I’m Glad They Did It # 2 : Crazy band : ART PHAG
Après un premier chapitre consacré aux crazy songs, quelle suite
donner à la série I don’t know why they did it, nor how they dit it, but I’m
glad they did it? / Je ne sais pas ce qu’ils avaient en tête en entrant dans le
studio, ni comment ils ont fait, mais je suis content qu’ils l’aient fait ?
J’aurais bien sûr pu parler des compiles The Big Itch (US,7
volumes 80’s), ou celles qu’elles ont inspirées : Wavy Gravy (UK, 3
volumes fin 80’s), The Madness Invasion (France, 3 volumes fin 80’s
également) ou encore la trilogie Wildsville! / Wowsville! / Weirdsville!,
des compiles australiennes début 00’s. Mais ça aurait été redondant, on trouve
au fil de ces compiles environ un tiers des morceaux évoqués dans l’épisode #
1.
J’ai alors pensé à Art Phag, un groupe de Détroit qui a
sorti deux albums, dont le premier sur Wanghead, le label d’un des membres du
groupes, Len Puch, qui a aussi eu la bonne idée de sortir le 1er LP
des Gories (et avant ça une compile avec notamment des inédits des Gories : It
Came From The garage Vol. 2). Cet album éponyme a la pochette magnifique, réalisée à la main, donc chaque cover est unique (la mienne, ci-dessus, ne
correspond pas à celles affichées sur Discogs ou autre) a été réédité l’année
suivante en Angleterre sous le nom de Gods Of Grunge, avec des morceaux
en moins mais trois inédits (ce qui fait quasiment trois albums d’Art Phag). Le
troisième album (vous suivez ?), Instant Ventriquolism, qui est
sorti aux Pays-Bas en 2001, est composé pour un tiers des morceaux de l’album
sorti sur Wanghead, mais réenregistrés. Globalement, on se retrouve in fine
avec l’équivalent de deux albums et demi répartis sur trois LP’s (le dernier
est également sorti format CD).
Cerise sur le gâteau, Art Phag est un groupe garage, enfin, classé dans la catégorie garage, à deux accords comme il le disent eux-mêmes, ils
mériteraient qu’on trouve un style exclusif pour classifier leur style hors
classe (too much class…). Leur nom est intraduisible, sauf transformer le Phag
en Fag, peut-être (les Gays Arty ?).
La plupart des morceaux de ces albums ont été
composés par Vegas Raz aka Rick Mills, le chanteur. Len Puch est le guitariste
du groupe, en plus d’en être le producteur. Le batteur varie selon les disques : Tim Roundsifer pour le 1er album, Steve Mills pour le dernier.
Le premier album, Art Phag commence comme fort avec Golf
– I wanna play golf, bitch, avec une fille qui hurle derrière.
Parmi les autres morceaux réjouissants qui siéent à cette
rubrique, on peut citer Molly’n’ Bobby et Jungle Love, qui me font
penser à Flat Duo Jets, dans le genre rockabilly dérangé - décomposé.
Dans 4 Basic Vejabo Groups, le groupe cite tout un
tas de plats ou ingrédients végétariens, en finissant par beer, more beer…
Hava Naglia est une sorte de détournement du Hava
Naguila de Dalida (1959), qui signifie réjouissons-nous en Hébreu.
Voilà au moins un truc essentiel que vous aurez appris en lisant cette rubrique.
Lost My Baby In Outter Space peut vaguement faire
penser aux Meteors qui essaieraient d’imiter les Cramps, pas mon morceau favori.
Tous les autres morceaux sont aussi plus ou moins déjantés, niveau
paroles et musique, dans le genre bon mauvais goût. Les morceaux mid tempo,
comme Goin’ To Nevada, Big Shot, Laughing Lady tout droit sorti
de chez Gun Club, ou Hey People, sont les plus inquiétants.
Les trois inédits qui figurent sur le LP Gods Of Grunge
sont Chainsaw, qui mérite à lui seul l’achat de l’album, et qu’on
retrouve dans une version différente sur l’album suivant, High School Sweetheart
et Mexico Death Song.
Le real deal pour les amateurs de garage que vous êtes et
que j’étais – suis encore un peu, garage un jour…, c’est l’album Instant
Ventriquolism, qui commence par un morceau très Rezillos, Sword Of The Lord,
suivi d’un autre très Ramones, version hardcore, Bobby Shot A Man.
Arrive ensuite un des morceaux les plus jouissifs de l’album,
Dahli Lama Of Love, une tuerie. Tout comme cette nouvelle version de Chainsaw,
à écouter en regardant Massacre à la Tronçonneuse.
Sur Instant Ventriquolism, il y a aussi deux
reprises, dont une infernale de Chantilly Lace du Big Bopper, pur éclair
de génie, à écouter en lisant Not Fade Away de Jim Dodge.
L’autre reprise c’est Mystery Sights des Hermanos
Guzanos, un groupe californien bien déjanté lui aussi, à la discographie bien
fournie - 1985-1992, surtout des K7. Leur présentation sur Bandcamp : In
1985 three lunatics escaped from an insane asylum in California. While
searching for food, they broke into a garage that had some musical instruments,
some moldy cheese, a drum machine, and a 4-track in it, and the rest is history.
Après avoir réécouté le dernier album d'Art Phag, que je n’avais que format
CD, je viens de commander la version LP.
Les parties 3 et 4 ce cette série seront finalement consacrées à ce que je retiens du garage 60's (3) et décennies suivantes (4).
Patrick Bainée
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