ROCK LIBRARY - MIKE LÉCUYER - EXPÉRIENCE BLUES & PRESSE ROCK EN FRANCE
1969 - DELTA AU GOLF DROUOT |
MUSIQUE
Comment es-tu entré dans le monde de la musique ?
J’ai un souvenir
très précis du moment où ma vie a "basculé" ;-)
J’ai 11 ans en
1960, je suis en 6e et dans mes souvenirs tout est gris jusqu’au jour (ou
plutôt le soir) où à la télévision apparaît Johnny Hallyday pour la première
fois dans l’émission L’école Des Vedettes présentée par Aymée Mortimer et Line
Renaud. Passons sur le fait qu’elles le présentent comme un américain (et qui
chante sans accent)… J’en lâche mes
couverts (mes parents aussi), ce fut une véritable révélation pour moi. Enfin
le monde passe en couleurs (bien que la télé soit encore en Noir et Blanc) C’est
comme si je me réveillais enfin ! La séquence est visible sur Youtube et l’INA.
1960 - HELLO JOHNNY |
En vacances les
étés suivants chez mes grands-parents au Tréport j’organise des pseudo concerts
dans le sous-sol où l’on mime les musiciens sur les disques que l’on passe.
Evidemment je "fais" le chanteur.
Vers 13 ans je
prends des cours de guitare à la mairie du 14e arrondissement de Paris mais
c’était du classique et j’ai vite arrêté…
Comment
as-tu découvert le rock et le blues ?
Il faut quand
même se rendre compte que tous ces groupes de twist sont arrivés AVANT la vague
des groupes anglais !
Grâce au magazine
Disco Revue je connaissais un peu Elvis Presley, Gene Vincent et aussi Vince
Taylor qui m’avait fasciné lui aussi à la télévision par sa prestance quasi
féline, tout habillé de cuir noir.
Comme (presque)
tous les jeunes au début des années 60 j’écoute Salut Les Copains sur Europe 1
en rentrant du lycée… et arrivent Les Beatles que l’on commence à entendre en
France en 1963. Je sens bien qu’il se passe quelque chose sans être vraiment
fan mais j’achète quand même le 45 tours She loves you (avec les
titres traduits en français sur la pochette !) mais la véritable
"claque" je la prends en allant au rayon disques du Bon Marché un
samedi matin de 1964 : je suis attiré par la pochette d’un 33-tours : 5 mecs se
tiennent de côté, la tête tournée vers l’objectif, sur fond noir. Ca ne rigole
pas mais Il y a du mystère, de l’inconnu… et il n’y a même pas le nom du groupe
sur le recto. Je retourne la pochette et au dos en énorme : The Rolling Stones.
J’achète le disque sans l’écouter, je rentre chez moi et sans enlever mon
manteau je pose le disque sur la platine et j’ai mon 2e choc musicial
(oserais-je dire orgasme musical) !
1964 - THE ROLLING STONES |
En France il n’y
a plus grand monde que j’écoute, à part les premiers disques de Dutronc,
d’Antoine, de Nino Ferrer ou Polnareff et surtout Ronnie Bird (le look, le son,
tout y est)… Et aussi Claude Nougaro qui m’impressionne pour sa faculté à faire
swinguer les mots en français sur des musiques jazz.
Et puis les goûts
se précisent : certains vont s’intéresser de plus en plus aux racines de la
musique anglo-saxonne (Bob Dylan, Donovan), tandis que d’autres vont suivre une
évolution plus sophistiquée ou psychédélique qui mène à Pink Floyd, King
Crimson, Jefferson Airplane, Frank Zappa…
Mais il y a un
mec qui met tout le monde d’accord c’est Jimi Hendrix !
Comment
pouvait-on découvrir le blues en France dans les années 60 /70 ?
Un peu par la
radio mais surtout par la presse musicale et les disquaires. Et à partir de
1967 je vais tous les ans faire un tour en Angleterre par tous les moyens
(avion, voiture, bateau, stop… l’euro-tunnel n’existe pas encore) depuis Dieppe
ou Boulogne-sur-Mer ou Calais. Le soir tard parfois j’arrive à capter les
radios anglaises mais ce n’est pas évident depuis Paris, par contre quand je
vais chez mes grands-parents au Tréport la réception est impeccable.
Au Lycée on
compare nos disques et des clans se forment et on commence à s’intéresser aux
noms des compositeurs : Chuck Berry, Bo Diddley, Muddy Waters, Robert Johnson,
Elmore James, Willy Dixon, Howlin’ Wolf, JB Lenoir… et chez les disquaires on
découvre les enregistrements originaux de tous ces bluesmen afro-américains et
c’est là qu’il faut "comprendre le génie" des groupes anglais de
s’être réappropriés ces vieux blues. Un exemple à écouter (pour ceux qui ne
connaitraient ni l’original ni la reprise) : Robert Johnson enregistre Cross Road blues en 1937 et
Cream (d’Eric Clapton), 30 ans plus tard, en propose une version torride Crossroads. C’est devenu un nouveau morceau, un nouveau style.
Peux-tu
nous résumer ton parcours musical ?
Je suis resté
dans le même Lycée (Lavoisier, Paris 6e) de la 6e à la Terminale, ça aide pour
se créer de solides amitiés par la musique ou le foot et tout naturellement on
commence à gratouiller la guitare. Après le faux-départ à la guitare classique,
ma première expérience est à la batterie (j’en loue une à Pasdeloup qui était
un magasin de musique très connu en haut du Bd Saint-Michel, près du jardin du
Luxembourg) mais habitant au 6e sans ascenseur j’abandonne rapidement
l’expérience. Ah ah !
Ensuite je
revends ma collection de timbres et travaille l’été aux PTT pour me payer ma
première guitare électrique.
En classe, Gérard
se met à la batterie et Jean-Claude à la guitare et comme il est meilleur que
moi, je passe à la basse, on se trouve un chanteur Hervé et, grâce à ma mère
teinturière place Denfert-Rochereau, on répète chez les curés rue de la Tombe
Issoire et on y donne notre premier concert en 1967… mais après l’été il faut
libérer la pièce. Pas facile à Paris de trouver un local de répétition en
1967-68 ! Heureusement Gérard habite dans la Mairie du 14e, alors on aménage la
cave de ses parents et Jacques (toujours du Lycée) se met à la basse et je
deviens le chanteur. Premiers noms de groupes : Tough, Mick Mike Blues Band,
Special Session et enfin Delta. Jacques nous présente Bernard qui commence à
jouer de l’harmonica puis de la slide guitare. Notre répertoire est orienté
british blues (John Mayall, Fleetwood Mac, Spencer Davis Group…) et Chicago
Blues (Muddy Waters, Elmore James…). On fait quelques concerts (Tremplin Golf
Drouot, Salle Wagram, soirées privées…) et puis après le bac on commence à
s’éparpiller. Certains continuent leurs études, moi j’arrête car rien ne
m’intéresse vraiment dans les parcours "classiques". Mai 68 est passé
par là (et on était aux premières loges en haut du Quartier Latin)… alors à
l’automne je deviens Disc Jockey dans un club, Le Tripot, près de l’Avenue de
l’Opéra.
POP 2000 NUMÉRO 6 DE JUIN 72 |
Tu as été
signé par le label Crypto, pourrais-tu nous en parler ?
Depuis le
lycée j’ai toujours composé des "petites"
chansons sur un mini-cassette (elles doivent être dans un carton quelque part)
et en 1973 j’ai un premier essai plus pro avec Larry Martin (musicien et
producteur) : on enregistre une composition "Cours petit cours" au
studio Philips pour le groupe Virus (de Roubaix) mais le projet n’aboutit pas.
En 1975, avec
Bernard Zuang (le "fameux" Bernard du lycée) on achète chacun un
magnétophone Revox à la Fnac Montparnasse puis un Teac 4 pistes, puis une boîte
à rythmes, puis une chambre d’écho, puis une basse, puis des percussions et
tout ce qu’il faut pour enregistrer nos propres compositions (je crois que le
mot "home-studio" n’existait pas encore).
En 1976, je
commence à démarcher les maisons de disques et maisons d’édition, non pas comme
chanteur mais pour essayer de "placer" nos compositions. Une accroche
se fait chez Philips pour Jacky (l’animateur) avec Frankenstein
Boogie mais ça ne va pas plus loin.
Ensuite il y a le
texte Frustration Blues de Claire Brétécher que je mets en musique
et Christian Décamps (groupe Ange) qui est devenu un ami depuis l’époque du
journal Pop 2000 me dit qu’il aurait bien envie de me produire en tant que
chanteur. Il fait donc écouter mes maquettes à Jean-Claude Pognant (manager et
directeur du label) et au reste du groupe. Et c’est ainsi que je signe mon
premier contrat d’enregistrement avec Crypto (j’ai appris bien plus tard que
j’avais été en "compétition" avec Hubert-Félix Thiéfaine pour ce
contrat !).
J’ai passé
quelques jours chez Christian Décamps pour signer mon contrat, assister à des
répétions d’Ange et visiter les caves des musiciens… avec alambic bien sûr !
De retour à
Paris, Claire Brétecher finalement ne me donne plus l’autorisation
d’enregistrer son texte.
1977 - PREMIER 45-TOURS |
Ensuite sous le
nom Mike Lécuyer, j’enregistre le 33-tours A 7 plombes du mat’
blues avec 3 super guitaristes : Bernard Zuang (toujours), Lionel Raynal
(Rock N Roller) et Mauro Serri qui m’est présenté par Daniel Perraud (directeur
du magazine Rock N Roll Musique). 2 titres passent en radio : Ou est
donc le bon vieux temps ? (Adaptation française de Where have all the
good times gone des Kinks) et surtout Gare du Nord à 7 plombes du
mat’ blues grâce à un super travail de l’attaché de presse Patrice
Moisy. Je suis même « Espoir de l’été 1978 » sur RTL mais les tensions
entre le label Crypto et le distributeur RCA font que les deux titres ne
sortent pas en 45-tours et à l’époque
c’était nécessaire pour avoir de la promo.
1978 - A 7 PLOMBES DU MAT'BLUES |
Je romps donc mon
contrat chez Crypto et je signe chez Philips en auto-production (BAP
Productions) fin 1978. On retourne non pas à Angers mais à Pruillé (20 km
d’Angers) où Richard Loury a déménagé son studio qui passe en 24 pistes (Alain
Bashung et Ange, entre autres, y enregistreront ensuite leurs albums respectifs Roulette Russe et Guet-Apens).
1979 - PARTIE LIBRE |
Et ensuite
?
Aux débuts des
années 80 je tente divers projets sans plus de succès :
Un projet
"sixties" (des adaptations) qui intéresse Thomas Noton (ex-Fantômes
et qui bosse chez Polydor. 2 titres démos enregistrés dans leur studio) et
Dominique Blanc-Francard (célèbre ingénieur du son).
Un projet avec
Thierry Vincent (producteur. ex-chanteur) et le studio de Vincent Chambraud
(ex-Apocalypse) dans les Yvelines.
Dernière
tentative avec Yves Phélut qui avait déjà composé avec moi et avec Mauro Serri.
Avec Bernard Zuang, nous lui faisons enregistrer une dizaine de maquettes. Sans
plus de succès auprès des maisons de disques…
Je perds la
foi... et me passionne pour le Macintosh et la PAO (Publication Assistée par
Ordinateur) chez Hachette.
Je fais donc un
break "musical" jusqu’au mileu des années 90 où le multimédia démarre
avec le premier dictionnaire puis la 1ère encyclopédie en français sur CD-ROM.
Je participe à des enregistrements de comédiens, des montages vidéos ou
animations… et puis en 1997-98 je crée mon premier site internet, Bleu Blanc
Blues, puis La Chaîne du Blues et je renoue le contact avec plein de musiciens…
Tous cela me donne envie de refaire de la musique ! Je recommence avec quelques
jeunes voisins pour des Fêtes de la Musique, puis les soirées de La Chaîne du
blues et en 2008 le Festival Blues sur Seine (dont je suis le
coordinateur-présentateur du Tremplin) me commande une chanson pour les 10 ans
du festival et Brennus Music me propose
de publier une compilation de mes vinyles.
2008 - 19 777 789 |
Avec l’aide du
FestiBlues de Montréal et du Festival Blues sur Seine je vais jouer plusieurs fois au Québec dans
des clubs et des festivals. Mon plus grand souvenir : chanter devant 20 000
personnes, ça n’arrive pas tous les jours !
Retrouvant
régulièrement à Montréal un de mes anciens musiciens, c'est ainsi que nait en
2010 le projet d'un vrai nouveau disque qui se présente en deux parties : L'une
enregistrée au Québec avec Claude Dornier et l'autre en France avec Bernard
Zuang (+ quelques invités québecois et français). Ce CD paraît en 2011...
2011 - DE MONTPARNASSE À MONTRÉAL |
Quelques autres
bons souvenirs de concerts : Cahors Blues Festival, Grésiblues Festival, La
Bonneville Du Blues, Vélizy, Nogent le Rotrou, Bordeaux, Arles…
Les concerts se
faisant de plus en plus rares depuis quelques temps (pandémie, diminution des
lieux…) j’ai décidé d’arrêter en 2020. Place aux jeunes ;-)
2013 - L'HEURE BLEUE |
J’avais
adoré l’album Pinups de
David Bowie publié en 1973 et qui ne comprend que des reprises des Pretty
Things, Who et autres Kinks avec Where have all the good times
gone. Et quand j’ai commencé à
travailler avec Lionel Raynal (Rock ’n’ Roller, Reverend Blues Gang), j’ai
réécouté ce disque… et aussi l’original de 1965 et le texte en français m’est
venu comme une évidence : un hommage à tous ces groupes des sixties.
Peux-tu nous raconter tes premiers concerts (Golf Drouot, Festival de Belfort avec toute l'écurie Crypto dont Little Bob Story, Ganafoul, ...) ?
Mon premier vrai
concert c’est chez les curés en 1966-67 ! Je joue alors de la basse et je
tremble tellement qu’il faut que je mette ma main droite sur ma main gauche
pour qu’elle touche les cordes… et puis quand faut y aller… On a dû jouer une
dizaine de morceaux grand maximum (des reprises des Stones, Spencer Davis
Group, etc).
Fin des années 60
je suis passé au chant et c’est avec le groupe Delta que le niveau s’améliore.
On joue au Golf Drouot, Salle Wagram, etc… on était branché blues à fond (même
si j’écoutais de tout).
2017 - 5 |
Comment se
passaient les emissions radios (FIP, Patrice Blanc-Francard sur France Inter,
Jean Loup Lafont sur Europe 1, Jean-Bernard Hébey sur RTL, ...) ?
Tu ne peux pas
imaginer l’effet que ça fait de s’entendre à la radio les premières fois. C’est
vraiment intense. La toute première fois c’était sur FIP en 1977 pour mon
premier 45-tours, j’étais en voiture, il a fallu que je m’arrête ! Mais je ne
savais pas à l’avance sauf éviemment pour les émissions en public comme
Jean-Loup Lafont sur Europe 1, le Hit-Parade d’André Torrent sur RTL ou Michel
Denisot sur Radio Monte-Carlo. Tout le monde chantait en play-back mais c’était
sympa. Ensuite vers 1982-83 j’ai été invité plusieurs fois sur Radio 7 (de
Radio France) sans que j’ai réellement d’actualités musicales.
Raconte-nous un peu la création de ton label BAP Productions ainsi que Bluesiac ? Est-ce-que ces aventures sont comparables ?
BAP c’est
Belfort-Angers-Paris pour Christian Décamps-Richard Loury-Mike Lécuyer. Cette
structure a été créé quand Philips m’a signé en aut-production en 1979. Nous
n’avons enregistré qu’un seul album, Partie Libre.
Bluesiac c’est
avec Alain Ricard de Brennus Music. Je voulais profiter de la sortie du CD
"19 777 879" pour aller plus loin dans le projet : créer un label
dédié aux artistes chantant le blues en français. Bluesiac était né. Une
vingtaine de disques sont parus. Voir www.bluesiac.com.
MAXI POP NUMÉRO 2 DE JUILLET 72 |
En 1967, mes deux
premiers concerts à l’Olympia, ce sont Les Rolling Stones (avec Brian Jones),
déjà un sacré souvenir et ensuite, Jimi Hendrix Experience, quelle claque. Avec
mes potes de Delta on est restés bouche-bée (comme toute la salle) et sans voix
à la sortie. En plus le métro était fermé donc traversée de Paris à pieds pour
rentrer à Montparnasse et le lendemain matin à 8 h, interrogation surprise en
classe de chimie : Lécuyer au tableau ! J’ai eu un beau zéro !
A Paris j’ai vu
Cream, Fleetwood Mac, T-Bone Walker, Memphis Slim et j’allais souvent au Golf
Drouot. En Angleterre en 1970 j’ai vu Son House et tout un tas de groupes au
Festival de Bath : Pink Floyd (avec un orchestre symphonique), John Mayall avec
Peter Green, Jefferson Airplane, etc…
Ensuite
évidemment j’ai vu beaucoup de concerts dans ma période "rock-critic"
entre 1972 et 1977 et gratuitement en plus. :
Ange avec le
Johnny Circus : C’était vraiment leur grand début, vu au départ à Chantilly et
après 3 mois de tournée (un peu cahotique) ils avaient acquis un réel
professionnalisme et une belle présence sur scène.
Les Who à la Fête
de l’Huma (en coulisses Roger Daltrey qui me demande une cigarette mais mes
gauloises étaient un peu fortes pour lui, j’ai cru qu’il allait s’étouffer), un
super show malheureusement écourté par une panne générale des générateurs due
au mauvais temps.
A l’Olympia : T.
Rex, Roxy Music, Wings-Paul Mc Cartney, James Brown, Muddy Waters, Genesis, ce
n’était pas trop mon truc mais j’ai été bluffé par la mise en scène (les
masques de Peter Gabriel) et la qualité des musiciens…
Ike et Tina
Turner, un chaud torride au Théâtre du Chatelet, et la veille diner chez
Maxim’s où je me retrouve à côté de Tina. How are you my name is Tina… heu yes
Mike for Pop 2000 and Maxipop…
Au gymnase de St
Ouen (acoustique pourrie) : Joe Cocker (comme possédé par la musique), Led
Zeppelin (avec un énorme gong), Emerson, Lake and Palmer (Keith Emerson qui
lance des couteaux sur un ampli)…
Et encore Jeff
Beck, Maggie Bell, John Mayall, Greatful Dead, Eric Burdon, Robert Charlebois,
Alan Stivell, Nino Ferrer…
En Angleterre :
BB King, Ten Years After, Electric Light Orchestra, Hawkwind, Vinegar Joe,
Status Quo, Silverhead (Michael Des Barres. On a passé une partie de la nuit à
parler de l’influence des astres sur la musique !), Festival Rock n Roll au
stade de Wembley : Bo Diddley, Little Richard, Jerry Lee Lewis, Bill Haley,
Chuck Berry (il y a un film sur youtube je crois)…
A Zurich :
Steppenwolf et Procol Harum…
et j’en oublie
forcément ! Côté français j’ai vu la plupart des groupes de l’époque : Dynastie
Crisis (avec ou sans Polnareff), Ange, Martin Circus, Il était une fois,
Catharsis, Total Issue, Variations, Daydé, Magma, Zoo, Papoose, Larry Martin
Factory, Tac Poum Système, Voyage et un peu plus tard Little Bob Story, Bijou,
Rock ’n’ Roller, Ganafoul, Téléphone, Stinky Toys, et aussi Yves Simon, Jacques
Higelin et même Georges Brassens…
Dans les année
1980-90 : The Allman Brothers Band, Bob Dylan, Neil Young, Bruce Springsteen,
Rory Gallagher, Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan, John Lee Hooker, JJ Cale, Eddy
Mitchell, Michel Jonasz, Renaud, Bill Deraime…
Et enfin par mal
d’artistes avec le festival Blues sur Seine à partir de 2000 : Popa Chubby,
Eric Bibb, Pura Fé, Harry Manx, Johnny Clegg (un grand moment), Mighty Mo
Rodgers, Maceo Parker, Zacharie Richard, Salif Keita, Lucky Petterson, Dee Dee
Bridgewaters, Rhoda Scott, Ana Popovic, Madeleine Peyroux, Bob Brozman, Magic Slim, Arno, Higelin, Dick
Annegarn, Greg Zlap, Nina Van Horn, Paul Personne, Patrick Verbeke, Benoît
Blue Boy, Bill Deraime, Jean-Jacques Milteau,
et des tas de groupes français, italiens, belges, suisses, québecois,
allemands, espagnols, italiens, danois
et même hongrois et russes, ainsi que quelques reformations plus ou
moins éphémères : Ten Years After, The
Yardbirds, The Animals, Zoo !
Tu as
rencontré Son House à Londres en 1970, peux-tu nous en dire plus ? Quelles
furent tes meilleures rencontres ?
J’étais partie à
Londres prendre quelques contacts avec des des maisons de disques dont Blue
Horizon. Sans rendez-vous j’ai été reçu très simplement par le staff et après
avoir récupéré quelques superbes posters des artistes du label je m’apprêtais à
partir quand Mike Vernon, le boss du label, me présente un black assis sur une
chaise : Son House qui était en tournée en Angleterre ! Quand tu sais que ce
bluesman a cotoyé Robert Johnson tu comprends que tu es devant un témoin de
l’histoire musicale afro-américaine. Je suis donc resté a discuter un peu avec
lui mais ce n’était pas facile car j’avais du mal à le comprendre (mon anglais
scolaire et son accent du sud des Etats-Unis). Je suis quand même reparti avec
un poster dédicacé et le soir je l’ai vu dans un collège chanter ses blues sans
fioritures accompagné de sa guitare sur laquelle il faisait glisser un simple
couteau de cuisine ! Je me suis toujours demandé ce qu’il pouvait bien penser
de tous ces blanc-becs qui venaient le voir… et vice-versa.
1970 - DÉDICACE DE SON HOUSE POUR MIKE |
Tu as
croisé dans ta vie le célèbre ingénieur du son Dominique Blanc-Francard,
pourrais-tu nous dire plus ?
Je l’ai
interviewé en 1973 au Château d’Hérouville pour la sortie de son 33-tours Ailleurs puis revu plusieurs fois au Studio Aquarius (Paris 15e) et
enfin pour mon projet d’album d’adaptations sixties. Il était partant pour
l’enregistrer mais le projet n’a pas abouti (j’ai une démo de Un
idiot (I need you des Kinks) et Gloria (Gloria des Them) enregistrée chez Polydor pour Thomas Notton (un
ancien des Fantômes). Chez moi j’ai enregistré L’araignée et la
mouche (The spider and the fly des Stones) et Elle Swingue (Wild Things des Troggs).
Lors de
recherches pour notre entretien avec Alain Jacquin, nous avons découvert que
certains groupes de rock francais préféraient chanter en anglais qu’en
francais. En comparant certains titres, il était possible de remarquer que le
rock passait mieux dans la langue de Shakespeare. Qu’en penses-tu et
pourrais-tu nous répondre également pour la musique blues ?
C’est une
question que l’on me pose régulièrement depuis une vingtaine d’années. Dans les
années 70 la grande majorité des groupes chantait en français.
Maintenant c’est
l’inverse et je le regrette car si le SON est important, le SENS aussi, et en
anglais peu de personnes en France sont capables de comprendre vraiment ce qui
est chanté en anglais. On perd donc une bonne partie de la substance du
morceau.
Pour le blues
c’est pareil, les Bill Deraime, Benoît Blue Boy, Patrick Verbeke, Paul Personne
du XXe siècle n’ont pas eu de "successeurs" notoires en français. Au
début des années 2000 Il y avait pourtant de grands espoirs avec Fred
Chapellier, Marvellous Pig Noise, Xavier Pillac, Pat Boudot Lamot, etc, mais
les "grands" médias n’ont pas suivis. Maintenant ils chantent en
anglais ou ont arrêté. C’est vraiment dommage car leurs textes sonnaient
vraiment bien en français. Ecoutez leurs disques de cette époque, ça vaut le
coup. Et les artistes Bluesiac bien sûr ;-)
Et c’est
tellement plus facile en anglais, n’importe quoi sonne, alors qu’en français il
faut les deux : le son et le sens… mais quand c’est réussi ça te touche encore
plus fort.
Par contre je
n’aime pas trop les disques qui mèlent les titres en anglais et en français car
je n’écoute pas du tout de la même façon les deux univers, c’est comme si
j’écoutais deux groupes différents. Manu Lanvin par exemple n’a pas encore
"tranché".
PRESSE
Parlons de
« POP 2000 », quels sont les plus grands moments de ce magazine et
quelle fut sa genèse ? Pourquoi était-il consacré en majeure partie au rock
français?
Je lis la presse
musicale depuis 1963 (Disco Revue, Salut Les Copains au début, Les Rockers,
Rock & Folk, Best, Extra…) et de temps en temps au Drugstore Saint-Germain
j’achète le Melody Maker ou le New Musical Express que j’avais découvert lors de mes voyages en
Angleterre à partir de 1966-67… puis en 1969 je m’abonne directement au
magazine américain Rolling Stone car on ne le trouvait pas régulièrement en
France.
Après avoir lu un
article sur les groupes hongrois je leur envoie une lettre-article sur les
groupes français. Et il la publie ! C’est en quelque sorte mon premier "article"
!
POP 2000 NUMÉRO 14 DE FÉVRIER 73 |
Au printemps 1972
l’hebdo Pop Music s’arrête et le patron du Tripot où j’avais bossé comme
Disc-Jockey) me présente à l’imprimeur qui veut relancer l’hebdo sous une
nouvelle formule. On accepte et c’est la naissance de Maxi Pop dont le premier
numéro sort fin juin 1972.
Un mensuel et un
hebdo, on ne chôme pas et c’est l’euphorie jusqu’en mars 1973 où le fameux
"choc pétrolier" fait doubler le prix des matières premières… et le
papier ! L’éditeur de Maxi Pop décide d’arrêter. Moi je fais l’erreur de
vouloir continuer Pop 2000 et je mets 3 mois à comprendre que je vais à la
catastrophe : Tribunal de commerce, Cessation de paiement, faillitte et tout ce
qui s’en suit comme problèmes financiers car je n’avais pas fait de société
dans les règles.
Comment a été créé « Rock N Roll Musique » ?
En 1976 je fais
la connaissance de Daniel Perraud qui lance le mensuel Rock N Roll Musique en
janvier 1977. J’en ai été le rédacteur en chef pendant quelques numéros tout
comme Daniel Lesueur ou Patrice Moisy… juste avant que mon premier disque ne
sorte.
Ensuite je fais
quelques piges pour Gold, Watts Magazine, Tout l’Univers… et le tout dernier en
2015 pour Jukebox Magazine n°338 sur l’histoire du label Crypto.
Vous
écrivez des articles sur les MC5, Flaming Groovies, Ike & Tina Turner, les
Who et tellement d’autres artistes intéressants. Comment êtes-vous entré en
contact avec eux ?
Pour les artistes
étrangers, principalement par le biais des maisons de disques. En France, les
labels bien sûr mais aussi les managers et les musiciens directement. On se croise
à des concerts, des clubs (Golf Drouot, Gibus…) et des liens se tissent…
Est-ce-que les labels vous envoyaient leurs disques, d’où venaient vos informations ?
Il a suffit que
l’on se présente soit à leur adresse, soit par téléphone pour que les maisons
de disques acceptent tout de suite de nous envoyer des disques. Les attachés de
presse jouaient bien leur rôle: disques, infos, prévisions. La presse musicale
étrangère aussi.
Dans ce monde d’internet, on a du mal à s’imaginer comment tout cela était réalisable…
C’était notre
quotidien : quelques radios grandes ondes, pas de radios FM, une puis deux
chaînes de télé, pas de téléphone fixe illimité, encore moins de mobile, pas
d’internet. On se démerdait comme les autres pour tisser nos propres réseaux
avec aussi quelques correspondants en régions et en Belgique.
Rock N Roll Musique a beaucoup plus traité le punk rock avec ses couvertures des Sex Pistols ou autres articles sur le festival de Mont De Marsan, Damned etc… Avais-tu le même plaisir que pour POP 2000 ? Étiez-vous libre de publier ce que vous désiriez ? Qu'as-tu pensé de la musique punk à l'époque et puis plus tard, après du recul ?
C’est la période
qui voulait ça et surtout Daniel Perraud. J’étais un peu en décalage et en fait
je préparais mes propres compositions. Mais le punk, j’applaudissais le fait
que ça remettait en questions la musique qui devenait de plus en plus
"intellectuelle" et qui perdait son énergie originelle pour se perdre
dans de la musique pour musiciens. Ca a eu un côté très positif pour ça mais je
ne peux pas dire que j’en écoutais vraiment.
Tu as également participé à quelques livres sur la musique, lesquels et qu'a été ta contribution et surtout pourquoi avais-tu envie d'y particper ?
Quand un auteur
te contacte pour te demander des infos sur tes archives presse ça ne peut que
te réjouir. Et ça me permet d’aérer un peu mes cartons et mes revues et de
faire un peu revivre tout ça.
J’ai toujours
aimé partager mes passions et mettre en relation amateurs et professionnels,
donc sans trop me poser de questions sur la faisabilité ou la rentabilité :
créer une revue, aider des nouveaux talents au Tremplin Blues sur Seine,
organiser des soirées Chaîne du Blues, enregistrer des émissions de radio,
créer des sites internet et ouvrir mes archives…
Pour revenir à ta
question, j’ai fourni des docs et des infos à Jean-William Thoury pour 40 ANS
DE MUSIQUES AU GIBUS, à Christian-Louis Eclimont pour ROCK’O’RICO, 25 ANS DE
CULTURE ROCK EN FRANCE, etc, et enfin à Grégory VIEAU pour UNE HISTOIRE DE LA
PRESSE ROCK EN FRANCE (2021, éditions Le Mot Et Le Reste) que je conseille
vivement… et j’y ai appris plein de choses !
Même si je n’y ai
pas participé je conseille aussi GENERATION ROCK & FOLK de Christophe
Quillien et GOLF DROUOT, 25 ANS DE ROCK EN FRANCE de Bertand Dicale. Et il y en
a plein d’autres intéressants pour tous les goûts et tous les styles !
INTERNET
ROCK'N'ROLL MUSIQUE 8 D'OCTOBRE 77 |
Qu’est-ce-que le site Bleu Blanc Blues ? Peux-tu nous expliquer le principe de « La Chaîne du Blues » et comment tu as regroupé les sites francophones de blues ?
En 1997 je
découvre un logiciel qui permet de créer assez facilement son site
"perso", un samedi matin je m’installe devant mon Mac pour suivre le
tutoriel et l’après-midi je me dis "bon ben maintenant qu’est-ce que j’en
fais ?" et c’est comme ça qu’est né mon premier site BLEU BLANC BLUES sur
lequel j’ai commencé à répertorier les disques ou les morceaux d’artistes
français pouvant s’apparenter au style blues, ensuite j’ai commencé des
e-nterviews, puis des chroniques de disques, etc… le site existe toujours mais
n’est plus mis à jour depuis une dizaine d’années.
Dans la foulée je
crée le site WEB 2000 (clin d’oeil à POP 2000) pour mes archives presse.
En 1998 je
commence à échanger quelques courriels avec d’autres fans de blues qui eux
aussi sont en train de créer leur site perso. Par hasard je découvre sur
internet une petite webring sur des sites branchés punk. Je contacte le
webmaster pour qu’il me duplique son système. LA CHAINE DU BLUES naît ainsi fin
1998. J’espérais atteindre 50 membres en un an mais c’est arrivé en un mois !
Très vite le système originel a "explosé" et c’est un collègue de
chez Hachette qui m’a créé une nouvelle version plus viable. On avait aussi une
mailing list très dynamique qui a permis des contacts entre musiciens et
tourneurs, entre festivals, et en Belgique, suisse et Québec. Les réseaux
sociaux n’existaient pas encore. La encore l’évolution a fait que cette chaîne
n’est pratiquement plus utilisée mais je peux dire que pendant une dizaine
d’années ce fut le principal outil d’échanges entre fans de blues et ça m’a
permis de renouer le contact avec des amis et des musiciens que j’avais perdu
de vue. C’était génial. Et il y a eu aussi des soirées Chaîne du Blues avec
plein de rencontres et de jams entre anciens jeunes, entre amateurs et pros.
J’ai créé aussi
un site pour les Tremplins Blues sur Seine, un site pour le label Bluesiac, un
site pour mes émissions de radios… et j’ai tout regroupé sous le nom blues.fr
pour simplifier les recherches des internautes.
En 2012, je suis
invité à l’International Blues Challenge de Memphis (Etats-Unis) pour faire
partie du jury et recevoir un Award "Keeping the blues alive" remis
par la Blues Foundation pour mes actions envers la promotion du blues en
France.
Avec le succès
grandissant des réseaux sociaux (j’ai horreur de ce terme) et à la demande de
nombreux membres de la chaîne je crée le groupe facebook LCDB en 2014 mais ce
n’est plus pareil.
J’ai aussi créé
un second groupe facebook sur la "Presse, BD, Livres (et Films) sur la
Musique".
ROCK'N'ROLL MUSIQUE 3 DE MARS 77 |
Mes premières
expériences radiophoniques se déroulent à la grande époque des radios
"libres" vers 1982 : en region parisienne avec Activ’FM et surtout
près de Boulogne-sur-Mer avec Radio Equinoxe. Après avoir assuré la première
semaine d’antenne sur place, j’envoyais ensuite chaque semaine une bande
magnétique avec mon émission "Dites 33" (où je présentais deux
nouveautés et un ancien 33-tours). Encore un temps préhistorique qui ne
connaissait pas les serveurs internet ni les fichiers mp3 mais j’adorais ça,
malheureusement après un an d’existence les locaux ont été cambriolés et tout
le matériel envolé. Fin de la radio !
En 2004, je fais
la connaissance du musicien Phil Bonin qui veut créer la web radio W3
BLUESRADIO. Je ne laisse pas passer l’occasion et mon émission Blues Fr (le
blues de France, Québec, Suisse et Belgique) va durer 8 ans, sans oublier la
première diffusion de Rock & Presse en 8 émissions avec Jean-Louis Lamaison
et Jean-William Thoury pour les premiers épisodes.
A la disparition
de cette radio je crée RCDB (La radio de La Chaîne Du Blues) en 2016, hébergé
par Radionomy. Mais le taux d’audience est très faible et tout seul je commence
à me lasser. Au moment où je décide d’arrêter, Cédric Vernet et Francis Rateau
qui animent le Blues Café Live à l’Ile d’Abeau (émission mensuelle en public)
me proposent de mettre nos passions en commun. BLUES CAFE RADIO est lancée en
2018 avec un site internet et un nouveau groupe facebook piloté par Cédric. Moi
je m’occupe de la grille des programmes et de mes deux émissions Blues Covers et
Blues Fr plus des petites séquences Cool (jazz-blues à minuit) et Sixties. Il y
a de plus en plus d’auditeurs et d’émissions pour un spectre musical très large
(mais toujours avec une base blues). Jetez une oreille sur
www.bluescaferadio.com.
En 2007-08,
tu as créé l’émission « Rock & Presse », comment t’en est-il venu l’idée et
pourquoi cette passion pour la presse musicale ?
Quand
Jean-William Thoury est venu voir mes archives dans l’Essonne (pour le livre
sur les 40 ans du Gibus), on a parlé de Bijou et de Jean-Louis Lamaison qui
habitaient à l’époque dans le coin. C’est comme ça que j’ai eu envie
d’enregistrer la série "Rock & Presse" avec eux deux et merci à
Paul Semama de nous avoir enregistrés dans son studio pour les premiers épisodes.
MAXIPOP 24 DE FÉVRIER 73 |
Ca m’intéresse
mais pour des questions de facilité : je trouvais cela bien pratique d’acheter
un magnéto 2 pistes puis 4 pistes pour enregistrer mes maquettes et de pouvoir
les retoucher, recommencer, bidouiller.
Ensuite l’arrivée
du Mac a bouleversé les métiers de la presse et de l’édition (que j’ai bien
connu mais malheureusement c’était après mes revues) et de la musique en
permettant l’enregistrement sur disque dur et d’une qualité suffisante pour les
auto-productions. Certains musiciens ne veulent pas en entendre parler, la
technique les barbe mais je n’aurais jamais pu enregistrer de nouveaux disques
si le home-studio n’avait pas existé. C’est du boulot mais je trouvais cela
passionnant, tout en n’étant pas du un pro de la technique, mais on n’a pas les
contraintes du studio professionnel qui voit l’horloge tourner. Chez moi je
disposais de mon temps comme je voulais, bon des fois j’en "chiais"
un peu mais j’arrivais toujours à un résultat correct même si ça ne vaut pas le
son d’un "vrai" studio, surtout les micros.
Ce fut une
nouvelle révolution car je pense que la moitié (et peut-être plus) des
auto-productions n’aurait jamais vu le jour s’il n’y avait pas les
home-studios. Les mauvaises langues diront que la profusion de CD n’est pas une
si bonne chose, peut-être, mais c’est bien compréhensif pour un musicien
d’avoir envie d’enregistrer son propre disque, même si les ventes sont faibles
c’est sa carte de visite surtout pour trouver des concerts.
Quelques mots également sur Daniel Lesueur et sa collection de disques bootlegs... Quel est ton rapport à ce type de disques ?
Ah Daniel, je le
connais depuis le milieu des années 1970, on était toute une bande à se
retrouver chez lui pour écouter et parler musique (c’est d’ailleurs chez lui
que j’ai rencontré ma future femme). Il a été le premier à importer des disques
pirates en France. Sur ses 20 000 disques il n’en a gardé qu’une centaine. Il y
a un moment où il "faut" faire du rangement. Je fais d’ailleurs de
même avec mes archives.
J’ai quelques
bootlegs mais pas plus que ça car c’étaient souvent des concerts pas très bien
enregistrés, genre mini-cassettes, mais ça peut être intéressant pour le côté
historique.
Je lui envoie un
mail pendant que je réponds à l’interview et voici sa réponse :
"j'ai été le premier Français à faire ça sans me cacher car je
considérais que c'était d'un intérêt artistique qui dépassait les risques que
je prenais. J'ai arrêté après ma première convocation chez les flics ! Je
pensais ma "carrière" (!) teminée lorsqu'un certain Mike Lécuyer m'a
dit "Bin pourquoi tu fais pas les disques rares mais PAS pirates
?". Franchement j'y croyais pas au début… mais il avait raison."
Comment penses-tu que le monde de la musique va évoluer ?
Je vais me baser
sur la radio pour répondre : il paraît que c’est le rap la première
"musique" en France maintenant, c’est devenu une nouvelle variété
française en quelque sorte, ca ne m’intéresse pas vraiment mais je n’ai rien
contre, à part une chose : l’auto tune, ça je ne supporte pas, à tel point que
je coupe la radio quand j’en entend ! Et malheureusement il n’y en a pas que
sur le rap maintenant.
Et sinon je
trouve extraordinaire de continuer à entendre encore de temps en temps une
"petite" chanson de 3 minutes qui me touche par son originalité ou
son texte ou la voix.
As-tu des liens ou des trouvailles musicales à nous faire partager ?
En vieillerie :
je me suis payé une compilation des Birds (premier groupe de Ron Wood, à ne pas
confondre avec les américains The Byrds).
En pop-rock :
Feu! Chatterton. J’aime beaucoup ce groupe avec la voix parlé-chanté, les
textes et de bonnes musiques. Ca ne fait pas du tout l’unanimité autour de moi
!
En blues : Roland
Tchakounté qui chante en bamiléké (franco-camerounais) avec une voix
extraordinaire qui vous touche au plus profond de vous et Fred Chapellier, très
grand guitariste-chanteur (qui accompagne Jacques Dutronc parallèlement à sa
propre carrière) et qui serait le grand successeur de Bill Deraime ou Paul
Personne s’il se décidait à rechanter en français comme sur ses premiers disques,
mais super bien quand même en anglais comme son dernier disque chez dixiefrog
;-)
Pour les liens je vous invite à aller sur mon portail www.bluesfr.net qui regroupes les liens vers tous mes sites (chaine du blues, archives presse, groupes facebook, etc) et Blues Café Radio… Prenez une semaine de vacances pour visiter tout ça, ah ah !
Je termine avec la signature de mes mails d’il y a 20 ans : "Ne dites pas à ma mère que je travaille dans le multimédia, elle me croit chanteur de blues" (clin d’oeil à un bouquin de Jacques Séguéla).
Je te remercie Mike
Interview effectuée en mars 2022
(Merci d'avance pour vos commentaires !)
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