BERNARD MASANÈS ... REVENGE RECORDS & THE STOOGES : Les collectionneurs sont jaloux de leurs trésors !
À la suite de l'interview de Jacques Leblanc, nous avons souhaité poser des questions au monsieur "Stooges" et fondateur de Revenge Records. Il écrivait sur le Garage dans Juke Box Magazine et a aidé bon nombre d'entre nous à découvrir la musique que nous aimons. Merci pour cet entretien Bernard Masanès !
Qu'est-ce qui vous a amené à la musique ? Quels groupes ?
C’est en écoutant les Shadows que j’ai découvert la musique rock. J’écoutais Johnny Hallyday, les Chaussettes Noires, les Chats Sauvages et les Vautours, Elvis Presley, avant d’en prendre plein les yeux avec les Scopitones (ancêtre du clip vidéo) de Vince Taylor. Les premiers 45 Tours des Beatles et des Rolling Stones puis ceux des Yardbirds, Kinks, Pretty Things, Who, Spencer Davis Group, m’ont converti pour longtemps à ce genre musical. Le rock a changé de dimension avec l’arrivée du Jimi Hendrix Experience. Je suis ensuite devenu fan de hard rock, surtout celui de Birmingham : Black Sabbath et Judas Priest et j’ai craqué face au rock/blues de Free. J’avoue aussi un penchant prononcé pour le « rock cosmique » d’Hawkwind.
Racontez-nous votre découverte de la musique Garage, quels ont été vos guides ? Précisez-nous quelles lectures vous ont font découvrir ces groupes obscurs.
Si par musique « Garage » vous entendez « 60’s Garage Punk » le regretté Alain Djebarri, mon collègue au magasin Juke Box, m’a initié. Je connaissais déjà Thirteenth Floor Elevators avec Roky Erickson, les Seeds, les Electric Prunes, Chocolate Watch Band mais il m’a fait découvrir les Standells, Deviants, Mick Farren, les Monks. J’ai beaucoup appris sur cette scène grâce aux séries Pebbles, High In The Mid-Sixties et les compilations éditées par le label Bomp de Greg Shaw.
Vous étiez un client du magasin L'Évasion qui fut à l'origine du label EVA, pouvez-vous nous parler des lieux rock que vous fréquentiez afin de découvrir tous ces trésors musicaux punk ou garage ?
J’ai beaucoup fréquenté Music Action, spécialisé dans le disque soldé importé des USA, Clementine, Librairies Parallèles, Givaudan, Scorpio, Juke Box, Atem, aux Halles, étaient spécialisés dans ce qu’on appelait Rock Allemand c’est-à-dire les débuts de la musique électronique. Pour le Punk: Harry Cover (où j’ai acheté le 1er simple de Destroy All Monsters), Music Box et New Rose où j’achetais les Motörhead, LP’ et 45 Tours, dès leur parution.
J’étais aussi client assidu de Croco Disc et Joseph Gibert. Je n’ai appris l’existence de l’ Open Market de Marc Zermati qu’après sa fermeture ! A la fin des années 70 j’ai commencé à fréquenter, en voisin, L’Evasion qui vendait des disques, mais aussi des livres et des BD d’occasion, et était tenu par une personne d’un certain âge avant d’être repris par Richard.
Vous avez été également vendeur de disques au magasin Jukebox. Parlez nous de cette phase de votre vie.
La société FGL, soit Jacques Leblanc, Didier qui avait remplacé Richard (parti fonder GMG) et JM, venait de reprendre le magasin Juke Box, Avenue de Maine à Paris. Jacques et JM que j’avais connu à l’ Evasion où ils étaient clients m’ont embauché pout m’occuper des livraisons, étiquetage et mise en place, et de la vente par correspondance.
GMG domicilié dans les locaux de l’Evasion, rue de Vaugirard à Paris, était constitué de Richard, Eric « Assurancetourix » et de l’incomparable Pascal, passionné de voitures américaines de collection, qui s’essayait à l’édition phonographique. GMG est à créditer de l’édition française (avec pochette originale) de The Vibrators Live (1986). Merci à eux.
Quelle expérience avez-vous dans le fanzinat? Mis à part Frissons, avez-vous participé à d'autres zines ?
Juste un article sur le 13Th Floor Elevators dans Nineteen que Jacques Leblanc a ensuite publié dans le N° 5 de Jukebox Magazine.
Vous avez ensuite rejoint Jacques Leblanc dans l'aventure Jukebox Magazine, racontez-nous la création de cette revue dont le nom a été inspiré par le magasin.
Jacques Leblanc et Didier ont quitté FGL pour se tourner vers d’autres activités. Jacques Leblanc a entrepris de réaliser son rêve : créer un magazine orienté Rock Français mais aussi British Invasion et Rock Psychédélique américain aidé par Roger et Bruno. Il a aussi ouvert le magasin Satisfaction situé Bd de Vaugirard à Paris qui vendait certains des Super 45 Tours qui illustraient le magazine et où se trouvait la rédaction du journal.
Quelles ont été vos influences au niveau de l'écriture des articles et chroniques de disques ? Êtes-vous encore un gros lecteur de presse musicale ou de livres sur le rock ? Quel est le dernier livre ou article que vous ayez lu qui vous a le plus plu et pourquoi ?
Les Rockers, Best, Extra et Rock & Folk ont alimenté pendant des années ma soif de connaissance en matière de musique rock. Plus tard j’ai acheté de la presse anglaise chez New Rose. Mention particulière pour les fanzines français Rock News, Gig, Feeling et I Wanna Be Your Dog que j’adore relire ainsi que Honey That Ain’t No Romance à base de photocopies agrafées d’origine allemande. J’ai aussi beaucoup appris en lisant Record Collector (UK) et Goldmine (USA), axés sur les disques de collection mais avec des articles de fond remarquables, Je me suis bien fait plaisir en lisant Iggy & The Stooges On Stage 1967-1974 de Per Nilsen, un ouvrage indispensable (sonicbondpublishing.com.)
Quelle était votre façon d'écrire vos articles ? Était-ce instantané ou est-ce que cela vous demandait beaucoup de travail ?
La marche à pieds sur de longues distances m’a beaucoup aidé ! En marchant les idées deviennent des phrases et je prends des notes mentalement. Si je manque d’inspiration je commence par la discographie; le titre, les chapitres, le texte s’enchainent naturellement.
Dans JBM, vous étiez "Monsieur Stooges", comment les avez-vous découverts ?
J’aime les Stooges à toutes les époques mais j’avoue un faible pour la période avec Ron et James aux guitares (1971). J’écoute très souvent le coffret « You don’t want my name you want my action »
Vous aimez également Iggy Pop. Toutes les époques ? Quels en sont vos disques préférés ?
J’ai beaucoup écouté « Lust for Life », « The Idiot », «Live » (RCA), adoré « Kill City » et « New Values » avec James Williamson. Cold Metal compte aussi parmi mes préférés. J’aime bien aussi Iggy avec la formation présente sur le DVD « Kiss my blood » filmé à l’Olympia de Paris en 1991.
Comment vous est venue l'envie de monter le label Revenge ?
Quand les trois associés qui dirigeaient FGL et Juke Box se sont séparés JM a conservé la structure et créé l’étiquette Revenge. En bon fan des Stooges j’ai suggéré la réalisation d’un LP avec des titres des singles Bomp et de Kill City. Les illustrations de pochette dataient d’une décennie ultérieure aux enregistrements mais la demande a été immédiate. Publié en mai 1987 I Got A Right et son 45 Tours (plusieurs couleurs de vinyle) se sont bien vendus..
Est-ce-que cela consistait à créer une société ou bien est-ce qu'il suffisait à FGL de déposer la marque ? Comment se passait la création d'un label à cette époque ?
Ma participation pour Revenge était plutôt du domaine artistique ; trouver les artistes compatibles avec l’orientation du label, les bandes si possible inédites, les illustrations, rédiger les textes de pochettes, les crédits, les expéditions promo. La gestion administrative n’était pas de mon ressort.
Vous ne vous êtes pas limité aux Stooges et Iggy, il y a eu les Flamin' Groovies, MC5 et d'autres groupes au catalogue. Comment trouviez-vous les enregistrements qui sont sortis sur Revenge ?
Pour MC5 un accord avait été passé avec le regretté Rob Tyner. Dans ce cas les enregistrements provenaient de K7 audio. Deux disques des Flamin’ Groovies originaux étaient sortis sur Eva et un autre sur Lolita (autre sous-label de FGL).
Il existe énormément de disques proposant des extraits de répétition des Stooges. Avez-vous en main les bandes complètes ou n'avez-vous en votre possession que les titres proposés ? Il existe des listes décrivant les bandes complètes. On se demande pourquoi ce n'est jamais sorti. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Pour les Stooges nous ne disposions que de K7 audio fournies par Bomp Records ou provenant d’échanges entre fans. A l’époque de Revenge c’était très compliqué de trouver des enregistrements de qualité. Bien plus tard Elektra et Sony ont exhumé leurs trésors pour réaliser les coffrets Stooges en CD. Je cherche toujours pour mon usage personnel des concerts des Stooges avec Summertime Blues et Star Spangled Banner (Ndlr - Si quelqu'un peut aider : nous écrire svp). Ron Asheton m’a confirmé avoir joué ces titres. J’ai appris l’existence de ces concerts sur des listes de K7 « live » mais aucun échange ou vente n’a été possible. Les collectionneurs sont jaloux de leurs trésors !
Par contre, pour Live at the Channel d’Iggy, version française d’un disque promotionnel particulièrement apprécié des fans, nous avions un support consistant. Pour Rock Action (1989), l’album de Scott Morgan, nous disposions également d’une bande ¼ de pouce ainsi que pour Dark Carnival Welcome To Show Business Live (1990) et Greatest Show In Detroit (1991) .
Au niveau des droits, comment se passaient les arrangements ? C'était facile de sortir un disque ?
Pour faire fabriquer un disque de quelqu’un il est préférable d’avoir un contrat et de verser une avance à l’artiste. Il faut ensuite faire une déclaration à la SDRM pour les droits mécaniques avant de fabriquer. Certains éditeurs se passent de contrat et d’avance, se contentant de bloquer de l’argent sur un compte pour l’artiste. Ce procédé est risqué car l’artiste peut s’estimer lésé et trainer l’éditeur devant les tribunaux.
Pouvez-vous partager avec nous quelques bons ou mauvais souvenirs de votre époque Revenge?
Je garde un chaleureux souvenir de tous les passionnés qui nous ont aidé : feu Ann Asheton, Sue Rynski, TJ, Jean-Paul, Charles « le mionc à treuv » Bugeant, Alexandre, encyclopédiste du rock qui officie à la Fnac St Lazare, Fred, le regretté Julien « Angel Face » Régoli, Patrick Bertrand, J. Van De Oever.
Au départ c’est une K7 audio achetée par correspondance. Le son est catastrophique mais il s’agit d’un concert des Stooges dans la configuration 2 guitares: Ron Asheton et James Williamson, avec Jimmy Recca à la basse. Pratiquement tous les titres sont inédits (à l’époque), L’erreur a été de fabriquer ce disque en CD ; le peu de fréquences aigües ont disparues dans le transfert numérique ! J’aime écouter la version LP du « Live 1971 » et son délire de guitares, surnommé « l’aspirateur » par quelques fans. En 2009 le label anglais Easy Action à édité le coffret « You want my action » avec 4 concerts de cette tournée, dont celui-ci, avec un livret photo.
Jukebox Magazine est devenu à travers les années beaucoup moins intéressé par le style musical Garage. Pouvez-vous nous parler de l'évolution du magazine ainsi que du label Revenge?
Pour Jukebox Magazine, Jacques Leblanc répondrait de façon plus précise. Pour ma part je suppose que les goûts des lecteurs ont évolué. La demande pour des articles sur le rock français des années 60 était très forte et Johnny Hallyday était très apprécié des lecteurs (ainsi que d’une bonne partie de la rédaction). Jacques Leblanc a aussi élargi la palette des articles avec le Punk, la New Wave, le Métal, la musique électronique, le Blues et des artistes à large audience comme Mylène Farmer, Serge Gainsbourg, Queen. Jacques Leblanc ne manquait jamais une occasion d’écrire sur les Rolling Stones dont il ne ratait pas une tournée.
Orienté sur le Rock de Detroit, Revenge était distribué par Wotre Music dont la Fnac était, en France, le principal client. Je ne suis pas au courant de tout mais il semblerait qu’un responsable de la Fnac ou de Fnac Music Distribution ait estimé qu’il y avait trop de références des Stooges et d’Iggy Pop, au catalogue. N’étant pas doué pour les inventaires et la gestion de stock j’ai accepté l’offre de Jacques Leblanc de rejoindre Jukebox Magazine. J’allais pouvoir ainsi chroniquer les disques, écrire des articles sur ces musiciens et, pour certains d’entre eux, amis pour qui j’ai le plus profond respect.
Écrivez-vous toujours sur la musique ? Pourquoi n'avez-vous jamais sorti un livre sur Revenge et/ou les Stooges ?
J’écris parfois des courts textes exprimant mes impressions sur les disques que j’achète à la Fnac. Il existe de nombreux ouvrages sur les Stooges dont un récent fabuleux mais, hélas , très cher. Raconter mes vacances chez Ron Asheton à Ann Arbor intéresserait-il quelqu’un ?
Quel est le meilleur souvenir que vous ayez des Stooges ?
Nous avions été invité, avec mon ami Sylvain, par Ron Asheton pour boire un verre à l’hôtel Raphaël, près de la place de l’Etoile à Paris. Très détendu, Ron s’est comporté en hôte parfait. Il aimait beaucoup les bars des hôtels ou des aéroports pour se détendre en buvant un gin/ tonic. C’est une des dernières fois où je l’ai vu. Le concert de Tribute To The Stooges en Belgique avec Ron et Scott Asheton soutenus par Jay Mascis (guitare, Dinosaur Jr) et Mike Watt (basse, chant, Minutemen), le 24 août 2002 est un autre bon souvenir. C’était mon premier contact scénique avec les Stooges. A la fin du show Scott Asheton a lancé ses baguettes à Axel Rose, tête d’affiche du festival avec son groupe. Nous nous enfoncions jusqu’aux chevilles dans la boue huileuse de l’ aéroport de Kiewit, mais quelle joie !
C’est en écoutant les Shadows que j’ai découvert la musique rock. J’écoutais Johnny Hallyday, les Chaussettes Noires, les Chats Sauvages et les Vautours, Elvis Presley, avant d’en prendre plein les yeux avec les Scopitones (ancêtre du clip vidéo) de Vince Taylor. Les premiers 45 Tours des Beatles et des Rolling Stones puis ceux des Yardbirds, Kinks, Pretty Things, Who, Spencer Davis Group, m’ont converti pour longtemps à ce genre musical. Le rock a changé de dimension avec l’arrivée du Jimi Hendrix Experience. Je suis ensuite devenu fan de hard rock, surtout celui de Birmingham : Black Sabbath et Judas Priest et j’ai craqué face au rock/blues de Free. J’avoue aussi un penchant prononcé pour le « rock cosmique » d’Hawkwind.
Racontez-nous votre découverte de la musique Garage, quels ont été vos guides ? Précisez-nous quelles lectures vous ont font découvrir ces groupes obscurs.
Si par musique « Garage » vous entendez « 60’s Garage Punk » le regretté Alain Djebarri, mon collègue au magasin Juke Box, m’a initié. Je connaissais déjà Thirteenth Floor Elevators avec Roky Erickson, les Seeds, les Electric Prunes, Chocolate Watch Band mais il m’a fait découvrir les Standells, Deviants, Mick Farren, les Monks. J’ai beaucoup appris sur cette scène grâce aux séries Pebbles, High In The Mid-Sixties et les compilations éditées par le label Bomp de Greg Shaw.
Bernard Masanès et Ron Asheton |
Vous étiez un client du magasin L'Évasion qui fut à l'origine du label EVA, pouvez-vous nous parler des lieux rock que vous fréquentiez afin de découvrir tous ces trésors musicaux punk ou garage ?
J’ai beaucoup fréquenté Music Action, spécialisé dans le disque soldé importé des USA, Clementine, Librairies Parallèles, Givaudan, Scorpio, Juke Box, Atem, aux Halles, étaient spécialisés dans ce qu’on appelait Rock Allemand c’est-à-dire les débuts de la musique électronique. Pour le Punk: Harry Cover (où j’ai acheté le 1er simple de Destroy All Monsters), Music Box et New Rose où j’achetais les Motörhead, LP’ et 45 Tours, dès leur parution.
J’étais aussi client assidu de Croco Disc et Joseph Gibert. Je n’ai appris l’existence de l’ Open Market de Marc Zermati qu’après sa fermeture ! A la fin des années 70 j’ai commencé à fréquenter, en voisin, L’Evasion qui vendait des disques, mais aussi des livres et des BD d’occasion, et était tenu par une personne d’un certain âge avant d’être repris par Richard.
Vous avez été également vendeur de disques au magasin Jukebox. Parlez nous de cette phase de votre vie.
La société FGL, soit Jacques Leblanc, Didier qui avait remplacé Richard (parti fonder GMG) et JM, venait de reprendre le magasin Juke Box, Avenue de Maine à Paris. Jacques et JM que j’avais connu à l’ Evasion où ils étaient clients m’ont embauché pout m’occuper des livraisons, étiquetage et mise en place, et de la vente par correspondance.
GMG domicilié dans les locaux de l’Evasion, rue de Vaugirard à Paris, était constitué de Richard, Eric « Assurancetourix » et de l’incomparable Pascal, passionné de voitures américaines de collection, qui s’essayait à l’édition phonographique. GMG est à créditer de l’édition française (avec pochette originale) de The Vibrators Live (1986). Merci à eux.
Quelle expérience avez-vous dans le fanzinat? Mis à part Frissons, avez-vous participé à d'autres zines ?
Juste un article sur le 13Th Floor Elevators dans Nineteen que Jacques Leblanc a ensuite publié dans le N° 5 de Jukebox Magazine.
Deniz Tek & Juke Box Magazine |
Vous avez ensuite rejoint Jacques Leblanc dans l'aventure Jukebox Magazine, racontez-nous la création de cette revue dont le nom a été inspiré par le magasin.
Jacques Leblanc et Didier ont quitté FGL pour se tourner vers d’autres activités. Jacques Leblanc a entrepris de réaliser son rêve : créer un magazine orienté Rock Français mais aussi British Invasion et Rock Psychédélique américain aidé par Roger et Bruno. Il a aussi ouvert le magasin Satisfaction situé Bd de Vaugirard à Paris qui vendait certains des Super 45 Tours qui illustraient le magazine et où se trouvait la rédaction du journal.
Quelles ont été vos influences au niveau de l'écriture des articles et chroniques de disques ? Êtes-vous encore un gros lecteur de presse musicale ou de livres sur le rock ? Quel est le dernier livre ou article que vous ayez lu qui vous a le plus plu et pourquoi ?
Les Rockers, Best, Extra et Rock & Folk ont alimenté pendant des années ma soif de connaissance en matière de musique rock. Plus tard j’ai acheté de la presse anglaise chez New Rose. Mention particulière pour les fanzines français Rock News, Gig, Feeling et I Wanna Be Your Dog que j’adore relire ainsi que Honey That Ain’t No Romance à base de photocopies agrafées d’origine allemande. J’ai aussi beaucoup appris en lisant Record Collector (UK) et Goldmine (USA), axés sur les disques de collection mais avec des articles de fond remarquables, Je me suis bien fait plaisir en lisant Iggy & The Stooges On Stage 1967-1974 de Per Nilsen, un ouvrage indispensable (sonicbondpublishing.com.)
Quelle était votre façon d'écrire vos articles ? Était-ce instantané ou est-ce que cela vous demandait beaucoup de travail ?
La marche à pieds sur de longues distances m’a beaucoup aidé ! En marchant les idées deviennent des phrases et je prends des notes mentalement. Si je manque d’inspiration je commence par la discographie; le titre, les chapitres, le texte s’enchainent naturellement.
Dans JBM, vous étiez "Monsieur Stooges", comment les avez-vous découverts ?
J’ai écouté Fun House pour la première fois en 1973 sur une K7 audio qu’un collègue de travail musicien m’avait prêté. Très vite j’ai acheté The Stooges et Raw Power.
Êtes-vous un fan « hardcore » qui collectionne tout et aime toutes les époques des Stooges et d'Iggy & The Stooges ou bien appréciez-vous uniquement la première époque jusqu'à Funhouse ou Raw Power, avant la reformation ?
Êtes-vous un fan « hardcore » qui collectionne tout et aime toutes les époques des Stooges et d'Iggy & The Stooges ou bien appréciez-vous uniquement la première époque jusqu'à Funhouse ou Raw Power, avant la reformation ?
J’aime les Stooges à toutes les époques mais j’avoue un faible pour la période avec Ron et James aux guitares (1971). J’écoute très souvent le coffret « You don’t want my name you want my action »
Vous aimez également Iggy Pop. Toutes les époques ? Quels en sont vos disques préférés ?
J’ai beaucoup écouté « Lust for Life », « The Idiot », «Live » (RCA), adoré « Kill City » et « New Values » avec James Williamson. Cold Metal compte aussi parmi mes préférés. J’aime bien aussi Iggy avec la formation présente sur le DVD « Kiss my blood » filmé à l’Olympia de Paris en 1991.
Comment vous est venue l'envie de monter le label Revenge ?
Quand les trois associés qui dirigeaient FGL et Juke Box se sont séparés JM a conservé la structure et créé l’étiquette Revenge. En bon fan des Stooges j’ai suggéré la réalisation d’un LP avec des titres des singles Bomp et de Kill City. Les illustrations de pochette dataient d’une décennie ultérieure aux enregistrements mais la demande a été immédiate. Publié en mai 1987 I Got A Right et son 45 Tours (plusieurs couleurs de vinyle) se sont bien vendus..
Est-ce-que cela consistait à créer une société ou bien est-ce qu'il suffisait à FGL de déposer la marque ? Comment se passait la création d'un label à cette époque ?
Ma participation pour Revenge était plutôt du domaine artistique ; trouver les artistes compatibles avec l’orientation du label, les bandes si possible inédites, les illustrations, rédiger les textes de pochettes, les crédits, les expéditions promo. La gestion administrative n’était pas de mon ressort.
Vous ne vous êtes pas limité aux Stooges et Iggy, il y a eu les Flamin' Groovies, MC5 et d'autres groupes au catalogue. Comment trouviez-vous les enregistrements qui sont sortis sur Revenge ?
Pour MC5 un accord avait été passé avec le regretté Rob Tyner. Dans ce cas les enregistrements provenaient de K7 audio. Deux disques des Flamin’ Groovies originaux étaient sortis sur Eva et un autre sur Lolita (autre sous-label de FGL).
Il existe énormément de disques proposant des extraits de répétition des Stooges. Avez-vous en main les bandes complètes ou n'avez-vous en votre possession que les titres proposés ? Il existe des listes décrivant les bandes complètes. On se demande pourquoi ce n'est jamais sorti. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Pour les Stooges nous ne disposions que de K7 audio fournies par Bomp Records ou provenant d’échanges entre fans. A l’époque de Revenge c’était très compliqué de trouver des enregistrements de qualité. Bien plus tard Elektra et Sony ont exhumé leurs trésors pour réaliser les coffrets Stooges en CD. Je cherche toujours pour mon usage personnel des concerts des Stooges avec Summertime Blues et Star Spangled Banner (Ndlr - Si quelqu'un peut aider : nous écrire svp). Ron Asheton m’a confirmé avoir joué ces titres. J’ai appris l’existence de ces concerts sur des listes de K7 « live » mais aucun échange ou vente n’a été possible. Les collectionneurs sont jaloux de leurs trésors !
Par contre, pour Live at the Channel d’Iggy, version française d’un disque promotionnel particulièrement apprécié des fans, nous avions un support consistant. Pour Rock Action (1989), l’album de Scott Morgan, nous disposions également d’une bande ¼ de pouce ainsi que pour Dark Carnival Welcome To Show Business Live (1990) et Greatest Show In Detroit (1991) .
Au niveau des droits, comment se passaient les arrangements ? C'était facile de sortir un disque ?
Pour faire fabriquer un disque de quelqu’un il est préférable d’avoir un contrat et de verser une avance à l’artiste. Il faut ensuite faire une déclaration à la SDRM pour les droits mécaniques avant de fabriquer. Certains éditeurs se passent de contrat et d’avance, se contentant de bloquer de l’argent sur un compte pour l’artiste. Ce procédé est risqué car l’artiste peut s’estimer lésé et trainer l’éditeur devant les tribunaux.
Pouvez-vous partager avec nous quelques bons ou mauvais souvenirs de votre époque Revenge?
Je garde un chaleureux souvenir de tous les passionnés qui nous ont aidé : feu Ann Asheton, Sue Rynski, TJ, Jean-Paul, Charles « le mionc à treuv » Bugeant, Alexandre, encyclopédiste du rock qui officie à la Fnac St Lazare, Fred, le regretté Julien « Angel Face » Régoli, Patrick Bertrand, J. Van De Oever.
Ma rencontre avec Ron Asheton, l’architecte sonore des Stooges, a été un grand moment émotionnel. Mon coeur est monté très haut dans les tours quand j’ai rencontré LA légende : Deniz Tek, l’authentique Iceman, guitariste, compositeur et force vitale de Radio Birdman. Cette réunion a débouché sur deux albums live et un 45Tours de New Race ainsi que sur le premier LP solo de Deniz Tek et l’album des Passengers d’Angie Pepper. J’ai aussi été impressionné par Scott Morgan, la voix d’or d’Ann Arbor par ailleurs excellent guitariste (ex-Rationals et Sonic Rendezvous Band). Niagara, chanteuse de Destroy All Monsters et Dark Carnival, m’a aussi fait forte impression.
Nous avons souri en découvrant la référence BM001 du disque des Stooges "Live 1971" paru en 1988 sur le label Starfighter. Pouvez-vous nous raconter sa création ?
Nous avons souri en découvrant la référence BM001 du disque des Stooges "Live 1971" paru en 1988 sur le label Starfighter. Pouvez-vous nous raconter sa création ?
Au départ c’est une K7 audio achetée par correspondance. Le son est catastrophique mais il s’agit d’un concert des Stooges dans la configuration 2 guitares: Ron Asheton et James Williamson, avec Jimmy Recca à la basse. Pratiquement tous les titres sont inédits (à l’époque), L’erreur a été de fabriquer ce disque en CD ; le peu de fréquences aigües ont disparues dans le transfert numérique ! J’aime écouter la version LP du « Live 1971 » et son délire de guitares, surnommé « l’aspirateur » par quelques fans. En 2009 le label anglais Easy Action à édité le coffret « You want my action » avec 4 concerts de cette tournée, dont celui-ci, avec un livret photo.
Jukebox Magazine est devenu à travers les années beaucoup moins intéressé par le style musical Garage. Pouvez-vous nous parler de l'évolution du magazine ainsi que du label Revenge?
Pour Jukebox Magazine, Jacques Leblanc répondrait de façon plus précise. Pour ma part je suppose que les goûts des lecteurs ont évolué. La demande pour des articles sur le rock français des années 60 était très forte et Johnny Hallyday était très apprécié des lecteurs (ainsi que d’une bonne partie de la rédaction). Jacques Leblanc a aussi élargi la palette des articles avec le Punk, la New Wave, le Métal, la musique électronique, le Blues et des artistes à large audience comme Mylène Farmer, Serge Gainsbourg, Queen. Jacques Leblanc ne manquait jamais une occasion d’écrire sur les Rolling Stones dont il ne ratait pas une tournée.
Orienté sur le Rock de Detroit, Revenge était distribué par Wotre Music dont la Fnac était, en France, le principal client. Je ne suis pas au courant de tout mais il semblerait qu’un responsable de la Fnac ou de Fnac Music Distribution ait estimé qu’il y avait trop de références des Stooges et d’Iggy Pop, au catalogue. N’étant pas doué pour les inventaires et la gestion de stock j’ai accepté l’offre de Jacques Leblanc de rejoindre Jukebox Magazine. J’allais pouvoir ainsi chroniquer les disques, écrire des articles sur ces musiciens et, pour certains d’entre eux, amis pour qui j’ai le plus profond respect.
Écrivez-vous toujours sur la musique ? Pourquoi n'avez-vous jamais sorti un livre sur Revenge et/ou les Stooges ?
J’écris parfois des courts textes exprimant mes impressions sur les disques que j’achète à la Fnac. Il existe de nombreux ouvrages sur les Stooges dont un récent fabuleux mais, hélas , très cher. Raconter mes vacances chez Ron Asheton à Ann Arbor intéresserait-il quelqu’un ?
The New Race |
Quel est le meilleur souvenir que vous ayez des Stooges ?
Nous avions été invité, avec mon ami Sylvain, par Ron Asheton pour boire un verre à l’hôtel Raphaël, près de la place de l’Etoile à Paris. Très détendu, Ron s’est comporté en hôte parfait. Il aimait beaucoup les bars des hôtels ou des aéroports pour se détendre en buvant un gin/ tonic. C’est une des dernières fois où je l’ai vu. Le concert de Tribute To The Stooges en Belgique avec Ron et Scott Asheton soutenus par Jay Mascis (guitare, Dinosaur Jr) et Mike Watt (basse, chant, Minutemen), le 24 août 2002 est un autre bon souvenir. C’était mon premier contact scénique avec les Stooges. A la fin du show Scott Asheton a lancé ses baguettes à Axel Rose, tête d’affiche du festival avec son groupe. Nous nous enfoncions jusqu’aux chevilles dans la boue huileuse de l’ aéroport de Kiewit, mais quelle joie !
Merci Bernard
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