YOU KNOW THE SINGER, NOT THE ALBUM – part 2 - SOLOMON BURKE

 

Solomon Burke (1936-39 ou 40 selon les sources -2010) a sorti des tas d’albums, soul musclée / rhythm & blues, puis gospel, puis à nouveau soul. Don’t Give Up On Me (Fat Possom 2002) n’est pas son dernier, mais son meilleur album. Une heure de pur bonheur. Quatre faces courtes, il faut l’album en vinyle blanc pour avoir, en bonus en fin de face 4, I Need A Holiday, l’autre morceau de Dan Penn qui figure sur cet album, en plus du titre éponyme.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler les tubes 60’s de Solomon Burke, dont Jerry Wexler, un des deux boss d’Atlantic disait qu’il était the greatest male soul singer of all time. Il suffit de regarder la discographie des Rolling Stones (bon, ok : Cry To Me, If You Need, Everybody Needs Somebody To Love, Mick Jagger doit beaucoup à Solomon Burke, presque autant qu’à Don Covay – part 3) ou de visionner le film Blues Brothers (Everybody Needs...). Ma préférée de cette époque est Home In My Heart.

L’album qui nous (m’) intéresse ici est composé pour l’essentiel de morceaux originaux.

L’album commence par la chanson qui donne son titre à l’album, Don’t Give Up On Me, un morceau offert par Dan Penn (co-écrit avec Carson Whitsett et Buck Hoy Lindsey) qui ouvrira à Solomon Burke l’attention d’un plus large public et deviendra un des highlights de ses derniers shows. Solomon : Dan avait déjà composé pour moi durant les 60’s (en 1986 aussi). Le fait qu’il compose ce nouveau morceau exprès pour moi m’a directement touché l’âme. Le morceau figurera sur des nombreuses BO : Crossing Jordan (2001), Prey For Rock’n’Roll (2003), The Interrupters (2011) and How To Be A Latin Lover (2017), j’ai la flemme de chercher les éventuels titres en français.

Il existe une version live du morceau sur un mini CD 3 titres sorti uniquement au Benelux en 2002.

Le morceau suivant, Fast Train, a été composé par Van Morrison, tout comme Only A Dream. Ces deux morceaux figurent sur son album Down The Road (2002 aussi). Je ne sais pas s’il les a initialement écrits pour Solomon Burke.

En revanche, c’est bien le cas de Diamond In Your Mind, Flesh And Blood, The Judgement et The Other Side Of The Coin offerts à Solomon respectivement par Tom Waits, Joe Henry, Elvis Costello et Nick Lowe. Tous les quatre ajouteront ces morceaux à leur répertoire quelques années plus tard. S’agissant du morceau de Costello, la ligne magique de piano de Steve Neive sur The Judgement est digne de celles de Spooner Oldham pour Dan Penn, entre autres. Sur l'album de Solomon Burke, c'est Dave Palmer qui tient les claviers.

Soul Searchin’ a été composé par Andy Paley et Brian Wilson pour son album solo du même nom, ou presque Soul Searching, sorti en 1996 et produit par Andy Paley. Ce n’est pas leur première collaboration, Brian Wilson avait fait des chœurs sur quelques morceaux des Paley Brothers des années auparavant, et inversement.  

Stepchild est un morceau inédit de Bob Dylan, qu’il a interprété durant la tournée 1978, sous le nom de Am I Your Stepchild?

Barry Mann, sa compagne Cynthia Weil et Brenda Russell avaient composé le génial None Of Us Are free pour Ray Charles en 1993 (album My World). La version délivrée par Solomon Burke est au moins aussi bonne que l’originale. Il existe une version courte (radio edit) du morceau sur le mini CD 3 titres mentionné plus haut.

Sur la plupart des versions, l’album se termine par Sit This One Out, un morceau composé par Pick Purnell, un illustre inconnu. Sous ce nom en tout cas. Il s’agit en fait d’Andy Kaulkin, le producteur de l’album, qui avait commencé par être pianiste de sessions à L.A. avant de devenir chanteur, songwriter, producteur et label executive.

Comme je l’ai écrit en intro de cet article, I Need A Holiday est un autre morceau de Dan Penn, co-écrit avec Chuck Prophet vers 2000 – il paraît qu’ils ont écrit ensemble de quoi faire un album entier. Ce morceau bonus (sur la version double vinyle blanc) se trouve aussi sur le mini CD 3 titres de Solomon Burke. Dan Penn, quant à lui, a repris son morceau sur un album démo (son quatrième) éponyme en 2013.

Comme vous l’aurez constaté, je n’ai pas détaillé les morceaux un par un. Ils sont tous trop géniaux, comme diraient les djeuns (pas sûr qu’on dise ça encore de nos jours, who cares?).

Que dire de plus sur ce magnifique album, à part qu’il bénéficie des chœurs des Blind Boys Of Alabama et qu’il a été élu album de l’année dans la catégorie Best Contemporary Blues Album. Mais c’est bien davantage qu’un album de blues. Un des meilleurs albums soul de tous les temps, à mon avis.

Patrick Bainée