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ZINE O'RAMA - SNIFFIN' GLUE 1976 -1977



Qui aurait pensé que le premier fanzine punk serait dû aux Beach Boys ? Ce fut le premier concert auquel assista le jeune Mark Perry, le début de son amour pour la musique qui allait le mener du glam au punk. Son chemin était bien tracé…



En 1974 il est employé dans une banque, mais rêve de musique et se demande comment pénétrer ce monde bien fermé. À cette époque, les musiciens sont inabordables, croiser un des membres des Stones ou de Led Zeppelin au pub du coin est inconcevable !
C'est grâce au Pub-Rock et des groupes tels que Dr Feelgood qu'il est à nouveau possible de rencontrer des musiciens douze mois plus tard. En effet, ils jouent dans de petites salles bien plus humaines que ces stades réservés aux mastodontes du Rock. 
Mark Perry et son fanzine
Parallèlement à cela, quelques articles dans la presse nationale commencent à parler d’une scène New-Yorkaise encore bien lointaine du vieux continent. Heureusement, l’occasion de mieux découvrir l'un de ces groupes va bientôt se présenter… En juillet 76, Mark assiste à deux concerts des Ramones alors en tournée en Angleterre. Dans la salle, il est accompagné de Shane McGowan (futur chanteur des Pogues) et Brian James qui lui annonce par la-même la naissance de son groupe the Damned.
Enfin, il se sent appartenir à un courant musical en devenir, il entend déjà certains le nommer punk. C’est aussi le nom du magazine américain qu’il trouve quelques jours plus tard chez son disquaire préféré. Lui qui cherche une revue anglaise parlant de ce mouvement est surpris de ne pas en trouver. Le vendeur, moqueur, lui propose en plaisantant de la faire lui-même.

Pourquoi pas ? Durant son retour à la maison, il décide de commencer tout de suite à écrire son fanzine. Il est directement inspiré par le concert auquel il vient d’assister :
Les Ramones ont chanté Now I Wanna Sniff Some Glue, le fanzine va s’appeler SNIFFIN’ GLUE AND OTHER ROCK ‘N’ ROLL HABITS FOR PUNKS.
Son concept ?
Le style doit être le même que la musique qui l’inspire : direct, simple et cru, sans aucune prétention. Une machine à écrire (que ses parents lui avaient offert pour ses 10 ans) est parfaite pour cela. Les titres, il les écrit à la main.

Au programme du premier numéro, il n’y a pas que les Ramones, mais aussi la musique qui lui parle telle que celle du Blue Oyster Cult.
Les premières copies sont faites par sa copine sur la Xerox de son travail. Une fois celles-ci agrafées ensemble, le premier numéro est enfin prêt !
Tout fier de ces 50 exemplaires, Mark les prend sous ses bras et les amène chez son disquaire qui décide de lui achète le lot complet. Il reçoit même une avance du magasin pour en faire 50 de plus, mais cette fois dans un copy shop afin qu'ils soient de bonne qualité.

La vente est rapide et bien vite d’autres magasins de disques des lieux avoisinants les lui réclament.

En août, grâce à de nombreux contacts trouvés à l’aide du premier numéro, il obtient plus d’informations sur la scène anglaise émergente (Vibrators, Sex Pistols, Stranglers…) mais le moment crucial pour le deuxième numéro est un appel du manager d’Eddie & The Hot Rods. Il l’invite à les voir lors d'un de leurs concerts. C’est sa première « vrai » rencontre avec un groupe et également la première fois qu’on le considère comme un journaliste. Entouré par des professionnels du Melody Maker ou de Sounds qu’il lisait peu de temps auparavant, il assiste au concert dont la chronique apparait dans le deuxième numéro !

S’entendant bien avec Caroline Coon (du Melody Maker) dont il vient de faire connaissance, il se laisse entrainer au 100 Club de Londres. Ils y vont voir le groupe qui va changer sa vie (ainsi que celle de notre Fernand Naudin) : les Sex Pistols ! Le concert est phénoménal, mais il vit aussi la première déception pour son jeune fanzine.
 Ce soir-là, Sid Vicious jette un exemplaire au sol avec dédain (sans doute le numéro 2 avec Eddie & The Hot Rods, groupe en guerre avec les Sex Pistols depuis un concert au Marquee dont nous vous parlions dans Factory: un échantillon d'usine).
Brian James et les autres membres des Damned sont aussi présents, ils lui disent être d’accord pour participer au troisième numéro.
Son ami Steve Mick rejoint le zine et va participer à cette interview dans la salle de répétition du groupe. Ils sont mis en contact avec le photographe Mike Beal qui a pris de bonnes photos des Damned auxquelles vont s’ajouter quelques-unes d’Iggy Pop récupérées ailleurs. Le numéro de septembre 76 est ainsi bouclé.


Durant le même mois, le festival Punk du 100 Club a lieu, ce qui amène un numéro spécial du décidément très réactif fanzine. Il porte le numéro 3 et demi, tiré à peu d’exemplaires et devenu très rare (et donc maintenant logiquement coûteux).

La prochaine couverture sera avec les Clash, une interview dans leur salle de répétition est vite organisée. Mark Perry est impressionné par le groupe et pressant qu’ils survivront aux Sex Pistols
À ce moment-là, la presse Rock n’est plus en reste et les groupes Punk commencent à apparaitre dans leurs pages. Mark Perry est même cité dans un article de Sounds consacré aux punks. Il est désormais la personne à interroger si on veut parler du mouvement.

Une page bien célèbre
Sans le numéro cinq, cette rubrique de notre blog n’aurait jamais existé. Mark s'adresse aux lecteurs dans son édito afin qu’eux aussi commencent à écrire sur le mouvement. Un tsunami de fanzines punks débute ainsi à partir de novembre 76 !

À part cet appel, Chelsea et les Buzzcocks sont aussi présents dans les pages. Mark est allé assister à un de leurs concerts à Manchester. Il y a réalisé que le mouvement punk devenait plus important. Le public ne comprend pas que des personnes stylisées telles qu'à Londres. Le punk est de plus en plus accepté.

Toujours en novembre, le photographe Harry T Murlowski intègre l'équipe, c’est aussi la fin des photocopies et le début de leur collaboration avec un imprimeur (Rough Trade les y a aidé). Le tirage est dorénavant de 2000 exemplaires.

Dans une chronique d'un de leurs concerts, Mark écrit que les Jam passent trop de temps à s’accorder. Le chanteur ne l’apprécie pas et décide de brûler le fanzine sur scène (Sniffin' Glue est, lui aussi, devenu important).

Faute de temps, ce n’est que pour Noël 76 que sort un nouveau numéro, il est très court (3 pages), tiré à seulement 20 exemplaires et porte le nom Sniffin’ Snow !

Le premier numéro de 77 parait en janvier, il parle des Pistols et de leur Anarchy Tour. Le mois suivant, le numéro 7 accueille une publicité de Stiff Records pour l’album tout fraichement sorti des Damned. À l’origine sexiste, cette publicité ne convient pas à Mark qui la refuse et la fait remplacer par une autre moins outrageuse (bien sympathique ce garçon !)


Le punk a déjà ses stars quand sort le huitième numéro, ce qui contredit l’idée de base du mouvement. Mark en parle dans son introduction, tout comme de sa déception face à la nouvelle génération de punks (et oui, déjà une nouvelle génération, tout allait si vite à l'époque) maintenant violents. 

Il est souvent critiqué pour ses multiples participations dans la presse nationale et Mark sent peu à peu qu’il est temps de passer à autre chose. Son choix se porte sur la création de son propre label STEP FORWARD ainsi que sur son groupe ALTERNATIVE TV.

Son ami Mike Stick réalise alors seul le numéro 9 qui déplait fort à Mark, ce qu’il raconte dans le numéro suivant. Les jours du fanzine sont dorénavant comptés.

Les temps changent et Mark a perdu l’intérêt. Milieu 77, le punk n’est plus qu’un nouveau style musical que l’industrie a ingurgité. Que peut encore amener Sniffin’ Glue ?

Il est décidé de laisser carte blanche à des personnes étrangères à la rédaction pour le numéro 11 (au milieu d'autres, Mick Jones ou Jon Savage publient un article). Le résultat est mitigé et ne correspond plus à l’idée du début.

Après avoir l’idée de devenir un magazine professionnel, la décision de sortir un ultime numéro est prise. Sham 69 est en couverture. Tout l’argent gagné jusqu’à maintenant (£90) est utilisé pour la production d’un flexi disc. Ce numéro est tiré à 20 000 exemplaires et le morceau d'Alternative TV Love Lies Limp termine ainsi cette histoire en musique.

L'Archiviste (Merci d'avance pour vos commentaires !)


LES COUVERTURES :




















Des recueils des 12 numéros ont été publiés :

Sniffin' Glue - The Essential Punk Accessory - Sanctuary Publishing Ltd (2000)

Sniffin' Glue - And Other Rock'n'Roll Habits - Omnibus Press (2009)

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