RADIOACTIVITY - UN PRIVÉ À BABYLONE ... et un coup de vin blanc avec Gonzalo !
C'est grâce à Jacques_B (on adore tous sa rubrique Boston City Limits) que nous avons découvert l'existence d' UN PRIVÉ À BABYLONE, passionnante émission qui vous est grandement conseillée ! Vous pourrez y croiser aussi entre autres un habitué des Monstres Sacrés : Patrick Bainé ... Lui-même ne nous en avait jamais parlé avant que Jacques l'évoque lors d'un échange. C'est Gonzalo qui nous en raconte l'histoire !
Gonzalo & Mister Gui |
D'où t'est venu l'idée de l'émission ?
En 2008 ou 2009, la radio Principe Actif venait tout juste d'obtenir une fréquence sur la bande FM que j'avais envie d'explorer ce nouveau médium. J'ai donc proposé au programmateur de feu l'Abordage, la salle des musiques actuelles d'Evreux, de faire une émission ensemble : Los Barbudos Tatapoum. Une mensuelle qui traitait des concerts auxquels nous avions assisté, ceux où nous allions nous rendre et ceux qui nous faisaient rêver. Un coup de foudre pour la radio. Après deux saisons, je n'étais plus satisfait par la fréquence. J'en voulais plus. Aussi ai-je décidé de lancer une hebdo : Un Privé à Babylone.
Mister Gui & Monsieur Hédi (programmateur au 106 à Rouen et avec qui j'ai débuté en radio avec Los Barbudos Tatapoum) |
Racontes nous son histoire.
Pour cette émission, je voulais un truc ouvert. Ce qui m'intéresse en musique, ce sont les passionnés, les passeurs. Peu importe le style, même si je déteste le hard rock et toutes ses déclinaisons, je n'ai pas d'inclinaison pour le rap. Mais j'aime quand un invité me dit, nous dit que cette chanson a été importante dans sa vie pour telle ou telle raison.
Explique-nous d'où vient le titre de l'émission, est-ce par rapport au livre de Brautigan ou peut-être le Hollywood Babylone ?
Oui, en effet, le titre de l'émission provient du livre génialissime de Brautigan.
Le côté rêveur et enquêteur baltringue collaient bien à l'émission que je voulais porter.
J'ai deux autres émissions : Le Canard Siffleur Mexicain, en hommage en James Crumley, où il est question de littérature & de cinéma avec une bande son choisi par mes soins (Le Canard est un peu en stand by) et une émission partagée (à tour de rôle donc) : Annus Mirabilis avec Mister Gui, L'Alchimix et Thierry J. 45 minutes pour explorer une année. Quatre consignes : ne pas jouer un groupe choisi par un des collègues ; une reprise ; et au moins un titre en français ; des extraits contextuels (infos, films, sketches, documentaires, etc,). Nous avons entamé la 4ᵉ saison.
Peux-tu présenter les participants réguliers, comment vous êtes vous rencontrés ?
J'ai commencé l'émission tout seul avec chaque semaine un nouvel invité. Après deux ou trois saisons. Un pote a commencé à venir en studio. Il m'a expliqué tout simplement : j'aime bien cette émission et j'y picole moins que dans un bar. Je lui ai demandé une chronique et il a farfouillé sur le site du Guardian pour nous trouver des groupes pop en devenir.
Un autre pote a suivi le même parcours, histoire de freiner sa consommation. Mister Gui est resté. Nous fonctionnons en binôme depuis sept ou huit ans. Sur Facebook, le pote d'un pote écrivait de belles chroniques sur des sorties de film au cinéma. Il m'a demandé de faire une chronique sur un groupe parce que le pote en commun venait à l'émission. Ça fait 3 ou 4 saisons maintenant que Thierry J m'envoie sa chronique. J'ai dû le rencontrer 5 ou 6 fois pour de vrai. Mais j'aime son humour, sa plume et sa sélection musicale.
Nous avons aussi un invité récurrent de fin de mois. Un pote avec qui j'avais partagé le basket & les concerts. Maintenant, nous partageons la radio. Il vient exclusivement avec ses vinyles. Pour un ancien pionnier, Yoyoman est un peu snob
Quel est le concept de l'émission ?
Nous avons aussi un invité récurrent de fin de mois. Un pote avec qui j'avais partagé le basket & les concerts. Maintenant, nous partageons la radio. Il vient exclusivement avec ses vinyles. Pour un ancien pionnier, Yoyoman est un peu snob
Mister Gui, Yoyoman (T'aimerais nous écrire un papier sur Ferré et Zoo ?) et Gonzalo |
Quel est le concept de l'émission ?
Un(e) invité(e) avec qui j'ai défini un thème vient avec 12 ou 14 titres et une bouteille de vin blanc. Bières ambrées acceptées. Je crois que c'est le meilleur concept du monde. Chez le Privé à Babylone : on fait des émissions sur des sous thèmes (cold wave, le psychobillie, le post punk, la bubble pop, etc, on peut faire des spéciales sur un ou des labels, des mots (mer, rivière), des oppositions de groupes (SparkleHorse vs Moose ; Arctic Monkeys vs Strokes), la trompette, des villes, des saisons, les faces B de 45 T, le 1ᵉʳ titre des disques achetés ces six derniers mois. Bref des prétextes à de la pop, du ska, du rock, du psyché, de la chanson française pas gonflantes et surtout de revenir sur nos obsessions et nos chéris du moment.
Qui a l'idée des sujets ?
Lorsqu'il y a un invité, il choisit librement son thème et ses titres. Comme beaucoup d'invités reviennent d'une saison sur l'autre, parfois, nous négocions. J'essaie d'introduire chaque saison deux ou trois nouveaux ou nouvelles. Quand nous n'avons pas d'invité, je fais mon dictateur, je choisis le thème et je décide si on partage ou non la programmation. Toutefois, je réserve trois ou quatre émissions dans la saison à Mister Gui. Je lui lance des défis et il apprécie de s'y attaquer.
Comment les préparez-vous ?
Quand nous avons un invité, je prépare le titre de lancement. Mister Gui s'occupe de présenter une ou deux nouveautés, Therry J décide de coller au thème de l'invité ou non. Ensuite, c'est l'invité qui fournit la sélection et le vin blanc. Très important le vin blanc, nous sommes aussi exigeants sur la musique que le blanc.
Tyard |
As-tu des anecdotes croustillantes vécues pendant l'émission ?
J'apprécie particulièrement les émissions durant lesquelles des invités viennent jouer et chanter en direct. Bon, après 512 émissions, je suis toujours une calamité à la réalisation. Eh, un soir, Tyard était venu nous offrir trois titres. Problème, il avait une machine à poupouette. Je n'arrivais à lui envoyer un retour dans le casque. Pour vérifier, un autre invité est descendu allumer une radio au rez-de-chaussée pour vérifier que musique et paroles collaient à peu près. C'était un calvaire pour l'invité musicien. C'était un beau cadeau. D'ailleurs, je suis toujours émerveillé quand un artiste vient nous offrir de son art dans des conditions techniques si périlleuses.
Tu as dit que tu avais toujours des invités, où les trouves-tu ? Est-ce toi qui les contactes ou le font-ils ?
A 99%, c'est moi qui propose. Mais il y a peu, Raphaëlle Verlaine, la chanteuse de Metro Verlaine, souhaitait présenter une émission seule sur le thème de son choix : les combats féministes et la musique.
Tu te présentes comme un dictateur, es-tu parfois obligé de l'être vraiment dans ton émission ? Y a-t-il des sujets tabous ?
Le fait de connaitre plus ou moins les invités amoindrit considérablement les risques de dérapage. Chez le Privé, le racisme, le fascisme, les propos religieux n'ont pas leur place. Et comme dirait ma fille aînée : "Au centre, tu es déjà trop à droite !"
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Oui, comme si c'était hier. Nous travaillions pour la même collectivité. Lui aux affaires financières et moi à la Com. Il bossait avec ma soeur. On s'est croisé sur la place de la mairie et il s'est présenté. "Je sais que tu écoutes de la musique. Et de la bonne, selon ta soeur....." Nous avions un artiste en commun : Jonathan Richman. Et hop, c'était parti. Très vite, il m'a offert des compils, des albums. Grâce à lui, j'ai découvert le doo wop, puis le rock US pré-bristish invasion. Il faut écouter sa théorie sur le sujet. Enfin encore est-il nécessaire d'avoir deux ou trois heures devant soi. Le Crampologiste est avant tout un monstre de générosité.
As-tu un style musical préféré, et est-ce-que cela a une influence sur ta sélection d'invités ? (as-tu aussi un vin blanc favori 😉?)
Ma musique, c'est la pop. Je ne déteste pas quand ça cogne. Mais la pop, c'est mon truc. Michael Head, voilà un artiste que j'ai suivi dès ses débuts. Je n'ai pas stoppé l'effort. Mon premier choc musical fut New Order, il y avait le 1ᵉʳ disque à la maison, et je ne comprenais pas. Je kiffe toujours. Avec les années, je me suis découvert une passion pour Bobbie Gentry. Le truc est de rester curieux. Actuellement, je suis Kevin Morby-phile. Le blanc ? Sancerre. Chablis. Mais un bon muscadet, ça fait l'affaire. Vin blanc sec et minéral.
Jettes-tu un œil à l'avance sur la sélection musicale de tes invités ?
Absolument pas. Je souhaite découvrir la musique comme les potentiels auditeurs. Cela permet des rebonds plus intéressants en des séries de deux titres. Après avoir convenu d'un thème, l'invité a tous les droits.
Agathe (chanteuse de talent qui généreusement nous offre régulièrement des titres en avant-premières) |
Quels supports musicaux utilisez-vous pour l'émission, y en a-t-il un de prédilection ?
Vinyles, CD's, clés USB avec des fichiers MP3.
Quelles sont les émissions radio qui t'ont inspiré ? Écoutes-tu régulièrement certaines d'entre elles et si oui lesquelles ?
Évidemment Lenoir : "Caresse et bises à l'oeil". J'aimais beaucoup Alain Maneval qui était plus clivant : "Bon esprit." Désormais, je suis un inconditionnel du travail de Judith Perrignon et ses Grandes Traversées. Elle est tout simplement incroyable. Amaury Chardeau et Juke Box, c'était la classe.
En ce moment, j'écoute évidemment Steve Lamacq sur BBC 6, Guy Garvey aussi. Luis DB (Islas de Robinson, RNE 3) et Diego RJ (El Sotano, RNE 3). Pour marcher avec mon gros toutou : C'est Magnifip. Ouais, je crois que je suis un peu radio dépendant.
Quelles sont de toutes tes émissions celles qui te tiennent le plus à cœur et pourquoi ?
Mister Gui, Nic Bod (mon dealer de bonne pop depuis 30 ans) & Jacuzy Bile (photographe de talent et guitariste bucheron) |
Quelles sont de toutes tes émissions celles qui te tiennent le plus à cœur et pourquoi ?
Franchement, je vais sortir un poncif : la prochaine. Je suis toujours heureux de prendre ma sacoche, chaque vendredi, afin de me rendre à pied à la radio. Échanger, recevoir la passion d'un invité, découvrir une nouveauté, un titre que je ne connaissais pas, jouer une chanson que j'aime et monter le son, dire quelques conneries en plus, ça reste génial. Après 512 émissions, je reste toujours reconnaissant envers chaque invité.
Merci à toi Gonzalo !
(Interview réalisée en septembre 2023)
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