ROCK LIBRARY : JACQUES LEBLANC & JUKE BOX MAGAZINE - "L’ultime soubresaut est le punk en 1976-78"
Juke Box Magazine a beaucoup contribué à faire connaitre la musique que l'on apprécie dans Les Monstres Sacrés. Ce magazine a eu aussi beaucoup de rapports avec les labels EVA et LOLITA qui nous ont fait tant découvrir ! Son fondateur, Jacques Leblanc a bien voulu nous en parler, merci à lui !
Vous êtes né presque aux débuts du rock, comment l’avez-vous découvert ?
Le 18 avril 1960, je n’ai pas 10 ans que je vois Johnny Hallyday sur l’unique chaîne de télé de la RTF.
Il est de bon ton de le décrier, mais lui, à 16 ans, chante "Laisse Les Filles" et à, 17, "Il Faut Saisir Sa Chance" (des créations françaises et non des adaptations), alors qu’en 1963, à 20 ans, les Beatles en sont encore à "She Loves You" et "I Want To Hold Your Hand" !
Durant votre adolescence dans les années 1960, le rock vécut à nouveau une grande période, en majeure partie grâce aux groupes anglais. Était-ce facile en France de le découvrir et comment devait-on s’y prendre ? Pourriez-vous nous raconter vos grands moments personnels avec cette musique durant ces années-là ?
Grâce à Salut Les Copains sur Europe N°1, chaque jour à dix-sept heures, on ne rate rien. Sans discrimination les Rolling Stones côtoient Sheila. Je passe ma vie chez les disquaires qui sont aussi nombreux que les pharmacies aujourd’hui. Après Johnny, les Chaussettes Noires, les Chats Sauvages, etc. mais aussi Ray Charles (grand oublié de nos jours), l’autre grand choc est les Stones. Je ne suis pas insensible aux Beatles, mais je n’y fais pas une grande différence par rapport à Claude François ou Frank Alamo, jusqu’à "Can't By Me Love" début 1964 où ça évolue positivement. En revanche, début 1964 aussi, avec les Rolling Stones, c’est un choc indescriptible. J’achète tous leurs disques, à défaut de pouvoir aller les applaudir à l’Olympia en octobre car étant trop jeune (14 ans) et habitant en banlieue parisienne, au Plessis-Robinson.
Quand j’écoute leurs versions de "I Wanna Be Your Man", "Money" ou "Roll Over Beethoven" (dont je découvre plus tard la maquette inédite sur un bootleg), enregistrés à la même époque par les Beatles et les Stones, il n’y a pas photo. Je ne retrouve pas chez les Beatles la hargne et la fougue des Rolling Stones.
La déferlante s‘amplifie avec les Kinks, Yardbirds, Pretty Things, Who (mes deuxièmes chouchous), etc. puis les Small Faces. Je suis moins marqué par les groupes américains comme les Beach Boys ou les Byrds. Il faut attendre Mitch Ryder, les Blues Magoos, Electric Prunes puis les Doors pour que ça secoue. Grâce à Johnny, Eddy Mitchell et les Stones, je replonge dans les arcanes du rock. Si je connais déjà Elvis Presley (qui ne me fascine que moyennement, ayant pour moi tourné casaque après son service militaire) et Gene Vincent, je découvre Chuck Berry, Eddie Cochran, Buddy Holly, Little Richard, Jerry Lee Lewis (dont l’album en public au Star Club de Hambourg est une pépite), Bo Diddley, etc. Ma vie n’est faite que de rock. Comme je ne suis pas doué comme chanteur ou guitariste, je m’essaye à l’écriture en créant mon propre journal, Salut Les Rockers, à un exemplaire, inspiré de Salut Les Copains et Disco-Revue.
Quand vous est-il venu l’envie d’écrire sur la musique ? Avez-vous publié des choses avant de débuter pour Best ?
En 1969, je m’inscris au Rock Story Club de Jean-Claude Pognant. Je lui envoie mes premiers articles qu’il publie en septembre dans Rock’n’ Roll Actuality.
En 1970, vous commencez à écrire pour Best. Comment êtes-vous arrivé à entrer dans ce journal ? Quels étaient vos goûts musicaux de l’époque et vos espérances à écrire pour Best ?
Rock’n’ Roll Actuality cesse de paraître fin 1969. Au Rock Story Club, j’ai sympathisé avec Alain Robillard et Alain Lemaire. Début 1970, nous nous présentons tous les trois à Best lors d’une conférence de rédaction.
Rolling Stones Plalais des sports Paris 22 septembre 1970, dans la foule au fond à droite |
Quand vous est-il venu l’envie d’écrire sur la musique ? Avez-vous publié des choses avant de débuter pour Best ?
En 1969, je m’inscris au Rock Story Club de Jean-Claude Pognant. Je lui envoie mes premiers articles qu’il publie en septembre dans Rock’n’ Roll Actuality.
En 1970, vous commencez à écrire pour Best. Comment êtes-vous arrivé à entrer dans ce journal ? Quels étaient vos goûts musicaux de l’époque et vos espérances à écrire pour Best ?
Rock’n’ Roll Actuality cesse de paraître fin 1969. Au Rock Story Club, j’ai sympathisé avec Alain Robillard et Alain Lemaire. Début 1970, nous nous présentons tous les trois à Best lors d’une conférence de rédaction.
Je propose un article sur Creedence Clearwater Revival qui doit venir à l’Olympia, et ça débute comme ça. J’ai droit à la couverture pour mon papier en souvenir du premier anniversaire de la mort de Brian Jones des Rolling Stones.
A l’époque, je suis très branché sur les groupes anglo-américains et les nouvelles formations françaises comme les Variations, Devotion, Triangle, Ange (qui est produit par Jean-Claude Pognant et la CAEPE qui succède au Rock Story Club lors de réunions au Golf Drouot), et j’en oublie même Johnny, Eddy et Dick.
Vous y avez écrit l’un des premiers papiers sur le groupe Ange, quels ont été vos apports au journal et pouvez-vous nous raconter votre « Best » vu de l’intérieur face à l’image que vous en aviez auparavant ?
A Best, le fondateur et rédacteur en chef est Gérard Bernar, un ancien de Disco-Revue. A son contact, j’apprends les arcanes du métier, ce qu’est un chemin de fer pour concevoir chaque prochain numéro. Sans le savoir, Gérard Bernar est mon mentor. Je suis passionné de journalisme musical et il m’initie à en maîtriser les astuces.
En 1971, c’est pour vous l’armée, qu’avez-vous raté musicalement à cause d’elle ?
J’ai surtout raté le développement fulgurant de Best dont le tirage passe de 30 000 à 100 000 exemplaires, et quand je reviens en octobre, toutes les places sont prises.
Peu de temps après, vous collaborez au magazine Pop 2000, quelles étaient les différences entre ces magazines ?
Je découvre Pop 2000 dont je connais Jacques Barbier que j’ai côtoyé à Best quand il était manager d’Heavy Moonshine, un groupe prometteur, devenu Century. Entre Best et Pop 2000, c’est le grand écart, mais je ne rechigne pas au challenge en compagnie de Mike Lécuyer, son rédacteur en chef.
Ensuite vous lancez Maxipop en 1972, vous rejoignez Extra l’année suivante et en 1975 vous créez Gold et Encyclorock. Pourquoi autant d’effervescence ? Est-ce-que ces magazines ne vous satisfaisaient pas ?
Maxipop, puis Extra, Gold et Encyclorock sont des aventures excitantes mais leurs éditeurs manquent de rigueur financière, et leurs parutions cessent rapidement.
Vous faites la connaissance de « symboles » de l’écriture rock française tel Alain Pacadis en 1973. Pourriez-vous nous dire lesquels vous ont le plus apporté et surtout ne vous ont pas déçu ? Est-ce-que vous aviez envie de faire partie de cette intelligentsia pour la plupart du temps parisienne, ou n’était-ce pas votre truc ?
Je rencontre Alain Pacadis chez Philips en 1973 et ce style d’écriture n’est pas le mien. Pour moi, un article doit avoir des fondations, comme un immeuble (au départ je suis dessinateur-métreur), avec des dates, des renseignements biographiques, et non pas être une logorrhée où l’auteur délire hors du sujet. Dans ce cas-là, il doit devenir romancier.
À la fin des années 1970, vous commencez à publier des livres sur le rock. Étaient-ce des commandes des maisons d’édition ou avez-vous toujours eu envie d’écrire sur les Beatles, Pink Floyd ?
Après Extra, Gold et Encyclorock, c’est la galère. Je contacte l’éditeur Jean-Pierre Delville qui a sorti deux livres sur les Beatles et les Rolling Stones, traduits de bouquins anglais. Je lui propose une encyclopédie sur le rock’n’roll des artistes des années 1950. A l’époque, il est en pleine maquette de la Discographie de Johnny Hallyday par Jean-Louis Rancurel et Bob Lampard, qui sont des photographes. Et il a des problèmes avec le texte que je suis chargé de réécrire pour sauver les meubles. Je sympathise avec le maquettiste Üdo Woerhle. On démarche des éditeurs pour lancer un magazine musical, Hot, dont on a fait la pré-maquette. Sans résultat. On travaille sur un livre sur Bob Dylan que l’on propose à Rock & Folk-Albin Michel. La conception leur plaît mais pas le sujet. Exit Dylan au profit des Rolling Stones et Pink Floyd. Grâce à Bill Wyman, on a accès aux archives des Stones. A l’hôtel Prince de Galles, on montre la maquette de Pink Floyd à David Gilmour qui appelle aussitôt Roger Waters suite à une double page où on le voit avec son ex-femme. On doit la changer, ayant eu la photo grâce à Steve O’Rourke, leur imprésario.
Dans la chronique du livre « L’Esprit Des Seventies » vous écrivez : « Les années 68-86, jamais passionnantes, mais toujours intéressantes » (JBM 85, p.81), pourriez-vous nous donner plus de précisions sur cette phrase ?
Après la déflagration des années 1954-68 (Elvis, Johnny, Beatles, Stones, Doors, pour simplifier), la suite correspond pour moi aux retombées d’une éruption volcanique avec des moments éclatants et dont l’ultime soubresaut est le punk en 1976-78.
Vous êtes un grand fan des Rolling Stones, en plus des livres et articles que vous leur avez consacrés, vous avez aussi compilé un disque de certaines de leurs raretés Collector’s Only et dirigé les rééditions Decca de leurs albums en 1978. Parlez-nous svp de votre passion pour ce groupe.
Pour moi, les Stones sont le summum. Ils ne sont pas les meilleurs instrumentistes, face au guitariste Jeff Beck ou au batteur Keith Moon des Who, que j’adore, mais à l’inverse des super groupes presque toujours décevants, leur symbiose est exceptionnelle. Il y a une magie entre Mick Jagger et Keith Richards (même quand ils sont brouillés) et plus tard Ron Wood, Charlie Watts et Bill Wyman (dont je regrette le départ), sans oublier Ian Stewart. Quand je les découvre, début 1964, moi qui ai raffolé des Chaussettes Noires, je ne peux pas croire qu’un groupe puisse être à ce point… sublime. Chacun de leurs disques me transcende, avec un faible pour After-Math en 1966 que je considère, ayant 16 ans, comme mon année de référence. J’étais trop jeune avant et pas assez argenté pour assimiler toute la richesse du rock dont les années précédentes me révèlent toujours d’autres richesses. A l’époque, par manque de moyens, on passe à côté de plein de groupes dit secondaires qui, plus tard, feront le bonheur de Nuggets et… Eva !
Êtes-vous du même avis que beaucoup de fans que les Stones étaient bien jusqu’au début des années 70 … et qu'après ce n’était plus pareil. Ou bien pensez-vous que c’est un cliché ?
Si c’est un cliché, je souhaite à tous ceux-là d’être toujours aussi flamboyants à 80 balais !
Vous avez écrit le livre Hit-Parade des années 70 (paru en 2009), vous en êtes-vous rappelé lors de la création de Juke Box Magazine ? Le magazine était surtout spécialisé dans les années 1960, vous êtes-vous rendu compte que les années 1970 n’étaient pas ce qui vous intéressait le plus ?
Juke Box Magazine, à sa création en 1984, a pour but, avant tout, de célébrer les années 1950 et 1960, mais sans être réfractaire aux années 1970 (il suffit de consulter l’index), et plus tard 1980, 1990 et 2000, même si elles ne peuvent concurrencer le foisonnement des décennies 1950 et 1960. Il faut se souvenir qu’à cette époque un artiste ou groupe sort un album (voire deux) et trois ou quatre 45 tours par an. Alors qu’aujourd’hui c’est un tous les trois ans et cela depuis les années 1990. Grâce à Johnny, Elvis, Beatles et Stones, en têtes de gondoles, on peut traiter plein de groupes plus obscurs.
Vous avez assisté à un concert du MC5 en 1972, avez-vous vu d’autres concerts proto-punk et plus tard de groupes punks comme les Sex Pistols au Chalet du Lac, Damned, Clash ou d'autres?
En septembre 1976, bien que patronné par Extra en pleine déconfiture, je rate les Sex Pistols au Chalet du Lac. Mais pour moi, mon dernier grand choc musical est Dr Feelgood au Bataclan en 1974, qui éclipse Little Bob Story, malgré sa prestation pourtant excellente en première partie.
A cette époque, vous avez vu beaucoup de concerts. Quel est celui qui vous a le plus marqué et pourquoi?
En dehors de Dr Feelgood, de mémoire Ten Year After, Who (1972) et Kinks (1974) à la Fête de l’Huma, Stone The Crows, MC5, Led Zeppelin, Deep Purple, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Grateful Dead, Country Joe Mc Donald, Steppenwolf, Procol Harum, Ike & Tina Turner, Joe Cocker, Jeff Beck, Rory Gallagher, Doobie Brothers, Mott The Hoople, Van Morrison, Tim Buckley, Status Quo, Lou Reed, Paul Mc Cartney & Wings, Donovan, Eric Burdon, Rod Stewart & Faces, Eric Clapton, West Bruce & Laing, Bill Haley, Alice Cooper, David Bowie, B.B. King, Sparks, Blue Oyster Cult, Aerosmith, Fats Domino, Jonathan Richman, John Fogerty, Inmates, Fleshtones, Little Richard, etc. Et dans un autre genre East Of Eden, Pete Brown & Piblokto, Magma, Amon Düül, Hawkwind, Van Der Graaf Generator, Yes, Frank Zappa… Mais aussi Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Christophe, Véronique Sanson, Coluche, Claude Nougaro, Yves Simon, Hugues Aufray, Jacques Dutronc, Laurent Voulzy…, mais pas Michel Polnareff à chaque fois décevant. Et toujours les Stones. Notamment en septembre 1970 où, pour Best, au Palais des Sports, au premier rang durant la première partie, je dois grimper sur les barrières de sécurité, sous la déferlante des fans, et je passe tout le concert debout sur ces barrières, Mick Jagger évoluant à quelques mètres de moi. En juin 1976, à Bruxelles, je vois Keith Richards et Ron Wood à leur hôtel. Ils sont adorables. Et au concert au Forest National, je passe alternativement du premier rang aux coulisses grâce à mon pass. A chaque fois, que je les vois au cours des années 1970, 1980, 1990, je suis subjugué par leur suprématie. Aucun groupe en première partie, aussi excellent que Téléphone ou le J.Geils Band ne peut leur résister !
En 1981, vous créez le label Eva qui est spécialisé dans les rééditions. Nous pouvons y trouver beaucoup de références de rock garage. Comment se passait la parution d’un disque, quels en étaient les critères ?
Au départ, la double compilation Nuggets de 1972 est la bible. En vendant des disques de collection, je rencontre un collectionneur qui a la quasi-intégrale des simples de Mouse & The Traps, d’où l’idée de les réunir en un 33 tours. Les ventes sont au-delà de nos espérances en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre et même aux USA. Ce qui ne devait être qu’un coup d’essai se transforme en un label.
En 1983, vous écrivez les notes de certains disques du label Lolita (Flamin’ Groovies, Real Kids). Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ?
Eva exhumait des groupes anciens, Lolita a suivi une démarche similaire avec des groupes en activité dont les Flamin’ Groovies, Dr Feelgood et les Inmates qui étaient nos favoris.
Eva est considéré un peu comme un label qui sortait des pirates de disques introuvables. Tim Warren pour ses compilations Back From The Grave a été confronté au problème qu’il ne trouvait pas facilement les ayants droits. Avez-vous vécu la même chose ? En tant que collectionneur, quel est votre rapport aux bootlegs ?
Eva déclarait toutes les sorties à la SDRM et on essayait de régulariser le maximum de références. Le développement des bootlegs est en partie le résultat de l’incompétence des maisons de disques à ne pas savoir gérer leur patrimoine, en négligeant leurs archives au lieu de les valoriser.
1984 est une grande année pour vous avec la création de la Convention Internationale Des Disques de Collection (CIDISC) et la parution du premier numéro de JBM. Pouvez-vous nous raconter vos souvenirs du lancement de ces deux aventures ?
Le premier CIDISC à l’Ancienne Gare de la Bastille, les 5 et 6 mai 1984, a dépassé tous nos espoirs et on a remis ça en octobre avec le lancement du premier numéro de Juke Box Magazine. C’était complètement fou. Il y avait un réel phénomène Collector en pleine gestation.
Dans le fanzine Combo numéro 2, l’équipe du fanzine Nineteen est interviewée. Ils racontent avoir été contactés pour écrire dans Juke Box Magazine. Est-ce une histoire vraie ? Ils déclarent que l’équipe d’Eva/Lolita se serait dit que Nineteen parlait du même genre de musique qu’ils éditaient. Ce serait donc bien de prendre l’équipe complète pour JBM et de ne s’occuper que de l’aspect financier.
En effet, j’ai proposé à Nineteen de se développer en partenariat avec Eva-Lolita mais ils n’ont pas donné suite d’où la création de Juke Box Magazine (qui n’existait pas lors de ce déjeuner, contrairement à leur affirmation). Ce que je ne regrette pas ! Dommage pour eux.
Dans le numéro 100 de JBM, il est raconté que les illustrations du magazine provenaient d’un collectionneur. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Toutes les illustrations de JBM proviennent de ma collection et de celles des collaborateurs, car sans passion il aurait été impossible de faire perdurer la revue.
Comment avez-vous fait la connaissance des contributeurs principaux de JBM, Bernard Masanès ou Jean-William Thoury par exemple ? Ils avaient une connaissance énorme en ces temps pré-internet ? D’où venait votre documentation ?
J’ai connu Bernard Masanès à L’Evasion, une boutique de disques rue de Vaugirard, et Jean-William Thoury à Extra. Nos documentations proviennent des magazines, archives et disques accumulés depuis que nous étions mômes.
La parution du magazine devait vous occuper énormément, quelle était votre journée typique de travail ?
Pour ne pas refaire les erreurs d’Extra ou Gold, chaque matin était consacré à la gestion et à la comptabilité. Les après-midis à la rédaction, relecture, mise en page, rendez-vous et, le soir, recherche de documentations chez moi.
Vous avez aussi travaillé pour Big Beat Records sur un disque de Vince Taylor. L’avez-vous vu en concert et peut-être rencontré ?
C’était un personnage imprévisible, capable du meilleur comme du pire. Et, pour ma part, j’ai eu droit au pire à l’Olympia !
Vous avez écrit aussi bien sur le rock que sur des artistes de « variété » française. Est-ce que cela correspond vraiment à vos goûts musicaux ? Est-ce-que Claude François côtoie les Stones sur vos étagères ? On peut trouver beaucoup de lettres de lecteurs sur ce sujet dans JBM.
En effet, Claude François côtoie les Stones sur mes étagères, mais à pas mal de lettres de distance, et j’ai plus de disques de l’un que de l’autre que j’écoute souvent et l’autre très rarement (devinez qui). Pour moi, le traitement de Sheila ou des Sorrows devait résulter de la même rigueur. Quand on rencontre les artistes, on a parfois des surprises. Ainsi, je ne supportais pas Adamo comme chanteur. Dans les années 1960, je quittais la pièce quand il passait à la télé ou changeait de longueur d’ondes à la radio. Je l’ai rencontré quelques fois, et je dois dire que c’est l’artiste le plus sympathique que j’ai côtoyé. Il m’a même demandé conseil, en me téléphonant à JBM, sur une anecdote des années 1960.
En 2016, vous participez à un disque de Serge Gainsbourg 1957 en Public & Inédits 1962. Comment se passe la réalisation d’un disque d’archives de l’I.N.A. ? Cela doit être un vrai problème au niveau des droits ?
La loi actuelle, en déclarant les titres à la SDRM, autorise à publier ce qui est antérieur à 1962. Pour l’anecdote, fin 1972, lors de la venue à Paris d’Ike & Tina Turner, j’assiste au Buttes Chaumont à l’enregistrement de « Proud Mary » en direct pour l’émission des Carpentier. Serge Gainsbourg et Marie Laforêt sont à côté de moi, et à l’époque, un peu trop sectaire, je ne cherche même pas à les interviewer.
Pendant la crise de la Covid, vous arrêtez de publier JBM, cela a dû être une décision très dure à vivre ?
Cela été un drame, et plus que financièrement, par la trahison d’un employé avec moi depuis 30 ans qui a organisé une fête illégale et sans mon autorisation dans mes bureaux, alors que nous étions en liquidation judiciaire.
Parlons disques, quels sont les disques que vous collectionnez ? De quelles pièces êtes-vous le plus fier ?
Je ne me considère pas comme un collectionneur mais comme un passionné de rock, même si j’ai quelques belles pièces dont le fameux « sandwich » des Beatles ou les secondes pochettes de « Satisfaction » et « Get Off Of My Cloud » des Stones.
Avez-vous une anecdote favorite concernant cette passion ?
Fin septembre 1970, quelques jours avant de partir à l’armée, avec Gérard Bernar et le regretté Christian Lebrun nous avons pour mission d’interviewer pour Best les Rolling Stones avant leurs trois concerts au Palais des Sports. Keith Richards et Bill Wyman sont absents, nous nous entretenons donc avec Charlie Watts et Mick Taylor qui sont adorables. Mais impossible d’approcher Mick Jagger. Nous nous rabattons sur Marshall Chess (fils d’un des fondateurs du label Chess de Chuck Berry) qui est en train de créer Rolling Stones Records. Et là, Mick Jagger vient s’asseoir à côté de moi !
Vous y avez écrit l’un des premiers papiers sur le groupe Ange, quels ont été vos apports au journal et pouvez-vous nous raconter votre « Best » vu de l’intérieur face à l’image que vous en aviez auparavant ?
A Best, le fondateur et rédacteur en chef est Gérard Bernar, un ancien de Disco-Revue. A son contact, j’apprends les arcanes du métier, ce qu’est un chemin de fer pour concevoir chaque prochain numéro. Sans le savoir, Gérard Bernar est mon mentor. Je suis passionné de journalisme musical et il m’initie à en maîtriser les astuces.
En 1971, c’est pour vous l’armée, qu’avez-vous raté musicalement à cause d’elle ?
J’ai surtout raté le développement fulgurant de Best dont le tirage passe de 30 000 à 100 000 exemplaires, et quand je reviens en octobre, toutes les places sont prises.
Peu de temps après, vous collaborez au magazine Pop 2000, quelles étaient les différences entre ces magazines ?
Je découvre Pop 2000 dont je connais Jacques Barbier que j’ai côtoyé à Best quand il était manager d’Heavy Moonshine, un groupe prometteur, devenu Century. Entre Best et Pop 2000, c’est le grand écart, mais je ne rechigne pas au challenge en compagnie de Mike Lécuyer, son rédacteur en chef.
Ensuite vous lancez Maxipop en 1972, vous rejoignez Extra l’année suivante et en 1975 vous créez Gold et Encyclorock. Pourquoi autant d’effervescence ? Est-ce-que ces magazines ne vous satisfaisaient pas ?
Maxipop, puis Extra, Gold et Encyclorock sont des aventures excitantes mais leurs éditeurs manquent de rigueur financière, et leurs parutions cessent rapidement.
Vous faites la connaissance de « symboles » de l’écriture rock française tel Alain Pacadis en 1973. Pourriez-vous nous dire lesquels vous ont le plus apporté et surtout ne vous ont pas déçu ? Est-ce-que vous aviez envie de faire partie de cette intelligentsia pour la plupart du temps parisienne, ou n’était-ce pas votre truc ?
Je rencontre Alain Pacadis chez Philips en 1973 et ce style d’écriture n’est pas le mien. Pour moi, un article doit avoir des fondations, comme un immeuble (au départ je suis dessinateur-métreur), avec des dates, des renseignements biographiques, et non pas être une logorrhée où l’auteur délire hors du sujet. Dans ce cas-là, il doit devenir romancier.
À la fin des années 1970, vous commencez à publier des livres sur le rock. Étaient-ce des commandes des maisons d’édition ou avez-vous toujours eu envie d’écrire sur les Beatles, Pink Floyd ?
Après Extra, Gold et Encyclorock, c’est la galère. Je contacte l’éditeur Jean-Pierre Delville qui a sorti deux livres sur les Beatles et les Rolling Stones, traduits de bouquins anglais. Je lui propose une encyclopédie sur le rock’n’roll des artistes des années 1950. A l’époque, il est en pleine maquette de la Discographie de Johnny Hallyday par Jean-Louis Rancurel et Bob Lampard, qui sont des photographes. Et il a des problèmes avec le texte que je suis chargé de réécrire pour sauver les meubles. Je sympathise avec le maquettiste Üdo Woerhle. On démarche des éditeurs pour lancer un magazine musical, Hot, dont on a fait la pré-maquette. Sans résultat. On travaille sur un livre sur Bob Dylan que l’on propose à Rock & Folk-Albin Michel. La conception leur plaît mais pas le sujet. Exit Dylan au profit des Rolling Stones et Pink Floyd. Grâce à Bill Wyman, on a accès aux archives des Stones. A l’hôtel Prince de Galles, on montre la maquette de Pink Floyd à David Gilmour qui appelle aussitôt Roger Waters suite à une double page où on le voit avec son ex-femme. On doit la changer, ayant eu la photo grâce à Steve O’Rourke, leur imprésario.
Dans la chronique du livre « L’Esprit Des Seventies » vous écrivez : « Les années 68-86, jamais passionnantes, mais toujours intéressantes » (JBM 85, p.81), pourriez-vous nous donner plus de précisions sur cette phrase ?
Après la déflagration des années 1954-68 (Elvis, Johnny, Beatles, Stones, Doors, pour simplifier), la suite correspond pour moi aux retombées d’une éruption volcanique avec des moments éclatants et dont l’ultime soubresaut est le punk en 1976-78.
Vous êtes un grand fan des Rolling Stones, en plus des livres et articles que vous leur avez consacrés, vous avez aussi compilé un disque de certaines de leurs raretés Collector’s Only et dirigé les rééditions Decca de leurs albums en 1978. Parlez-nous svp de votre passion pour ce groupe.
Pour moi, les Stones sont le summum. Ils ne sont pas les meilleurs instrumentistes, face au guitariste Jeff Beck ou au batteur Keith Moon des Who, que j’adore, mais à l’inverse des super groupes presque toujours décevants, leur symbiose est exceptionnelle. Il y a une magie entre Mick Jagger et Keith Richards (même quand ils sont brouillés) et plus tard Ron Wood, Charlie Watts et Bill Wyman (dont je regrette le départ), sans oublier Ian Stewart. Quand je les découvre, début 1964, moi qui ai raffolé des Chaussettes Noires, je ne peux pas croire qu’un groupe puisse être à ce point… sublime. Chacun de leurs disques me transcende, avec un faible pour After-Math en 1966 que je considère, ayant 16 ans, comme mon année de référence. J’étais trop jeune avant et pas assez argenté pour assimiler toute la richesse du rock dont les années précédentes me révèlent toujours d’autres richesses. A l’époque, par manque de moyens, on passe à côté de plein de groupes dit secondaires qui, plus tard, feront le bonheur de Nuggets et… Eva !
Êtes-vous du même avis que beaucoup de fans que les Stones étaient bien jusqu’au début des années 70 … et qu'après ce n’était plus pareil. Ou bien pensez-vous que c’est un cliché ?
Si c’est un cliché, je souhaite à tous ceux-là d’être toujours aussi flamboyants à 80 balais !
Vous avez écrit le livre Hit-Parade des années 70 (paru en 2009), vous en êtes-vous rappelé lors de la création de Juke Box Magazine ? Le magazine était surtout spécialisé dans les années 1960, vous êtes-vous rendu compte que les années 1970 n’étaient pas ce qui vous intéressait le plus ?
Juke Box Magazine, à sa création en 1984, a pour but, avant tout, de célébrer les années 1950 et 1960, mais sans être réfractaire aux années 1970 (il suffit de consulter l’index), et plus tard 1980, 1990 et 2000, même si elles ne peuvent concurrencer le foisonnement des décennies 1950 et 1960. Il faut se souvenir qu’à cette époque un artiste ou groupe sort un album (voire deux) et trois ou quatre 45 tours par an. Alors qu’aujourd’hui c’est un tous les trois ans et cela depuis les années 1990. Grâce à Johnny, Elvis, Beatles et Stones, en têtes de gondoles, on peut traiter plein de groupes plus obscurs.
Vous avez assisté à un concert du MC5 en 1972, avez-vous vu d’autres concerts proto-punk et plus tard de groupes punks comme les Sex Pistols au Chalet du Lac, Damned, Clash ou d'autres?
En septembre 1976, bien que patronné par Extra en pleine déconfiture, je rate les Sex Pistols au Chalet du Lac. Mais pour moi, mon dernier grand choc musical est Dr Feelgood au Bataclan en 1974, qui éclipse Little Bob Story, malgré sa prestation pourtant excellente en première partie.
A cette époque, vous avez vu beaucoup de concerts. Quel est celui qui vous a le plus marqué et pourquoi?
En dehors de Dr Feelgood, de mémoire Ten Year After, Who (1972) et Kinks (1974) à la Fête de l’Huma, Stone The Crows, MC5, Led Zeppelin, Deep Purple, Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Grateful Dead, Country Joe Mc Donald, Steppenwolf, Procol Harum, Ike & Tina Turner, Joe Cocker, Jeff Beck, Rory Gallagher, Doobie Brothers, Mott The Hoople, Van Morrison, Tim Buckley, Status Quo, Lou Reed, Paul Mc Cartney & Wings, Donovan, Eric Burdon, Rod Stewart & Faces, Eric Clapton, West Bruce & Laing, Bill Haley, Alice Cooper, David Bowie, B.B. King, Sparks, Blue Oyster Cult, Aerosmith, Fats Domino, Jonathan Richman, John Fogerty, Inmates, Fleshtones, Little Richard, etc. Et dans un autre genre East Of Eden, Pete Brown & Piblokto, Magma, Amon Düül, Hawkwind, Van Der Graaf Generator, Yes, Frank Zappa… Mais aussi Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Christophe, Véronique Sanson, Coluche, Claude Nougaro, Yves Simon, Hugues Aufray, Jacques Dutronc, Laurent Voulzy…, mais pas Michel Polnareff à chaque fois décevant. Et toujours les Stones. Notamment en septembre 1970 où, pour Best, au Palais des Sports, au premier rang durant la première partie, je dois grimper sur les barrières de sécurité, sous la déferlante des fans, et je passe tout le concert debout sur ces barrières, Mick Jagger évoluant à quelques mètres de moi. En juin 1976, à Bruxelles, je vois Keith Richards et Ron Wood à leur hôtel. Ils sont adorables. Et au concert au Forest National, je passe alternativement du premier rang aux coulisses grâce à mon pass. A chaque fois, que je les vois au cours des années 1970, 1980, 1990, je suis subjugué par leur suprématie. Aucun groupe en première partie, aussi excellent que Téléphone ou le J.Geils Band ne peut leur résister !
En 1981, vous créez le label Eva qui est spécialisé dans les rééditions. Nous pouvons y trouver beaucoup de références de rock garage. Comment se passait la parution d’un disque, quels en étaient les critères ?
Au départ, la double compilation Nuggets de 1972 est la bible. En vendant des disques de collection, je rencontre un collectionneur qui a la quasi-intégrale des simples de Mouse & The Traps, d’où l’idée de les réunir en un 33 tours. Les ventes sont au-delà de nos espérances en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre et même aux USA. Ce qui ne devait être qu’un coup d’essai se transforme en un label.
En 1983, vous écrivez les notes de certains disques du label Lolita (Flamin’ Groovies, Real Kids). Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ?
Eva exhumait des groupes anciens, Lolita a suivi une démarche similaire avec des groupes en activité dont les Flamin’ Groovies, Dr Feelgood et les Inmates qui étaient nos favoris.
Eva est considéré un peu comme un label qui sortait des pirates de disques introuvables. Tim Warren pour ses compilations Back From The Grave a été confronté au problème qu’il ne trouvait pas facilement les ayants droits. Avez-vous vécu la même chose ? En tant que collectionneur, quel est votre rapport aux bootlegs ?
Eva déclarait toutes les sorties à la SDRM et on essayait de régulariser le maximum de références. Le développement des bootlegs est en partie le résultat de l’incompétence des maisons de disques à ne pas savoir gérer leur patrimoine, en négligeant leurs archives au lieu de les valoriser.
1984 est une grande année pour vous avec la création de la Convention Internationale Des Disques de Collection (CIDISC) et la parution du premier numéro de JBM. Pouvez-vous nous raconter vos souvenirs du lancement de ces deux aventures ?
Le premier CIDISC à l’Ancienne Gare de la Bastille, les 5 et 6 mai 1984, a dépassé tous nos espoirs et on a remis ça en octobre avec le lancement du premier numéro de Juke Box Magazine. C’était complètement fou. Il y avait un réel phénomène Collector en pleine gestation.
Dans le fanzine Combo numéro 2, l’équipe du fanzine Nineteen est interviewée. Ils racontent avoir été contactés pour écrire dans Juke Box Magazine. Est-ce une histoire vraie ? Ils déclarent que l’équipe d’Eva/Lolita se serait dit que Nineteen parlait du même genre de musique qu’ils éditaient. Ce serait donc bien de prendre l’équipe complète pour JBM et de ne s’occuper que de l’aspect financier.
En effet, j’ai proposé à Nineteen de se développer en partenariat avec Eva-Lolita mais ils n’ont pas donné suite d’où la création de Juke Box Magazine (qui n’existait pas lors de ce déjeuner, contrairement à leur affirmation). Ce que je ne regrette pas ! Dommage pour eux.
Bureau JBM 17 octobre 2014 |
Toutes les illustrations de JBM proviennent de ma collection et de celles des collaborateurs, car sans passion il aurait été impossible de faire perdurer la revue.
Comment avez-vous fait la connaissance des contributeurs principaux de JBM, Bernard Masanès ou Jean-William Thoury par exemple ? Ils avaient une connaissance énorme en ces temps pré-internet ? D’où venait votre documentation ?
J’ai connu Bernard Masanès à L’Evasion, une boutique de disques rue de Vaugirard, et Jean-William Thoury à Extra. Nos documentations proviennent des magazines, archives et disques accumulés depuis que nous étions mômes.
La parution du magazine devait vous occuper énormément, quelle était votre journée typique de travail ?
Pour ne pas refaire les erreurs d’Extra ou Gold, chaque matin était consacré à la gestion et à la comptabilité. Les après-midis à la rédaction, relecture, mise en page, rendez-vous et, le soir, recherche de documentations chez moi.
Vous avez aussi travaillé pour Big Beat Records sur un disque de Vince Taylor. L’avez-vous vu en concert et peut-être rencontré ?
C’était un personnage imprévisible, capable du meilleur comme du pire. Et, pour ma part, j’ai eu droit au pire à l’Olympia !
Avec Bobbie Clarke, batteur de Vince Taylor et Johnny Hallyday |
Vous avez écrit aussi bien sur le rock que sur des artistes de « variété » française. Est-ce que cela correspond vraiment à vos goûts musicaux ? Est-ce-que Claude François côtoie les Stones sur vos étagères ? On peut trouver beaucoup de lettres de lecteurs sur ce sujet dans JBM.
En effet, Claude François côtoie les Stones sur mes étagères, mais à pas mal de lettres de distance, et j’ai plus de disques de l’un que de l’autre que j’écoute souvent et l’autre très rarement (devinez qui). Pour moi, le traitement de Sheila ou des Sorrows devait résulter de la même rigueur. Quand on rencontre les artistes, on a parfois des surprises. Ainsi, je ne supportais pas Adamo comme chanteur. Dans les années 1960, je quittais la pièce quand il passait à la télé ou changeait de longueur d’ondes à la radio. Je l’ai rencontré quelques fois, et je dois dire que c’est l’artiste le plus sympathique que j’ai côtoyé. Il m’a même demandé conseil, en me téléphonant à JBM, sur une anecdote des années 1960.
En 2016, vous participez à un disque de Serge Gainsbourg 1957 en Public & Inédits 1962. Comment se passe la réalisation d’un disque d’archives de l’I.N.A. ? Cela doit être un vrai problème au niveau des droits ?
La loi actuelle, en déclarant les titres à la SDRM, autorise à publier ce qui est antérieur à 1962. Pour l’anecdote, fin 1972, lors de la venue à Paris d’Ike & Tina Turner, j’assiste au Buttes Chaumont à l’enregistrement de « Proud Mary » en direct pour l’émission des Carpentier. Serge Gainsbourg et Marie Laforêt sont à côté de moi, et à l’époque, un peu trop sectaire, je ne cherche même pas à les interviewer.
JBM N°401 terminé mais non imprimé |
Cela été un drame, et plus que financièrement, par la trahison d’un employé avec moi depuis 30 ans qui a organisé une fête illégale et sans mon autorisation dans mes bureaux, alors que nous étions en liquidation judiciaire.
Parlons disques, quels sont les disques que vous collectionnez ? De quelles pièces êtes-vous le plus fier ?
Je ne me considère pas comme un collectionneur mais comme un passionné de rock, même si j’ai quelques belles pièces dont le fameux « sandwich » des Beatles ou les secondes pochettes de « Satisfaction » et « Get Off Of My Cloud » des Stones.
Avez-vous une anecdote favorite concernant cette passion ?
Fin septembre 1970, quelques jours avant de partir à l’armée, avec Gérard Bernar et le regretté Christian Lebrun nous avons pour mission d’interviewer pour Best les Rolling Stones avant leurs trois concerts au Palais des Sports. Keith Richards et Bill Wyman sont absents, nous nous entretenons donc avec Charlie Watts et Mick Taylor qui sont adorables. Mais impossible d’approcher Mick Jagger. Nous nous rabattons sur Marshall Chess (fils d’un des fondateurs du label Chess de Chuck Berry) qui est en train de créer Rolling Stones Records. Et là, Mick Jagger vient s’asseoir à côté de moi !
Merci beaucoup Jacques Leblanc
Commentaires