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RADIOACTIVITY - LES BÉBÉS DINOSAURES : « l'émission que nous devrions avoir honte de faire et que vous devriez avoir honte d'écouter ! » (1/2)

Nous avons déjà parlé avec eux lors du Radioactivity consacré au DIG IT ! RADIO SHOWDIG IT ! RADIO SHOW.
Leur émission n'existerait pas sans lui. Il était temps d'à nouveau parler avec le Commandant Sylvain et Tommy Boy !  Bonne lecture du Radioactivity consacré à l'émission Les bébés dinosaures.


Bonjour Commandant Sylvain et Tommy Boy, comment allez-vous depuis la dernière fois que nous avons échangé à propos du DigIt ! Radio Show ?

TB : Tout va bien pour moi en tout cas, je suis retraité de mon poste de professeur d’université (ça se dit « professeur émérite », même si on ne le mérite pas !) et je me dis que je vais sortir plus souvent, mais un prof émérite, ça continue de bosser en fait, sur de la recherche, pour le plaisir et pour la gloire, et donc je suis toujours (connement) occupé.

S : Ça va pas mal, mais la retraite, j'en ai au moins pour 10 piges. Merci Macron... Et il me tarde, parce que le boulot de professeur des écoles, ça use. La vie à la campagne a ses avantages mais on ne sort plus beaucoup. J'écoute moins de musique qu'à la grande époque de Dig It !, et ce que j'écoute est souvent en lien avec les BB Dinos. On se fait des virées régulières à Toulouse le samedi, histoire de traîner dans les magasins de disques et de s'acheter des bouquins mais je supporte de moins en moins la foule. Je préfère nos copains les chevreuils qui viennent bouffer nos fleurs sous notre nez !

Tommy, vous vous êtes connus à travers cette émission, Sylvain nous a parlé qu’il avait remarqué tes goûts vestimentaires particuliers à l’époque. Y avait-il également de ton côté quelque-chose de particulier que tu peux nous raconter sur lui et qui le démarqué des autres ?

TB : Ah, le cafard ! Non, en fait, ce qui distingue mon goût en matière de vêtements, c’est que je n’en ai pas. De goût, je veux dire ; des vêtements j’en mets, je ne me balade pas tout nu, mais j’ai tendance à mettre le premier pantalon et la première chemise qui me tombent sous la main le matin. Après, à l’occasion, un T-shirt façon dégueulis psychédélique, ça ne me fait pas peur.

S. : Disons que le short et la chemise hawaïenne, ça détonnait un peu dans la bande à Dig It !. Mais tu nous a aussi dégoté de magnifiques tee-shirts ornés de dinosaures qu'on a arborés à l'émission !

Racontez-nous votre « éducation musicale », étiez-vous prédestinés à animer une émission comme les BB Dinosaures ?

T. B. : Ouh là ! Donc comme j’ai avoué mon âge (Born late ‘58), je peux aussi avouer que j’ai commencé à écouter du rock en mai/juin 1973, un peu tard en fait puisque c’est un camarade classe de mon petit frère qui m’a branché en me faisant écouter à plein pot Machine Head de Deep Purple. Je suis resté marqué, peut-être à cause de la fréquentation, dans mon jeune âge, comme auditeur passif, des orgues d’église. À partir de là j’ai compris qu’il y avait de la musique que je pouvais apprécier sans comprendre les paroles (j’aimais bien Brassens quand j’étais plus jeune), et que tout ce rock de blousons noirs que je regardais de travers me plaisait bien, finalement. OK, ma mère avait dû acheter auparavant, sur les conseils du même copain du frérot, Who’s Next et l’album IV de Led Zeppelin, et on avait à la maison l’album blanc des Beatles, que j’écoutais. Les deux pré-cités, je m’y suis mis après coup. 
Si on remonte vraiment dans le temps, dans les années qui ont précédé, depuis 1964 environ, j’écoutais beaucoup la radio, et il y a des mélodies qui m’avaient accroché — les Beatles bien sûr, Nino Ferrer et Dutronc dès 1965, « Whiter Shade of Pale » en 1967, Véronique Sanson et Alan Stivell vers 1972… et d’autres dont je me suis rendu compte bien plus tard que je les avais écoutées sans jamais les identifier, comme « Dedicated to the One I Love » des Mamas et Papas, « Good Vibrations » des Beach Boys, « Ha Ha Said the Clown » de Manfred Mann, « No Milk Today » de Herman’s Hermits, « Waterloo Sunset » des Kinks… tout ça s’entendait sur France Inter. Plus tard (vers 1971?) j’étais dans une colonie de vacances où les ados avaient quelques 45 tours, peu, ils passaient en boucle, je me souviens de « Le Jour se Lève » d’Esther Galil, « Peut-être Demain » de Triangle, et puis le seul qui arrivait à couvrir le bruit du groupe électrogène (oui, c’était camping sous les pins), « Paranoid » de Black Sabbath.
Après le choc Purple, j’ai continué à écouter la radio, le glam marchait bien à la radio et j’ai embrayé sur Suzi Quatro, les Sweet (un peu, mais pas trop parce que les copains méprisaient ça), Au Bonheur des Dames (je connais toujours par cœur une bonne partie de l’album Twist, celui qui a été réédité sous le titre de Oh les Filles après que ledit single ait fait un carton). Gary Glitter, ça me plaisait moins. Mais surtout j’ai appris en lisant Quid (authentique !) que Deep Purple relevait d’un truc qu’on appelait « hard rock », et que sa sainte trinité était Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath. J’ai donc réhabilité « Paranoid » dans mon panthéon personnel, emprunté des disques pour les enregistrer auprès des copains, comme le premier de Led Zeppelin, In Rock de Deep Purple… On vivait à Mont-de-Marsan à partir de l’été 1973 : quand je pouvais aller à Bordeaux et que j’avais de l’argent de poche, je fonçais sur Disco Box, une boutique de disques d’occase près de la place de la Victoire, à deux portes de l’actuel Total Heaven (coïncidence!) et je me souviens de mes premiers achats là-bas, fin 1973 : Master of Reality et Fireball (ce dernier en édition américaine, avec « Strange Kind of Woman » qui remplaçait « Demon’s Eye »). Il y avait un quatrième larron du hard rock dans Quid, Humble Pie, mais l’achat subséquent de Thunderbox ne m’a pas tout de suite convaincu, trop de soul pour mon goût, il a fallu l’album Rockin’ the Fillmore un an plus tard pour m’y faire plonger.

Mais j’étais aussi un lecteur assidu de BD, et notamment, en bibliothèque municipale pour les deux derniers, des trois hebdomadaires phares de l’époque, Spirou, Tintin et Pilote. En cette même fin d’année 1973, je tombe à la bibliothèque de Mont de Marsan sur un article dans Pilote d’un certain Alessandrini (frère du dessinateur) qui s’appelle « Punk rock, le rock des sales gosses », qui parle des New York Dolls et de Mott the Hoople, mais surtout de Tyranny and Mutation du Blue Öyster Cult et de Raw Power d’Iggy and the Stooges. Un peu avant, j’étais tombé sur la chronique dans Best d’un concert du Deep Purple nouvelle manière (avec Hughes et Coverdale), qui épargnait un peu Burn, mais étrillait autant Made in Japan (« laborieux délayage », à vrai dire je n’objectais pas, à l’époque j’écoutais les riffs plus que les solos et les albums live ne m’attiraient pas) que Who Do We Think We Are (il me fallut vérifier, et être à moitié d’accord). Le signataire signalait pourtant qu’il aimait le bon hard rock, celui de Mountain ou des Stooges. Bref, les dés en étaient jetés, j’achetai Tyranny and Mutation au susdit Disco Box, et je trouvai un camarade de terminale du lycée Victor Duruy qui me prêta Raw Power et, moins iconique peut-être, ‘Ot’n’Sweaty, par une version tardive du groupe Cactus.
On trouve là les premiers groupes que j’ai écoutés en boucle — on connaît toujours mieux ses disques quand on en a peu. J’enregistrais aussi des disques des copains, et Alice Cooper, découvert au détour du single de « Under My Wheels » lors d’un été arcachonnais, fut du nombre, avec School’s Out et Killer. Il faut sans doute y ajouter Montrose, découvert grâce à un passage de « Bad Motor Scooter » dans l’émission Pas de Panique ! de Claude Villers et Patrice Blanc-Francard. Il est sans doute utile de mentionner les groupes sur lesquels je n’ai pas embrayé ; j’avais écouté un paquets de singles de T. Rex, et c’était trop pop pour moi ; l’album Slade Alive ! , et trouvé que ça partait dans tous les sens ; et Exile on Main Street, et renoncé pour un temps aux Rolling Stones. Pour l’anecdote, la première version de « Satisfaction » que j’aie connue a été celle des Tritons — ce groupe de prog italien ayant connu à l’époque son seul petit hit européen avec cette reprise décalée.
Bon, après j’ai eu mon bac en 1974, je suis allé en prépa à Bordeaux, j’ai trouvé d’autres fous de rock qui m’ont fait découvrir plein d’autres groupes, Cream, Doors, Jefferson Airplane…, et d’autres boutiques de disques d’occase qui m’ont permis de continuer mes découvertes, surtout celles qui laissaient écouter. Je me souviens d’un séjour linguistique à Hambourg en 1975 durant lequel j’ai passé mon temps à parcourir la ville en quête de disques...

À partir de 1976, j’ai vécu à Paris, je suis allé voir des concerts (surtout des gros, type dinosaures aux Pavillons de Paris, je ne connaissais pas les clubs de rock parisiens), mais je suivais un peu le punk, après avoir notamment assisté au premier festival de Mont de Marsan, en 1976. J’ai passé un an à Boston en 1978-79, l’occasion de me brancher sur d’autres trucs comme le power pop, Blondie, Cheap Trick, Tom Petty… Mais aussi les Flamin’ Groovies des débuts, ou tout bêtement les Stones. 
C’est en rentrant à Paris que j’ai commencé à me séparer du présent musical : le post punk et la cold wave, ça n’a jamais été ma tasse de thé, et j’ai plutôt exploré le rock anglais des années 60, notamment en plongeant dans le Record & Tape Exchange à Notting Hill Gate. Mais j’avais aussi un bon copain qui m’a fait découvrir les compils Pebbles. En 1983, je pars à Los Angeles, j’y passe quatre ans, et après des débuts difficiles, je plonge dans la scène locale (ou d’ailleurs aux USA, les groupes tournaient), et découvre entre autres Mojo Nixon, le Dream Syndicate, les Beat Farmers, Jason & the Scorchers, plein de country punk. Mais je me mets aussi à écouter du folk rock, Steeleye Span, Fairport Convention, etc, bref l’origine de la rubrique « Fromage de Chèvre ».

S. : Je n'ai pas une mémoire de mammouth comme Tommy Boy, mes souvenirs se sont un peu envolés dans des vapeurs mauves mais c'est sûr que rien ne me prédestinait à participer à des émissions de radio ou à jouer dans un groupe garage punk ! Je viens d'un petit bled de Dordogne, Rouffignac, mondialement connu pour sa « Grotte aux cent mammouths », justement. 
Le disquaire le plus proche était à 30 bornes, mes parents écoutaient très peu de musique mais j'ai un frère qui a neuf ans de plus que moi et qui jouait de la guitare et possédait quelques disques. Je suis né en août 67, en plein Summer of love, donc j'étais tout môme pendant la période de référence des BB Dinos. Ma cousine est grandement responsable de mon addiction à la musique... Elle m'a initié aux Beatles alors que j'étais encore à l'école élémentaire. Je suis resté un fan absolu des Beatles... Dans la grande controverse Beatles versus Stones, les Fab Four gagnent haut la main, pour sûr ! Le premier 33 tours que j'ai acheté, c'est Eggs Up des Wings en 79.

Gamin, j'écoutais des tas de trucs, de la variété française aux disques de mon frère : les Stones, Led Zeppelin, Creedence, Pink Floyd, Neil Young, Mungo Jerry, Graeme Allwright, Suzi Quatro et surtout le triple live de Woodstock avec lequel j'ai découvert Hendrix, les Who, Sly Stone, Canned Heat, Jefferson Airplane... J'adorais le « Freedom » de Richie Havens, la version déjantée de « I'm Going Home » de Ten Years After, les fendards Sha Na Na et Country Joe McDonald faisant hurler « F.U.C.K. !!! » au public, surtout quand j'ai compris ce que ça voulait dire... J'ai repris cette intro bien plus tard pour le jingle seventies de Dig It !, ça m'a manifestement marqué !

Vers 78, j'ai vu un reportage sur les punks anglais à la télé. Mon grand-père était outré en voyant des punks se déculotter en pleine rue ! Ça m'a plutôt fait marrer... Et leur musique déménageait. En 79, j'ai entendu "I Was Made For Lovin' You" de Kiss alors que je surveillais ma petite soeur sur un manège en vacances à l'île d'Oléron... Le mec passait le morceau en boucle. J'ai complètement flashé !

Au collège, on était une toute une bande d'accros à la musique, on avait quelques disques qu'on connaissait par cœur, on amenait des magnétos au bahut, on écoutait et on s'échangeait des cassettes à la récré, on lisait surtout Best et un peu Rock And Folk, on était des gros fans de hard : Kiss, Scorpions (les albums des débuts avec Uli Roth à la guitare, le Jimi Hendrix teuton !), AC/DC, Queen, Led Zep, Status Quo, Motorhead, Thin Lizzy, les groupes de la nouvelle vague heavy britannique des années 80 ou Trust, qu'on préférait largement à Téléphone. On écoutait aussi du pub rock (Inmates, Dr. Feelgood) et du punk, les classiques british genre Clash, Sex Pistols, Damned, Stiff Little Fingers mais surtout les Ramones qu'on avait découverts grâce à un article de Best. C'est la trilogie de mon adolescence : Kiss, Beatles, Ramones... On avait 35 minutes de trajet en bus pour aller au collège et on tannait notre pauvre chauffeur pour qu'il passe nos cassettes. On adorait aussi Police ou les B 52's. J'avais une sorte d'encyclopédie du rock qui m'avait déçu au premier abord car Kiss s'y faisait descendre en beauté mais qui a attiré mon attention sur Alice Cooper, les New York Dolls, Ramon Pipin, Black Sabbath...

En septembre 1980, j'ai assisté à mon premier concert. Mes parents m'ont laissé monter tout seul en train à Paris où habitait mon frère, il m'a largué devant l'hippodrome de Pantin et m'a récupéré à la fin du show... C'était Kiss, et Iron Maiden en première partie (avec Paul Di'Anno aux vocaux pour les initiés). J'ai eu droit à la totale, le public déchaîné qui fait tomber les grilles avant l'ouverture officielle, la charge du service d'ordre de KCP pour rétablir l'ordre, le motard patibulaire fan de Maiden qui se fout de mon tee shirt Kiss fait maison, le même loubard et ses potes qui se bastonnent avec un autre gang en plein concert, à quelques mètres du strapontin où je m'étais juché, et bien sûr, mon idole Ace Frehley tirant avec sa guitare bazooka sur sa guitare volante... Je suis sorti de là à moitié sourd mais totalement émerveillé. J'ai frimé auprès de mes potes pendant toute l'année scolaire... Je les ai revus deux fois par la suite, mais sans Ace... L'année d'avant, j'avais vu mon premier film d'horreur, projeté par l'oncle d'un copain dans la salle des fêtes du village : Les insectes de feu de Jeannot Szwarc... Le gars m'avait briefé : « Quel âge as-tu ? », « Douze ans », « Non. Quel âge as-tu ? », « Euh, douze ans ? », « Non, le film est interdit aux moins de treize ans. Quel âge as-tu ? », « Aaah... treize ans ? », « OK ». C'est sûrement de là que vient mon goût pour le fantastique, la SF, le bizarre en tout genre, et au bout du compte l'underground et la contre-culture...


Je n'avais pas d'émissions de radio fétiches à la toute fin des années 70/ début 80. J'écoutais Feedback de Bernard Lenoir de temps en temps (je dois avoir quelque part une cassette d'un concert des Virgin Prunes) mais globalement la New Wave n'était pas trop mon truc... Je préférais Wango Tango l'émission hardos de Zegut ! J'étais surtout un grand fan de Chorus, animé par De Caune et Jacky sur Antenne 2. Je garde un souvenir ému des shows des Ramones, Clash, Devo, Stranglers, Rose Tattoo ou Ted Nugent ! Je regardais aussi Les Enfants du Rock. J'enregistrais parfois les émissions en branchant mon magnéto directement sur la télé. Certaines de ces archives ont fait le bonheur des BB Dinos...

Au Lycée, je suis allé à Périgueux, je passais la semaine chez mon oncle et ma tante. Il y avait un ou deux disquaires, mais pas vraiment pointus (aujourd'hui, à côté de la cathédrale, il y a un des meilleurs magasins de disques du pays, La Démothèque, une vraie caverne d'Ali Baba!).

 

J'ai quand même commencé à acheter plus régulièrement des 33 t, plus les 45 t du moment que nous revendaient pour trois fois rien des mecs du lycée qui les volaient au Monoprix. Avec mon cousin, on écoutait le soir en cachette Intersidéral de Manoeuvre, Brenda Jackson et Daniel Riche, qui mêlait rock, funk et science fiction. La programmation allait de Blue Oyster Cult à Michael Jackson... Ce dernier ne m'emballait pas vraiment, je trouvais qu'il ne valait pas tripette comparé à Sly Stone ou James Brown ! L'émission m'a aussi permis de découvrir Philip K. Dick. La SF et Dick, c'est une autre passion qu'on partage avec Tommy Boy, même si sa culture dans ce domaine (et dans tous les autres à vrai dire) est infiniment plus étendue que la mienne ! 
Au Lycée, on écoutait toujours du hard et du punk, pas mal de glam classique (Bowie, T. Rex, Slade, Gary Glitter...) mais aussi Joy Division, Siouxsie, Springsteen, Joe Jackson, Pavlov's Dog, Metal Urbain, Lynyrd Skynyrd... Ça partait un peu dans tous les sens... Avec des potes de mon village, un peu plus âgés que moi, tendance anar, on était fans de Ferré, Béranger, Thiéfaine, Higelin, Renaud... Les chansons de Renaud à ses débuts parlaient autant aux loubards de banlieue qu'à des mecs de la cambrousse comme nous... Les balloches et les bastons, on connaissait ça tous les samedis soirs... Je connaissais même de près le service d'ordre de KCP qu'il cite dans « C'est mon dernier bal » !


A la fac de Limoges, une copine m'a initié aux Stooges et au MC5... Gros choc ! J'ai redécouvert les Stones aussi, que je snobais un peu... C'était surtout les débuts du rock alternatif français : j'ai vu Parabellum ou Gogol 1er et sa Horde à Limoges, les Wampas ou les Rats au Gibus à Paris, les Nonnes Troppo (futurs VRP) à Issy-les-Moules... Plus tard la Mano Negra, Los Carayos, les Shériff, les Satellites, OTH au Bikini à Toulouse. On vénérait particulièrement OTH et les Béruriers Noirs. On était au premier des concerts d'adieu des Bérus à l'Olympia le 9 novembre 89, le jour de la chute du mur de Berlin, un des plus fantastiques auquel j'ai pu assister... On adorait Noir Désir aussi, un groupe que je n'arrive plus à écouter...

Je suis arrivé à la fac de sciences de Toulouse à la rentrée 88 je crois. La première année un pote m'a initié au blues. J'ai adoré le blues antique, surtout Elmore James, Howlin' Wolf, Sonny Terry & Brownie McGhee, Robert Johnson bien sûr. L'année suivante, j'ai rencontré Nathalie et Jean-Luc. C'est lui qui m'a fait plonger dans le garage... J'étais assez inculte dans ce domaine même si je connaissais les Fleshtones, les Groovies, le Gun Club ou les Cramps... J'ai définitivement basculé dans l'underground, tout en continuant à explorer le funk, la soul, le proto-punk, le folk, la country, le hard seventies, le glam, le bizarro-rock etc., tout ce qu'on passe aux BB Dinos en fait.

Vous êtes entré au Dig It ! Radio show grâce à un concours de jingle, mais vous aviez des goûts assez différents par rapport à Gildas ou Tatane. Pouvez-vous nous raconter quels morceaux vous êtes arrivé à passer malgré disons un peu de réticence des autres animateurs.

T. B. : Rectification, c’est Sylvain qui a pondu un jingle génial, dont nous utilisons toujours un descendant pour ouvrir nos émissions. Moi, je suis arrivé un peu plus tard, en allant parler à Gildas lors d’une fête à FMR, et en proposant de passer des morceaux rigolos, ce qui lui plaisait bien. Je n’avais jamais fait de radio et me demandais vraiment si j’aurais assez de tchache pour parler dans le poste. Assez vite, Gildas m’a suggéré de passer les morceaux qui me plaisaient, et je me suis mis à proposer du rock à guitares californien des années 80, des choses dans la lignée du Dream Syndicate, et autres. Cela dit, il y avait des limites à l’acceptable ; je sais qu’il a fini par râler quand j’ai passé trop de temps dans une série rétrospective à propos de Roy Harper.


S. : J'ai fait le jingle avec l'aide de Nathalie et Jean-Luc. C'est ensemble qu'on enregistrait les premières émissions de Dig It !. Il me semble que les premiers morceaux seventies qu'on ait passé étaient des classiques genre Creedence, Slade, T.Rex (qui figurait déjà dans un jingle de Going Loco, l'émission pré-Dig It!)... On ne prenait pas trop de risques ! Gildas, Tatane et Benoît étaient très magnanimes, ils écoutaient de nombreux groupes seventies aux aussi, mais ils se foutaient clairement de ma gueule quand je parlais de Kiss ! Quand on a fait venir les Nine Pound Hammer en ville et qu'ils ont joué « Rock'n'roll All Night » (et « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyrd) ma revanche a été totale ! Plus tard, j'ai fait tiquer Gildas en passant des morceaux sixties obscurs de certaines gloires de la variété française...



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