SEX PISTOLS - PISTOL
PISTOL (2022)
Pistol est une série en 6 épisodes créée par Craig Pearce et réalisée par Danny Boyle. Elle est basée sur l'histoire du guitariste Steve Jones, fondateur des Sex Pistols avec son ami, le batteur Paul Cook.
Toby Wallace dans le rôle de Steve Jones |
Les personnages y sont plutôt bien représentés, surtout Johnny Rotten, Steve Jones, Sid Vicious et Jordan, vendeuse de la boutique SEX, qui crèvent l'écran. Le manager, Malcolm McLaren, maniéré, idéaliste, terriblement menteur et d'une vraie camaraderie, au début, avec le groupe, semble également assez fidèle à la réalité. La façon de filmer est intéressante, beaucoup de mouvements de caméras, parfois presque chaotiques, saccadés, en phase avec le sujet traité. Le scénario est bien amené, on comprend vite l'histoire: Jones est un paumé qui veut absolument s'en sortir grâce à la musique et pour que son groupe fonctionne (car il n'a que ça pour sortir de la misère), il va même jusqu'à accepter le conseil de McLaren : virer son copain Wally - sous prétexte que ce dernier n'a pas la tête de l'emploi - pour prendre sa place.
Steve Jones, élément cassé d'un système qui ne fait de cadeau à personne, est finalement presque complémentaire de McLaren qui veut le renverser, ce système, par le biais de la boutique qu'il gère avec sa compagne Vivienne Westwood. Le couple y crée des vêtements totalement subversifs, à contre-courant et ultra provocateurs pour l'époque. Et Jones, lui, est un gamin des rues, déscolarisé, souffrant de crises d'angoisses, de culpabilité, qui traîne son illettrisme et son manque de confiance en lui comme des boulets accrochés aux pieds.
Malcolm McLaren joué par Thomas Brodie-Sangster |
Enfin, il est conseillé de prendre un peu de recul face à la description de certains événements et la chronologie car des erreurs grossières auraient pu être évitées, à moins que Dany Boyle se soit offert certaines libertés, mais pour quelles raisons ? Dans la série, lors du premier concert "pre-Rotten", Jones est chanteur mais ne sort pas un mot et quitte la scène, honteux, pendant le premier titre. Dans sa bio, l'intéressé indique qu'il chantait, mal, mais il chantait. Autre erreur, la chanson Bodies qui a été composée à l'époque de Sid Vicious, n'a pas pu être jouée live au 100 Club à l'époque de Glen Matlock comme on peut le voir dans un des épisodes. On peut également voir une scène au même 100 Club datée du 8 octobre 1976 alors que les Pistols y étaient définitivement interdits depuis le mois de septembre. Egalement discutable, le "briefing" de McLaren avant l'émission chez Bill Grundy semble n'avoir pas eu lieu en réalité puisque le groupe était dans une pièce de la chaîne Thames TV en train de boire tandis que McLaren était encore aux bureaux de Glitterbest pour appeler les médias. Enfin, l'attaque de Rotten au rasoir n'a pas eu lieu dans un club lors d'un concert de Siouxsie and The Banshees. Enfin, dans le dernier épisode, McLaren est présenté comme un grand calculateur en train de saborder le groupe pour passer à autre chose. La réalité fut tout autre puisqu'il avait mis sur pied une grosse tournée européenne après celle des USA. Il prétend également avoir tout calculé pour que les Sex Pistols jouent uniquement dans le sud des Etats-Unis, ce qui est faux, la tournée devait débuter au nord mais les visas arrivés en retard chez chacun des Sex Pistols firent annuler les premières dates.
En conclusion, la série n'a rien de trop sage ou d'édulcoré, comme l'affirme une certaine presse qui n'a certainement pas regardé les épisodes où Steve Jones est forcé à des pratiques sexuelles par son beau-père alors qu'il n'a que dix ans, ou encore lorsque Louis Partridge joue un Sid Vicious aussi junkie et détruit que le vrai, au point d'en être vraiment choquant, le torse et les avant-bras lacérés à la lame de rasoir. Loin du très mauvais Sid & Nancy d'Alex Cox ou de la fable de McLaren (La grande escroquerie du Rock N'Roll), la série Pistol aurait toutefois pu être bien meilleure, souffrant de trop d'inexactitudes comme nous venons de le voir.
Louis "Vicious" Partridge |
Fernand Naudin (merci pour vos commentaires)
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