jusqu’à « History Of Violence » en 2005… La filmographie qui suit après ne me parle plus vraiment. Sinon évidemment Lynch et Jarmusch. Le trio gagnant ! Les tableaux et la photographie qui ressortent de ces cinéastes sont juste fascinants. Sinon, j’adore la bande-dessinée (les Peter Pan de Loisel, Blast de Manu Larcenet, le Dracula et Franckenstein de Georges Bess…). Puis la photo, la poésie… En littérature, je dirai Milan Kundera. Ne dit-il pas qu’il faudrait « une révolution de la frivolité ? ». J’adore ce concept…

Quel(s) livre(s) de Kundera ?


Sans hésiter "La vie est ailleurs"... Il a la faculté de t'amener très loin avec des mots simples. Sous forme d'histoires et de romans, il pousse à la réflexion et à l'initiation philosophique. C'est comme ça que je le vois... Et ce bouquin "La vie est ailleurs"... mais qu'il est beau ! Il tend, entre autre, à définir ce qu'est la poésie via le personnage de Jaromil... "Le lendemain, il prit la machine à écrire de son grand père, il recopia le poème sur un papier spécial et le poème lui parut encore plus beau qu'il ne l'était quand il le récitait à haute voix, car le poème cessait d'être une simple succession de mots pour devenir une chose ; son autonomie était encore plus incontestable ; les mots ordinaires sont faits pour s'éteindre dès qu'ils ont été prononcés, ils n'ont d'autre but que de servir à l'instant de la communication ; ils sont assujettis aux choses, ils n'en sont que la désignation ; or, voici que ces mots-là étaient eux-mêmes devenus choses et n'étaient plus assujettis à rien ; ils n'étaient plus destinés à la communication immédiate et à une prompte disparition mais à la durée"... Comment mieux résumé la poésie (écrite) ?

Des films ?

C'est comme pour la musique impossible d’en choisir... mais comme je « dois », alors, je dis : "Blue Velvet" avec cette scène complètement incroyable et fascinante où Franck (Denis Hopper) éclate la tronche de notre héros sur « In Dreams » de Roy Orbison tandis qu'une nana danse sur le capo de la voiture... Pour Jarmusch, « Night on earth »... ce "huit-clos taxi", capture d'instants de vie et de poésie. Et puis Roberto Benigni avec ces citrouilles et ses "ropopomropopom"... A mourir de rire. Et pour Cronenberg « faux semblants »... La photographie est juste superbe, tout est tableaux. Et le mal-être indéfinissable qui se creuse et s'installe au fur et à mesure que le film se déroule... Ah, non j'oubliais ! Et « Vidéodrome ».... ! Au combien délicieux...

Merci beaucoup, Éléonore, de nous avoir accordé du temps pour cette interview 
(propos recueillis en février 2022)

(Merci d'avance pour vos commentaires !)

Commentaires