RADIOACTIVITY - DIG IT! RADIO SHOW .... LES DÉBUTS (1/2)

 

Tout premier tract, création de Tatane

« Dig It! restera la référence absolue en France pour ce qui est du Garage-Rock. L’héritage Nineteen, le couplage avec le fanzine et la longévité le place hors-concours. » (Alain Conil)



Le fanzine Dig It ! est né en octobre 1993, il nous a informé pendant 27 années sur la scène garage tellement ignorée par la presse nationale. Avec l’accord de ses protagonistes et suite à la proposition de Fernand Naudin, Les Monstres Sacrés ont décidé de célébrer Dig It! trente ans après la parution de son premier numéro. Ainsi, d
urant l’année 2023, les Dig It ! Radio Shows vont être mis en ligne sur ce blog afin que vous puissiez les écouter ou les réécouter et les télécharger. Si certains d’entre vous en ont encore en cassette, nous les prions de nous contacter, nous les partagerons ici afin que chacun en profite. 
Certains ne les ont peut-être jamais écoutés ou n’en ont jamais entendu parler … voici l’histoire des Dig It! Radio Shows.


Tout débute à Toulouse au début des années 80, Tatane (Antoine Madrigal) y anime une émission radio entre 19 et 20h…

Tatane : « Au départ on était sur Canal Sud (plus politique que radio FMR). C'est là où j'ai rencontré Benoît Binet. Si mes souvenirs sont exacts je croie qu'on a fait une émission qui s'appelait "Nineteen" mais après on est allé sur FMR par l’intermédiaire de E.T. (Eric Terrisse), fan des Cramps. Pour nous c'était mieux, FMR était ce qu’on appelait une radio libre ou par euphémisme une radio associative, c’est-à-dire à but non lucratif (pas de pub). C’était plutôt musical… punk, post punk, new wave. Très post 77 et arty (!) avec un goût pour la provoc. FMR était alors vue comme une radio "rock".

Il y avait un fil conducteur en filigrane de l’émission c’est à dire les raisons pour lesquelles on avait commencé à faire de la radio… Pour faire un peu prétentieux, parler de l’effervescence rock and roll du moment… et des racines. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque parler des « groupes à guitares » n’était pas si évident. Je me souviens des polémiques et des moqueries avec les autres animateurs de la radio… « Le synthé, etc. c’est moderne, les guitares c’est plouc ».

On était plusieurs du staff de Nineteen (NDLR : fanzine précédent DIG IT !) pour faire l’émission, et comme il y avait toute une effervescence à ce moment-là on a décidé de passer quotidien. On a « recruté » des gens qui tournaient autour de nous et c’était parti.

On était à FMR quand Gildas Cosperec a débarqué de sa Bretagne en 1986 et qu'il est venu à l'émission.... On avait discuté et de fil en aiguille, il s’est « infiltré ». Cela s’est fait simplement et je dirais « naturellement », il avait fait de la radio en Bretagne (NDLR : sur Radio Montagnes Noires « L’Echo Des Garages » pendant 4- 5 années), il connaissait Nineteen et surtout le bagage musical était le même. Il aimait les Freaks Brothers c’était déjà un bon signe….

Il était d’abord technicien pour l’émission mais cela n’a pas duré, je pense que comme l’émission roulait, il est rentré par là mais je ne crois pas que cela ait duré longtemps !!!! »

D’un commun accord en 1988, le staff du fanzine Nineteen décide d’en arrêter la publication ainsi que celle de son supplément nommé Going Loco. Par contre l’émission radio maintenant également intitulée « Going Loco » continue.

Tatane : « Going Loco était la bande son de Nineteen et puis l’émission a eu une vie propre… On suivait l’actualité dans ce qui nous intéressait et on faisait des concerts….»

Tommy Boy : « Going Loco était l’émission avant Dig It!, elle passait chaque soir du lundi au vendredi, et je suis tombé dessus par hasard vers 1988, peu après mon arrivée à Toulouse. Je me souviens que c’était le seul endroit où je pouvais entendre à la radio des groupes comme le Dream Syndicate, que j’avais découvert à Los Angeles. Les animateurs de Going Loco étaient nombreux, chaque jour de la semaine avait une équipe différente. »

Sylvain Coulon : « J'ai très peu écouté Going Loco en fait. Quand je suis arrivé à Toulouse, j'étais surtout fan de punk, de rock seventies velu et de rock alternatif français. J'ai rencontré Jean-Luc à la fac et c'est lui qui m'a initié au garage et m'a fait découvrir Radio FMR et Going Loco. Avec Gildas, Benoît et Tatane aux manettes, Going Loco était le pendant radiophonique de Nineteen. C'était éclectique, entre garage, sixties, punk, psychédélisme, real rock'n'roll etc. Mais il y avait d'autres intervenants dans l'émission. J'ai découvert Going Loco juste avant que le trio ne décide de fonder le DIG IT ! RADIO SHOW (DIRS). Au début, l'émission Dig It! était dans la lignée de Going Loco. »

Lo Spider : « Ouais j'écoutais Going Loco... En rentrant du lycée, dans la voiture familiale. On habitait dans la banlieue de Toulouse et le trajet est devenu un réel plaisir, à cette époque, dès que retentissait le générique de l'émission où se télescopaient les Stooges, T Rex, Screamin' Jay Hawkins ou les Nomads...

Tatane : « Je ne me souviens plus du jingle. Je me rappelle juste que l’accroche du début a été repiquée à une chanson d’une compil de Crypt, « Beware…. ». Je crois que c’est Gildas. »

Tout cela dure jusqu’en 1990 et la dernière de Going Loco…

Tatane : « La dernière ? Pour nous ce n’était pas vu comme une fin mais au contraire, un nouveau départ. D’ailleurs Dig It ! est venu de suite sans interruption… Juste le titre qui changeait et l’équipe se resserrait.

Un jour en discutant avec Gildas on s’est dit que l’émission Going Loco partait dans tous les sens, le nom était commun mais chacun amenait ce qu’il voulait et il n’y avait pas de « cohérence »… Du moins c’est comme ça qu’on le percevait et plutôt que de virer les gens, on a dit « on arrête » et on fait une émission hebdomadaire… Et Dig It ! est née…. Pour nous ça a était comme un soulagement, on revenait à l’ancienne, en groupe ou plutôt en duo, s’il y avait parfois des invités c’était surtout Gildas et moi. C’était deux heures, il y avait une émission avant et après nous. »

Ils ne vont pas rester à deux très longtemps …

Tommy Boy : « Peu après le lancement de Dig It ! (l’émission, en 1990), qui remplaçait Going Loco mais n’avait plus lieu qu’un soir par semaine, animée par Benoît, Tatane et Gildas, ce dernier a dit à l’antenne qu’on pouvait venir proposer des rubriques, passer des disques… et Jean-Luc et Sylvain sont arrivés peu après avec la rubrique 70s. »

Sylvain Coulon : « C'est Jean-Luc et moi qui avons intégré le DIRS les premiers après avoir répondu à un appel en direct de Gildas qui demandait aux auditeurs de lui proposer un jingle pour une rubrique seventies. C'était au tout début de l'émission, vers mars 90. On a bricolé un jingle sur une cassette, qui est devenu ensuite celui des BB Dinosaures (NDLR : leur émission sur Canal Sud) d'ailleurs, on lui a amené à FMR et peu de temps après il nous a appelé pour nous proposer d'animer la rubrique. Tommy Boy a dû arriver à l'été 90, parce que je me souviens de son short et de sa magnifique chemise hawaïenne la première fois que je l'ai vu. Il a démarré avec la rubrique "Morceaux rigolos". Il a toujours rêvé d'être le nouveau Dr Demento, et le fait est que c'est un authentique savant fou !

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Je crois que Gildas cherchait du sang neuf. Il a toujours aimé transmettre sa passion pour le garage, l'underground. Il aimait bien initier les plus jeunes. Il nous faisait des cassettes, nous prêtait des disques. Tatane m'a aussi prêté des tonnes de disques. Jean-Luc pensait que la radio n'était pas trop son truc, il est resté un certain temps, d'abord en co-animant la rubrique Seventies puis en se spécialisant dans le rock australien. Il a arrêté l'émission mais il est resté dans la bande puisqu'il est devenu guitariste des Shoo Chain. Moi j'ai adoré, je me suis investi à fond. Pendant une année, j'ai participé à trois émissions sur FMR, le Dig It! Radio Show, les Bébés Dinosaures et Groovy Times, qui était une sorte de supplément au DIRS, animé par Gildas du lundi au vendredi de 14h à 15h. Je présentais la rubrique "Super Gore" dédiée aux films d'horreur...
Je pense que Groovy Times a démarré en 93 jusqu'à l'automne 94 quand on a quitté FMR.
Mais bon, clairement, ce jour de 1990 où Gildas a lancé son appel aux auditeurs pour proposer un jingle seventies, et où on s'est regardé avec Jean-Luc et Nathalie (NDLR : la compagne de Sylvain) en se disant : "Ouaah allez, chiche"... Ben, ça a changé nos vies.»

Tatane : « Je me souviens qu’ils étaient venus suite à une invitation de Gildas à l’antenne et ils sont restés… C’était marrant. »

Sylvain Coulon : « Au début, on arrivait juste pour notre rubrique. Gildas était en général à la technique, et il alternait les morceaux avec Tatane et Benoît, qui est venu de moins en moins régulièrement. Petit à petit je suis sorti de ma rubrique pour passer plus de morceaux. À un moment, Gildas a demandé à Tatane et moi de venir en avance à FMR pour préparer l'émission. A l'époque FMR était basé avenue Frédéric Estèbe dans un ancien cinéma. Il y avait le local radio avec un studio entouré de parois en verre qu'on appelait l'aquarium, un bar et une grande salle de concert à l'étage qui pouvait accueillir deux ou trois cents personnes. On se retrouvait au bar et on calait plus ou moins les rubriques et ce qu'on avait prévu de passer mais ça n'a pas duré longtemps. En gros, Gildas drivait l'émission et chacun des intervenants passait des disques à tour de rôle.
Il avait en général une playlist préétablie qu'il déroulait avec des enchainements précis et des commentaires parfois préparés à l'avance. Plus tard avec Lo', il me semble qu'on était un peu plus en roue libre. On improvisait un peu plus, on avait une idée assez précise de ce qu'on allait passer mais on pouvait varier l'ordre de passage des morceaux en fonction de ce que les autres programmaient. Généralement, sauf cas particulier, on passait un morceau à tour de rôle. Et chacun amenait ce qu'il voulait bien sûr…»

Tatane : « Chacun amenait ce qu’il voulait, l’ordre de passage se faisait sur le moment, l’important c’est que tout le monde puisse parler de ce qu’il amenait… La playlist se faisait au fur et à mesure mais Gildas se faisait sa playlist »

Tommy Boy : «Je l’ai vu venir avec un cahier où il notait les morceaux qu’il passait, mais je ne suis pas sûr de ce qu’il avait comme guide d’émission. Gildas étant compétent et tenant à faire de la radio propre, il n’y avait pas trop de blancs embarrassants ou de micro intempestivement ouverts. Je me faisais une liste des morceaux à passer, et j’improvisais mes commentaires. »

On était loin d’une ambiance monacale dans le studio, et ils n’écoutaient pas toujours religieusement les titres diffusés !

Lo Spider : « ça dépendait de la qualité du morceau et du moral des troupes... Mais ça déconnait pas mal ouais »

Tommy Boy : « Soyons francs, la plupart du temps on n’écoute rien et on parle d’autre chose ! Jusqu’à se laisser surprendre par la fin du morceau quand on est censé soi-même annoncer le suivant…
On consommait plutôt de la bière ! Pendant un temps, Gildas avait même un problème à l’estomac qui l’empêchait de boire autre chose que de l’eau ou du jus de fruit. Bien entendu, il arrivait que des joints se roulent. Mais quand on fait une émission avec des morceaux de deux-trois minutes, il faut rester attentif tout le temps, donc clair. »

Sylvain Coulon : « "Religieusement" n'est pas un adverbe qu'on peut accoler au DIRS ! On écoutait quand même, ne serait-ce que pour rebondir ou commenter le morceau par la suite. Parfois on perdait un peu le fil, mais Gildas était toujours assez focus sur ce qui passait à l'antenne.

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Il y a eu une vraie effervescence effectivement durant la décennie 90. Musicalement déjà, avec la scène de Detroit, le heavy punk, les labels Crypt, Voodoo Rhythm, Bad Afro, Get Hip, Norton, Estrus, Goner, In The Red, Munster, Sympathy, Off The Hip ou Larsen en France etc etc. Je pense que ça a été la meilleure décennie rock'n'roll pour l'underground au sens large. Des tonnes de groupes explosifs, éclectiques et novateurs, dont on pouvait trouver les disques (dans les bonnes boutiques comme Armadillo bien sûr), qui tournaient beaucoup et passaient souvent par Toulouse sur la route de l'Espagne. A partir du milieu des années 2000, on est passé au post-truc et au post-machin, ou au recyclage des sons des quatre décennies précédentes.
Mais pour moi, à Toulouse, l'âge d'or, c'était la période FMR, le début des années 90. Être sur tous les fronts, radio, fanzine, groupe, tournées, label, organisation de concerts, affiches, tracts, loger des groupes, avec toute une bande de potes pour faire tourner la machine, furieusement DIY et sans trop se soucier du pognon, remplir la salle FMR ou le Bikini avec des groupes totalement ignorés par les médias grand public, c'était vraiment jouissif !»

L’émission commence à recevoir pas mal de monde comme par exemple Jesse Hector, les Cramps, Mariconda, Dead Moon ou Shit For Brains

Tommy Boy : « Peu de souvenirs de tous ces gens. Les Cramps, si ; ils étaient venus pour une interview, pas de concert, c’était juste une tournée de promotion je crois. Effectivement, je fus promu intervieweur au titre de mes capacités à parler anglais, mais je connais mal le groupe, qui me laisse un peu indifférent, je confesse ! Et donc je ne me souviens pas de grand-chose. Ils étaient sympas. L’interview s’était déroulé dans un bureau aux parois de verre, plein de gens autour nous regardaient. »

Sylvain Coulon : «On avait demandé à Gildas de garder le secret sur leur venue mais il y avait un paquet de fans agglutinés devant l'aquarium ! »

Tommy Boy : « Je me souviens mieux de Jeff Dahl, Wreckless Eric que nous avons en général interviewé à FMR. Le studio était bien trop petit pour jouer. Eventuellement un musiciens avec sa guitare… mais je n’ai pas de souvenirs de ce genre à FMR. À Canal Sud, ça s’est fait, mais là aussi en solo, le studio étant un peu plus spacieux, mais pas de beaucoup. Là-bas il y a eu Nikki Sudden, Kevin K, Arne Thelin (période Kwyet Kings), beaucoup d’autres…

Affiche de Tatane
Quand les Gories étaient venus à FMR, eux aussi étaient interviewés dans le bureau aquarium. Une des filles qui jouaient dans les Sand Witches m’avait demandé de leur poser une question sur la couleur de leurs sous-vêtements (sans doute par goût du retournement des questions sexistes qu’on posait aux rockeuses dans les années 70). Je me suis exécuté, tout le monde a bien ri, et la copine d’un des membres du groupe, qui écoutait depuis dehors, a prestement relevé et rabaissé sa robe, histoire de contribuer au flot d’information !»

Sylvain Coulon : « Il y a eu beaucoup de concerts mémorables organisés par Dig It! à la salle FMR : les Gories, A-Bones, Nine Pound Hammer, Ben Vaughn, Jesse Hector, Kwyet Kings, Swinging Neckbreakers, Beatman, Raunch Hands, Squares, Dead Moon... L'émission avait lieu le mardi de 19h à 21h, les groupes ne venaient que si leur concert tombait ce soir-là. Ça a été le cas pour Dead Moon (mais je ne me rappelle que de leur fantastique concert) ou les Gories. On les a interviewé en direct juste avant de monter sur scène. Peggy la batteuse n'est pas venue, elle faisait la gueule parce que la nouvelle copine de Dan, Margaret (future Margaret Doll Rod), les accompagnait. Elle faisait l'andouille derrière la vitre pendant l'interview ! Le concert est resté dans les annales vu qu'il a été interrompu par les flics au bout de quarante minutes. L'interview est parue dans Abus Dangereux car le fanzine Dig It! n'existait pas encore...
Par la suite, des tas de groupes sont passés à l'émission quand on est parti à Canal Sud, Nikki Sudden et Dave Kusworth des Jacobites qui ont passé leur temps à picoler et à avaler de mystérieuses pillules, les Stewed, Arne Thelin des Kwyet Kings, Mariconda à plusieurs reprises, plein de groupes français bien sûr. On en profitait pour les interviewer. Les Mama Rosin, Mr Airplane Man ou les Hickoids ont joué en acoustique en direct dans l'émission dans les dernières années... Je ne me souviens pas de l'interview de Jesse Hector à la radio, le concert en tout cas a été énorme. En fait, il nous a scotchés dès la balance !»

Publicité par Tatane

Laissons maintenant la parole à Lo Spider qui fait son entrée…


« J'ai dû croiser Gildas et Tatane (et d'autres !) à la fin des années 80, aux concerts, mais c'est au début des Nineties qu'on a approfondi la chose. A ce moment je rejoins les Space Beatniks, dont 2 membres jouent aussi avec les Shoo Chain Brothers où officient notamment Gildas et Sylvain. On doit être en 92. Évidemment j'écoute aussi la radio, je les vois monter le zine... On joue ensemble, on tourne ensemble... FMR, Canal Sud, Zombie Dance (NDLR : le label de Gildas)... Puis les bières à la radio, les commentaires à la radio (Au départ je bois des bières et je rigole ! Après je passe des morceaux, je commente et je râle, haha !). Et les premières interviews pour le zine... Ch'ais pas, on doit être en 95-96, peut-être un peu avant (?). Jean-Luc n'est plus là, mais Sylvain et Tommy Boy oui... Je parle de l'époque où l'émission a déjà changé de radio, passant de FMR à Canal Sud. »

En 1994 l’émission quitte radio FMR et déménage à Canal Sud où elle occupe l’antenne tous les jeudis…


Tatane : « Il y a eu des prises de becs avec les gens du bureau de la radio et on est parti. On avait fait un flyer pour expliquer pourquoi. »

Sylvain Coulon : « En 1994, FMR a sombré. Il y a eu des cambriolages, des tensions avec l'équipe dirigeante, des problèmes financiers. Gildas et Tatane ont proposé des solutions qui n'ont jamais été retenues. Fin 94, FMR n'émettait même plus. Ils ont repris des mois plus tard dans un local prêté par Hervé du Bikini avec un format plus light. On est parti dans l'autre radio indépendante historique de Toulouse, Canal Sud. Tatane y connaissait du monde et on a été très bien accueilli. Le local était moins flamboyant que celui de l'avenue Frédéric Estèbe, mais au moins l'ambiance était plus agréable, il y avait moins de problèmes techniques et on avait la même liberté. »

Tommy Boy : « A Canal Sud, la régie est petite, style 2m par 3m, et le studio un peu plus grand, carré, occupé par une grande table avec 4 micros mais autour de laquelle on peut s’asseoir à 8 environ. »

Lo Spider : « Gildas était à la barre dans la salle de régie et tous les autres autour d'une table dans le studio... Y avait aussi une salle d'expo à Canal Sud avec un comptoir-bar… »

Sylvain Coulon : « Quand on a débarqué sur Canal Sud, l'émission était programmée le mercredi de 15h30 à 18h. Je pense qu'on respectait les horaires, il devait y avoir une émission après. »

à Canal Sud, publicité par Tatane

Après Benoît, c’est Tatane qui décide d’arrêter …


Sylvain Coulon : « Tatane a arrêté de venir régulièrement un peu après notre passage sur Canal Sud vers 95. Mais il continuait à passer sporadiquement. Avec un animateur régulier en moins, je passai effectivement un peu plus de disques. Quand Lo' est arrivé, on était déjà à Canal Sud, mais j'ai l'impression qu'il a toujours été là ! Il faisait déjà partie de la bande. Gildas le connaissait depuis longtemps et on se croisait tout le temps aux concerts. Il me semble qu'il a tout de suite été à l'aise devant le micro. Il avait ses connections et des goûts éclectiques, il nous a fait découvrir des brouettes de bons groupes. A force de tourner avec ses propres groupes, puis ensuite avec son studio, il a fini par connaitre à peu près tout le monde... C'est vite devenu un pilier de l'émission et du fanzine. On était assez complices il me semble, et on avait des goûts assez proches. »

Tommy Boy : « Malgré son état de disquaire, Tatane écoutait moins de nouveautés, apportait de plus en plus souvent de vieux disques des Stones ou du Grateful Dead. Il était aussi connu pour la « méthode Tatane » de choix des morceaux, dont nous nous moquions gentiment : prendre le premier morceau de la face 1, parce que les groupes mettent toujours ce qu’ils ont de meilleur, de plus accrocheur, au début. »

Tatane : « Je me souviens d’une blague entre nous, je me faisais chambrer sur le morceau à passer. Je n’avais pas de liste… Et c’était le premier de la face 1. Gildas me taquinais quand il me demandait quel morceau je voulais…. »

Tommy Boy : « Je crois qu’il a fini par s’ennuyer à la radio et venir moins souvent, puis plus du tout. Ça a dû se faire dans la 2e moitié des années 1990, je sais qu’il était encore très présent à nos débuts chez Canal Sud. Pendant un temps, nous avons tourné à trois, Gildas, Sylvain et moi, puis Lo Spider a commencé à participer à l’émission, et j’ai compris au bout d’un moment qu’il était trop bon (et super gentil en plus!)… »

Tatane : « À un moment, j'en ai eu marre... pas sur le fait de faire une émission mais c'était personnel. À la suite des concerts des Country Teasers et de Nikki Sudden, je ne voulais plus organiser les concerts (je savais aussi que cela n'allait pas s’arrêter car il y avait Lo et Demi Dero qui s'y mettaient). Et dans la lancée j'ai arrêté de participer à l'émission.... »

En effet les concerts n’allaient plus s‘arrêter …

Lo Spider : « Concernant les concerts, la liste est sur le site de Dig It... Une partie de la liste ! Mais le casting est fantastique ! Devil Dogs, Raunch Hands, Lyres, King Khan, Man or Astroman, Gories, Oblivians, Country Teaser, Jacobites, Jesse Hector, Dead Moon, Sonny Vincent, Hard-Ons, Supersnazz, Jeff Dahl, Embryonics, 9 Pound Hammer, New Bomb Turks, Country Teasers, Pleasure Fuckers, Squares, A Bones, Gee Strings, Splash 4, Beach Bitches, No Talents, DM Bob, Sin City 6, Deniz Tek, Flaming Sideburns, Thugs… »

Publicité de 1997 par Mars

Sylvain Coulon :
« On est passé au jeudi à 21h30 dès 1997. Ce n'est pas ma mémoire infaillible qui me l'assure mais une des nombreuses pubs déjantées pour le DIRS dessinée par Mars (batteur des Space Beatniks, des Shoo Chain et du Jerry Spider Gang), au verso du numéro 13 du fanzine Dig It! daté de l'automne 97. Il me semble aussi qu'il y a eu une émission après nous lorsqu'on a récupéré le créneau du jeudi 21h30-23h00. Puis, il n'y a eu plus personne... Et petit à petit l'émission s'est étirée jusqu'au bout de la nuit ! Le créneau était pas mal, les potes qui bossaient pouvaient venir faire un tour, on amenait des packs de bière et le studio s'emplissait de vapeurs mauves… »

Lo Spider : «En tout cas ça a sacrément débordé par la suite, haha ! »

Sylvain Coulon : « Avec Lo', on s'amusait aussi parfois à titiller Gildas en passant des trucs un peu limite. Je me souviens d'avoir programmé une rareté d'une gloire yé yé genre Sylvie Vartan ou Sheila, je ne sais plus trop. Le morceau était pas mal mais Gildas s'est un peu étranglé. Les Mama Rosin qui avaient écouté l'émission m'ont ensuite envoyé un disque des années 80 de la fille en question. Heureusement, il n'y avait que la pochette !»

Tout comme à FMR des artistes viennent dans l’émission, mais maintenant le studio leur permet de jouer parfois en direct…

Lo Spider : « Pas tous jouaient live, mais c'est arrivé ouais... Il faut explorer la longue liste des podcasts, pour en déterrer les pépites !

On a eu pas mal d'invités dans le studio, mais j'ai la mémoire qui flanche... Mama Rosin, Ashtones, Slift, Fotomatic, Wild Zombies, Misty White, El Cramped, Henri Paul... Nikki Sudden a dû venir plusieurs fois à une époque... Badass Mother Fuzzers, Cathedrale, Lady Banana, Angry Dead Pirates, Tequila Savate y sus hijo bastardo, Harlan T Bobo... On a dû recevoir Sonny Vincent et pleins d'autres.»


À suivre ...



Les Monstres Sacrés remercient tous les membres du Dig It! Radio Show pour avoir bien voulu répondre à nos questions. Merci également à Hervé Labyre, Franck Basset, Patrick Bainée, Vox, Jacques Ball, Bertrand Tappaz, Captain Watt, Thierry Fleury, Christophe Guérinet, Misty White et ceux que l’on n’a pas réussi à contacter.

Merci également à Patrick Bainée et Patrick Cazengler pour leur livre :
Gildas Cospérec Confessions of a Garage Cat - Les Musicophages

Gildas (de dos), Lo & Sylvain à Canal Sud en 2012 (photo P. Bainée)


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