GRAPHIC WORLD : JEAN-CHRISTOPHE CHAUZY & SANG NEUF "Il s'agit sans doute de mon meilleur livre"


C'est à travers une illustration utilisée par Patrick Bainée pour son histoire des Cramps que nous avons eu envie de plus apprendre sur JEAN-CHRISTOPHE CHAUZY. Une personne dessinant si bien le groupe favori de Patrick ne pouvait que nous intéresser. De plus, il vient de sortir le 6 mars Sang neuf, sa nouvelle bande dessinée.
Parlons donc BD et littérature avec lui !
Cette interview sera en deux parties, la deuxième couvrira sa période fanzinat avec par exemple sa participation à Nineteen et Going Loco.

DRH

Quels sont tes premiers souvenirs d'œuvres picturales ?

S'il s'agit des miennes, les souvenirs remontent à bien loin. Je devais dessiner des scènes de choses observées à la télé, des animaux (la vallée des castors, ce genre de trucs, des images de cowboys) ou copier des images vues ailleurs, notamment de BD. J'ai compris quelque chose de l'attraction exercée sur les lecteurs en copiant le profil de Lucky Luke pour la famille. Gros succès d'estime. Je devais avoir moins de dix ans. 
Plus tard, au niveau du collège, j'ai continué. Comme je n'avais pas de fric, en 4e, j'ai offert à mes parents pour Noël un recueil de strips d'humour noir dessinés sur des chuts de bristol ramenées par ma mère de son boulot aux chèques postaux. Inutile de dire que je m'inspirais très fort des Idées Noires de Franquin prépubliées à l'époque dans le trombone illustré de Spirou puis dans Fluide Glacial. Dessin d'amateur, mais à ce stade, l'envie se précisait. Elle s'est confirmée au lycée avec la participation à plusieurs fanzines de science fiction (le genre qui me bottait le plus à l'époque), avec des dessins inspirés de mon admiration d'époque pour Druillet ou Moebius (sans leur niveau, il va sans dire).

Es-tu plus Spirou ou Tintin ?

Pendant longtemps j'ai répondu sans hésiter une seconde Spirou (période Franquin voire Jijé), vif, dynamique, énervé, instable, inventif. Je reste un grand admirateur de Spirou, mais je suis capable de voir dans Hergé un grand styliste, un inventeur d'un type de récit dessiné classique d'une grande élégance, toujours en rapport avec l'actualité de son temps. Donc, je pense avoir besoin des deux, même si mon approche graphique doit bien plus à Franquin.

La guitare de Bo Diddley

Comment as-tu appris à dessiner ?

D'abord en total autodidacte, en m'inspirant de ce que je voyais ou que je lisais. Jusqu'au bac, je n'ai suivi aucun cours de dessin, ni au collège ni au lycée. Il n'y en avait tout simplement pas. Je pense que j'aurais adoré. Donc, tout seul, dans mon petit coin, j'ai édifié un petit niveau (que je croyais bien sûr très élevé) qui a vite été démonté dans le cadre des études post bac que j'ai suivies en intégrant une prépa qui me destinait au métier d'enseignant en arts appliqués. 
À ce stade, passage obligé (et extrêmement fructueux) par la case anatomie / perspective / couleur / design..., puis obtention du concours tenté et approfondissement de tout (dessin, croquis, pers, anat, dessin d'observation, dessin d'intention, histoire de l'art, esthétique,...). C'est là que toute mon approche s'est fortifiée, puis surtout après dans la pratique et les projets sur le terrain de l'illustration et de la BD.

Le Reste Du Monde
Parle-nous de tes inspirations, quels sont les artistes qui t'ont aidé dans ton chemin de dessinateur ?

C'est un long chemin traversé de nombreuses rencontres réelles et surtout de lecture. Il y a eu plusieurs phases d'influences, correspondant aux lectures qui me fascinaient le plus en BD. 
Petit, j'ai dévoré tous les grands classiques. La première achetée par ma mère fut les "Dalton dans le blizzard" de Morris. Crush direct. J'ai dû le lire des centaines de fois. Et puis bien sûr Astérix, Iznogoud, Tintin et bien d'autres. 
La bascule fut Gaston, et tout le travail de Franquin. Petit, genre vers 10 ans, sans être capable de le formaliser bien sûr, j'ai vu dans le dessin du grand homme quelque chose plus que chez les autres. Une vie, une inquiétude, quelque chose de mobile, foisonnant, changeant, inventif à chaque instant. On va dire qu'il a été mon premier repère. Cette époque fut suivie par une adolescence marquée par les grands maîtres de la SF de l'époque, Moebius, Druillet, BilalMézières, mais aussi par les autres tenants de la BD pour grands, TardiPrattCabanesGoossens et tous ceux issus des grands magazines des années 70/80, Métal, À suivrel'ÉchoFluide,...

Dernière étape, qui court toujours, celle des influences de l'âge adulte, multiples, déterminantes quant à ma propre orientation en termes de thèmes et de rapport au dessin. Ce fut (et c'est encore la fête) avec BaruMunoz et SampayoBrecciaHerrimanMcCayPrado, puis WareClowes et de tas d'autres également influents. 
Je reste fasciné par ce que la jeune scène apporte au dessin comme au récit. J'essaie de rester en éveil, même si mon approche stylistique fonctionne désormais sur quelques convictions que je creuse.

Sang Neuf
Pourrais-tu nous résumer ton œuvre en BD (vaste question), quels sont à ton avis la différence entre les albums que tu as publiés ?

Humpf, j'ai déjà pas mal de bouquins derrière moi. Je dirais qu'une longue première partie de mon œuvre s'est située sur le terrain des histoires noires ou d'une proximité avec le polar, eu égard à des préoccupations sociales qui ne me lâchent pas (je dois peut-être ça à mon grand-père paternel, engagé au PCF pendant la seconde guerre, ou à l'intérêt de ma famille pour les questions politiques dont le polar pourrait être vu comme une illustration violente, épique et poétique). Ça a commencé avec mes premiers bouquins en tant qu'auteur complet chez Futuropolis (période historique Robial / Cestac), de Vengeance à Sans rancœur (titre en hommage aux Coronados). Ça a continué chez Casterman avec la grande aventure éditoriale des livres adaptés de textes de Jonquet puis Villard nommés plus haut. En parallèle, j'ai réalisé en solo des ouvrages sur un ton plus léger (mais traitant tout de même des travers d'époque auxquels nos lâchetés nous abandonnent) avec un personnage qui est mon avatar, un Jean-Christophe dégingandé, doté d'une haute opinion de lui-même mais un peu veule et empêtré dans son célibat non consenti, flanqué de deux enfants plus malins et vifs que lui (Parano, Béton armé, La peau de l'ours chez Casterman, puis la série Petite nature chez Fluide Glacial).
Les choses changent à partir de 2015 avec la sortie des quatre premiers tomes de Le reste du monde, une série que d'aucuns qualifient de post apocalyptique (je ne savais même pas que le terme existait et il revêt pour moi une signification qui me met mal à l'aise, plus porche de Mad Max que de mes objectifs) où des contemporains (une mère, ses deux fils) font l'expérience d'une catastrophe environnementale sans équivalent, qui bouleverse leur rapport au monde, d'autant que jamais le moindre secours ne leur est apporté. J'ai mis beaucoup d'intensité dans ces récits, que je vois comme une métaphore de ce qui nous tombe sur le coin de la figure sans que nous n'y remédions. J'ai réappris mon métier à cette occasion, travaillant de nouveaux rapports d'échelle (entre personnages et paysage pris comme personnage principal de l'histoire), de nouveaux formats, une plus grande audace en termes de découpage, d'occupation des pages, de rythme et de recours à la couleur comme élément dramatique. Et quel plaisir de redevenir auteur complet de ses propres récits! Je compte finir cette série avec deux derniers livres les mois qui viennent.
Prochaine sortie, le 6 mars, celle de Sang neuf, un ouvrage assez atypique, que j'espère intense et secouant. J'y raconte en noir et blanc et bichromie l'épreuve personnelle traversée pendant les confinements dus au covid où j'ai dû subir une greffe de moelle osseuse pour éviter de perdre la vie. Un vrai récit autobiographique où l'enjeu principal consistait en la traduction de sensations, d'émotions et de bouleversements physiologiques invisibles. Gros pari, dont les lecteurs vont bientôt juger de la réussite. Comme ça, là, je pense qu'il s'agit sans doute de mon meilleur livre.

Par La Forêt

Comment est-ce de travailler pour des maisons d'édition renommées ? N'est-on pas déçu par rapport à l'idée que l'on s'en faisait ?

Travailler pour des maisons d'édition mainstream garantit d'être payé pour notre travail, à des hauteurs variables dont les auteurs ne savent pas grand-chose, eu égard à une certaine opacité sur ces questions d'argent et à une pratique professionnelle très individualiste. L'important pour moi est d'avoir un bon éditeur, comme responsable qui suit mon travail, me soutient avec exigence et bienveillance et garantit la meilleure accessibilité de mon œuvre auprès du public. J'ai eu la chance de bosser chez Casterman avec deux éditrices qui ont parfaitement rempli ces fonctions et à l'égard desquelles j'éprouve une profonde gratitude (merci Christine, merci Angèle!).

Quels sont les artistes non-graphistes favoris qui t'aident tout de même dans le dessin ?

Les grands peintres, dessinateurs, graveurs, cinéastes de l'histoire de l'art. Là, la liste est très longue, il y a tant à admirer. 

Et les livres qui ont été importants pour toi ?

Ils sont légion. Ce rapport à la littérature a sans nul doute été encouragé par ma famille. Mon père était prof de lettres et la bibliothèque familiale était (et reste) très riche en ouvrages de toutes époques et genres. Gamin, j'étais autant lecteur de bandes dessinées que de romans et de toutes sortes d'autres bouquins. Ado, après les classiques qui laissent des traces indélébiles (Flaubert / Maupassant pour ce qui me concerne), je suis passé par une période fantastique où ma découverte de Lovecraft fut déterminante et concomitante de mon entrée dans la lecture effrénée de Métal et de romans de SF. 
Plus tard, vers 25/30 ans, j'entrai en polar avec la lecture de Manchette puis des américains (Thompson, Ellroy et d'autres incontournables) avant de repiquer vers Jonquet et Villard avec lesquels j'ai eu le plaisir et l'honneur de travailler. Le polar a influencé toute la première partie de mon œuvre. J'y voyais la meilleure source littéraire pour parler des dysfonctionnements du monde contemporain, à une échelle observable, celle de la rue, du quartier, de la ville. Remarquons aussi que polar et bandes dessinées, comme littératures discréditées par les autorités culturelles bourgeoises (pareil pour la SF ou encore le R'N'R que j'aime), entretiennent de longue date un compagnonnage fructueux et complice. 
Dans le genre musical qui nous intéresse, je confesse une tendresse particulière pour Please Kill Me, cette somme extraordinaire sur le punk américain par ses acteurs principaux (musiciens, managers, groupies, fans,...), terrifiante et drôlissime.
Les découvertes n'ont jamais cessé depuis. Je rappelle souvent le choc qu'a été pour moi la lecture des ouvrages de Cormac McCarthy, découvert sur le tard avec la sortie de La Route. Une baffe incroyable, comme si un auteur avait posé des récits et des mots sur notre mélancolie de fin de siècle et d'effondrement. Cette lecture a été le déclencheur, longtemps après, de ma série le reste du monde, où j'étudie les effets de la catastrophe chez nous, en France.

Mes lectures continuent. Récemment, j'ai été terriblement impressionné par la lecture de Bernard Stiegler, philosophe de la technique et de l'entropie, ainsi que par celle des tenants français de la nouvelle historiographie du nazisme, Christian Ingrao et Johan Chapoutot. Il faut absolument lire ou écouter ces auteurs-là, au plus près de ce que nous sommes de pire, ou par contraste, de meilleur. Je n'ai cessé d'être impacté et influencé par les autrices ou auteurs que j'ai pu lire. J'espère que cela continuera.

Concernant Lovecraft, as-tu imaginé certains des monstres à ta façon ?

Lovecraft, grande découverte d'adolescent. Lui n'était pas dans la bibliothèque familiale. J'ai été sonné par sa capacité à plonger son lecteur dans la terreur par la grâce d'une mythologie inventée de toutes pièces. Il a été ma porte vers la littérature fantastique (j'ai entre autres dévoré les rééditions opérées par NEO dans les années 80). 
Vers 17 ans, j'ai dessiné deux versions d'interprétation narrative de Dagon, qui doivent traîner quelque part dans le grenier de mes parents. Hélas, récemment, j'ai essayé de le relire. Je dois confesser que j'ai trouvé son style répétitif, raide et un peu limité. Et j'ai depuis mon adolescence découvert bien plus effrayant que Cthulhu ou Nyarlathotep : la réalité.

Illustration pour Fluide Glacial

Quelles sont tes inspirations pour l'écriture ?

Depuis le début de ma "carrière", j'ai essayé de trouver des sujets qui me paraissaient importants, quel que soit le ton avec lequel je les abordais. L'actualité, la politique, l'environnement, la société et la manière dont la violence apparaît et se déchaîne sont mes principales sources de réflexion. Elles sont sans fin, tant nous nous engageons dans un foutu précipice, tel une troupe de lemmings stupides sanguinaires (j'ai beaucoup de respect par ailleurs pour les lemmings).

As-tu d'autres talents tels que la peinture ou la sculpture par exemple ?

Je ne suis pas le génie polyvalent qu'espérait être Gainsbourg. Je ne pense pas qu'on puisse avoir des talents multiples d'un niveau supérieur. C'est déjà pas mal de savoir faire une chose bien, d'aimer ça et d'approfondir sa pratique. Je cuisine un filet mignon assez sympa, mais c'est quand même dans la bande dessinée que je me sens le plus à l'aise. Dans sa conception scénaristique et sa mise en œuvre dessinée, dans un dessin qui raconte, dans des scènes qui se suivent. Même l'illustration ou la réalisation de dessins de couverture me paraissent relever d'un tout autre domaine, celui où on doit dire beaucoup avec très peu, dans un espace unique alors que celui de la BD se déploie page à page en prenant le temps et l'espace de développer. Bien sûr, j'essaie d'apporter dans mon approche de la narration dessinée ma touche à moi, où la couleur a une grande importance dans l'expression des situations ou des ambiances.

Quand tu te mets à dessiner et que tu n'arrives pas à mettre sur papier ce que tu as envie de faire. As-tu une certaine façon de résoudre ce problème ... Un cérémoniel, une pause ou peut-être la recherche de l'information ou la technique chez des confrères ?

Repos, balades, lectures, musique, réflexion, échanges avec ma compagne puis on s'y remet.

En lisant des livres, t'arrive-t-il des images à l'esprit ? As-tu parfois envie d'en illustrer certains ?

Non seulement c'est souvent le cas, quand je sens que mon dessin pourrait servir ou tirer parti des récits, mais je l'ai déjà pas mal fait. Dans ma période de grande proximité avec les auteurs de polar, j'ai pu travailler avec Thierry Jonquet (la vigie, la vie de ma mère, DRH, du papier faisons table rase), avec Marc Villard (rouge est ma couleur, la guitare de Bo Diddley) et avec Pierre Pelot (l'été en pente douce), et interroger avec eux les perspectives, difficultés et opportunités des questions d'adaptation. C'est un travail passionnant de traduction d'un médium à un autre, dont je pense désormais avoir fait le tour. C'est un plaisir de pouvoir se reposer sur les textes et constructions d'auteurs qu'on admire, de transformer une matière vive faite de mots en images articulées.

Sang Neuf

Est-ce-que le monde de la BD est difficile, conseillerais-tu à des adolescents d'y voir leur avenir ?

La BD est un métier compliqué en ce sens que rien n'y garantit la réussite commerciale (seule à même de vous faire manger) d'ouvrages sur lesquels on peut passer de longs mois voire des années. Mais c'est le cas de la plupart des carrières artistiques, qui occasionnent des soucis existentiels de cet ordre. Souvent les auteurs ont plusieurs cordes à leur arc, enseignement, graphisme, animation,... C'est souvent nécessaire pour assurer vos arrières alors que vos livres sont mis en concurrence avec des milliers d'autres chaque année et que leur visibilité n'est pas assurée. Mais si la production est si vaste, c'est que ce métier attire malgré les risques qu'il fait courir (je le constate notamment comme enseignant de graphisme). J'en veux pour preuve l'arrivée massive et fructueuse des femmes dans une discipline restée trop longtemps essentiellement masculine, arrivée qui favorise un profond renouvellement des sujets abordés et des formes graphiques. Bref, si la BD est une forme littéraire plutôt circonscrite à un univers français, belge, asiatique et américain (du moins en tant qu'industrie constituée), elle reste un domaine d'exercice très attractif pour les jeunes générations de créateurs.


Merci Jean-Christophe

Bibliographie :


Chez Futuropolis

  • Vengeance / 1988

  • Bayou Joey (avec Matz) / 1990

  • Les écorchés / 1991

  • Sans rancœur / 1993


Chez Casterman

  • Peines perdues (avec Matz) / 1993

  • Parano / 1995

  • Béton armé / 1996

  • La peau de l’ours / 1997

  • Clara (3 tomes) (avec Denis Lapière) / entre 1998 et 2000

  • La vigie (avec Thierry Jonquet) / 2000

  • La vie de ma mère (Faces A et B) (avec Thierry Jonquet) / 2001 et 2002

  • DRH (avec Thierry Jonquet) / 2003

  • Du papier faisons table rase (avec Thierry Jonquet) / 2006

  • Rouge est ma couleur (avec Marc Villard) / 2005

  • La guitare de Bo Diddley (avec Marc Villard) / 2009

  • Le reste du monde / L’effondrement / 2015

  • Le reste du monde / Le monde d’après / 2016

  • Le reste du monde / Les frontières / 2018

  • Le reste du monde / Les enfers / 2019

  • Par la forêt (avec Anthony Pastor) / 2021

  • Sang Neuf / 2024


Chez Fluide Glacial

  • Petite nature T1 (avec Zep et Lindingre) / 2007

  • Petite nature T2 ( avec Lindingre et Barrois) / 2008

  • Petite nature T3 (avec Barrois) / 2009

  • Petite nature Intégrale / 2011

  • Petite nature Intégrale / 2021

  • À qui le tour ? (avec Lindingre) 2013

  • L’été en pente douce (avec Pierre Pelot) / 2017


Chez Dargaud

  • Bonne arrivée à Cotonou (avec Barrois) / 2010


Chez Treize Étrange / Glénat

> Revanche T1 (avec Pothier) / 2012

> Revanche T2 (avec Pothier) / 2013

> La vie secrète de Marine Le Pen (avec Fourest) / 2012


Autres éditeurs

  • J’ai tué mon prof (avec Patrick Mosconi) / Syros / 1993

  • Novice / PLG / 1999

  • L’âge ingrat / les rêveurs / 2000

  • Sonny Boy Williamson (avec Jean Songe) / Nocturne / 2009

  • Tango Flamand (avec Marc Villard) / Les petits polars du Monde / 2014

  • Jean-Christophe et Le Reste Du Monde

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